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Princes & Etats de l'Empire, & que par la reftitution des Evêchéz, avec lesquels le Duc de Lorraine eft environné, il ne fera pas éloigné de ce Voifinage; le moindre pouce de terre, que la France gardera là, lui confervant l'occafion d'incommoder toûjours le Duc de Lorraine & les autres Princes & Etats fituéz dans l'Alface & aux environs, & de s'en rendre maitre en temps de guerre. 2. De prendre part à toutes les affaires de l'Empire, & de tirer plufieurs Princes dans fes Interêts. 3. De bâtir des Fortereffes confiderables fur le Rhin de puis Bâle jufqu'à Philipsbourg, comme Huningue, le nouveau Brifac, le Fort Mortier, & Fort Louis, & de s'emparer de plufieurs autres, foit par force, foir par intrigue, comme de Strasbourg, de Luxembourg, de Mayence, de Keyfersweert, de Bonn, & d'autres dont il poffede encore actuellement une bonne partie. 4. De faire par là la guerre fort commodement à l'Empire, d'y entrer tout d'un coup avec une Ar

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Armée, & de ruiner à la premiere rupture les Cercles expofés. 5. De faire irruption du côté du Rhin, dans les Provinces Unies des Païs-Bas, & cela dans les 3. guerres arrivées depuis la paix de Munfter. 6. D'obliger par ce Voifinage les Cantons Suifles à un certain égard, qui lui a été aussi avantageux en lui procurant une augmentation confiderable de fes troupes, dont affûrément les Suifles font l'élite, qu'il a été malheureux à l'Empire & à tous les Alliez, non feulement en ladite confideration des troupes, que la France en a tirées, mais auffi en ce qu'il a fervi auxdits Cantons de pretexte fort plausible & fpecieux, de n'entrer jamais en figue contre la France. Et enfin 7. de fe dreffer par là un chemin feur pour parvenir à la Monarchie univerfelle, à laquelle fans cela le Roi pouvoit fi peu afpirer, qu'il y feroit pour en parler humainement infalliblement arrivé, fi le Dieu tout puiffant ne l'avoit pas detourné miraculeufement. Et comme tout cela ne confifte

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fifte pas dans une fimple prefom ption & dans des idées, qui font fouvent désavoüées par l'experien ce, mais qu'outre que cela eft conforme au jugement, que des gens les plus éclairéz en ont fait depuis long-temps, & entre eux aufli le feu Roi Guillaume de la GrandeBretagne (qui étant à Londres l'année 1677. comme Prince d'Oran ge remontra au Roi Charle II., la neceffité d'obliger la France à la reftitution de l'Alface & de la Lor raine, comme un point effentiel pour la fûreté de l'Empire auffi bien, que des Puiffances Maritimes, & tira aufli le Roi entiérement dans fon fentiment, comme les Memoi res de Mr. le Chevalier Temple de ce qui s'eft paffé dans la Chrê tienté depuis l'an 1672. jufqu'à l'an 1679. au chap. 3. le donnent à connoître. I eft auffi confirmé, par des exemples plus d'une fois reiterez; de forte qu'il n'eft nulle. ment permis d'en faire encore une fois l'épreuve, d'autant moins, que même le gain de la bataille de Hochftet, qui a chaflé tout d'un Coup

couples François au delà du Rhin, & a donné occafion aux Alliez de reprendre encore la même Campagne non feulement toutes les places occupées par la France & le Duc de Baviere dans les Cercles de Suabe, & de Baviere, mais auffi la Ville de Landau, n'a pourtant pû empêcher avec les autres victoires furprenantes que les Alliez ont remportées fur le Roi de France, que fon Armée n'ait repaffé le Rhin quelques années après, & pénétré bien avant dans les Cercles de Suabe & de Franconie, ce qui eft uniquement venu de ce que cette Cou ronne eft par la poffeffion des terres, qui ont appartenu autrefois à l'Empire, & à la Maifon d'Autriche, trop près du Rhin. Ainfi il n'y aura fans doute perfonne, qui en confiderant la fituation de l'Alface & des 3. Evêchés, & exami. nant meurement le grand malheur, qui eft arrivé fucceffivement à 1Empire,& à tous les hauts Allicz, par la ceffion des Terres faite dans la paix de Munfter., ne foit entie ment convaincu qu'il est im Roft

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poffible de rétablir folidement la feureté des Cercles & de l'Empire, & qui plus eft de tous les Alliez, à moins que d'obliger la France à la reftitution de ladite ceffion. Où finalement l'on proteste pourtant, qu'on ne veut pas préjudicier par là au contenu de la paix de Munfter à l'égard de ce qui y a été difpofé touchant la conftitution interieure de l'Empire, qui fe trouve outre cela entierement aflurée par la paix d'Osnabrug, à laquelle celle de Munfter fe rapporte feulement en cette matiere, & ne fait que repeter fon contenu; Sa Majesté Imperiale aujourd'hui regnan auffi bien que fon Predeceffeur de glorieuse Memoire, conjoin tement avec le College Electoral au nom de tout le Corps de l'Empire, n'ayant pas hefité pour cela d'aneantir déja dans les deux dernie res capitulations cette paix de Mun fter par rapport à ladite ceffion. Nous venons à prefent au fecond point, qui eft.

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