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teffe Electorale eft trop intereffée pour les confiderer avec indifference.

Quant à la Barriere aux Païs-Bas Efpagnols, on ne peut pas dire qu'elle ne regar de que la fûreté des Provinces - Unies; elle regarde au contraire tout autant celle de la Grande-Bretagne, laquelle ne fe trouveroit pas moins en danger que ladite République, fi la France devenoit Maîtreffe des Pais-Bas Efpagnols. C'est une vérité qui à été reconnue de tout temps par les Anglois, & même fous le Régne de Charles Second, lequel malgré fes liaifons avec cette Couronne, ne voulut pas permettre qu'elle en fit la conquête. De forte que la Barriere qui ferme à ce dangereux Ennemi l'entrée aux Pais-Bas eft un interêt commun aux deux Puiffances Maritimes, de même qu'à l'Empire d'Allemagne; outre que la Grande-Bre tagne trouve à cette heure dans la garantie de cette Barriere, celle de la Succeftion Prote ftante reciproquement.

Quelque chofe qui arrive, & foit qu'on ou. yre dès à préfent l'Affemblée de la Paix, foit qu'on la renvoye à un autre temps, c'est à dire, jufqu'à ce que la France ait fait des Déclarations plus fatisfaifantes, Son Alteffe Electorale croit qu'il eft d'une abfoluë néceffité de ne fe point relâcher par rapport aux

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préparatifs pour la Campagne prochaine, n'y ayant aucune efperance d'obtenir de bonnes Conditions de Paix; qu'en se mettant en čtat de poursuivre vigoureufement la Guerre, & de commencer la Campagne de bonne heure avec des Forces confiderables, & cela d'autant plus qu'on voit les grands Préparatifs que la France fait de fon côté. C'eft auffi par cette confideration que S. Alteffe Electorale ne veut point fe prévaloir de la permiffion que Sa Majefté a eu la bonté de lui accorder avec tant d'amitié, de faire revenir cet hiver quelques-uns de fes Régi mens de Dragons dans fes Etats, ayant réfolu de les laiffer tous dans les Païs-Bas. Monfeigneur l'Electeur confervera ce nonobftant pour Sa Majesté la même reconnoiffance,que s'il fe fût fervi effectivement de fadite permiffion. On ne doit pas douter, que l'Empereur ne faffe de beaucoup plus grands efForts que ci-devant, & que les Etats Généraux ne fourniffent ce à quoi ils font obligez par leurs Traitez. Sa Majefté Imperiale étant prête de faire de nouveaux concerts la-deffus avec Sa Majesté Britannique. Mais il fera fur tout effentiel de fe garantir du piége d'une Ceffation d'Armes, qu'il eft très apparent que la France propofera auffi tôt que l'Af femblée de la Paix fera ouverte, & qui laif

fant

fant les Puiffances Maritimes dans la néceffité de faire les mêmes efforts & les mêmes Dé. penfes pour la Guerre, & d'entretenir les mêmes Flotes & les mêmes Armées, leur ôteroit les moyens de s'en fervir, & arrêteroit le pro grès de leurs Armes Victorieuses.

Il y a lieu d'efperer qu'en demeurant bien unis, on reduira bien-tôt la France (avec la Bénédiction de Dieu) à accorder des Condi tions raisonnables; l'extrême épuifement où eft cette Couronne, & le befoin, qu'elle a de la Paix étant très certain & confirmé de tous cô. tez. Dieu qui a béni les Armes de la Reine & de fes Alliez de tant de Triomphes fur leur ennemi,pour les mettre à couvert par une Paix fûre & avantageuse, de ce qu'ils ont à craindre de lui, ne voudra pas permettre que tout épuifé qu'il eft,vaincu dans toutes les occafions, il obtienne encore fon but, & qu'il forte de cette Guerre par une Paix Glorieufe pour lui à la ruïne des Alliez Victorieux,& à la deftruction de la Liberté de toute l'Europe: en gagnant par cette Paix le pouvoir de donner un Roià I'Espagne, d'en impofer un à la Grande-Bretatagne, & de faire dépendre de fon approbation la validité de l'Election d'un Chef de l'Empire. Fait à Londres le 9. Decembre 1711,

Signé,

LE BARON DE BOTHMAR

HA

HARANGUE

DE L'A

REINE

AUX DEUX CHAMBRES,

Prononcée le 18, Decembre 1711.

MILORDS

ILORDS ET MESSIEURS, Je vous ai aflemblé auffi-tôt que les affaires publiques l'ont permis, & Je fuis bien aife de pouvoir prefentement vous dire, que nonobftant les artifices de ceux qui fe plaifent dans la guerre, on a réglé le lieu & le jour pour commencer à traiter de la Paix générale.

Nos Alliez, fur tout les Etats Généraux, dont je regarde les interêts inféparables des miens propres, ont témoigné par leur prompt confentement, l'entiere confiance qu'ils avoient en moi, & Je n'ai pas raifon de douter que mes Sujets ne foient auffi perfuadez du foin particulier que J'ai d'eux.

Mon

Mon principal deffein eft que la Religion Proteftante, les Loix & les Libertez de cette Nation vous foient confervées, en affurant la Succeffion à la Couronne, comme elle a été reglée par le Parlement, dans la Maison d'Hannovre.

Je ferai en forte qu'après la guerre, qui a couté tant de fang & de fi grandes fommes, vous trouviez vôtre interêt dans le Commerce qui s'étendra, & qui augmentera par la Paix, avec les autres avantages qu'une Sou veraine tendre & affectionnée peut procurer à un Peuple obeïffant & fidéle.

Les Princes & les Etats qui font engagez avec Nous dans cette guerre, étant en droit fuivant les Traitez, d'affûrer leurs differens interêts à la prochaine Paix, Je ferai non feulement tout mon poffible pour procurer à chacun une fatisfaction raifonnable, mais auffi Je m'unirai avec eux par des engagemens les plus étroits, pour continuer l'Alli ance, afin de rendre la Paix générale feure & durable.

Le meilleur moyen de mettre ce Traité en exécution, c'eft de travailler de bonne heure aux préparatifs pour la Campagne. C'est pourquoi Je vous demande, à vous MESSIEURS de la Chambre des Communes, les fubfides néceffaires pour la guerre de l'an

née

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