per envers la Pofterité, fi le grand but de cette Guerre, favoir une bonne & fûre paix, à l'acquifition de laquelle il manque à prefent fi peu, étoit hazardé, & peut-être manqué? Si l'on avoit fuporté en vain tant de Charges & d'Impôts, & fi le fang de tant de braves gens avoit été répandu pour néant? Et tout cela feulement, parcequ'on n'auroit pas trouvé bon de faire, pendant encore trèspeu de temps, les derniers efforts, & d'employer pour ce fujet tous les moyens imagi nables & poffibles. Certes, cette conduite ne feroit pas moins à blâmer, que le fut au trefois celle de ce Roi, qui ayant défait jusqu'à 3 fois les Siriens fes Ennemis, s'arrêta tout à coup, & perdit par là l'occafion de les fubjuguer: Et il ne conviendroit nullement à la reconnoiflance que nous devons à Dieu, de toutes les Victoires qu'on a obtenues, ni à la prudence & à la faine raifon, que deformais on demeurât dans l'inaction & qu'on perdit mal à propos le fruit des Vi &toires ci-deffus marquées; ainfi que fit autre fois cette Nation fituée fur les Côtes de la Mer Méditerranée, qui au lieu de pourfuivre la Victoire qu'elle avoit remportée contre fon Ennemi, perdit par fon inaction tout le fruit qu'elle en pouvoit attendre, & fut contrainte de faire une Paix très- desavantageuse. On On entend quelques fois alleguer l'impuiffance, pour s'exempter de payer les Impofi tions néceffaires ou pour refufer d'y donner le confentement. Mais outre que cette raifon d'impuiffance ne peut pas être reçûë à l'égard des Provinces qui ont déja donné leur confentement, & à qui il n'eft furvenu aucun accident fubit, qui les ait jettées dans une telle impuiffance: il a été fouvent reconnu que cette raifon procedoit plûtôt de l'impatience de porter fi grofles Charges, que d'une impuiffance effective ainfi qu'on l'alleguoit: On ne peut donc s'imaginer, que cette pretenduë impuiflance aille fi loin, que pour un temps fi court, dans une fi avanta geule crise d'affaires, on ne puiffe faire encore un dernier effort. En verité, la fermeté de nos Ancêtres l'avoit tout autrement compris, lorfque fans la moindre répugnance, ils fourniffoient tout ce qu'ils âvoient, pour fe defendre de l'impofition du Dixiéme Denier; qu'on avoit introduite illegitimement fur eux, afin de ne pas fouffrir qu'on fit la moindre brêche à leurs Droits & a leur Pri vilèges. Cet exemple eft trop puiflant, pour n'être pas fuivi, avec encore plus de zéle, puis que l'avancement du bonheur Public par une paix ferme & ftable, eft bien plus important, que celui de conferver certains Privilèges. ? C'est H 3 C'eft ce qui fait efperer que les Alliez, chacun de fon côté, ayant fait les reflexions néceffaires fur tout ce qui vient d'être dit, furmonteront toutes les peines & les difficultéz, & ne fe rebutteront pas de la continuation des efforts qu'il faut faire encore, pendant très-peu de temps, pour atteindre à ce grand But ci-deffus marqué, & qui font fi effentiellement & fi indifpenfablement requis pour y parvenir, &c. MEMOIRE Du Baron de BOTHMAR Envoié Extraor dinaire de 3. A. Electorale D'HANOVER touchant la PAIX, tel qu'il fut préfenté à la Reine de la Granda-Bretagne le 9. Decembre. On Alteffe Electorale de Brunswick-Lu nebourg ayant renvoyé le fouffigné fon Miniftre d'Etat, & de fon Confeil Privé le Baron de Bothmar, auprès de Sa M. la Reine de la Grande - Bretagne, lui a ordonné principalement de remercier très-humblement Sa Majesté de l'honneur qu'Elle lui a fait de lui communiquer ce qui s'est passé depuis peu touchant la Négociation de la Paix, par une personne de distinction & de la confiance de Mr. le Comte de Rivers, & de la nouvelle marque de l'honneur de fon amitié, qu'Elle a bien voulu donner à cette occafion, à lui & à fa Sereniffime Famille, par fes généreux foins pour fes interêts. Monfeigneur l'Electeur fe rapporte particulierement aux fentimens qu'il a fait connoître à Mylord Rivers, & à la réponse qu'il lui a fait donner par écrit fur fes Propofitions, dont une Copie va ci-jointe. Il écrit que ce feroit manquer au refpect dû à la confiance dont Sa Majesté l'a honoré, s'il n'y répondoit pas avec la fincerité qu'Elle doit attendre de fon plus véritable & de fon plus zelé Serviteur & Ami', qui s'intéreffe pour fa gloire & pour fon interêt, plus que perfon• né du monde. 11 efpére que Sa Majesté lui fera l'honneur de recevoir dans ce fens & felon cette intention, tant ce qu'il a pris la liberté de lui faire dire de fes fentimens par le fufdit Lord Rivers, que ce qu'il a ordonné au foufigné fon Miniftre de fe donner l'honneur de repréfenter encore à ceux de Sa Majesté. Les fentimens de Son Alteffe Electorale fur la Paix & fur la Négociation font: Que les Alliez ont befoin non feulement de Déclarations pofitives, mais encore de fûretez H 4 réelles, réelles, fur tout ayant à faire à un Ennemi, dont les manieres d'agir font affez connues. C'est à quoi les Préliminaires précédens avoi ent pourvû, en obligeant la France à reftituer préalablement des Places de fûreté. Ici il n'y a ni fûretez réelles, ni aucunes Déclarations claires & précises. Tout fe reduit à des généralitez vagues, qui au fonds ne veulent rien dire, & fur lefquelles on pourroit négocier des années. On laiffe à juger quel eft le moyen le plus fûr pour mettre une prompte fin à la guerre, ou d'exiger pica lablement de la France de telles conditions, qu'il n'y ait plus rien à faire dans l'Aflemblée Générale que de leur donner la forme de Traité, ou d'ouvrir cette Affemblée fur des Articles captieux & obfcurs, qui laiffent le champ libre à la France de mettre en ufage fes intrigues & fes chicanes ordinaires. Il n'y a qu'une parfaite union entre les Alliez, pendant qu'on traitera la Paix Générale, & la garantie mutuelle qu'ils fe donneront de ce qui y aura été conclu, qui puisse les mettre en fûreté pour l'avenir. Sans cela toute l'Europe tombera dans la confufion, & tôt ou tard dans l'Esclavage; fur tout fi on laiffoit l'Espagne & les Indes à un Prince de la Maifon de Bourbon. On ne pourroit pas fe Aliter, que même après la Paix con |