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de la preffe où il eft, ainfi qu'il l'a fait avec fuccès dans cette derniere Campagne, à l'é gard de l'Espagne, de l'Allemagne & de PItalie. I tâche de fe conferver dans les Païs-Bas tout ce qu'il y pofféde encore: & non feulement de le garantir des irruptions des Alliez, mais auffi de reconquerir, s'il lui eft poffible, ce qu'il y a perdu, à quoi il n'épargne ni empreffement, ni ardeur, ni foins. De forte que par ces raisons, il est d'une néceffité abfoluë de pouffer la Guerre. de la même maniere qu'on a fait pour obtenir les fuccès ci-deffus marquez, en employant toutes les forces qu'on a, & toute l'aplication poffible, avec ardeur & zéle, avec concorde & conftance, dans l'efpéran. ce & la ferme confiance que par cette voie, les Armes de V. H. Puiffances & de leurs Álliez continuéront à profpérer, & qu'en peu de temps on fera en état de cimenter le repos fi néceffaire, avec la fûreté fi défirée. & de fe mettre à couvert des Entreprises d'un Voifin fi puiffant & fi redoutable.

Il faut neanmoins reconnoître avec des fentimens de compaffion, que de fi grands efforts faits par les Provinces pour cette fin depuis quelques Années, & que la Néceflité exige encore pour l'Année prochaine, font fort rudes & penibles à fuporter; Et qu'ou

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tre le nombre extraordinaire d'Impôts, dont les bons Sujets de cet Etat ont été comme accablez, ainsi qu'on l'a déja dit, ils ont encore par divers accidens & par les fâcheufes fuites de la Guerre, foufert une grande diminution ou ceffation de gain, en divers moyens qu'ils avoient de fubfifter; & qu'en d'autres ils n'ont pas peu reçû de dommage. Les Finances publiques des Provinces & de la Généralité, avec les Impofitions Extraor dinaires ci-deffus mentionnées,n'ayant pû fufire pour les dépenfes & les groffes charges de la Guerre, on a été obligé de les charger de nouveau par des Négociations réiterées de Deniers, pour la facilité defquelles il a fallu même avoir recours à des moyens, qui n'avoient point été connus ni pratiquez en d'autres temps à l'égard des Finances publi ques. Mais outre qu'ordinairement ce qu'on eft forcé de faire, & qu'on ne peut eviter, eft chagrinant & onereux, il arrive encore que les moyens qu'on eft obligé d'y emplo yer, font d'abord fâcheux, quoi qu'ils fervent enfuite à en tirer de l'utilité & de l'avantage; de même que dans l'Agricultu re, le Semeur pleure quelquefois dans les commencemens de fon travail, mais enfuite on le voit revenir tout joyeux, quand il est chargé de gerbes. Les grandes choses ne

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s'aquiérent ordinairement qu'à haut prix, & l'Honneur & la Gloire ne fe laiffent aborder. que par des chemins fcabreux & efcarpez. Dans la Guerre, la Conftance n'eft pas moins néceffaire que le courage & la valeur des Heros. Cette République même n'a été fonIdée, & ne s'elt foûtenuë que par les derniers efforts de nos Ancêtres & par leur patience & leur fidelité: Et fi l'on le remet devant les yeux, les grands & inefperez avantages qui ont été obtenus par ces efforts, on y trouvera non feulement de quoi le confoler, mais auffi tout fujet de fe conten

ter.

Par quel autre moyen, HAUTS & PUISSANS SEIGNEURS, que celui qui a été ci deffus propofé, voit-on jufqu'à prefent qu'on puiffe parvenir à une heureufe fin de cette Guerre? Et quelle autre attente, pourroit-on avoir, finon fort tragique, fi par im #patience & par chagrin de fuporter ces charges pefantes, ou pour d'autres caufes & d'autres vûës, ce louable zéle qu'on a eu jusqu'à préfent pour terminer la Guerre d'une maniére convenable, venoit à fe rallentir, ou que les moyens néceffaires pour cette fin vinffent à être diminuez ou négligez? Au moins, humainement parlant, est-il certain qu'une telle diminution, ou négligence, emH pêche

pêcheroit qu'on ne pouffat les avantages qu'on a déja obtenus, & qu'on n'en obtint d'au tres; & que l'Ennemi se tiendroit plus ferme dans l'éloignement qu'il a pour une paix rai fonnable, quand il verroit qu'il n'auroit plus à craindre de nouvelles pertes: De cette ma niére, la Monarchie d'Espagne avec plufieurs de fes dépendances, les Indes avec leurs Trefors, demeureroient dans une feule & même Maison ; ce qui feroit entiérement pan- cher la Balance de fon côté, & la mettroit en état de donner la Loi à toute l'Europe: Extremité qui a paru tellement à craindre, que pour la prévenir, il a fallu s'engager dans cette Guerre, parcequ'il n'y avoit pas moyen de le faire par aucune voie de douceur & de Négociation. On perdroit toute la gloire des Armes, & les Conquêtes qu'on a faites, quelque cher qu'elles aient coûté; & l'on verroit les affaires reduites aux termes, ou d'une Guerre défenfive,'plus onereufe & plus des avantageufe à différens égards qu'une Guerre offenfive;

ou bien d'une très-mauvaife Paix, qui ne feroit ni affûrée ni durable, qu'autant qu'il plairoit à la France, comme ont été celles des Pirenées, d'Aix la-Chapelle, de Nimégue, la Tieve de 20 Ans, & la Paix de Ryswick, qui chaque fois, & peu de temps après leur

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conclufion, ont été rompues par cette Couronne, & n'ont fervi qu'à lui donner quelque repos, pour rétablir fes Forces, & pour former d'autres mauvais deffeins, & de nouvelles entreprises, contre quelques-uns de fes Voifins. Certainement, les affaires ont été pouffées trop loin, & font préfentement dans un trop bon train pour fe rallentir. Après tant de Victoires, il ne manque, pour ainfi dire, qu'un pas à faire pour avancer juf ques dans le coeur de la France, & la forcer à une Paix raifonnable. Il y a un peu plus de 150 Ans, que le gain que l'Espagne fit de la Bataille de St. Quentin, (ainfi qu'il a déja été dit) lui procura une Paix très-mémorable. On eft aujourd'hui prefque auffi avancé que le Roi Fhilippe II. l'étoit alors,& l'on fe trouve en beaucoup meilleur état. Un peu de temps encore, & avec un heureux Exploit de Guerre, par l'affiftance Divine, on pourra venir à bout de ce qui refte à faire, & l'on entrera comme avec vent & marée dans le Port d'un Repos affuré, & d'une ftable Paix, pour laquelle on travaille depuis fi longtemps.

Qui pourroit donc, HAUTS ET PUISSANS SEIGNEURS, manquer de perféverance, en voyant les affaires

Mans un fi bon état? Comment pourroit-on fe difculH 2

per

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