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Réponse du Prince & Duc de Marlborough à

L'Electeur de Bavière.

MONSIEUR,

Ayant communiqué à la Reine ma Maitreffe ce que Vôtre Alteffe Electorale m'a fait l'honneur de m'écrire par fa Lettre du 21. du mois palsé, des intentions du Roi Très-Chrétien, de chercher les moyens à rétablir la tranquilité de l'Europe par des Con férences à tenir pour cet effet entre des Députez de part & d'autre, Sa Majefté m'a ordonné de répondre à Vôtre Alteffe Electo rale, que c'eft avec plaifir qu'Elle apprend Ics inclinations du Roi à prêter les mains. pour parvenir à une Paix folide & durable avec tous les Alliez. Comme cela a été le feul but qui a obligé Sa Majefté à continuer cette Guerre jufques à prefent, auffi fera-tElle bien aife de la finir de concert avec fes Alliez, à des conditions, qui les puiffent mettre à l'abri de toutes apprehenfions d'être obligez. à reprendre les Armes après un petit intervalle, comme il eft arrivé dernierement. Sa Majesté veut bien auffi que je déclare, qu Elle est prête d'entrer conjointement avec tous fes Hauts-Alliez dans des mefures juftes

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& nécessaires pour parvenir a une telle Paix, Sa Majesté étant réfolue de ne pas entrer en Négociation fans la participation de fesdits Alliez: Mais la voye propofée par des Conférences, fans des éclaircisfemens plus particuliers de la part de Sa Majefté Très-Chrêtienne, ne lui femble pas propre à arriver à cette Paix réellement folide & durable. Meffieurs les Etats Généraux font du même fentiment; ainfi Vôtre Alteffe Electorale jugera bien qu'il faudra fonger à des moyens plus folides pour parvenir à ce grand but, auquel Sa Majefté prêtera volontiers les mains avec toute la fincerité qu'on puisfe fouhaiter, n'ayant rien tant à coeur que le foulagement de fes Sujets & le repos de l'Europe. Au refte Vôtre Alteffe Electorale me fera toûjours la juftice, d'être perfuadée du refpect avec lequel j'ai l'honneut d'être, &c.

A la Haye ce 20. de Novembre 17c6.

Lettre du Roi Très-Chrêtien, au Pape.

TRES-SAINT PERE.

Es foins que Vôtre Sainteté continue de fe donner pour procurer la Paix à l'Europe, nous font toûjours également agréables. Nous n'avons rien plus à cœur, que de feconA Z

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der fes inftances, & nous voulons bien encore aller au devant de tout ce qui pourroit les rendre fructueufes. Comme il n'a pas tenu à nous, que la Guerre n'ait pas étè commencée, auffi continuerons nous à rechercher les occafions de la finir, par les voyes les plus promptes & les plus faciles. Votre Beatitude a été informée, que nous avons déja fait plufieurs fois les avances pour parvenir à un but fi falutaire. Il faut attribuer au malheur du tems, que des Princes Catholiques, frappez de la crainte de déplaire à leurs Alliez, refufent encore d'écouter les Saintes exhortations du Vicaire de Jefus-Chrift. Lorsque nous remîmes à l'Arbitrage de Votre Sainteté, de régler les droits de l'Empereur, par une com. penfation fur quelques Etats de la Monarchie d'Efpagne; les Miniftres de Votre Beatitude furent chargez du foin d'en faire la propofi tion à ce Prince; mais avec quelle hauteur ne l'a-t-il pas rejettée? ayant dit des chofes exorbitantes, & demandé avec fierté le rappel de nôtre Petit-Fils. Qui auroit crû, TrèsSaint Pere, qu'il feroit une réponse fi orgueilleufe à un Roi infulté, au Miniftre de Votre Sainteté, & à notre amour pour la Paix? Car la conjoncture, bien loin d'être favorable à la Maifon d'Autriche, fembloit alors la me→ nacer, par la fupériorité de nos forces &

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par le gain de la Bataille de Caffano: mais Dieu qui eft le maitre des évenemens, changera la difpofition de nos affaires. Cependant quoi que nous fuffions occupez du foin de reparer nos pertes, nous n'oubliâmes point l'idée de la Paix que nous avions conçue dans le temps même de nôtre plus grande profpérité.

Nous réiterâmes à la Hollande l'offre d'une Barriére pour leur Etat, & des furetez demandées pour leur Commerce; en nous refervant de traiter d'une compenfation avec l'Empereur, Des propofitions fi raifonnables, furent de nouveau rejettées, par les intrigues du Parti qui s'étoit montré contraire à l'agrandiffement de notre Petit-Fils; & nous donnâmes alors tous nos foins, à augmenter les preparatifs d'une Guerre, qui nous avoit été violemment & injuftement déclarée.

Néanmoins comme il nous eft important de correfpondre encore aux Saintes exhortations de Votre Beatitude, & afin qu'il ne refte aucun pretexte à nos Ennemis, de nous imputer la caufe de tant de fang Chrétien répandu, & qui va encore fe répandre, nous ferons à Votre Sainteté l'explication qu'Elle defire, fur les difpofitions où nous fommes pour la Paix. Nous dirons donc à Votre Beatitude, que le Roi nôtre Petit-Fils nous a con

fié fes Pouvoirs, pour transporter à l'Archiduc une partie des Etats qui compofent la Monarchie d'Espagne. Le Roi Catholique a le cœur des véritables Efpagnols, & fe contente de régner fur eux.

L'Empereur donc peut feul s'expliquer à prefent; il dépendra de ce Prince, que le Milanez, Naples, & Sicile, avec les autres Iles de la Méditerrannée, dépendantes d'Ef pagne, foient à jamais réünies dans fa Maifon.

On conviendroit aifément d'une Barriére pour la République des Provinces- Unies : & les deux prétextes de la Guerre étant ainfi levez, il feroit facile de mettre fin aux malheurs dont l'Europe eft depuis fi long-temps accablée.

Nous prions Dieu qu'il conferve pendant de longues années Votre Sainteté dans le Gou vernement de fon Eglife. Vôtre Devot Fils le Roi de France & de Navarre.

Etoit Signé, LOUIS.

Et plus bas, COLBERT,

Ecrit à Versailles le 15. Février 1707..

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