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dant l'invafion de la Monarchie d'Espagne,. & le refus que fait le Duc d'Anjou de reftituer ce qu'il en détient encore, eft la grande caufe: pendant qu'on pourroit faire ceffer fur le champ & ces calamitez & cette effufion de fang, en reftituant ce qui a été envahi contre la bonne-foi des Traitez les plus a folemnels.

Il paroît clairement, par toute la conduite que la France a tenue en cette occafion, que la propofition faite de fa part d'un Partage, & celle de régler les demandes ulté rieures refervées par les Préliminaires, n'ont été autre chofe que des moyens recherchez, pour, s'il eut été poffible, exciter de la ja loufie & de la défunion entre les Hauts- Alliez; afin de parvenir par là plus aisément à fon but, qui paroît jufqu'à préfent affez clai-rement être de retenir l'Espagne & les Indes ; quoique la Reftitution qui s'en doit faire ait été le premier fondement de toute la Négociation. Et comme ces propofition n'ont fans doute tendu qu'à mettre la divi fion entre les Hauts-Alliez, auffi voit on dans la fusdite Lettre plufieurs traits qu'on pouvoit bien attendre de fes- Ennemis, maiss non pas de perfonnes envoyées pour le rétablissement de la Paix & de la bonne intelligence ; & qui garoiffenten quelque manie 廷

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re inventez, pour donner aux fujets de l'An gleterre & de l'Etat de mauvaifes impreffions contre le Gouvernement, & pour leur faire entendre que ceux qui font à la tête des affaires, & les Chefs des Alliez font la caufe de la continuation de cette fanglante & oncreufe Guerre. Mais la caufe en eft trop bien connue, & a été trop bien démontrée: ci-dellus, pour qu'ils puiffent efpérer que ces infinuations affectées & odieufes foient reçûes & goûtées par des Peuples qui joüiffent de la Liberté, & qui favent qu'ils ne portent les charges de la Guerre que pour la défenfe de cette Liberté. Le jugement de ces Peuples n'eft point corrompu par un dur efclavage & par une longue opreffion, comme celui de certains autres Peuples, aufquels: fans. cela les Alliez pourroient en apeller avec beaucoup plus de raifon, comme à ceux qui favent & qui fentent, combien cher leur coûte l'avidité de domine fur leurs voifins.

Enfin, le peu de temps que lefdits Sieurs Plénipotentiaires ont pris pour faire réponse,. la donnant au bout de fix jours, bien loin d'être, comme ils le prétendent, une mar-que de la droiture avec laquelle ils ne cherchent point à amufer;; peut bien plûtôt ferwir à montrer que la réfolution de rompre

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les Conférences étoit déja prife & préparée de loin. Les Sieurs Plénipotentiaires ne peuvent pas non plus avec raison infinuër, comme ils le font en plus d'un endroit, qu'on leur ait preferit un terme de quinze jours. Les Sieurs Députez les ont bien priez de vouloir procurer une réponse pofitive & prompte, mais ils ne leur ont preferit aucun terme: au contraire, lorsque fur cela il leur fut demandé s'ils en vouloient marquer un, ils répondirent civilement que non, & que les Conférences ayant déja duré fi long-temps, quelques jours de plus ou de moins ne feroient pas une affaire.

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Pour ce qui eft des plaintes que font les Sieurs Plénipotentiaires de choles qui les ré-gardent en leur particulier,, fçavoir,,, qu'om ,, a méprifé leur caractére, imprimé & publié des Libelles injurieux contre eux, ou→ ,,vert leurs Lettres, empêché qu'on ne leur: ,,rendit des visites, & qu'on les a tenus dans: ,, une espece de prifon: Il faut confidérer que lefdits Sieurs étant venûs ici pour trai ter, comme on en étoit convent, fans caractére ni ceremonie & comme incognito on a évité de part & d'autre toute forte de cérémonial On a d'ailleurs confervé tous les égards: qui font dûs, à leur qualité, à leur maiffance, & leur mérite & ainfi on ner

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peut favoir, ni même foupçonner, fur quoi font fondées les plaintes qu'ils font à cet égard. On ne fait pas non plus ce qu'on veut dire par ces Libelles injurieux dont ils fe plaignent, & on n'en a aucune connoiffance. Il y a des Ordonnances très feveres, qui deffendent ces fortes de Libelles dans le Païs. Il eft bien vrai que cela n'empêche pas qu'il ne s'en répande quelques-uns, auffibien qu'en d'autres Lieux; mais le Gouver nement les condamne, & lors qu'on en dé couvre les Auteurs & les Imprimeurs, ils font punis felon les Loix. On n'a point oui dire, & on n'a aucune connoiffance, que de ce grand nombre de Couriers que les Sieurs Plénipotentiaires ont reçu & dépêché, & par lesquels ils ont fans doute envoyé & reçû leurs dépêches les plus importantes, aueun ait été arrêté, ni qu'on ait intercepté aucune des Lettres qu'ils ont envoyées par la Pofte ordinaire. On n'a jamais empêché perfonne d'aller voir lefdits Sieurs Plénipotentiaires, & on n'a donné aucun ordre particulier d'examiner ceux qui les venoient voir: mais comme c'eft la coûtume dans toutes les Places Frontiéres, que perfonne n'y entre fans fe faire connoître à la Garde des Portes & au Commandant, cet ufage n'a pas été difcontinué pendant leur féjour à Gertruy denberg

denberg; & on ne voit pas qu'on doive s'en formaliter ni le prendre en mauvaife part. Que fi quelqu'un a été par là retenu de les aller voir, dans la crainte d'être connu, on ne peut pas dire pour cela qu'on ait empêché qu'on ne vint leur rendre vifite. On ne pour roit certainement pas être blâmé, fi craignant qu'ils ne découvriffent des chofes qu'on vou loit tenir cachées, on avoit pris des mefu res pour le prévenir.. Enfin, on ne peut pas apeller une espéce de Prison une Ville où les Sieurs Plénipotentiaires eux-mêmes font convenus de faire leur réfidence, & qu'ils ont préférée à Anvers, qui eft une belle & gran-de Ville.

Lefdits Sieurs Députez de Leurs Hautes Puiffances ont ajoûté, que les Sieurs Mini-ftres des Hauts Alliez, & eux, avoient crû qu'il étoit à propos que pour toutes les raifons ci-deffus mentionnées, les Réfolutions de L. H. P. du 23. de ce mois, fuffent com muniquées à leurs Maîtres. Et ils fe font réciproquement requis & exhortez, (puifque les Ennemis avoient de cette maniére rompu la Négociation qui fe faifoit pour parve nir à une Paix folide & générale, & qu'il n'y avoit plus d'autre parti à prendre que: celui de pouffer la Guerre avec vigueur) demployer tous leurs bons offices auprès de

leurs:

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