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<< De tout quoi nous avons rapporté cette, et clos la présente sur les lieux, lesdits jour et an, pour valoir et servir ce que de raison. La minute est signée : GAREAU, HAUDAUDINE et TEFFO.

< Pour copie conforme à l'original déposé au greffe

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« SAVENEAU, secrétaire grefier. »

A ces souterrains, ces cachots, ces chaînes, ces ossements, ce squelette enchaîné, qui ne reconnaîtrait ces bruits absurdes et calomnieux que l'on fait courir de temps à autre contre les moines et les religieux? On veut découvrir, dans tout couvent, quelque in-pace épouvantable, dont la muraille ne s'ouvre que pour recevoir une nouvelle victime des fureurs monacales, jusqu'à ce que l'étroit et infect cachot soit rempli d'ossements. En 1795, la calomnie confondue retomba sur les calomniateurs. Il en sera toujours ainsi, chaque fois qu'on essaiera de la renouveler et de la rajeunir.

IX

LE COUVENT DES CAPUCINS DE L'ERMITAGE DEPUIS LA

RÉVOLUTION

1880

4 fructidor an III (10 septembre 1795) Qu'était-ce que ce Jean Grégoire, acquéreur du couvent de l'Ermitage? d'où venait-il ? Les documents que nous avons sous les yeux le qualifient tantôt de rentier, tantôt d'entrepreneur de bâtiments. Nous ignorons s'il était originaire de Nantes. Le 28 juillet 1771, il se trouvait à Lyon, et il y fut reçu, par les maîtresmaçons de la ville, à la maîtrise dans l'état de maçon. Il avait épousé en premières noces Perrine Turpin. Celle-ci étant morte, le 18 thermidor an II (5 août 1794), sans lui laisser d'enfants, il épousa en secondes noces, le 26 fructidor an XI (13 septembre

vaillant dans la maison des Petits-Capucins, ont découvert un caveau muré, dans lequel ils ont trouvé le squelette d'un moine ayant une chaîne au cou. » On voit par cette citation comment il faut se fier à cet auteur. Il fait dire au procès-verbal de Gareau et Haudaudine tout juste le contraire de ce qu'il renferme.

1803), Marie-Thérèse Lemoine, veuve en premières noces et sans enfants d'Yves-André Gauchet. Il légitima par ce mariage Apolline-Virginie, née le 19 nivôse an IX (9 janvier 1801), et, en 1808, il eut de ce second mariage une autre fille qui fut appelée EléonoreJoséphine. Jean Grégoire mourut au couvent de l'Ermitage, le 6 janvier 1813.

Il ne paraît pas que Jean Grégoire fût très-riche, lorsqu'il acheta le couvent de l'Ermitage. Depuis le 22 décembre 1774, il devait à Mlle Marie-Cécile Dachon la somme de 1,400 livres, pour laquelle elle prit hypothèque sur cette aquisition, le 16 floréal an VII (6 mai 1799). Il y eut encore plusieurs autres hypothèques de prises sur cette propriété. Pour rembourser toutes ces dettes et purger toutes ces hypothèques, Jean-Grégoire fut obligé de vendre une partie de sa propriété, le 12 prairial an X (1er juin 1802). Il dut encore, à différentes reprises, vendre plusieurs parcelles du terrain de ce même couvent, toujours pour payer ses dettes. A sa mort, le 6 janvier 1813, ce qui lui restait des anciennes constructions du couvent de l'Ermitage était dans le plus pitoyable état ; l'église était en ruines, « et une partie des anciens logements était sans couverture ni clôture. » La vente ne produisit pas de quoi indemniser ses créanciers hypothécaires et autres; sa femme et ses enfants, réduits à la misère, n'eurent plus absolument, pour tout bien, que la rente d'une somme de 800 francs. Encore cette rente devait-elle s'éteindre à la mort de la veuve. Décidément, l'acquisition du couvent des Capucins de l'Ermitage n'avait pas profité à Jean Grégoire.

Nous ne suivrons pas les différentes parcelles du couvent et du terrain des Capucins de l'Ermitage, dans les mains de leurs proprié-, taires successifs, tels que MM. Thébaud, Joseph-Daniel, Letellier

Nous ne savons si cette demoiselle Marie-Cécile Dachon, demeurant à Nantes, rue de Bayle, n° 3, le 16 floréal an VII, était de la même famille que Françoise Dachon, épouse de Michel Ragaud, sieur de la Hautière, fondateur des Capucins de l'Ermitage, en 1622. En tout cas, il est assez curieux que nous trouvions le nom de Dachon à l'origine et à la fin du couvent.

112

LES CAPUCINS DE L'ERMITAGE DE NANTES

préposé aux Douanes nationales, Jérôme Bonis, Pierre-Marie Fruchard, Mesdemoiselles Palois, Monsieur François-Vincent Palois, Mme Groult, etc. Cette recherche n'aurait pour nous qu'un intérêt fort secondaire. Nous nous contenterons de dire rapidement ce que sont aujourd'hui, et l'ancien couvent des Capucins de l'Ermitage, et cette partie du coteau de Miséry.

Aujourd'hui (1880), il ne reste plus rien de l'église ni de l'ancien couvent de l'Ermitage. Le chemin de fer de Nantes à Saint-Nazaire coupe la propriété, à l'emplacement même du couvent proprement dit. C'est à peine si, dans une petite partie de la levée nord du chemin de fer, on aperçoit sur le roc quelques vieux restes des fondations du couvent. Au sud du chemin de fer, donnant sur le quai d'Aiguillon, est une maison occupée par un pharmacien, avec un jardin en terrasse, derrière et au-dessus de la maison. Au nord du chemin de fer est une maison encore assez neuve qui appartient à M. Vanier, avec une certaine étendue de jardin. A l'ouest de la propriété de M. Vanier est la propriété Thébaud, une grande maison construite depuis 1793, et un jardin. On trouve encore dans la propriété de M. Thébaud et dans celle de M. Vanier quelques restes des anciennes terrasses et jardins, mais le petit bois taillis a disparu. La fontaine existe encore dans la propriété de M. Vanier, mais elle n'est plus abondante et l'eau ne s'écoule plus au dehors. La croix de l'Ermitage est enlevée, la rabine est détruite, le moulin a disparu, l'échelle de pierres est remplacée par l'escalier de Sainte-Anne, les terrains situés à l'ouest de l'ancien couvent ne sont plus qu'une vaste carrière, le chemin de Nantes à Chantenay, en passant par l'Ermitage, est rompu; il faut faire un assez grand détour pour le retrouver à l'ouest des carrières. Rien ne rappelle plus les Capucins sur ce coteau de Miséry. Mais on s'y souvient encore de leur affabilité et de leur charité, du bien qu'ils faisaient et du bon exemple qu'ils donnaient à tous. Plus résistante que le granit, la mémoire du juste ne périra jamais.

APPENDICE

Note. Nous n'avons pas la prétention de donner ici une Notice complète, sur chacun des religieux Capucins qui habitèrent le couvent de l'Ermitage, en 1789 et 1790. Nous voulons tout simplement rapporter ce que les Archives départementales nous ont révélé sur ce point. Les défaillances d'une certaine partie du clergé, à cette époque, appartiennent à l'histoire. On ne pourra donc nous reprocher de les constater. Nos lecteurs n'oublieront pas, nous l'espérons, que la faiblesse de quelques religieux, dans un temps de persécution comme l'était celui de la Révolution, ne prouve rien contre près de trois siècles de bons exemples de régularité et de vertus donnés par un Ordre religieux.

MATHURIN FOULON.

Mathurin Foulon naquit à Paimpont, le 27 janvier 1743, il y fut baptisé le même jour dans l'église paroissiale et abbatiale. Il entra chez les Capucins à l'âge de 22 ans, et il y fit profession l'année suivante, le 17 juin 1766, sous le nom d'EUSÈBE de Paimpont. Ses études terminées, il fut ordonné prêtre.

Le 28 octobre 1789, le Père Eusèbe de Paimpont était gardien du couvent de l'Ermitage. Lorsque les officiers municipaux, envoyés

Extrait de baptême délivré le 16 mai 1766, et légalisé à l'évêché de Saint-Malo, le 31 juillet 1766.

par la Municipalité de Nantes, le 4 mai 1790, lui demandèrent s'il voulait sortir du cloître ou s'il préférait continuer la vie commune, il déclara qu'il réservait de s'expliquer, lorsqu'il connaîtrait les maisons conservées, leur régime et leur traitement. Cette déclaration, un peu suspecte en apparence, fut suivie d'une autre plus claire et plus catégorique. Le 28 décembre 1790, il écrivit à la Municipalité qu'il voulait « vivre et mourir dans son Ordre. En attendant avec résignation tout événement, il pensait se retirer sous peu dans la maison de Rennes, avec les Capucins, ses confrères. >

Il quitta son couvent vers le 1er avril 1791 et prêta serment. Nous le trouvons vicaire aux Touches, le 3 mai de cette même année ; mais il n'y resta pas longtemps. A l'assemblée des électeurs tenue, le 24 décembre 1791, dans l'église cathédrale de Saint-Pierre, Mathurin Foulon fut élu curé constitutionnel du Petit-Mars, à l'unanimité de 56 votants, et son élection fut proclamée le lendemain dans la même église. Il accepta et se rendit de suite dans cette paroisse, où il exerça le ministère, jusqu'au 19 germinal at II (8 avril 1794).

Mathurin Foulon toucha régulièrement son traitement, comme ancien religieux et comme vicaire ou curé constitutionnel. Lorsqu'il eut atteint l'âge de 50 ans, il ne manqua pas de réclamer l'augmentation de traitement qui lui était due, d'après le décret du 20 février 1790. Il abdiqua ses fonctions et remit ses lettres de prêtrise, le 19 germinal an II. Passé cette époque, nous ne trouvons plus Mathurin Foulon, ni sur les registres, ni sur les états de traitement. Il est probable qu'il quitta le département de la Loire-Inférieure.

GUILLAUME LE MÉHAUTÉ.

Guillaume Le Méhauté, né au mois de novembre 1747, entra chez les Capucins et y fit profession sous le nom de PACIFIQUE de Corlay. Il y fut ordonné prêtre. Le 28 octobre 1789, il était Défimleur et il habitait le couvent de l'Ermitage. Il partit pour Brest le 26 novembre 1790. Nous ne savons ce qu'il est devenu depuis.

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