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N3F6
Case B

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Notre Statistique des Franciscains dans la Loire-Inférieure, à l'époque de la Révolution, publiée il y a deux ans, n'était, dans notre pensée, que le commencement, le point de départ de travaux plus étendus. Nous nous proposions, en effet, de découvrir ce que tous ces religieux étaient devenus; puis, remontant dans le passé, nous voulions faire connaître tout ce que les Archives départementales et municipales nous avaient conservé sur l'origine et l'histoire de ces communautés franciscaines.

Nous poursuivions nos recherches dans ce but, lorsque nous avons eu la bonne fortune de mettre la main sur un dossier volumineux, concernant les Capucins de l'Ermitage. Après examen des pièces, il ne nous fut plus possible d'en douter: nous avions entre les mains les Archives complètes de ce couvent, telles qu'elles existaient en 1790. Aucun document n'y manquait, nous avions même des pièces que les Commissaires de 1790 n'avaient pas pris la peine d'inventorier. Dès lors, nous pouvions exécuter notre projet pour ce couvent. Cela nous était d'autant plus facile qu'il n'y avait aucune lacune dans les documents, et que nos recherches sur la Révolution nous avaient donné des indications précises sur chacun des religieux de l'Ermitage.

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Mais le couvent des Capucins de l'Ermitage a été fermé par ordre administratif, sous Louis XIV, en 1688, les scellés ont été mis sur la chapelle, trois religieur ont été laissés au couvent pour le garder. Etait-il opportun de publier ce fait à la charge de la monarchie légitime? En outre, n'était-ce pas donner des armes contre nous qui venons d'être violemment expulsés de nos cou vents, par ordre administratif ?

C'était là des considérations qui demandaient une attention sérieuse. Toute réflexion faite, nous avons cru devoir passer outre, et voici nos raisons :

1° Ce travail n'est pas un travail politique, mais tout simplement un travail d'histoire, qui demande l'impar tialité. La fermeture du couvent de l'Ermitage et de plusieurs autres couvents, par voie administrative, e 1688, est un fait historique, tout aussi bien que la sup pression d'un certain nombre de couvents et de monas tères, en 1771, et celle de la Compagnie de Jésus en 1773. Ces faits appartiennent à l'histoire. Pourquo les passer sous silence? Dissimuler les fautes d'un parti n'est pas toujours un bon moyen de le servir.

2o En ce qui concerne les Ordres religieux, le droit actuel ne ressemble en rien au droit ancien. Nous avons pensé que nos lecteurs sauraient tenir compte de cette différence essentielle. Louis XIV a fait rouvrir, a tout de trois semaines, le couvent de l'Ermitage. Que ceu qui, de nos jours, ferment les couvents et mettent le scellés sur les chapelles des religieux, l'imitent sous c

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second rapport comme sous le premier. Nous ne demandons pas mieux. Nous n'attendons que cela, et ce sera justice en 1881 comme en 1688.

3o Enfin, nous avons pris conseil d'hommes instruits et sérieux, dont les avis nous ont toujours trouvé rempli de déférence; ils ont jugé bon d'établir, par documents authentiques, que les faits actuels ne sont qu'un maigre plagiat du passé.

Nous n'avions donc plus à hésiter, et nous nous sommes mis à la rédaction de ce travail, qui n'est du reste qu'un enchaînement de documents.

Peut-être trouvera-t-on que nous avons abusé des citations. A cela nous répondrons que nos documents sont complètement inédits. C'est un point d'Histoire nantaise qui n'a jamais été étudié. Travers n'a qu'une ou deux phrases sur ce sujet, et ces deux phrases renferment autant d'inexactitudes que de mots. Mellinet, Ogée, Lecadre, Grellier, Lebreton, Verger, Meuret, Guépin, sont loin d'être fidèles. Du moment où nous voulions rectifier les erreurs de tous ces historiens nantais, il nous était nécessaire de donner nos preuves, et nos preuves c'étaient nos documents. Sans doute, toutes ces citations coupent et alourdissent le récit, mais elles rendent notre travail certain et inattaquable. En présence des pièces, personne ne pourra contester nos assertions.

Qu'il nous soit permis de remercier ici M. L. Maître, archiviste départemental, et MM. Lallié, Blanchard, Petit, trésorier de la Société Archéologique, dont les

conseils et les observations, nous ont été de la plus grand utilité. Mille remerciments aussi à M. Lemaignen, qu a bien voulu nous communiquer les documents qui possède, et à M. Frédéric Vanier, propriétaire actuel d'une partie du couvent de l'Ermitage, qui a mis obli geamment à notre disposition ses titres de propriété

Enfin, comme un travail de ce genre demande avan tout la plus grande exactitude, nous prions instammer nos lecteurs de faire les corrections indiquées par no errata, nécessités par des fautes de copiste.

LES CAPUCINS DE L'ERMITAGE DE NANTES

1529-1880

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ORIGINE DU COUVENT DE L'ERMITAGE

1529-1622

Au commencement du seizième siècle, le coteau de Miséry, situé à l'ouest de Nantes, et qui faisait alors partie de la paroisse SaintMartin de Chantenay, était à peu près complètement désert et inhabité. Depuis la Chésine jusqu'au delà des perrières, depuis la Loire jusqu'au chemin actuel de Nantes à Chantenay, ce n'était qu'une vaste garenne, dépendant, au moins en grande partie, de la seigneurie de la Hautière. Seulement, à la pointe du coteau, audessus d'une caverne, ou cave voûtée, très ancienne, s'élevait une petite maison, qui servait de logement au meunier de la propriété 1. Les deux moulins étaient à la distance d'environ cent mètres de là, sur le plateau. Un peu au-dessous de la maison, et vers le milieu du penchant du coteau, se trouvait une excellente fontaine, qui servait de lieu de rendez-vous aux bergers du sieur de la Hautière et aux passants. Du seuil de la petite maison, l'œil embrassait un panorama splendide; rien ne bornait la vue. Dès lors, on comprend facilement que ce recueillement, cette solitude devait attirer l'at

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• Suivant Ogée, Dictionnaire de Bretagne, tome 2, page 191, les seigneurs de la Hautière avaient fait creuser cette voûle ou cave, pour y serrer les vins qu'ils cueillaient sur ce coteau, alors planté en vignes. La maison servait à loger un homme qui veillait à la sûreté de la cave. » Il nous est impossible d'admettre cette assertion, pour le commencement du seizième siècle, car les nombreuses pièces que nous avons recueillies ne font aucune mention de vignes plantées sur le coteau de Miséry. Elles affirment positivement que la petite maison servait de logement non pas à un vigneron, mais au meunier de la propriété.

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