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› Alors se forma le club dit mal à propos de quatre-vingt-neuf, club bien ministériel, bien doctoral, bien aligné, dont tous les travaux furent dirigés vers la propagation de cette dangereuse doctrine.

. Alors aussi le club des Jacobins changea son nom de Société de la révolution pour celui de Société des Amis de la constitution, voulant donner à connaître par là que la liberté française, fruit de la révolution, ne pourrait se conserver que par le maintien ponctuel de la constitution.

› L'industrie du club de quatre-vingt-neuf n'eut pas tout le succès que s'en était promis la Cour. Mais elle ne se découragea pas; car elle ne se lasse jamais de mal faire. Elle résolut seulement de changer de batterie. Elle avait perdu ses peines à attaquer au dehors le club des Jacobins; elle espéra un succès plus heureux si elle parvenait à l'attaquer au dedans. Bientôt toutes les ruses, qui lui sont si familières, furent mises en usage pour y introduire quelques-uns de ses agens secrets. Ceux-ci introduisirent une multitude d'hommes aimant la liberté, mais dénués de lumières et des qualités nécessaires pour en acquérir; de ces hommes ardens qui n'ont pas la vue assez bonne pour distinguer le but vers lequel ils courent, et qui ignorent toujours qu'il faut plus de force pour l'atteindre que pour le dépasser.

› Un petit nombre de membres s'aperçurent de cet artifice : ils en donnèrent avis à la société. Celui qui écrit ceci eut même le bonheur, après plusieurs tentatives infructueuses, d'obtenir que toute présentation et admission serait suspendue, jusqu'à ce qu'on eût trouvé un moyen efficace de se garantir des artifices de la cour.

› On nomma des commissaires pour chercher ce moyen : ils ne le cherchèrent pas; et la suspension fut levée au bout de six semaines, malgré les réclamations de l'homme qui l'avait provoquée.

› Les admissions recommencèrent de plus belle: on reçut par centaines les ignorans et les intrigans. Il devint aussi aisé d'être

membre du club des Jacobins que d'être membre du Cercle social (1).

› Nous avons dit ailleurs que la constitution a deux sortes d'ennemis; ceux qui désirent le retour de l'ancien régime, et ceux qui désirent promptement un régime parfait. Ces derniers, dans leur malheureuse illusion, fondent leur espérance sur la législature prochaine, qu'ils voudraient décider à se rendre consti tuante. Les autres la fondent sur le déchirement total que causera en France cette opinion, si elle obtient quelque crédit au sein de la législature; et ils ne doutent pas que la partie des Jacobins restée dans l'ancien local ne fassent tout ce qui dépendra d'elle pour lui obtenir ce crédit.

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› Tel est l'état des choses. Nous laissons de côté toutes les combinaisons personnelles dont on s'accuse réciproquement aux Feuillans et aux Jacobins. Dans un temps de révolution, les intrigans, ou si l'on veut, les factieux, se fourrent partout; mais il n'y a que le défaut de lumières qui puisse les rendre dangereux. › Et nous entendons ici par ce mot lumières, non-seulement cette intelligence acquise, qui sert à discerner les choses, mais encore cette pénétration naturelle qui sert à distinguer les hommes.

Et ce qui nous oblige de nous arrêter ici, c'est précisément la persuasion où nous sommes que toutes personnes n'ont pas également des lumières, dans le sens dit.

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› Mais nous prions la société de Condrieux et toutes celles qui partagent son opinion de se demander bien sérieusement, bien attentivement, pourquoi cette opinion, avant d'arriver jusqu'à elle, a passé d'abord par l'œil de bœuf et par quatre-vingt-neuf. › - Cadillac; Beausset ; Castelnaudary; Tonneins; Mâcon : « Les dernières nouvelles nous apprennent les démarches faites par nos frères pour se réunir à vous: Dieu veuille qu'elles soient suivies de la réussite. Note de Feydel: La société de Maçon croit

apparemment que les Jacobins sont épurés; et peut être les Ja

(1) Il suffisait d'envoyer 9 francs au trésorier pour être membre du Cercle social. (Note de Feydel.)

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cobins le croient-ils aussi. Pour moi, je déclare librement qu'ils sont loin de l'être. » Guérande : Faites donc cesser une discorde qui afflige tous vos amis : nous vous en conjurons au nom de la patrie. Note de Feydel: ‹ Distinguons. La société de Paris ne ressemble à aucune autre; elle est composée en partie de membres de l'assemblée nationale; elle a une grande influence sur les travaux de cette auguste assemblée. Or, il est important que cette influence ne puisse pas être dangereuse pour la constitution, surtout au moment où la première législature va se former; et c'est ce qui nemanquerait pas d'arriver si la réunion se faisait. L'Ile-en-Jourdain; Reims; Bæchiseiler; Alais : Une fois le schisme formé(la société d'Alais commetici une erreur, en ce qu'elle croit que le schisme sera l'effet de la scission; il en est au contraire la cause. Mais nous convenons que cette cause n'est pas évidente pour tout le monde. Note de Feydel.), qui peut assigner le terme où elle doit s'arrêter? (Tous les hommes éclairés et courageux qui ont fait une révolution pour avoir une constitution. Note du même.) Vous verrez tout cela, Messieurs, et vous ne le verrez pas sans frémir des dangers dont la patrie est menacée; et vous chercherez, nous en sommes sûrs, à les prévenir par une réunion solide avec une société qui, une fois épurée, sera digne de consommer avec vous le grand œuvre de la régénération nationale. » (Elle n'a pu ni ne pourra être épurée par elle-même. Elle n'avait qu'un seul moyen de parvenir à une épuration; c'était d'en confier exclusivement le soin aux députés qui faisaient partie de ses membres: elle s'y est constamment refusée. Note du même.) Soissons; Brignolles; Aubagne.

Adhésion aux Feuillans. Châlons-sur-Marne; Tours; Lyon; Nevers; Auxerre; Brie-Comte-Robert; Valognes; Bar-sur-Seine ; Cherbourg; Saint-Omer ; Péronne ; Dôle; les Riceys; Saint-Dié ; Agen: Comme vous, nous repousserons avecindignation les insinuations perfides (non pas perfides, mais irréfléchies) des traîtres (non pas traîtres, mais aveugles. Note de Feydel.) que vous avez su quitter. › Cholet; Marmande ; Vienne; Vimoutier; Colmar; Verneuil; Villeneuve-d'Agen: « En nous affiliant aux sociétés du

royaume, nous n'avons pas entendu adopter leurs erreurs, et les suivre dans leurs écarts.-Note de Feydel: Les sociétés ne commettent point d'erreurs, ne font point d'écarts, mais bien les individus. Or, si ces individus parviennent à former la majorité réelle ou apparente, la majorité numérique ou géométrique, la société ne vaut plus rien, et il faut la régénérer.La société des Amis de la constitution était composée de deux mille quatre cents membres. Dixhuit à dix-neuf cents se sont retirés des Jacobins, dont un tiers est aux Feuillans, et le nombre des réceptions augmente chaque jour. Les autres six cents sont restés aux Jacobins et s'épurent.> Merin; Alby; Fontenay-le-Comte; Souillac; Nîmes; Bagnols; Auch; Saint-Lô; Guéret; Muret; Toulouse; elle fait suivre sa lettre d'adhésion d'une longue adresse à la société de Montpellier contre le républicanisme. Morlaix; Ecuilly-lès-Lyon; Langon; Tarascon; Calais; Clairac; Castel-Sarrazin; Rouen; Mirande; Limoux; Tartas; Montfaucon.

Union pure et simple avec les Jacobins.Châlons-sur-Saône : • Vous accusez nos frères sont-ils coupables? Nous resterons affiliés avec la société des Jacobins jusqu'à ce qu'il nous soit prouvé qu'elle a abjuré les principes de la constitution. › Effiat. -Vive apologie des jacobins; protestation de leur rester attachés. - Ce sont-là les deux seuls sociétés mentionnées par le Journal de la correspondance, comme ayant repoussé les Feuillans. Voici celles qui se trouvent dans le Journal des débats. Brest; la société populaire de Lyon; Tulle; Riom (la société s'était divisée en Feuillans et en Jacobins). Le 29, Versailles annonça qu'elle ne correspondrait qu'avec les Jacobins; Pontoise; Châteaudun; Strasbourg, dénoncent une lettre de Victor de Broglie; Artonne prend parti pour les Jacobins; Nogent-le-Rotrou demande et obtient l'affiliation. A Paris, les Monophyles, la Société des indigens, le club des Cordeliers, la Société fraternelle des Minimes, présidée par Tallien, la Société de l'Égalité protestent de leur attachement. Amiens; Argental; Moissac.

Telles furent les villes qui exprimèrent leur vœu dans le courant de juillet. Nous devons prévenir le lecteur que la plupart

de celles qui demandent la réunion, ne tardent pas à revenir aux Jacobins. Le mois d'août décidera largement à l'avantage de ces derniers, les résultats du schisme; chaque jour, ils détacheront des Feuillans, quelqu'une des sociétés elles-mêmes, dont le premier mouvement leur avait été le plus favorable.

Suites de la journée du 17.

Nous lisons dans le Patriote français du 22: « Si l'on en croit le rapport d'une personne respectable, il y a plus de deux cents personnes arrêtées et mises au secret à l'Abbaye. Elle a lu une liste de cinq pages in-folio. On a vu passer, ce matin 21, sur le boulevard, trois voitures remplies de prisonniers. On dit que ce sont des écrivains factieux. ›

Le Moniteur du même jour renferme les nouvelles suivantes :

[On a arrêté hier M. Verrières, membre du club des Cordeliers, défenseur de M. Santerre dans sa cause contre M. la Fayette. On dit que M. Verrières est l'auteur du journal intitulé: l'Ami du peuple, par Marat. On a saisi ses presses et ses papiers. Mademoiselle Colombe, directrice de l'imprimerie, a été aussi conduite en prison.

On est allé pour saisir M. Fréron, auteur de l'Orateur du peuple; mais on ne l'a pas trouvé chez lui.

M. Sulleau, auteur de plusieurs productions aristocratiques, est aussi arrêté.

MM. Legendre, Danton et Camille Desmoulins ont quitté Paris. On assure qu'il y avait ordre de les constituer prisonniers.

Les deux hommes soupçonnés d'être les auteurs du meurtre commis dimanche au champ de la fédération sont arrêtés. Celui qui avait été relâché par les ordres de M. la Fayette, n'est pas encore pris.

La société des Amis de la constitution se trouve en ce moment divisée. Un grand nombre de ses membres, députés à l'assemblée nationale, se sont retirés des Jacobins et se réunissent aux Feuillans.

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