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fait. Nous attendrons cet éclaircissement, Aujourd'hui nous ne pouvons donner à ce problème l'autorité de l'histoire. Il en est de même des faits vaguement articulés dans le procès-verbal du corps municipal. Ce qui prouve invinciblement combien les insultes à la garde nationale, et les autres délits quelconques qui nécessitèrent la publication de la loi martiale, restèrent de vains bruits, des nouvelles sans fondement, c'est la procédure qui eut lieu devant le tribunal du sixième arrondissement, On verra quels coupables et quels témoins à charge furent découverts par le comité des recherches et par l'accusateur public Bernard: tout le monde allait certainement être acquitté, lorsque vint l'amnistie du 13 septembre.

1.

La foule s'accumulait, et comme on ne savait pas encore bien ce qui avait été décidé par les Jacobins à l'égard de leur pétition, on attendait pour signer qu'elle fût apportée. La garde nationale achevait de s'écouler, lorsqu'il arriva à l'autel de la patrie des commissaires jacobins, envoyés sur la motion de Robespierre (Journal des débats, n° XXVIII), non pas, ainsi que Prudhomme l'affirme, pour annoncer que la pétition était retirée, mais pour s'instruire de ce qui se passait. On les interrogea, et voici ce que le même Prudhomme leur fait dire: Que la pétition qui avait été lue la veille ne pouvait plus servir le dimanche; que cette pétition supposait que l'assemblée n'avait pas prononcé sur le sort de Louis, mais que l'assemblée ayant implicitement décrété son innocence ou son inviolabilité dans la séance du samedi soir, la société allait s'occuper d'une nouvelle rédaction, qu'elle présenterait incessamment à la signature. (Révol. de Paris, no CVI, p. 60.) Une fois certains qu'il n'y avait pas à espérer de ce côté, les hommes en état de rédiger une pétition proposèrent de l'écrire à l'instant sur l'autel de la patrie. Cette proposition fut unanimement adoptée. On nomma quatre commissaires: l'un d'eux prit la plume; les citoyens impatiens se rangèrent autour de lui, et il écrivit. Ce sont là les propres expressions de Prudhomme (Loc. Cit.), et la suite prouve qu'il était bien informé. Il donne le texte de cette pétition, en garantit l'authenticité, dit qu'elle fut signée à sept

ou huit endroits différens, sur les oratères qui formaient les quatre angles de l'autel ; que plus de deux mille gardes nationaux de tous les bataillons de Paris et des environs, quantité d'officiers municipaux des villages voisins, ainsi que beaucoup d'électeurs tant de la ville de Paris que des départemens, la signèrent. Plus loin, après le récit du massacre, il s'écrie: ‹ Mais ne désespérons de rien, notre perte n'est pas encore assurée; nous aurons deux moyens de nous sauver : la pétition qui nous reste, et le patriotisme des gardes nationales. Oui, la pétition reste; elle est accompagnée de six mille signatures; de généreux patriotes ont exposé leur vie pour la sauver du désordre, et elle repose aujourd'hui dans une arche sainte, placée dans un temple inaccessible à toutes les baïonnettes; elle en sortira quelque jour; elle en sortira rayonnante. Peut-être la garde nationale à leur tête, les patriotes iront la chercher en triomphe; ce sera pour eux l'oriflamme de la liberté. >

Or, toutes ces choses, moins la prophétie, sur laquelle nous ne prononçons pas, parce que nous ne l'avons pas encore vérifiée, sont rigoureusement vraies. LE MONUMENT EXISTE, il est aux archives de la commune, et il confirme tous les détails de Prudhomme.

D'abord, le texte collationné sur l'original est identique. Il y a seulement une légère différence dans l'intitulé. Les Révolutions de Paris renferment celui-ci : Pétition à l'assemblée nationale, rédigée sur l'autel de la patrie, le 17 juillet 1791. L'original porte sur l'autel de la patrie, le 17 juillet de l'an 3. Quatre commissaires furent nommés, car la feuille volante de l'original porte quatre noms.

Les signatures durent être recueillies de la manière dont parle Prudhomme. Elles remplissent dix-huit ou vingt cahiers séparés qui furent ensuite grossièrement attachés. Quant au nombre des noms, il dépasse certainement six mille.

Ce monument est peut-être l'une des plus curieuses reliques qui aient été retrouvées dans les décombres révolutionnaires. Il a une forme, une physionomie qui peint mieux que toutes les

apologies du temps, le caractère et la nature du rassemblement qui pétitionnait. La masse des signatures est de gens qui savaient à peine écrire; la qualité de garde national y foisonne. Il y a une multitude de croix environnées d'un cercle, attestant qu'un tel a signé pour un tel qui ne savait pas écrire. Quelquefois la page est divisée en trois colonnes; d'énormes taches d'encre en couvrent plusieurs ; les noms sont au crayon sur deux. Des femmes du peuple signèrent en très-grand nombre, même des enfans, dont évidemment on conduisait la main. Voici un échantillon pris au hasard parmi l'immense foule des obscurs. Celui-ci a mis son commentaire : « Je rénonce au roy je ne le veux plus le conette pour le roy je suis sitoiien fransay pour la patry dù bataillon de Boulogne Louis MAGLOIRE l'ainé à Boulogne. La plus jolie écriture de femme est sans contredit celle de mademoiselle David, marchande de modes, rue Saint-Jacques, no 175.

Les signatures, comme il faut les noms bourgeois, apparaissent de loin en loin; on les compte. Un feuillet fut garni par un groupe de Cordeliers; ici l'écriture est fort lisible. On voit en haut une signature à lettres longues et insouciantes, légèrement courbées en avant; c'est celle de Chaumette, étudiant en médecine, rue Mazarine, no 9. Cette histoire rencontre ce personnage pour la première fois. Les seuls hommes que nous connaissions déjà entre ceux dont le nom accompagne celui de Chaumette, sont: E.-J.-B. Maillard, et Meunier, président de la Société fraternelle, séante aux Jacobins. Voici quelques noms pris sur deux ou trois feuillets aussi bien écrits que le précédent. Brillemont; Ducastel; Soulard; Delacroix; Tattegrain; Boucher; Lemaire; Brune; Saint-Martin; Saint-Félix; Tissier; le chevalier de la Rivière; Dufour l'aîné; Sainty; Richard.Nous n'avons pas découvert, malgré une recherche attentive, le nom de Momoro; il fut cependant accusé plus tard d'avoir fait grand bruit au Champ-deMars, le 17.

Dans les feuillets du Peuple nous avons relevé deux noms de terroristes fameux; celui d'Hébert, écrivain, rue de Mirabeau, et celui d'Henriot. La signature du père Duchène a un aspect

ou huit endroits différens, sur les oratères qui formaient les quatre angles de l'autel ; que plus de deux mille gardes nationaux de tous les bataillons de Paris et des environs, quantité d'officiers municipaux des villages voisins, ainsi que beaucoup d'électeurs tant de la ville de Paris que des départemens, la signèrent. Plus loin, après le récit du massacre, il s'écrie: Mais ne désespérons de rien, notre perte n'est pas encore assurée; nous aurons deux moyens de nous sauver : la pétition qui nous reste, et le patriotisme des gardes nationales. Oui, la pétition reste; elle est accompagnée de six mille signatures; de généreux patriotes ont exposé leur vie pour la sauver du désordre, et elle repose aujourd'hui dans une arche sainte, placée dans un temple inaccessible à toutes les baïonnettes; elle en sortira quelque jour; elle en sortira rayonnante. Peut-être la garde nationale à leur tête, les patriotes iront la chercher en triomphe; ce sera pour eux l'oriflamme de la liberté. >

Or, toutes ces choses, moins la prophétie, sur laquelle nous ne prononçons pas, parce que nous ne l'avons pas encore vérifiée, sont rigoureusement vraies. LE MONUMENT EXISTE, il est aux archives de la commune, et il confirme tous les détails de Prudhomme.

D'abord, le texte collationné sur l'original est identique. Il y a seulement une légère différence dans l'intitulé. Les Révolutions de Paris renferment celui-ci : Pétition à l'assemblée nationale, rédigée sur l'autel de la patrie, le 17 juillet 1791. L'original porte sur l'autel de la patrie, le 17 juillet de l'an 3. Quatre commissaires furent nommés, car la feuille volante de l'original porte quatre noms.

Les signatures durent être recueillies de la manière dont parle Prudhomme. Elles remplissent dix-huit ou vingt cahiers séparés qui furent ensuite grossièrement attachés. Quant au nombre des noms, il dépasse certainement six mille.

Ce monument est peut-être l'une des plus curieuses reliques qui aient été retrouvées dans les décombres révolutionnaires. Il a une forme, une physionomie qui peint mieux que toutes les

apologies du temps, le caractère et la nature du rassemblement qui pétitionnait. La masse des signatures est de gens qui savaient à peine écrire; la qualité de garde national y foisonne. Il y a une multitude de croix environnées d'un cercle, attestant qu'un tel a signé pour un tel qui ne savait pas écrire. Quelquefois la page est divisée en trois colonnes; d'énormes taches d'encre en couvrent plusieurs ; les noms sont au crayon sur deux. Des femmes du peuple signèrent en très-grand nombre, même des enfans, dont évidemment on conduisait la main. Voici un échantillon pris au hasard parmi l'immense foule des obscurs. Celui-ci a mis son commentaire: ‹ Je rénonce au roy je ne le veux plus le conette pour le roy je suis sitoiien fransay pour la patry du bataillon de Boulogne LOUIS MAGLOIRE l'ainé à Boulogne. La plus jolie écriture de femme est sans contredit celle de mademoiselle David, marchande de modes, rue Saint-Jacques, no 173.

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Les signatures, comme il faut les noms bourgeois, apparaissent de loin en loin; on les compte. Un feuillet fut garni par un groupe de Cordeliers; ici l'écriture est fort lisible. On voit en haut une signature à lettres longues et insouciantes, légèrement courbées en avant; c'est celle de Chaumette, étudiant en médecine, rue Mazarine, no 9. Cette histoire rencontre ce personnage pour la première fois. Les seuls hommes que nous connaissions déjà entre ceux dont le nom accompagne celui de Chaumette, sont: E.-J.-B. Maillard, et Meunier, président de la Société fraternelle, séante aux Jacobins. Voici quelques noms pris sur deux ou trois feuillets aussi bien écrits que le précédent. Brillemont; Ducastel; Soulard; Delacroix; Tattegrain; Boucher; Lemaire; Brune; Saint-Martin; Saint-Félix; Tissier; le chevalier de la Ririère; Dufour l'aîné; Sainty; Richard.Nous n'avons pas découvert, malgré une recherche attentive, le nom de Momoro; il fut cependant accusé plus tard d'avoir fait grand bruit au Champ-deMars, le 17.

Dans les feuillets du Peuple nous avons relevé deux noms de terroristes fameux; celui d'Hébert, écrivain, rue de Mirabeau, et celui d'Henriot. La signature du père Duchène a un aspect

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