Page images
PDF
EPUB

en est le même que celui du Point du Jour. 1789. Il n'a pas été continué depuis la translation de l'assemblée nationale à Paris.

Le 23 juin, jour de la séance royale, l'auteur de cet ouvrage publia aussi le premier numéro d'un journal intitulé d'abord, Nouvelles de Versailles, et ensuite, Assemblée nationale. Cette feuille était, comme les précédentes, plus spécialement consacrée, aux débats de l'assemblée. Arrivé à cette époque où les principaux léviers de la révolution étaient en mouvement, il défendit les princi

pes

de la monarchie tempérée, comme étant le mode de gouvernement où l'homme est le moins asservi au despotisme de ses semblables, et où les peuples peuvent jouir d'une plus grande prospérité sous tous les rapports. MM. de Lally-Tolendal, Clermont-Tonnerre et autres qui voulaient l'établir, ayant quitté l'assemblée, ou y étant restés sans influence, le rédacteur s'attacha aux principes constitutionnels de 1791, qu'il considérait comme la seule planche qui, en sauvant l'état de l'épouvantable anarchie dont il a été si long-temps la victime, pût le conduire à un état de choses plus approprié aux mœurs et aux habitudes des Français. Le retour à l'ancien système, en pre

nant une marche immédiatement rétrograde,

lui paraissait impossible, contraire au mou- 1789. vement habituel des nations civilisées, et à l'expérience de tous les siècles.

Deux jours après la publication de cette feuille, parut le journal rédigé par M. Poncelin de la Roche-Tillat, ancien conseiller à la table de marbre. Il lui donna aussi pendant quelque temps, le titre d'Assemblée nationale; mais bientôt il y substitua célui de Courrier Français.

M. Poncelin fut partisan plus décidé du nouveau système que l'auteur des Nouvelles de Versailles; mais au 10 août, il s'arrêta court, et attaqua constamment tout ce qui s'est fait depuis, jusqu'à la révolution du 18 fructidor.

M. Joubert, frère d'un député à l'assemblée nationale, imprima aussi, quelques semaines après, une feuille également intitulée Assemblée nationale; c'est un tableau assez fidèle des débats de l'assemblée, et moins systématique que les deux journaux précédens. Peu de temps après sa création, ce journal se divisa en deux, qui portèrent l'un et l'autre le titre originel.

[ocr errors]

Celui qui conserva le nom de Perlet, eut seul beaucoup de succès. Il fut successive

ment rédigé par MM. Lenoir-la-Roche, dé1789. puté de Paris aux états généraux (1), et Lagarde, qui enseignait alors dans l'un des collèges de Paris. L'autre division de ce journal a été beaucoup moins répandue; elle s'est éteinte sous le nom d'Auditeur national.

Les trois journaux dont on vient de parler, ont eu une vogue prodigieuse à Paris pendant les premiers temps de l'assemblée constituante; ils étaient répandus dans toute les classes du peuple avec profusion. Comme il n'y avait pas un individu qui ne voulût savoir ce qui se passait à l'assemblée, l'on s'arrachait tous les écrits qui en rendaient compte.

Parmi les feuilles qui commencèrent alors à attaquer le plus immédiatement ce qui restait encore de l'autorité royale, on remarque le Patriote Français, publié par

(1) Choisi depuis, par le directoire exécutif, pour exécuter la famense journée du 18 fructidor, en qualité de ministre de la police, mais reconnu peu proà l'exécution d'une telle entreprise, et en conpre séquence remercié quelques jours après sa nomination ; choisi pour siéger au conseil des anciens, après la révolution de fructidor, et aujourd'hui sénateur sous le gouvernement consulaire,

Brissot,

Brissot (1), personnage à qui on a donné depuis une très-grande importance; la Chronique de Paris, rédigée dans ses commencemens par Millin de Grandmaison (2) et l'abbé Noël, professeur au collège de Louisle-Grand (3), et les Annales Patriotiques, qui portaient le nom de Mercier, auteur du Tableau de Paris, mais écrites par une espèce de diplomate ou de dissertateur sur la diplomatie, nommé Carra (4). Ces trois journaux professaient les mêmes principes, quoique développés par une rédaction trèsdifférente. Celle de la Chronique est sans contredit la plus agréable; les deux autres ne se font remarquer que par des dénonciations violentes contre tous ceux qui ne sont pas de leur parti; la feuille de Carra est connue par une tournure grossière qui, dans les provinces, en avait fait l'oracle des nombreux révolutionnaires, qui n'étaient pas plus habitués à lire qu'à penser.

(1) Guillotiné sous la convention nationale. (2) Aujourd'hui conservateur des antiquités. (3) Aujourd'hui préfet d'un département sous le gouvernement consulaire.

(4) Guillotiné sous la convention.

Tome II.

C

1789.

Au nombre des feuilles appelées contre1789. révolutionnaires, c'est-à-dire, exclusivement dévouées à l'ancien ordre de choses, la Ga

zette de Paris, et deux autres intitulées l'Ami du Roi, parurent avec distinction. Durozoy (1), littérateur médiocre, rédigeait la Gazette de Paris; on y trouve sans doute d'excellentes réflexions, mais il y règne un ton lamentable et continuellement pleureur qui la dépare beaucoup. L'un des Amis du Roi, rédigé par l'abbé Royou (2), est brûlant d'énergie et du style le plus brillant; mais l'autre, dont l'auteur se nomme Montjoie, est faible, sur-tout lorsqu'on le compare à la feuille de l'abbé Royou. On pourrait encore placer sur la même ligne, la Feuille du jour, publiée par M. Parisot, elle est cependant un peu moins violente, et son auteur se serait plus facilement familiarisé avec une partie des principes nouvé aux. Ce

』「、,、,,

(1) Guillotiné immédiatement aprèsle 10 août, et l'une des premières victimes de ce nouveau genre de supplice.

(1) Ancien professeur au collège Louis-le-Grand, mort quelque temps avant le 10 août, à peu près à l'époque où le corps législatif le décrétait d'accusation le même jour que Marat.

« PreviousContinue »