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en résultât aucun profit pour l'état, il ne 1789. fut point écouté. En vain l'on disait que la dîme était une propriété de l'église, 'consacrée par tous les actes qui instituent et conservent la propriété, Mirabeau répondait: << Non, messieurs, la dîme n'est point une propriété; la propriété ne s'entend que de <«< celui qui peut aliéner le fonds, et jamais « le clergé ne l'a pu (1)..... Les dîmes n'ont « jamais été pour le clergé que des jouissances « annuelles, de simples possessions révocables « à la volonté du souverain.

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« Il y a plus : la dîme n'est pas même une

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possession comme on l'a dit, elle est une « contribution destinée à cette partie du ser

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vice public qui concerne les ministres des « autels; c'est le subside avec lequel la na« tron salarie les officiers de morale et d'ins<< truction.

« J'entends, à ce mot salarier, beaucoup « de murmures, et l'on dirait qu'il blesse la dignité du sacerdoce; mais, messieurs, il << serait temps, dans cette révolution qui «< fait éclore tant de sentimens justes et gé

(1) Par cette tournure, Mirabeau sapait d'avance par leur base les propriétés ecclésiastiques, et préparait les esprits à leur spoliation.

de

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néreux, que l'onatjarit les profuges Man<< rance orgueillease qui font leta.qner es « mots salaires et salaries. Je ne connais « que trois manieres d'exister fans la res « il faut y être mendiant, voicur, 11 34, 15.2. « Le propriétaire n'est lui-même que le pramier des salariés; ce que nous appelons vulgairement sa propriété, n'est autre onose « que le prix que lui paye la soci se pour « les distributions qu'il est chargé de faire « aux autres individus pour ses consomma« tions et ses dépenses : les proprietaires ant « les agens, les économes du corps socials 8 C'est pour la singularité du principe qu'il renferme, que nous avons rapporté ce par sage. Quoiqu'admirateurs des talens incou testables et du grand génie de Mirabeau, qu'il nous soit permis de dire que la doctrine qu'il prêche ici, est la plus détestable de toutes celles que le despotisme de plus vorace ait jamais imaginées. La propriété est antécédente à la formation des sociétés civiles; elle dérive immédiatement de la nature. Les premiers propriétaires qui ont fondé les sociétés, n'ont point eu pour objet de mettre leurs propriétés à la disposition de leurs co-associés, ils n'ont eu, au contraire, d'autre intention que de s'en conserver à

eux-mêmes l'immuable et paisible possession. 1789. Ce ne sont ni les gouvernemens, ni leurs lois

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qui ont fondé la propriété; ils ont été établis pour en régulariser la jouissance, pour déterminer la manière dont elle peut être perdue, transmise ou acquise, et non pour en être les dispensateurs souverains. Tel est, à ce qu'il nous semble, le principe conservateur des états, et la véritable source de la liberté publique. En vain nous dira-t-on qu'elle est dans la force de la société, dont tous les membres sont intéressés à concourir à la félicité de tous les sociétés n'ont de force active que celle qu'on leur communique; une expérience récente et fort dure l'a suffisamment démontré. Mettre les propriétés à leur disposition, c'est en rendre maîtres -ceux qui les gouvernent; en d'autres termes, c'est créer le gouvernement de Constantinople. Certainement Mirabeau n'avait pas cette intention; mais Mirabeau voulait révolu→ tionner l'état, et pour réussir,il devait prendre à contre-sens, les règles destinées à le consolider. S'il vivait aujourd'hui, il est vraisemblable qu'il tiendrait un tout autre langage. Mais poursuivons. Les sacrifices de la nuit du 4 août n'empêchèrent pas les partisans de la déclaration des droits de continuer leur

ouvrage. Il fut terminé après de longs débats, et quelquefois très - violens, sur-tout lorsqu'il fut question de l'égalité de droits dans l'exercice des cultes religieux. Les évêques voulurent maintenir la prééminence de la religion catholique; les protestans, soutenus par tout le parti philosophique, persistèrent pour l'égalité des droits, et il ne résulta de tout cela qu'une plus grande.

de haine entre les uns et les autres. Ce fut M. Rabaut de Saint-Etienne, ministre protestant, qui porta le plus souvent la parole dans cette circonstance, et s'en acquitta de manière à mériter la reconnaissance de ceux dont il plaidait la cause. Après cette opération, les gens à système en fait de lois constitutionnelles, entrèrent en lice pour debattre leurs projets. On a vu que tous étaient d'accord pour des réformes quelconques sur ce point important; il ne s'agissait que du plus ou du moins: mais cette disparité devait présenter des difficultés insurmontables. Les uns ne voulaient que quelques modifications au système actuelsen lui rendant ce que le laps du tempslui avait fait perdre; ils demandaient trois ordres distincts, ayant le veto l'un sur l'autre, et la périodicité des états généraux, avec le droit

exclusif de consentir l'impôt, le contrôle 1789. de toutes les opérations du gouvernement, et le droit d'accuser les ministres, qu'on devait déclarer responsables de leur gestion. Les autres voulaient réduire les ordres à deux, en confondant dans un seul le clergé et la noblesse. Le reste de l'assemblée n'avait point de plan déterminé ; seulen.ent il avait résolu deux choses : détruire complètement l'ancien régime, et empêcher la formation d'une constitution à l'imitation de celle d'Angleterre; projet favori de ceux qui voulaient conserver la noblesse, et instituer la liberté publique. Quels étaient leurs argumens pour combattre ce système séduisant qui fait la gloire et la force du peuple le plus opulent de l'univers? Ils ne niaient point cette vérité, mais ils soutenaient qu'il ne pouvait avoir en France les mêmes résultats; que même il y était impra

ticable.

« En Angleterre, disaient-ils, la noblesse « est peu nombreuse, ne forme qu'un corps « de magistrature dont les fonctions sont « exactement déterminées; elle n'est trans<< missible qu'aux aînés, et n'entraîne point « les conséquences politiques qui résultent « de son existence parmi nous. Le vœu na

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