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une excellente école à Ségovie; nous avons eu occasion de nous assurer qu'elle ne le cédait à aucune autre en Europe, pour son instruction, sa bravoure et son matériel.

Le génie se trouvait également sur le meilleur pied; les travaux des places, ceux des ports et des ponts et chaussées, attestent que cette arme réunissait au suprême degré toutes les connaissances des arts et des sciences dont elle emprunte le secours. Les écoles militaires de Cadix, Barcelone et Zamora assuraient à la jeunesse qui voulait parcourir 77 la carrière militaire, une instruction analogue à l'arme dans laquelle elle comptait servir.

formant un complet de 116,000 hommes d'infanterie. Maison du roi, gardes du corps et carabiniers. 15 régim. de grosse caval. à 3 escad. 45 8 de dragons.

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formant un complet de 12,200 chevaux.

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Ainsi l'armée espagnole, artillerie comprise, devait présenter une force d'environ 140,000 hommes. Mais ces cadres offraient des lacunes considérables, et nous ne pensons pas que leur effectif dépassât 120,000 hommes, en y comprenant les milices; il faut encore en déduire l'infanterie nécessaire aux garnisons des grands ports, des îles Baléares, et l'armée en campagne n'excéda jamais 80,000 combattants, quoiqu'on la renforcât par une levée de 36 bataillons, qui fut ordonnée au moment de la déclaration de guerre à la France.

L'Espagnol sobre, vigoureux, infatigable, possède de grandes vertus guerrières, mais il manque d'activité soutenue. Si, dans ces dernières révolutions, son caractère se soumit difficilement à la discipline, nous avons été induit à penser, en observant l'esprit du peuple, que dans les temps ordinaires il y serait plus facilement ployé. Son courage tumultueux prêtait beaucoup à une prompte désorganisation, car la déroute est toujours compagne de cette disposition naturelle des esprits chez les peuples méridionaux.

Nul ne parvenait au grade d'officier dans les troupes espagnoles sans être d'abord cadet dans le même régiment. Il fallait être noble pour être officier dans les dragons, mais dans le reste de la cavalerie on n'y regardait pas de si près, et pour

On remarquera que son organisation était établie sur de bons principes: la formation de bataillons de dépôt pour alimenter les bataillons de guerre; l'établissement des milices, prêtes à marcher; la création de 9,600 hommes de gardes ur-l'infanterie cela n'était point nécessaire. baines pour la défense des places maritimes, indiquent assez que le gouvernement s'était appliqué à tirer bon parti de sa population militaire. On ne pouvait rien y ajouter, si ce n'est un plus grand nombre de milices.

Avant 1782, on employait jusqu'à 35 bataillons dans les colonies; l'expérience prouva dès lors que l'infanterie disponible, s'élevant à peine à 80,000 hommes, ne suffisait pas pour défendre les vastes possessions de la monarchie, et l'on forma dans chacune des colonies un certain nombre de troupes de ligne destinées à les garder, outre des corps assez considérables de milices. Les troupes du continent doivent néanmoins fournir encore plusieurs garnisons hors d'Espagne, aux îles Baléares, aux Canaries et aux deux présides de Ceuta et de Melilla.

L'artillerie modelée sur celle de France avait

Les sergents avaient un avancement assuré, car la moitié des places de sous-lieutenants leur était dévolue, à l'exception pourtant de ceux d'artillerie et des gardes.

Ce mélange dégoûta du service la noblesse, qui rougit de voir ces officiers de fortune, marcher de pair avec elle et quelquefois la commander. Bien différents en cela de la noblesse russe, dont les premières familles briguent l'honneur de commencer leur apprentissage dans les derniers emplois de l'état militaire, les grands d'Espagne voulaient, comme ceux de France, débuter par des régiments, et ne pas partager avec des plébéiens les chances du commandement et des grades supérieurs. Aussi fut-il un temps où l'on n'aurait pas compté quatre grands d'Espagne dans les armées de terre ou de mer. Ils se sont un peu guéris depuis de ces pré

jugés, voyant sortir des rangs de l'armée républi- | en campagne, ne s'élevèrent guère au delà de caine des hommes qui avaient cette élévation d'âme 30,000 hommes, vu la nécessité de pourvoir et de sentiments, source inépuisable des grandes toutes les forteresses à cause de la proximité de actions. l'ennemi on disposa à la vérité quelquefois de leurs garnisons pour des entreprises de courte durée; mais elles furent rendues aussitôt après à leur première destination.

Le peuple avait le même dégoût pour le service; attaché à ses foyers, redoutant le déplacement, il n'a ni cette légèreté, ni cette mobilité qui détermine les autres nations à s'enrôler : il est sobre, ne se livre jamais à l'ivrognerie, et rarement au libertinage; il marche cependant quand il le faut, et sa valeur ne se dément point dans les occasions. La répugnance des Espagnols est encore plus forte pour l'infanterie que pour la cavalerie; aussi ne put-on jamais compléter un régiment national; il n'y avait que les étrangers, dont l'effectif approchât de la force déterminée par l'ordonnance.

L'armée sarde était une des mieux instituées près de 30,000 hommes d'infanterie de ligne, 15,000 de milices, divisés en 30 bataillons, dont on aurait doublé la force au besoin, et qui ne le cédaient en rien aux meilleurs troupes de l'Europe, donnaient à la cour de Turin une considération plus que proportionnée à ses moyens.

:

Le Piémontais est un excellent soldat: le service des régiments provinciaux a familiarisé toute la nation avec les armes; le peuple, comme la plupart des habitants des montagnes, est frugal, endurci à la fatigue et brave. Ces éléments se trouvaient bien utilisés. L'infanterie, l'artillerie, et le génie laissaient peu à désirer la cavalerie, forte de 3,600 combattants, se ressentait de la mauvaise qualité de ses chevaux et du caractère des Italiens, qui les rend peu propres à ce service. L'état-major comptait des hommes instruits. Le mode de recrutement était volontaire, mais les milices, bien entendues à cette époque, assuraient d'excellents renforts à l'armée.

Les troupes napolitaines n'ayant point pris part à cette dernière guerre, à l'exception d'un corps de 3,000 hommes qui ne fit que se montrer à Toulon, et de 1,800 chevaux, qui assistèrent à la défaite de Beaulieu à Lodi, en 1796, nous ne nous étendrons pas sur cette armée, ayant une meilleure occasion d'en parler lorsque nous rendrons compte de la campagne de 1799. Quant aux autres troupes italiennes, elles ne valaient pas, à cette époque, la peine d'être nommées. L'armée hollandaise se composait en 1792, de :

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Cette armée n'était plus ce qu'elle fut jadís. Le peuple batave, adonné à la marine et au commerce, avait peu de penchant pour le service de terre. Les régiments suisses et allemands formaient son infanterie la plus solide; les nationaux se comptaient à peine au milieu des masses armées de l'Europe. Ce n'étaient plus ces bandes aguerries luttant contre la tyrannie de Philippe II, ou contre la puissance Nous ne nous étendrons pas sur l'organisation de Louis XIV; quelques beaux faits d'armes parintérieure, ni sur une nomenclature de corps, dont ticuliers ne détruiront pas cette assertion. le nombre variait suivant les besoins. On ajouta La cavalerie, dont la moitié se composait de aux quatre régiments d'infanterie suisse, deux nou- Wallons et d'Allemands, fit la guerre avec plus veaux régiments formés, dans le courant de la de distinction qu'on ne s'y serait attendu d'un guerre, des hommes licenciés du service de France. peuple plus navigateur que belliqueux, dont le caLes milices furent à peu près toutes mises en acti-ractère flegmatique contraste avec l'impulsion névité, et employées à garder les places, à mesure que le théâtre des opérations se rapprocha de l'intérieur du Piémont. Cependant les forces actives,

cessaire à cette arme. L'artillerie était peu nombreuse, en proportion du grand nombre de places qu'on devait armer, et son matériel, comme

son personnel, laissait beaucoup à désirer : il est probable que, dans le nombre indiqué d'autre part, les canonniers attachés aux pièces de bataillons ne sont pas compris.

Le génie était à peu près dans le même cas. Les états-majors avaient plus- de considération dans l'intérieur de l'armée qu'au dehors; et, à l'exception du prince Frédéric d'Orange et d'un petit nombre d'officiers, la guerre prouva que ce n'était pas sans raison.

Les garnisons que la république était obligée d'entretenir dans ses ports et ses places, réduisaient l'armée active à moins de 30,000 hommes, et il n'en parut jamais autant dans les guerres où il s'agissait de son existence.

en peu
de mots, les sources multipliées de sa pro-
spérité, dont il faut espérer, pour l'intérêt des au-
tres peuples, que nous avons vu l'apogée.

Les levées, furent, au reste, progressives en Angleterre comme dans les autres États, à mesure que les conquêtes coloniales la forçaient à s'étendre et à multiplier les garnisons. La milice (Yeomanry), réglée en 1786, par acte du parlement, à 30,800 hommes, diffère de tout ce qui s'est fait en France dans ce genre, en ce qu'elle repose sur le principe de la propriété. Il faut avoir une propriété de deux mille quatre cents francs pour y être admis, et on tire au sort; les pairs et employés civils son exempts. Ces milices se rassemblent et s'exercent vingt-huit jours par an, comme en Suisse, avec la différence qu'elles sont payées pour ce service. Les armes sont déposées dans un local où le tiers des bas officiers et tambours se trouve à demeure fixe, Ces bas officiers sont habillés tous les deux ans par les provinces, et ont droit, après quinze et vingt ans de service, aux retraites d'invalides. Les miliciens ont la faveur d'exercer tout genre d'industrie sans appartenir à une corporation; on les habille également tous les trois ans. Les fonds, pour ce service sont prélevés sur des impôts provinciaux (Landtax). Ces 30,000 Habituée dès longtemps à soudoyer les soldats hommes furent mis en activité en 1793 pour rendre de l'Allemagne, elle comptait alors, comme aujour-l'armée régulière disponible sur le continent. d'hui, ceux du Hanovre et de tous les petits princes au nombre des siens. Sa politique, son or, ses matelots et ses citadelles flottantes sont les véritables éléments de sa puissance; les uns lui procurent des auxiliaires, d'autres lui donnent des satellites, et les derniers lui assurent les possessions lointaines d'où elle tire les moyens d'armer la moitié de l'Europe contre l'autre.

L'Angleterre, qui depuis Guillaume III élevait de si hautes prétentions, et combattait sur terre et sur mer dans les quatre parties du monde, forcée d'entretenir jusqu'à 100,000 matelots ou soldats de marine, ne trouvait pas dans sa population industrieuse le moyen de lever autant de soldats qu'elle en eût voulu; elle ne comptait en 1792 qu'environ 30,000 hommes de troupes nationales dans les trois royaumes, et à peu près autant dans les colonies des deux Indes, non compris toutefois les troupes indigènes de noirs et de cipayes.

Nous laissons aux historiens de ce siècle, si fécond en grands événements, le soin d'en tracer un tableau digne de la postérité, et de montrer par quel concours d'habileté et de causes générales le gouvernement anglais a su monter à ce degré de force. Le patriotisme et l'énergie de la nation, son grand caractère, ses institutions, les manœuvres et le machiavélisme de son cabinet, le mécanisme de son administration, le secret de son crédit, les haines qu'il a su faire tourner à son profit, l'aveuglement d'une partie de l'Europe, telles ont été,

En 1794, on organisa 6,000 hommes de plus pour l'Écosse, et on ajouta des compagnies à celles qui existaient en Angleterre. Le besoin toujours croissant d'hommes fit lever des volontaires (Fencibles), tant cavalerie qu'infanterie, pour la garde des batteries des côtes; et ce fut de cette époque que data l'augmentation sensible de l'armée anglaise.

En 1796, on organisa enfin un supplément de 60,000 hommes de milices et de 20,000 volontaires à cheval, qu'on parvint à monter au moyen d'une réquisition sur les chevaux de luxe. M. Dundas, dans l'exposé qu'il soumit aux communes de février 1800, porta leur nombre total jusqu'à 150,000, toutes classes comprises; et en le réduisant d'un tiers, on trouve encore une force imposante.

Ces milices permirent d'envoyer tour à tour les troupes de ligne en Flandre, en Hollande, en

Égypte, en Espagne, partout enfin où il y avait des

ennemis à susciter à la France.

L'armée régulière suivit presque la même progression. En 1795, elle se trouvait déjà de 119,000 hommes, compris l'armée du duc d'York qui était encore dans la Nord-Hollande, et non compris 42,000 employés à garder des colonies, la Corse, Gibraltar et le Portugal. C'était le triple de l'état avant la guerre.

L'armée du duc d'York étant revenue après la conquête de la Hollande, par les Français, ce qu'on comprend sous la désignation des gardes et garnisons, diminua en nombre; mais les forces dans les colonies augmentèrent en proportion, ce qui s'explique naturellement par l'envoi des troupes nécessaires à la conquête des établissements hollandais et français.

En 1796, l'on entretint 206,400 hommes, savoir :

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49,000

78,000

42,000

Dans les milices, les places s'achètent. La cavalerie anglaise, quoique brave et bien montée, exécutait généralement mal ses charges; ses chevaux étant mal équipés, le cavalier n'en était pas toujours maître. On dit qu'aujourd'hui cela est changé, et que cette arme a fait de grands progrès. L'infanterie est des meilleures de l'Europe : quelques déroutes comme celle de Turcoing, en 1794, n'empêchent pas qu'on ne retrouve dans les bataillons anglais, l'intrépidité des soldats de Marlborough et du grand Édouard.

L'artillerie est bien organisée, celle à cheval surtout; sa force a été successivement augmentée dans les premières guerres de la révolution; de 3,700 hommes elle fut portée à 9,000 dont 1,200 d'artillerie à cheval, 880 d'émigrés français et hollandais. Le matériel est admirable, ce qui ne doit pas étonner dans un pays si prodigue de ses guinées le corps des pontonniers y est perfectionné, et les ponts d'avant-garde sont remarquables surtout par leur légèreté et la célérité de leur construction, avantages souvent décisifs à la

4,400 guerre.

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10,000

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206,400

Outre cette armée formidable, la compagnie des Indes entretenait, dit-on, 40,000 hommes vers la même époque; ce qui est croyable, puisqu'en 1810 elle comptait 61 régiments d'infanterie et 17 de cavalerie à sa solde.

Les troupes anglaises se distinguent par leur 23,000 bonne discipline et leur sang-froid; le soldat s'y enrôle la vie, ce qui est bien extraordinaire pour chez un peuple si jaloux de sa liberté; mais ce qui ne surprend pas moins, c'est qu'il est docile et soumis: ces qualités essentielles qui constituent une armée solide, sont peut-être préférables à une valeur brillante mais passagère. Les unes sont permanentes ; l'autre, justifiant le proverbe espagnol, dépend de tel jour et de telle circonstance. La résignation et la discipline unies au courage froid, ont des résultats invariables et sûrs; elles produisent l'ensemble sans lequel il n'est point de véritable force.

Avant ces derniers temps, le service de terre n'était pas fort considéré; les officiers peu instruits jouaient un assez triste rôle : l'armée s'est beaucoup améliorée depuis ses équipées de Hollande; la guerre d'Égypte a marqué l'époque de sa régé

nération.

Les états-majors, composés en partie d'officiers entendant la castramétation, les détails du service de campagne et la fortification passagère, jouissent d'une considération proportionnée à l'importance du service qu'on attend d'eux.

L'avancement, se fait en partie par ancienneté; il n'exclut point toutefois la récompense due au mérite, et tout citoyen anglais peut arriver aux emplois militaires les plus élevés.

Avant de passer à la narration des événements militaires, nous ne pouvons nous refuser d'esquis ser un léger tableau de l'armée russe : quoiqu'elle n'ait pris aucune part directe à cette première guerre, le coup d'œil rapide que nous jetterons sur les principales institutions ne sera peut-être pas mal accueilli.

Les troupes de cette nation étaient loin, en 1792, de la perfection où l'empereur Alexandre les a portées de nos jours; toutefois si leur équipement

avait quelque chose de plus lourd, elles n'en étaient pas moins superbes par l'espèce d'hommes qui les composaient.

Il sortit de l'état-major institué par Munich, une foule d'hommes de mérite, jusque sous Paul Ie, qui le détruisit. Les écoles des cadets étaient alors parfaitement tenues, et l'alimentaient, ainsi que le corps du génie.

L'infanterie avait prouvé à Pultawa, à Kunersdorf, à Choczim, à Ismaël, et dans mille actions contre les Turcs ou les Suédois, ce qu'on peut attendre de son inébranlable fermeté.

La cavalerie, quoique moins instruite et moins bonne qu'elle ne l'est actuellement, s'était signalée à Zorndorf; et ses campagnes contre les Turcs devaient lui inspirer de la confiance contre les troupes européennes de même arme. La meilleure race de chevaux qu'il y ait en Europe lui assurait des remontes parfaites et un grand avantage pour supporter les fatigues de la guerre.

L'artillerie laissait encore beaucoup à désirer. Cette arme, également distinguée aujourd'hui par la magnificence de ses attelages, par la beauté et la légèreté de son matériel, la bravoure de ses soldats, l'instruction de ses chefs, se trouvait encore bien en arrière en 1792.

Le mode de recrutement était forcé, c'est-à-dire qu'un ukase déterminait le nombre d'hommes à lever sur cent habitants mâles; ce nombre variait suivant les circonstances; et la noblesse laissait au sort, le soin de désigner les hommes qui devaient servir.

Un des inconvénient de ce recrutement, c'est qu'il pèse également sur le paysan qui part, et sur le seigneur pour qui il devient un véritable impôt. Le soldat russe sert vingt-cinq ans, après lesquels il est invalide, ou libre s'il a les moyens d'exercer un métier.

L'opinion généralement accréditée en Europe, que le paysan russe, ne possédant rien, gagne beaucoup à devenir soldat, est dénuée de fondement. Un grand nombre d'entre eux, outre les champs de ses maîtres, cultive des fruits, des légumes, travaille et trafique à son compte. Beaucoup sont à leur aise ; et la vie du soldat, dans l'intérieur du pays, ne leur fait pas envie au point de la désirer. Mais quand ce paysan est sous les drapeaux, il s'y attache comme à une seconde patrie.

L'étranger, est aussi dans l'erreur, l'orsqu'il croit que le défaut d'instruction et de point d'honneur personnel détruise tout esprit national et de corps. Sans doute, le Russe n'est pas attaché à son régiment par les liens qui retenaient un soldat républicain ou un vétéran du camp de Boulogne à ses enseignes; mais il l'est par d'autres considérations, par l'attrait qu'a pour l'homme le plus grossier, l'honneur de faire partie d'un corps distingué par ses exploits.

L'admirable institution de l'ordre de SaintGeorges, les augustes cérémonies des drapeaux auxquelles elle donne lieu, les médailles portées par le souverain comme par le simple fusilier, sont autant de preuves qui démontrent combien le soldat russe est jaloux de distinctions, et combien le gouvernement sait en tirer parti.

Élevé de la manière la plus rude, sous un climat terrible, il est le plus robuste de l'Europe, le plus capable de soutenir les fatigues et les privations. En effet, sa condition s'améliore beaucoup à la guerre. Il ne connaît rien de plus sacré que ses devoirs; soumis à l'ordonnance comme aux préceptes de sa religion, aucune fatigue, aucune intempérie ne peut lui faire négliger les obligations qu'elle impose. On voit dans toutes les marches et durant une campagne entière le canonnier près de sa pièce, au poste qui lui est assigné par le règlement, et à moins d'être frappé par le fer ennemi ou autorisé par son chef, il ne la quitterait pour rien au monde. Le soldat du train cire son harnais au bivouac par 15 degrés de froid et aux jours fixés, comme il le ferait dans un bon cantonnement pour aller à une parade. Cet esprit admirable d'ordre et de précision, joint à l'instinct naturel que le soldat a de se pelotonner au lieu de fuir quand il est enfoncé, rend les défaites extrêmement rares. Sans doute une telle troupe est moins facile à rallier sur le terrain qu'une armée française, où l'intelligence du soldat supplée souvent an défaut d'ordre ; mais elle est aussi plus difficile à rompre.

Cet instinct qu'aucune des troupes de l'Europe ne possède au même degré, s'est fortifié chez les Russes par les guerres contre les Turcs. Là, tout fuyard est sabré par les nuées de cavaliers qui se répandent sur les flancs et les derrières de l'armée

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