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Rossignol à ébranler son armée de la position d'Antrain sur Dol, en suivant les routes d'Avranches et de Fougères. La colonne de droite composée des brigades Westermann, Muller et Kléber, suivit la première; celle de gauche, formée des brigades Marigny, Marceau et Boucret, marcha sur la seconde. Larochejacquelein, à la vue des têtes de colonnes républicaines, partagea aussi son armée en deux colonnes, confia le commandement de la gauche à Marigny, Beauvollier, et de Hugues; commanda l'autre où se trouvaient Talmont, Donnissant et Desessart, et laissa Stofflet avec 2,000 hommes, tant pour couvrir Dol, que pour servir de réserve. Bientôt le combat est engagé; la droite de Rossignol, après avoir enfoncé l'aile vendéenne qui lui était opposée, écharpait, la réserve de Stofflet et la mettait dans une déroute complète, quand Larochejacquelein ayant débordé la gauche des républicains sur la route d'Antrain, la replia derrière le Couesnon, et neutralisa ainsi les succès de leur droite.

Les approches de la nuit suspendirent le combat qui avait été très-meurtrier, et les deux armées la passèrent sur le qui-vive.

Le 21 novembre, l'action ne commença que vers midi; et ce fut Larochejacquelein qui en donna le signal. Il sentait que le moindre retard pouvait lui devenir funeste, et voulait profiter de l'ascendant qu'il avait pris sur ses adversaires dans les deux journées précédentes, pour s'ouvrir enfin un passage vers la Loire.

Le corps de Rossignol était avantageusement posté derrière le Couesnon, et n'avait sur la rive gauche que la brigade Westermann en avant-garde. Celle-ci, vainement soutenue par des renforts successifs, est accablée par le nombre, et plie devant les Vendéens, dont la cavalerie n'est arrêtée que par une charge vigoureuse du général Marigny. Jusque-là cependant, le corps de bataille des républicains s'était conservé intact à l'abri du feu de l'ennemi; mais un officier d'artillerie ayant placé six pièces sur la hauteur voisine, une terreur panique gagna tout à coup les bataillons de volontaires qui commençaient à en souffrir, et les précipita en déroute vers Antrain. Rossignol désespéré, fit d'inutiles efforts pour les arrêter le désordre se propagea dans la ligne; les soldats sourds à la

voix de leurs généraux, aux menaces, aux reproches des représentants, s'enfuient à la débandade, les uns vers Fougères, les autres sur la route de Rennes, où la cavalerie vendéenne les poursuivit l'épée dans les reins.

Cette journée malheureuse, dont Rossignol porta tout le blâme, pour avoir tâtonné et engagé ses troupes partiellement, coûta aux républicains 5 à 6,000 hommes, et ouvrit de nouveau la route de la Loire aux Vendéens; car s'ils avaient fait diligence pendant que les premiers se ralliaient avec peine à Rennes et à Angers, ils auraient pu gagner aisément les ponts de Cé ou de Saumur. On a même pensé que, descendant en ligne directe par Rennes sur Nantes, rien n'aurait pu s'opposer à leurs coups. Telle était du moins l'opinion du généralissime, que partageait le curé de Saint-Laud; mais Stofflet fut d'avis de retourner en Vendée par Laval et Angers. Talmont, au contraire, représenta qu'on ne retirerait jamais de plus beau fruit de la victoire, qu'en retournant sur Granville, où il n'y avait plus de garnison; que la prise de cette place, désormais immanquable, leur donnerait la faculté d'embarquer pour Jersey, les femmes, les enfants, les vieillards; de faire la conquête du Cotentin, et d'y attendre les secours de l'Angleterre. Malgré la divergence des opinions, la majorité du conseil se rangea de cet avis; et l'ordre fut donné de marcher sur Granville.

Mais à peine cette décision fut-elle connue de l'armée, qu'une seconde révolte éclata avec plus de violence parmi les Vendéens. Ils accusèrent hautement le prince de Talmont de vouloir les abandonner à la fureur des républicains, pour se sauver en Angleterre : l'on ne parvint à les apaiser et à les retenir dans l'ordre, qu'en prenant la route d'Angers. De Fougères aux portes de cette ville, ce fut une véritable promenade qu'on exécuta en quinze jours, sans rencontrer un seul ennemi : on aurait donc pu gagner sans obstacle, en sept ou huit marches, les ponts de Cé ou Saumur. Cette lenteur devint la première cause de la défaite des Vendéens.

En effet la convention, informée de tous les désastres qu'éprouvaient ses armées, avait pris de nouvelles mesures. Seyffer, destitué pour : insubordination, fut remplacé par le général Tilly, dont

la division reçut un renfort de neuf bataillons, huit escadrons et 24 bouches à feu, tirés de l'armée du Nord, sous les généraux Jacob et Crouzat. Rossignol disgracié, dut céder le commandement au général Thurreau, lequel rappelé des Pyrénées orientales, fut remplacé provisoirement par le jeune Marceau, qui eut l'ordre de réunir toutes les divisions, et de poursuivre sans relâche les Vendéens.

Toutes les colonnes républicaines étaient en pleine marche, mais encore fort éloignées les unes des autres. Il n'y avait alors à Châteaubriant qu'en viron 12,000 hommes, si attérés de leur dernier échec, que Rossignol n'osa harceler la marche des royalistes. Angers, entouré d'un vieille chemise en maçonnerie, prête à s'écrouler sous le jeu des premières batteries, et dont les abords étaient masqués par de vastes faubourgs, n'avait pour garnison que quelques détachements de la brigade Boucret, et quatre bataillons de gardes nationales. Le général Danican, chargé d'entretenir la communication entre Rennes et cette ville, s'y était réfugié avec sa brigade, moins avec l'intention de la défendre, que de la livrer aux royalistes et si les Vendéens eussent su conduire un coup de main, il n'est pas douteux qu'ils auraient encore déjoué les mesures de la convention.

les ponts défendus par de bonnes garnisons se trouvaient à l'abri de surprise. Un nouveau conseil est convoqué, et l'on décide qu'attendu que le gros de l'armée républicaine est établi sur le flanc droit aux environs de Becon, l'on ne peut sans risque tenter un passage de vive force, aux ponts de Cé, de Saumur ou de Tours, et qu'on marchera sur le Mans, par la Flèche. La population du Maine passant pour royaliste, l'on se flatta d'en obtenir quelques secours. Au pis aller, comme la contrée confine à la Bretagne, on espéra transporter le théâtre de la guerre dans cette province. Ce parti présenta néanmoins un obstacle qu'on n'avait pas prévu. Durant les quarante huit heures de siége, le général Chalbos s'était rendu de Saumur à la Flèche, où il avait pris poste avec sa division. Qu'on juge de la consternation des Vendéens, lorsque, le 8 décembre, arrivés à la vue de cette ville, ils aperçurent le pont coupé, et 4 à 5,000 hommes en position sur la rive droite du Loir! D'abord, ils se crurent perdus; car dans le même moment Westermann pressait vivement l'arrière - garde commandée par Piron. Toutefois la présence d'esprit du généralissime les sauve de ce mauvais pas. Il ordonne à 300 cavaliers de prendre en croupe autant de fantassins; remonte la rivière à trois quarts de lieue, la passe à gué à la chute du jour, arrive au trot aux portes de la ville, y met à terre sou infanterie et y entre aux cris prolongés de vive le roi! Tous les républicains prennent l'épouvante : bientôt elle se communique dans le camp; et la division se sauve en pleine déroute sur le Mans, Larochejacquelein ne perd pas un instant à rétablir le pont : une partie de son armée y défile et construit des batteries pour protéger ce qui tenait tête à Westermann.

Mais l'attaque d'Angers ne fut pas mieux dirigée que celle de Granville. Après trente-six heures d'un combat meurtrier, les Vendéens montaient à l'escalade, lorsque tout à coup le général Marigny, détaché de Becon par Rossignol, tombe sur leurs derrières et les force de renoncer à l'entreprise, pour ne s'occuper que de leur propre défense. Piron contint l'élan de la cavalerie républicaine; mais dès ce moment on désespéra de prendre la ville. Pendant que les chefs délibéraient tumul- L'armée vendéenne séjourna fort inutilement à tueusement, l'avant-garde se mit en marche vers la Flèche. Elle aurait dû poursuivre le lendemain Baugé, et y entraîna le reste de l'armée. Les gé-sa marche sur le Mans; mais les malades, les blesnéraux Marigny et Westermann la suivirent en sés, les non-combattants, réclamèrent encore un queue; le premier dans la direction de Durtal, jour de repos, qu'on ne sut pas leur refuser. Le 10, près duquel il s'engagea un combat fort vif, où il on prit la route de cette ville, sur laquelle l'infatifut tué; l'autre sur la route de Baugé, où il vint gable Westermann poursuivit l'arrière-garde jusplacer ses bivouacs. qu'à Fouletourte.

Arrivée à Baugé, l'armée vendéenne s'aperçut alors de son faux mouvement: elle ne pouvait franchir la Loire qu'à Saumur ou à Tours, dont

en

Le Mans étant une ville ouverte, Chalbos ne jugea pas prudent de la défendre: il se contenta, se retirant sur Alençon, de garnir de chausses

trapes le pont de l'Huines, et de le faire barrica-, combat fut porté à l'entrée de la ville. Ici, Laroche

der. Les Vendéens prirent donc possession de la ville sans combat. Là, ils espéraient avoir le temps de se remettre de leurs fatigues; de réparer un peu le matériel d'artillerie et les équipages; mais ils ne tardèrent pas à s'apercevoir qu'il n'y aurait plus de repos pour eux. En effet, dès le lendemain, le général Chalbos vint les attaquer avec sa petite division, renforcée de 5 à 6,000 hommes de la levée en masse. A la vérité, son attaque fut bientôt repoussé; mais il n'en fut pas ainsi de celle qui eut lieu le 13.

Cependant, en exécution de l'arrêté du comité de salut public, le général Rossignol ayant remis le commandement de l'armée de l'Ouest à Marceau, aussitôt que celui-ci fut informé de la direction prise par les royalistes en quittant la Flèche, il se porta en hâte à leur poursuite et rallia, chemin faisant, la division de Cherbourg. Arrivé à environ cinq lieues de Laval, il divise son armée en trois colonnes, auxquelles il fait prendre les routes de Vendôme, de Tours et d'Angers, pour marcher concentriquement sur le pont de Pontlieue. Muller, précédé de Westermann, commande la colonne de gauche, Kléber celle de droite, et Tilly celle du

centre.

Rien n'avait été prévu par Larochejacquelein pour repousser cette attaque. Il se garda aussi peu au Mans qu'il l'aurait pu faire à Montaigu ou à Mortagne, dans les temps les plus heureux de la guerre civile. Aussi une défaite complète fut le prix de sa présomptueuse sécurité. A l'apparition des coureurs républicains sur les bords de l'Huines, il ramassa les premières bandes qu'il rencontra, leur fit passer cette rivière, et les embusqua dans le bois de sapins qui s'étend entre la Mayenne et la route d'Angers. Le reste de l'armée, arraché des cabarets et des maisons où il s'était cantonné, vint ensuite occuper l'espace entre la route de Tours et celle de Châteaudun. L'attaque fut impétueuse et la résistance opiniâtre. La colonne de gauche fut longtemps tenue en échec, parce qu'elle était prise en flanc par le détachement embusqué dans le bois; cependant Tilly et Kléber ayant rejeté de l'autre côté de la rivière les divisions de Stofflet, de Lyrot et de Fleuriot qui leur étaient opposées, cette aile déboucha également, et le théâtre du

jacquelein à la tête de quelques centaines d'hommes, cherche à retarder la marche des colonnes victorieuses, et à ranimer l'ardeur des siens; mais il est renversé de cheval, et forcé de rentrer en ville pour donner des ordres, soit pour sa défense, soit pour son évacuation. Il était trop tard : il y rẻgnait déjà un tel désordre, qu'il fut impossible au généralissime de rallier au delà de 1,500 hommes, avec lesquels il tenta un dernier effort qui fut également repoussé. Alors les républicains se répandirent dans la ville, où le carnage ne cessa que le lendemain à huit heures du matin. Les royalistes, après avoir perdu environ 10,000 hommes des leurs, autant de femmes, de vieillards et d'enfants, presque toute leur artillerie et une immense quantité de bagages, se retirèrent néanmoins en assez bon ordre sur Laval, où ils arrivèrent dans la nuit, écrasés de fatigue et de besoin.

Réunis à Laval le 14, les Vendéens qui avaient survécu au désastre de cette journée, délibérèrent de nouveau sur le parti à prendre. Ils ignoraient que la cour de Londres eût armé en leur faveur, et qu'une expédition portant 8 à 10,000 hommes de débarquement serrait la côte de Normandie, dans l'attente des signaux qu'on lui avait indiqués. Désabusés de toutes les expéditions lointaines, ils ne sentaient que plus vivement la faute qu'ils avaient commise en passant la Loire et résolurent de s'en rapprocher et de la mettre de nouveau entre eux et leurs ennemis, à quelque prix que ce fût.

En conséquence de cette résolution tardive, les débris de l'armée battue se dirigèrent le même jour vers Craon. De là, ils cheminèrent par Pouancé, Saint-Marc et Ancenis, où ils arrivèrent le 16 septembre. L'on ne trouva dans cette ville qu'un seul petit bateau; mais l'on aperçut sur l'autre rive quatre autres grosses barques de foin, dont on espéra pouvoir s'emparer, et à l'aide desquelles le passage aurait commencé. Pendant que le généralissime, avec une vingtaine de soldats s'occupait de cette expédition, l'on travailla avec ardeur à la construction de radeaux : ni l'un ni l'autre de ces expédients ne réussit. Larochejacquelein, attaqué par une patrouille républicaine sur la rive gauche de la Loire, fut obligé de prendre la fuite; d'un autre côté, une chaloupe canonnière étant venue

Ce bourg, bâti sur une hauteur à gauche de la route de Nantes à la Roche-Bernard, pouvait être défendu avec avantage; mais sa situation géographique ne méritait pas qu'on s'y arrêtât, parce qu'il n'avait aucune issue, si ce n'est vers SaintNazaire à l'embouchure de la Loire. En acceptant le combat dans cette position, il fallait que les Vendéens fussent déterminés à vaincre ou à périr.

A peine terminaient-ils leurs dispositions de défense, que les coureurs républicains parurent sur la route de Nantes, et s'engagèrent avec l'avantgarde commandée par Lyrot de la Patouillère. Les deux partis renforcés successivement tiraillèrent jusqu'à la chute du jour et préludèrent ainsi à la lutte décisive du lendemain.

se placer vis-à-vis Ancenis, coula les radeaux au | de s'y faire écraser devant la première coupure, si fur et à mesure qu'on les mettait à flot. Qu'on juge Westermann continuait à poursuivre en queue : du désespoir dont les Vendéens furent saisis, lorsque on se porta donc à Savenay en une marche de sur ces entrefaites, les coureurs de Westermann se nuit, malgré une forte pluie de neige fondue. montrèrent! Dès lors pour retarder le dernier coup, les débris de l'armée royale se virent réduits à fuir à Nort sans général. Depuis ce moment, elle perdit avec l'espoir de retourner dans ses foyers, le simulacre d'organisation qu'elle avait eu tant de peine à conserver, et chacun songea à son propre salut. Nombre d'officiers et de soldats se dispersèrent; la plupart, après s'être déguisés. Quelques centaines furent assez heureux pour repasser la Loire furtivement; d'autres, assez confiants dans la générosité de leurs ennemis, déposèrent les armes et se constituèrent eux-mêmes prisonniers; enfin mille à douze cents, conduits par les chefs les plus intrépides ou les plus obstinés, passèrent la Vilaine entre Rieux et Redon, et allèrent former le noyau des bandes chouanes qui désolèrent bientôt la côte du Le 22 décembre, Marceau certain d'être joint Morbihan. dans la matinée par la division Tilly, commença Toutes ces défections affaiblirent considérable- l'action avec l'avant-garde, soutenue des divisions ment le nombre des combattants : l'on n'en comp-Kléber et Beaupuy, formant ensemble environ tait plus guères que 10,000, excédés de fatigues et 12,000 hommes. Fleuriot, au contraire, ne comptait de besoin. A peine eurent-ils le temps de repren- pas au delà de 6,000 combattants, bien qu'il y eût dre haleine, que l'avant-garde des républicains se encore près de 10,000 individus attachés à sa forprésenta devant Nort. Un vif et court engagement tune Le combat s'engagea néanmoins avec fureur de cavalerie entre les deux partis, en écartant pour et se soutint avec opiniâtreté. Les Vendéens se batquelques heures les hussards de Westermann, n'en tirent en hommes qui ne voulaient pas survivre à démontra que plus clairement la nécessité d'éva- leur défaite. Après avoir perdu environ 2 mille des cuer ce poste, pour ne point avoir sur les bras | leurs, ils abandonnèrent les sept pièces d'artillerie toute l'armée républicaine. L'on se porta donc à qui leur restaient. Cédant enfin, autant au nomBlain. Ici, l'on nomma Fleuriot généralissime; et bre qu'à la valeur des républicains, ils se dispersèle choix même de cet officier, piquant l'amour- rent et coururent individuellement chercher un propre de quelques prétendants, acheva de porter refuge dans la forêt de Gavre; 1,000 à 1,200 mirent le désordre et la désorganisation dans les rangs : le bas les armes et se rendirent prisonniers, ne deprince de Talmont et plusieurs autres chefs allè- mandant que la vie. Marceau envoya une partie rent guerroyer pour leur propre compte. de ses troupes à la poursuite des fuyards, tandis Le nouveau généralissime eut d'abord l'envie de qu'avec l'autre, il revint à Nantes, où la popudéfendre ce bourg; il crénela les murailles du châ-lation entière les accueillit comme des libérateau, et mit les pièces en batterie sur la route; mais un peu plus de réflexion lui en montrant l'impossibilité, il convoqua le conseil, et l'on délibéra sur le parti à prendre. Quelques membres proposèrent de se rendre à Redon, et de se disperser en-pes, périrent sans gloire en une infinité de petits suite. D'autres observèrent que la chaussée qui y combats, ou sur des échafauds. conduit cheminant entre des marais, on risquait

teurs.

Les malheureux Vendéens, traqués et poursuivis durant huit jours comme des bêtes fauves, par une partie des habitants qui s'étaient joints aux trou

Tandis que les royalistes de l'Ouest se voyaient

ainsi accablés par les fausses combinaisons de leurs chefs, le cabinet de Saint-James, satisfait des renseignements que ses agents lui avaient rapportés, préparait à grands frais une expédition pour les soutenir. Longtemps avant d'être en rapport avec les chefs vendéens, il avait formé à Jersey une légion d'émigrés bretons et normands dont le ministère donna le commandement au marquis du Dresnay. Lorsque décidé à les secourir, il songea à former un corps d'expédition, il y affecta 14 bataillons britanniques, quatre compagnies d'artillerie, un corps de 900 Autrichiens et de 4 mille Hessois à sa solde; outre la légion d'émigrés qu'on espérait porter à l'effectif de 2,000 homme, ce qui eût formé au delà de 12,000 hommes. Le comte Moira fut désigné par le roi pour en prendre le commandement; déjà même, huit bataillons anglais venaient d'être embarqués à Spithead. Le général en chef avait formé un état-major auxiliaire français et pris à bord une foule d'officiers généraux émigrés, lorsque des vents contraires et des orages l'empêchèrent de mettre à la voile avant le 1er décembre.

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perte de Bonchamps et de d'Elbée laissât un grand vide dans leurs conseils, Larochejacquelein y suppléa souvent; s'il manquait d'expérience dans l'art des combats, il la remplaça par une résolution forte et vigoureuse, un coup d'œil pénétrant, et l'instinct naturel de la guerre. Il serait difficile de le juger, sans connaître plus précisément les entraves que le conseil mit à ses desseins; car les grandes opérations s'y décidaient à la majorité; et on sait assez que ses membres étaient rarement d'accord. On peut toutefois reprocher aux chefs vendéens de n'avoir pas su profiter de la victoire. L'épouvante qu'ils portèrent d'Angers à Laval, et de Laval à Granville, ne suffit point pour établir qu'ils surent tirer parti de leurs avantages. C'était à Nantes, à Rennes, ou à Paris qu'il fallait se diriger. Ils n'osèrent s'approcher ni de l'une ni de l'autre de ces villes : ils perdirent le temps en promenades, en irrésolutions, et ne durent six semaines d'existence qu'à la conduite aussi pusillanime que mal concertée de leurs adversaires. En effet, ils n'essuyèrent plus que des défaites aussitôt que le jeune Marceau eut pris le commandement des républicains. Le coup décisif leur fut porté au Mans: depuis cette époque, ils luttèrent contre l'agonie, la mort termina leurs angoisses à Savenay.

Le 2, à la pointe du jour, la flotte fut en vue de la côte de France à la hauteur de Cherbourg, où les derniers émissaires des royalistes lui avaient assigné rendez-vous; mais ayant longé la côte durant plusieurs jours sans qu'on lui fit de signaux, lord Moira se rendit à Guernesey, d'où il dépêcha en France plusieurs agents qui lui apprirent que, quatre jours après la conférence des seconds envoyés, à la suite d'un échec essuyé devant Gran- Coup d'œil sur l'intérieur. La terreur plane sur la

ville, les royalistes s'étaient repliés vers la Loire. Une violente tempête ayant assailli la flotte anglaise, et la rade de Guernesey étant jugée peu sûre, une partie des bâtiments la quitta; ce qui força l'amiral Mac-Bridge de revenir en Angleterre ; une partie des Hessois débarqua à Jersey, le reste fut contremandé, et l'expédition remise à de meilleurs temps.

Telle fut l'issue de la première campagne dans la Vendée. Elle ne sera pas moins célèbre dans les annales des deux partis, par les horreurs et les atrocités que les vainqueurs y commirent tour à tour, que par la multitude des chocs, et la variété des combinaisons. Celles des chefs vendéens ne furent pas les moins dignes d'éloges. Bien que la

CHAPITRE XXVII.

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