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buer plus qu'aucun autre à ébranler l'Europe. Si, | qu'il importait précisément d'arriver à Furnes avant

à de pareils principes et à un grand caractère, Carnot eût joint un coup d'œil stratégique plus exercé, on serait autorisé à le placer au nombre des capitaines du premier rang; mais s'il ne peut être mis en parallèle avec César, il égala du moins Louvois dans l'art de conduire les opérations du fond de son cabinet.

la jonction des deux corps; cette opération eût été plus que téméraire avec des moyens insuffisants, car si les Hanovriens fussent revenus sur leurs pas, comme on doit le présumer, tandis que le duc d'York eût assailli les Français par Adinkerque, la perte de ces derniers eût été certaine.

Ainsi Houchard, répréhensible pour sa conduite dans les premières journées, fut à l'abri de tout reproche relativement à la poursuite.

Il paraît, au surplus, que le gouvernement se fût contenté de lui ôter le commandement, si des plaintes portées contre le comité par Briez et autres députés (1) n'eussent irrité Robespierre et rejeté tout le poids de sa vengeance sur le malheureux général. Sa tête tomba pour consoler le dictateur d'avoir été réduit à se justifier, et l'armée revint au camp de Gavarelle où elle ne fit pas un long séjour, comme nous le verrons au chapitre XXII.

CHAPITRE XXI.

La faute d'avoir laissé trop de forces éparpillées sur la frontière était capitale, nous ne sommes point assez instruits pour décider à qui on doit l'imputer; les accusations de Barrère furent formelles, et les lettres du comité, sans prescrire la nature des rassemblements, invitaient assez positivement à en faire le plus possible. Mais si bien des causes atténuantes excusent le général, on ne peut disconvenir qu'il n'ait commis plus d'une bévue dans la direction des attaques, comme on l'aura remarqué par la relation des journées du 6 et du 8. D'après les assurances officielles données par ses accusateurs, il n'y eût pas moins de 8,000 hommes employés sous le général Landrin à des démonstrations; un plus grand nombre encore sous Hédouville et Collaud, qui ne prirent aucune part au premier combat; sans compter la division détachée sur Ypres. Cette dispersion lui enleva l'avantage d'avoir gagné Rexpoède avant l'ennemi, et fut la cause première de sa retraite sur Bambecke. L'idée de porter la division Landrin sur Dunkerque le 7 a été déjà appréciée; elle était d'autant plus déplacée, que le combat à la fin de la journée du 6, avait tourné en faveur de l'ennemi, et que ce n'est pas en pareille circonstance qu'on s'affaiblit sous de vains prétextes. Il eût été beaucoup plus sage, par un mouvement contraire, de renforcer l'armée de toutes les troupes inutiles à Dunkerque. Il semble aussi que dans la journée du 8, on aurait dû appuyer plus en forces par la droite, en attaquant l'extrême gauche des Hanovriens de manière à gagner Leyselles. Mais dès que le gé-Rhin dans les lignes de Weissenbourg, où elle passa néral Walmoden avait eu le temps de se retirer sur Furnes, il est incontestable que Houchard n'avait

plus les moyens suffisants pour pousser l'ennemi;

le duc d'York, s'étant réuni le 9 au matin au corps hanovrien, présentait une masse de 33,000 hommes à laquelle le général français n'avait pas de forces égales à opposer. En vain, dira-t-on,

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Opérations sur le Rhin et la Moselle, depuis la prise de
Mayence jusqu'à celle des lignes de Weissenbourg.
Incertitude dans le plan des alliés, qui perdent deux
mois, faute d'être d'accord sur les affaires de Pologne.
- Combats divers dans le Bienwald et à Bergzabern.
- Prise et reprise du camp de Nottweiler. - Affaires
plus sérieuses de Pirmasens et des lignes.
des autorités de Strasbourg pour livrer leur ville à
Wurmser. - Retraite des Français derrière la Suffel.
Tentative des Impériaux sur Saverne; la division
Burcy arrive heureusement de l'armée de la Moselle et
repousse l'ennemi.

-

Projet

Nous avons terminé la première période sur cette ligne, à l'époque de la reddition de Mayence. Après les combats livrés inutilement pour sauver cette place, Beauharnais avait ramené l'armée du

sous les ordres de Landremont. L'armée de la Moselle, dont Houchard remit le commandement à Schawembourg, avait son corps de bataille sur les hauteurs de Sarrebruck et son avant-garde à Bliescastel. La force de la première n'excédait

(1) Séance du 24 septembre.

45,000 combattants après le départ des corps qu'on | et Bavarois employés au siége, continua à garder la en avait tirés pour renforcer Houchard. L'armée ligne de la Queich jusqu'à Spire; il comptait alors de la Moselle, qui dut également lui envoyer 15,000 40,000 hommes y compris l'armée de Condé, mais hommes, les remplaça par des réquisitionnaires et indépendamment du corps de Staader qui, avec des gardes nationales, dont on mit une partie dans 10,000 hommes, couvrait le Brisgaw. Enfin, la les places en échange de quelques bataillons plus petite armée du prince de Hohenlohe-Kirchberg sûrs qu'on en tira pour la renforcer; elle comptait gardait toujours la Moselle et Luxembourg. encore 20,000 hommes. Outre cela le corps des Vosges, fort d'environ 10 à 12,000 hommes, occupait, sous le général Pully, la position de Hornbach communiquant par sa droite à Ketterich avec l'armée du Rhin, et se liant par sa gauche au camp de Sarrebruck. Entre Sarre et Moselle, la division Delage, forte d'environ 6 mille hommes, faisait face au corps qui tenait Trèves. C'était donc encore 80,000 combattants opposés aux armées alliées; à la vérité, on ne comprend pas dans ce nombre les 39,000 hommes employés sur le haut Rhin et dans les garnisons, mais qui, disponibles en partie, rétablissaient l'égalité numérique.

L'attitude des deux armées républicaines était défensive, et elles attendaient dans l'anxiété que les alliés prononcassent un mouvement offensif que toutes les circonstances rendaient probable.

L'armée de siége actuellement disponible augmentait non-seulement de 40 000 hommes les forces agissantes dans la vallée du Rhin; la reddition de Mayence permettait en outre de disposer de bien des détachements répandus sans utilité sur la rive droite du fleuve, et de porter une masse de 100,000 combattants, soit au revers des Vosges sur la gauche des Français, soit dans les plaines du Palatinat contre le front de leurs lignes. Tout faisait présager les entreprises les plus décisives, lorsque l'événement, qui semblait devoir redoubler le courage des coalisés, vint les plonger dans une torpeur inexplicable. Loin d'accélérer la mise en action de leurs masses sur un des points importants de la ligne ennemie, ils s'établirent parallèlement à leurs adversaires et sur un front immense : l'armée prussienne se divisa en 4 corps principaux. Le premier fut conduit par le roi en personne à Turckeim et Edickhofen; le second par le duc de Brunswick à Kaiserslautern; un troisième, sous le prince de Hohenlohe, alla prendre position à Lautereck; le quatrième, sous Kalkreuth, à Kruetznach.

Wurmser, renforcé d'une partie des Autrichiens

Près de deux mois se passèrent dans l'inaction; car on ne peut signaler comme des opérations de guerre, les marches insignifiantes de 7 à 8 corps sur des directions parallèles, délogeant les vedettes ennemis de deux à trois villages, et employant six semaines à faire 15 lieues, depuis Kaiserslautern aux rives de l'Erbach.

Le 9 août, les Prussiens commencèrent un changement de front. Le général Kalkreuth marcha par Saint - Wendel à Wiebelskirchen où il arriva le 13, repoussa les Français de Neukirch sur la rive gauche de la Sarre, et lia ses communications avec le corps autrichien de Trèves. Le prince de Hohenlohe marcha, le 10, sur la route de Cussel à Hombourg, livra le 18 un combat peu important à Altstadt, et repoussa l'avant-garde de l'armée de la Moselle au delà de la Blies et de la Sarre.

Le duc de Brunswick partit le 11 avec 19 bataillons et 25 escadrons, passa l'Erbach le 16, et prit un camp au revers des hauteurs de Pirmasens. Le lendemain il délogea la brigade Rewbel des postes importants de Felsenbrun et de Ketterich, clefs de la position défensive entre Sarre et Rhin derrière la Lauter. Le prince de Prusse bloqua Landau. Le division autrichienne de Lauer observa le fort Vauban; le reste de l'armée de Wurmser se trouvait devant les lignes de Weissenbourg.

L'armée prussienne aurait pu alors changer de direction, déboucher par les Vosges sur leur extrême gauche, et se lier à une attaque que Wurmser eût faite par sa droite sur le même point. Par cet emploi décisif de leurs forces, les alliés auraient sans doute culbuté les républicains vers Lauterbourg. Mais loin d'adopter un plan qui offrit une application aussi exacte des principes, on ne put s'entendre sur aucun point, et les armées employèrent deux mois en simulacres d'attaque depuis Sarrelouis jusqu'au Rhin, sans but, sans concert, et par conséquent sans résultats.

Indépendamment de la diversité d'intérêts na

tionaux, une grande animosité régnait entre les deux chefs; Wurmser avait proposé, dès le commencement de la campagne, différents plans que les Prussiens écartèrent comme téméraires, et qui peut-être l'étaient effectivement. Le vieux général, actif, hardi, mais déjà affaibli par l'âge, s'abandonnait aux suggestions de ses alentours que le génie de la guerre ne dirigeait pas toujours dans les conseils. Irrité des refus constants de ses alliés, il ne gardait plus de ménagements; le duc de Brunswick de son côté ne voulait se prêter à aucune opération qui n'émanât immédiatement de son état-major, et il faut convenir qu'il avait des droits à cette prééminence.

La véritable cause de ces procédés doit être recherchée dans les débats survenus, dit-on, entre les deux cours au sujet des vues de l'une sur la Pologne, et des prétentions affectées par l'autre sur quelques places et provinces françaises. Le cabinet de Vienne avait chargé le général Ferrari, émule de Lascy et vice-président du conseil aulique, de discuter ses intérêts dans cette o ccasion: d'un autre côté, M. de Cœsar fut envoyé par le ministère prussien à Vienne pour s'expliquer; et, avant de rien entreprendre, on attendait l'arrivée du premier, en même temps que celle du corps de 10,000 hommes que Knobelsdorf amenait de la Flandre. Délai fatal, dont les suites durent convaincre combien il est dangereux de remettre au lendemain, quand on a une bonne occasion et les moyens d'agir! Jamais circonstance plus favorable ne s'était offerte, car les armées alliées ne s'étaient point vues jusque-là sur un pied aussi formidable, et leurs adversaires en échange plus consternés.

Les commissaires de la convention appréhendant avec raison de voir les lignes de Weissenbourg tomber devant l'armée victorieuse de Mayence, prenaient d'un autre côté des mesures dignes de l'exagération du gouvernement révolutionnaire. Ils mettaient en réquisition les gardes nationales sédentaires de l'Alsace et de la Lorraine, et ordonnaient la levée en masse de ces deux provinces. Les bataillons de Metz, de Nancy se réunissaient aux paysans des Vosges armés de piques. Ces mesures qui faisaient beaucoup de mécontents, donnaient peu de soldats; la plupart de ces bourgeois se contentaient d'une courte apparition, et profitaient de la première occasion pour regagner clandestinement leurs foyers; cependant ils faisaient momentanément nombre, et on ne peut se dissimuler que, si ces levées avaient été mieux préparées, elles eussent été fort utiles.

Dans ces entrefaites, Wurmser s'impatientait de la lenteur des opérations de ses alliés: soit que ce général, originaire d'Alsace et y ayant toute sa famille, se trouvât plus porté qu'un autre à entreprendre la délivrance de cette province, soit qu'il y fût encore excité par les émigrés ; il ne renonçait pas à l'espoir de déloger les Français de leurs lignes. Comptant peu sur la coopération des Prussiens, il crut pouvoir tenter à lui seul de gagner le flanc gauche des républicains en détachant Hotze vers Erlenbach et la vallée d'Annweiler, tandis que Waldeck s'avancerait par la chaussée de Landau sur Babelroth; le général Mezaros au centre sur Herxheim; Cavanach et Condé à gauche le long du fleuve sur Rheinzabern et Jockrim.

Malgré les succès que ces derniers obtinrent contre le général Isler qui y fut tué, le mouvement des coalisés était si décousu qu'il faillit leur devenir funeste; la gauche des Français, tenant en force les hauteurs de Bergzabern, séparait Hotze du reste de l'armée, et leur division de droite, partie de Lauterbourg, débouchant le 21 par Hagenbach, fut sur le point de culbuter l'armée de Condé dans le Rhin, en l'acculant à l'espèce d'ile formée vers Pfortz, où elle s'était engagée contre toutes les rè

Cette mésintelligence sauva la France à l'Est comme sur la frontière du Nord; car à cette époque les armées du Rhin et de la Moselle étaient pour ainsi dire désorganisées. Le système de terreur et de méfiance, mis à l'ordre du jour par les représentants délégués près d'elles, les avaient privées l'une et l'autre de leurs chefs, sans qu'on sût par qui les remplacer. L'état-major de toutes deux était devenu le réceptacle de présomptueux démagogues plus propres à déterminer une déroute ungles de la guerre. La bonne contenance de la légion jour d'action qu'à l'arrêter, et les hommes de mé- de Mirabeau à Pfortz et l'arrivée de Wurmser avec rite languissaient encore inconnus dans des grades la colone de Cavanach par les hauteurs boisées de subalternes. Werdt, sauvèrent les émigrés d'une catastrophe

que dans Lauterbourg.

inévitable, et les Français furent repoussés jus- | connaissant l'importance naturelle que les Français attachaient à cette communication, réussit, dit-on, de persuader à Wurmser qu'il fallait les en déloger pour les décider à l'évacuation des lignes. Au surplus, le général hongrois, jeté dans un coupe-gorge au milieu de deux armées françaises, ne tarda pas à y essuyer la catastrophe qu'il était aisé de prévoir. Pour en juger, il sera convenable de reprendre les opérations de plus loin.

Hotze, séparé de Waldeck et inquiet sur son propre sort, dut songer à percer la chaîne des postes ennemis pour se faire jour et revenir au versant oriental des Vosges derrière Bergzabern. Ce point, pris et repris plusieurs fois dans les journées suivantes et notamment le 27, resta aux Français; le Bienwald devint également le théâtre de plusieurs scènes de carnage sans résultat.

Dans l'instant où les généraux alliés se disputaient avec aigreur sur le plan de campagne qu'ils devaient adopter, les commissaires de la convention firent résoudre, par un conseil de guerre, unc attaque générale pour le 12 septembre, et s'apprê

Les premières semaines de septembre ne furent pas plus intéressantes sous les rapports de l'art. Wurmser suppléait, par de petites manœuvres dans l'intérieur de sa ligne, au défaut d'activité du plan général d'opérations. Il attira le général Jellachichtèrent à la favoriser par deux tentatives de passages du Rhin à Fort-Vauban et à Strasbourg.

avec 5 à 6,000 hommes de la rive droite du Rhin vers Lauterbourg; Hotze vint commander au centre à Bichelberg et au Bienwald: le prince de Waldeck, avec la droite, vis-à-vis de Scheid, et le prince de Condé fut transporté au pied des Vosges vers Bergzabern. Ces mouvements étant opérés et la position mise à couvert par toutes les ressources de la fortification passagère, il résolut de renouveler ses tentatives pour gagner la gauche des lignes; ce qui n'eût pas été mal, s'il l'avait fait en masse de concert avec les Prussiens, mais ce qu'il essaya avec des moyens pitoyables. Il imagina de pousser une division de 4,000 Autrichiens ou émigrés aux ordres du général Piaczewitz, au travers de montagne saffreuses, dans le centre même de toutes les forces ennemies et sans songer à la soutenir. Ce brave, parti d'Annweiler le 6 septembre, atteignit la vallée de la Lauter par Dahn, et s'empara des hauteurs de Nottweiler ou Bondenthal, après une marche pénible de quatre jours Trois bataillons qui tenaient ce poste, y furent en quelque sorte surpris, et abandonnèrent leurs retranchements avec précipitation en y laissant leurs 5 pièces de canon.

Les républicains s'attendaient si peu à cette entreprise décousue et hasardée, qu'ils l'imputèrent au général d'Arlande qui venait d'émigrer, et qui,

(1) On conçoit que, pour donner le change à l'ennemi sur une attaque projetée à Weissenbourg, et même pour attirer ses troupes loin de là, on la fasse précéder d'un ou deux jours, par des démonstrations répétées sur le haut

Ce plan dont l'échec de Nottveiller semblait devoir changer du moins les dispositions, et qui ne pouvait être que dangereux par sa complication, échoua entièrement. L'aile droite formée en 3 colonnes dut attaquer le Bienwald; Desaix, se portant à l'extrême droite sur Berg, y fut blessé, sans obtenir aucun avantage; Dubois ne fit pas mieux vers Langen-Candel, et Michaud, avec la 3 brigade se contenta de reployer quelques avant-postes ennemis sur Bichelberg. Les troupes ne pouvant franchir les obstacles accumulés dans la forêt de Bienwald, reprirent leurs positions.

Le centre inquiéta les postes de Condé à Barbelroth et Nieder-Horbach.

Le général Ferette, qui s'était dirigé avec la division des gorges sur Dahnbruck, en chassa les avant-postes de Piaczewitz, mais ne fut pas si heureux contre le camp même de Nottweiler où il fut accueilli vigoureusement.

Les tentatives de passages du Rhin n'aboutirent qu'à une énorme consommation de munitions, et à occuper inutilement des forces qu'on cût pu mieux employer le bombardement de Vieux-Brisach ne fit de mal qu'aux habitants; celui de Kehl n'eut aucun effet, et les démonstrations de passage firent perdre plusieurs braves en pure perte (1).

:

Rhin: mais quel effet se promettra-t-on d'une attaque sur Brisach, lorsque le combat décisif se livrerait à la même minute entre les Vosges et Lauterbourg?

Cependant il était urgent de déloger l'ennemi | masens. Le général Moreaux qui avait succédé à

des Vosges, et le général Ferette reçut l'ordre d'ataquer le 14 la colonne de Piaczewitz avec 7,000 hommes. Trois bataillons sortis de Bondenthal l'attaquèrent par sa gauche, 6 autres assaillirent sa droite après un combat incertain et vivement disputé, 2 bataillons escaladèrent les hauteurs du centre, et le 7° d'infanterie légère s'élança dans les retranchements la baïonnette croisée. Piaczewitz fut poursuivi jusqu'à Bondenthal.

Le duc de Brunswick, instruit de sa marche, avait promis de le soutenir le 14; mais assailli luimême à Pirmasens, comme nous le verrons plus loin, il se trouva hors d'état de tenir parole, ce qui rendit la position du général autrichien d'autant plus scabreuse, et le détermina à une retraite que les républicains eussent pu rendre impossible.

Les représentants crurent devoir profiter de ce succès pour renouveler le 18 les attaques à la droite qui fit d'inutiles efforts contre les postes retranchés de l'ennemi à Berg et Scheibenhardt. Le général Dubois, repoussé sur les trois points, dut rentrer dans les lignes avec perte de 4 à 500 hommes, la plupart blessés. On imagina alors de chasser les alliés de la forêt de Bienwald en y mettant le feu, et ce singulier projet ne servit qu'à tourner en ridicule ceux qui l'avaient proposé.

Une entreprise un peu plus sérieuse fut tentée par l'armée de la Moselle sur le centre de la ligne ennemie. Cette armée occupait trois camps défensifs; celui de gauche vers Saint-Imbert et Rohrbach couvrait la route de Sarrebruck et faisait face à Kalkreuth; l'avant-garde postée sur les hauteurs de Seelbach et de Bliescastel, observait le prince de Hohenlohe. Le principal était à droite dans la position célèbre de Hornbach, se liant par Bondenthal aux lignes de Weissenbourg. Les représentants Soubrany, Hausmann et Dulac, chargés de diriger les opérations dans cette partie, crurent pouvoir profiter de la dispersion des forces ennemies, pour enlever le poste de Pir

Pully dans le commandement du corps des Vosges (1), partit dans la nuit du 13 au 14 septembre de Hornbach avec environ 12,000 hommes et se porta sur le camp du duc de Brunswick par la vallée de Blumels, tandis que le général Ormesweiler faisait une démonstration vers Limbach avec l'avant-garde, contre les corps de Hohenlohe et de Kohler.

On a prétendu que le plan des représentants était d'isoler les deux armées coalisées, mais rien ne vient à l'appui de cette assertion; au moins le mouvement de Moreaux ne parut lié à aucun opération des armées du Rhin et de la Moselle qui, à cette époque ne firent que des mouvements partiels; ce n'est pas d'ailleurs avec une simple division que l'on sépare deux grandes armées.

Quoiqu'il en soit, l'avant-garde du général Moreaux arriva le 14 septembre au point du jour à Forbach. A peine se trouva-t-elle à la vue des avant-postes prussiens qu'elle fut saluée à mitraille par l'artillerie de deux redoutes; ce qui détermina le général Guillaume à marcher sur elles au pas de charge, sans considérer qu'il n'était point soutenu.

Moreaux n'avait mis son espoir que dans une surprise; se voyant découvert, il réunit ses troupes derrière un ravin qui les masquait, et de l'avis de ses généraux proposa aux représentants de se replier après cette espèce de reconnaissance; mais ceux-ci croyant aborder des retranchements aussi facilement que monter à la tribune, ordonnèrent l'attaque. Le général en chef divisa malgré lui ses masses en trois colonnes, se porta avec la première sur le Schachberg, en traversant le ravin de Blumelsthal; donna celle du centre au général Freytag, qui remonta le vallon pour se diriger sur la ville, que le général Lequoy devait tourner à gauche.

La position des Prussiens était étendue et morcelée ; la brigade Kleist à Ketterich; celle du prince de Baden à Bergfintem et Feldbrunnerhof; la division Kalkstein gardait l'intervalle entre Pirmasens

(1) Moreaux était bas officier dans un régiment de ligne à la guerre d'Amérique ; une blessure à la jambe le fit retirer du service pour reprendre son premier métier de menuisier. A la révolution, il fut nommé chef d'un bataillon de gardes nationales des Ardennes, et l'épura

tion fréquente des états-majors l'amena en deux ans, au grade de général en chef; il était médiocre autant que brave; il ne faut pas le confondre avec Moreau, avocat de Rennes, devenu général en chef de l'armée du Rhin.

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