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par les mouvements de deux régiments autrichiens sur leur flanc droit, et ne poussèrent pas leurs avantages.

Neustadt, mais les Français se laissèrent imposer | coupé s'il le prévenait par Insheim, combina dans ce but un effort contre leur droite le long du Rhin. Douze mille hommes, aux ordres de Kospoth et de Condé chassèrent, le 27, le général Ferrière de Rilsheim et de Bellheim jusque sur Jokrim, et se rabattirent ensuite vers Insheim, tandis que Mézaros menaçait le centre par Offenbach.

La colonne sortie de Landau et conduite par Laubadère, combattit avec des chances balancées à Damheim, et la droite ne put rien faire vers Zeiskam, Bellheim et Germersheim. A des têtes de colonnes engagées partiellement et mollement, l'ennemi opposait ici des troupes bien placées, des batteries mieux disposées, et plusieurs redoutes préparées de longue main sur les seules avenues d'un pays de chicane. Les républicains ne firent ainsi que des progrès assez insignifiants et malheu reusement tardifs, puisque le même jour Mayence

succombait.

Cette circonstance vint tirer le duc de Brunswick de l'embarras où il se trouvait à Kaiserslautern; pressé sur sa droite par Houchard, qui gagnait la Glan; menacé sur son unique communication par Neustadt il allait marcher à Lautereck ou Alsenborn, lorsque la trop heureuse nouvelle, mettant un terme à sa perplexité, le sauva d'une défaite probable.

L'armée française stationnant encore jusqu'au 25 dans ses mêmes positions, y acquit la certitude de ce fâcheux événement; les troupes, qu'un premier succès avait animées du plus grand enthousiasme, tombèrent à cette nouvelle dans le découragement et un mécontentement qu'elles ne déguisaient point. Le conseil de guerre convoqué pour résoudre ce qu'il convenait de faire, jugea dans sa sagesse qu'il serait dangereux de passer outre. Les règles de la stratégie étaient alors si fort méconnues, qu'on motiva cette résolution sur ce que la droite n'ayant pas occupé Germersheim le long du Rhin, il fallait rester à sa hauteur. Dans le fait, une marche ultérieure devenait sans but par la prise de la place qu'on voulait sauver, et dangereuse par la réunion possible de l'armée de siége avec celle d'observation la raison seule qu'on allégua est blâmable, par l'ignorance des combinaisons de la guerre qu'elle décèle.

:

Au reste, l'armée ne demeura pas longtemps dans cette position passagère. Wurmser imaginant que le corps principal des Français, engagé dans les montagnes au delà de Landau, pourrait être

Ce mouvement téméraire jusqu'à la démence réussit, parce que le général français manqua de tête. Au lieu de jeter sa principale masse par Landau sur Mézaros, de se rallier ensuite à Ferrière pour tomber avec 40,000 hommes sur Condé et Kospoth et les culbuter sur le Rhin, il ne songea qu'à regagner les lignes de la Lauter. On accuse Ferrière de s'être retiré à Jokrim avec trop de précipation et de trouble, sans même avertir à temps son général en chef. Celui-ci, déconcerté à son tour, ne crut pas pouvoir faire mieux que de suivre l'exemple de son lieutenant, et tout prit à la hâte le chemin de Weissenbourg et de Lauterbourg. La colonne de Condé inquiéta par Insheim la marche du corps de bataille, qui s'acheva néanmoins sans événement funeste.

La garnison de Mayence sortit, le 25, avec armes et bagages; elle rentra en France, forte de 16 à 18,000 hommes, qui, ayant promis de ne pas servir d'un an contre les coalisés, n'en devinrent pas moins utiles à la république ; ils furent dirigés sur la Vendée, où les progrès toujours croissants de la guerre civile rendaient leur présence des plus urgentes, et où nous allons voir qu'ils soutinrent leur réputation.

La nouvelle de la prise de Mayence et l'espèce de déroute qui avait ramené l'armée dans les lignes de Weissenbourg, déconcertèrent un peu le gouvernement provisoire et le comité de salut public. Précédé par la révolte de Lyon et les sanglants revers de Saumur, suivi de près par la prise de Valenciennes, cet événement présageait effectivement les résultats les plus sinistres.

La brave garnison fut accusée d'avoir trop hâté l'évacuation, et Beauharnais d'avoir marché trop tard et trop lentement à son secours, et ces deux reproches n'étaient pas sans fondement. Tous les chefs qui avaient si vaillamment concouru à la défense de Mayence, mis en arrestation et menacés de la vengeance nationale, trouvèrent dans Merlin

et Rewbel, d'heureux et puissants défenseurs ; la | l'invasion de la Savoie; il s'agit maintenant d'en relation de leurs exploits, les motifs qui avaient faire autant pour le vaste bassin de la haute Italie, déterminé la capitulation, trouvèrent grâce devant Le Piémont est entouré de trois côtés par les les implacables chefs de la Montagne ; Kléber, Du- plus hautes montagnes de l'Europe, qui le séparent bayet, Doyré furent conservés à la patrie, et ré- de la Suisse et de la France. A l'aspect de ces imservés à de nouveaux succès. Beauharnais paya de menses masses granitaires, dont les cimes égarées sa tête une marche timorée, qui devint par le fait dans les nues sont couvertes de neiges éternelles, une faute déplorable. Doué d'un grand courage et et les flancs sillonnés de précipices horribles ou des qualités les plus estimables, ce général n'eut d'amas de glaces effrayants, le voyageur s'arrête pas le temps de prouver qu'il possédait aussi cel- étonné: le plus hardi ose à peine concevoir que les qui sont indispensables au commandement d'une les hommes franchissent, avec de grandes armées, armée; le comité, trompé dans son attente, se des barrières que la nature semble avoir créées vengea sur lui, de crainte qu'on ne lui reprochât pour imposer des bornes à leur cupidité et à leur son choix. ambition.

L'armée de la Moselle n'avait pas agi avec beaucoup plus de vigueur. La nouvelle de la prise de Mayence et de la retraite de Beauharnais la fit bientôt rentrer dans les positions de Hornbach et de Sarrebruck, où nous la retrouverons incessamment exposée à de plus rudes assauts.

CHAPITRE XVII.

La carte générale de cette chaîne que nous avons fait dresser pour l'intelligence des opérations, en donnera une idée assez juste pour nous dispenser d'une description détaillée. Elle comprend, en effet, toute l'étendue depuis le golfe de Gènes jusqu'à Vienne en Autriche, et le contour formé par les Alpes carniques jusqu'aux confins de la Croatie turque (1).

Le centre de cette immense ligne, formé des Alpes helvétiques et rhétiennes, en est la partie la

État et chances des deux partis sur la frontière des Alpes. plus élevée; il fut parcouru dans les guerres de la

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Combats de Moulinet, Sospello et Rauss. - Biron, général en chef, passe à la Vendée. Brunet lui succède; ses malheureuses tentatives sur le camp de Lauthion et de Millefourches. L'apparition des escadres anglaise et espagnole dans les eaux de Gênes jette l'armée d'Italie dans un grand embarras; la révolte de Marseille et de Toulon y met le comble. L'armée des Alpes, que les neiges séparaient encore de l'ennemi, est forcée de marcher en grande partie contre

Lyon.

Le théâtre de la guerre dans les Alpes est si différent de tous les autres, qu'il est impossible de saisir les combinaisons des opérations militaires, sans bien se pénétrer de tous les obstacles qu'elles présentent; nous avons esquissé au chapitre IX quelques parties de cette chaîne relativement à

(1) Si cette carte en quatre feuilles n'est pas terminée à temps pour paraître avec cet ouvrage, nos lecteurs n'ont qu'à y suppléer par celle du général Bacler d'Albe, qui, projetée sur des dimensions plus vastes, ne laisse rien à désirer, et a fait époque dans la science topographique. Celle de Bourcet, plus détaillée encore, ne présente malheureusement qu'une faible portion de ce théâtre : on peut y suppléer par Borgogno, qui a donné le bassin du

seconde coalition, et sa description trouvera là sa place naturelle. Mais dans la première guerre, le théâtre fut restreint à l'intervalle entre la Suisse et la Méditerranée.

En partant donc du Saint-Gothard, point culminant et le plus élevé, sinon des cimes, du moins des plateaux d'où surgissent les eaux et partent les grandes vallées, nous glisserons légèrement jusqu'au point où s'arrêtait la neutralité.

De ces énormes amas de rochers d'Oberalp, du Furca de Crispalt et du Gothard jaillissent les sources du Rhin, du Rhône, de l'Adda, du Tessin et de la Reuss.

La chaîne, connue sous le nom de grandes Alpes,

Piémont. Au reste, on nous promet une carte de ce pays intéressant, qui sera un chef-d'œuvre de topographie, tant par la perfection du dessin que par la manière dont il sera rendu, si la suite répond à la feuille que nous avons sous les yeux.

NOTA. La carte des Alpes dont il s'agit n'existait pas lors de la publication de l'ouvrage en 1818. Elle a paru depuis.

se bifourche aux sources du Rhône, et cette cir- | et des Alpes, comme les grandes projections des constance est probablement l'origine du nom bassins du Pô, du Rhône, du Rhin, du Danube et donné à la montagne dans les flancs de laquelle ce de l'Inn, et de nous perdre ensuite dans des consifleuve puise ses eaux. La branche septentrionale dérations géologiques étrangères à l'histoire miliforme les Alpes helvétiennes, et sépare le canton taire. Nous devons supposer qu'à l'aide des cartes de Berne du Valais; là on voit la Jungfrau, le indiquées chacun saisira la configuration générale Schreckhorn, le Wetterhorn, le Finsterhahorn, de ce vaste théâtre, et nous borner à la simple les Eigger, la Gemmi, le Grimsel, et tous ces pics énumération des obstacles sans nombre qu'il préou dômes gigantesques, dont la hauteur est de 14 à sente à la marche des armées. 15,000 pieds au-dessus du niveau de la mer, et de 10 à 12,000 pieds au-dessus des vallées voisines. La branche méridionale, ou les Alpes pennines, sépare le Valais du Piémont; non moins élevée que la précédente, elle est formée du Simplon, des monts Rosa, Cervin, Velan, grand SaintBernard et mont Blanc (1). Malgré l'immense élévation de ses cimes, elle ne fournit les sources qu'à l'Arve, à la Dorea Baltea et autres cours d'eaux moins importants.

Nous partagerons la partie de la ligne que nous avons à décrire en quatre divisions; la première se composera des Alpes maritimes, qui forment l'extrême droite; commençant avec la grande chaîne au golfe de Gênes vers San-Remo, elle se dirige d'abord au nord jusqu'au mont Tanarda et aux cols Ardente et de Tende; ici elle se jette à l'ouest et court à peu près parallèlement aux côtes de la Méditerranée à une distance qui varie depuis 10 jusqu'à 20 lieues. Ce versant méridional sur la mer lui a fait donner le nom d'Alpes maritimes; c'est, à proprement dire, le comté de Nice.

Aux sources de la Tinea et du Var près du col de l'Argentière, la chaîne contourne assez brusquement, et suit la direction du sud au nord avec plus ou moins de sinuosités jusqu'au petit Saint-Bernard. La deuxième division commençant à l'Argen

Jusqu'au mont Blanc, la neutralité du Valais couvrait la ligne, qui ne partait à proprement parler que du petit Saint-Bernard. D'ici la chaîne commence à devenir moins élevée, et prend le nom d'Alpes cottiennes; ses hauteurs les plus remarquables sont au mont Cenis, Viso et Iseran, qui n'ont pas plus de 10,000 pieds au-dessus de la mer : elle court jusqu'à la Méditerranée dans l'es-tière aux sources de la Stura, s'étendra jusqu'à la pace de 70 lieues. A peu de distance du golfe de Gênes, près du col de Tende, elle s'embranche avec la chaîne bien moins élevée de l'Apennin qui dessine la presqu'île italienne jusqu'au fond de la Calabre, et s'éloignant ou s'approchant tour à tour de l'Adriatique ou de la Méditerranée, projette les belles vallées du Pô et de l'Arno, comme celles plus arides du Tibre, de la Nera, du Volturne, et tant d'autres qu'il serait inutile de citer.

Nous ne fatiguerons pas le lecteur de ces descriptions scientifiques qui, en mettant les objets hors de la portée d'une intelligence commune, n'ont que le mérite de les embrouiller. Il nous serait peut-être facile, en considérant les choses d'un peu haut, de présenter ces chaînes de l'Apennin

(1) Cette dénomination d'Alpes pennines, adoptée dans les meilleures cartes modernes, me parait impropre par sa ressemblance avec celle d'Apennins. Les dénominations qui peuvent donner lieu à de telles méprises

TOME I.

vallée de Lucerne, aux premières ramifications du mont Genèvre, vers le col d'Abries et le fort Mirabouc : elle se composera des masses du Viso et des quatre contre-forts qui encaissent les vallées de Stura, de Maira, de Wraita et de Lucerne, sa gauche ira aboutir au mont Genèvre.

La troisième section commençant à la tête du val de Prageles et de Perosa, se composera du grand bassin de la Doire ou vallée de Suze, formé par la chaîne circulaire du mont Genèvre, du Tréan et du mont Cenis; puis elle courra en ligne droite jusqu'au grand Iseran, nœud principal auquel se rattachent les vallées importantes de la Doire ou d'Aoste, de l'Isère, de la Maurienne et de la Tarentaise, de la petite Stura et de l'Orca.

devraient être abandonnées, quelque anciennes qu'elles soient, car on peut aussi bien changer les noms de montagnes que ceux des provinces.

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La quatrième comprendra le bassin de la Doréa Baltea, c'est-à-dire, la vallée d'Aoste avec le contre-fort de Soana : elle ira du mont Iseran au petit Saint-Bernard, où elle se rattache au mont Blanc et à la ligne neutre de l'Helvétie.

Chacune de ces grandes divisions est coupée d'une foule de contre-forts sillonnés par des cours d'eaux secondaires, dont la plupart courent comme des rayons de la circonférence au centre; présentant ainsi des obstacles majeurs aux communications transversales, et rendant tous les mouvements parallèles à la chaîne des Alpes trèsdangereux, lorsqu'on aurait affaire à un ennemi supérieur, et habile à se saisir des débouchés.

La première division de cette ligne générale, était le théâtre destiné aux opérations de l'armée dite d'Italie. On se rappellera qu'elle appuyait par Col-Ardente à la vallée d'Oneille, partie neutre du territoire de Gênes.

La grande communication de tout le midi de la France avec l'Italie se faisait par la route de Nice à Tende sur Coni et Turin; on a déjà indiqué les défenses que la ligne de Saorgio assurait à cette grande communication. Nous aurons occasion de revenir sur les détails de cette position, et des camps de Lauthion ou de Millefourches qui en faisaient partic.

De ce point jusqu'à l'Argentière court une longue suite de cimes rocailleuses presque partout couvertes de neiges perpétuelles. Les communications n'y sont praticables que pour les muletiers, même dans la bonne saison. La première conduit par les cols de Finestre et de Frememorte sur Vaudier et le vallon du Gesso; la seconde par le col de Cerise sur les bains de Vaudier.

Deux chemins partent d'Isola et vont à Vinadio, et aux bains de ce nom, par les cols de la Lunga et de Sainte-Anne, celui-ci est le moins mauvais. Trois autres sentiers partant de Saint-Étienne mènent l'un par le col Valonet, derrière les fameux retranchements des barricades sur Pont-Bernard, l'autre par le col de Ferro, et le troisième par celui de la Mule à l'Argentière.

(1) Nous rappelons encore à nos lecteurs que les choses ont bien changé de face, que la plupart des forts sont rasés, et quede belles routes se sont ouvertes par le

Enfin, à l'extrême gauche de cette première division se trouve le chemin le plus praticable, celui de l'Argentière, qui vient de la vallée de Barcelonnette dans celle de Coni, et qui se trouve en face du camp de Tournoux : il est bon même pour l'artillerie de bataille.

Tous ces passages aboutissent à la vallée de la Stura, dont le centre est défendu par la place de Demont, et le débouché fermé par la forteresse de Coni.

Dans la deuxième division, qu'on peut considérer comme la droite de l'armée des Alpes, on trouve d'abord en venant de la vallée de Barcelonnette et du camp de Tournoux, les cols Portiola et Maurin menant à la Wraita, et celui de Lantaret au bassin de la Maira. Plus haut, venant du val de Queyras et de la Guille, on arrive au passage essentiel d'Agnello, pratiqué sur le flanc méridional du Viso, et menant à Château-Dauphin dans la vallée de la Wraita; c'est le meilleur de tout ce front, si l'on n'y comprend pas l'Argentière. Ceux qui partent du même bassin de la Guille, pour déboucher au nord du Viso dans celui du Pô, et par le col. d'Abries à Mirabouc, sont, comme tous ceux qu'on vient d'indiquer, des plus difficiles.

Le petit fort de Château-Dauphin qui commande le bassin de la Wraita, et celui de Mirabouc qui domine les sommités de la vallée de Lucerne et de Félice, sont, au reste, les seuls obstacles que l'art ait élevés sur cette ligne centrale : les vallées de la Maira et du Pô n'offrent aucune défense, et la difficulté des lieux est le seul empêchement qu'une armée puisse éprouver dans sa marche par Saluces sur Turin. A la vérité, on laisserait sur ses flancs Coni, Pignerol et la Brunette de Suze; mais si elles étaient livrées à de faibles garnisons, cela pourrait se faire sans danger (1), et si l'armée sarde était blottie sous une de ces places, on marcherait à elle pour l'y attaquer.

La troisième division de cette frontière est la mieux partagée sous le rapport des communications: partant de Briançon on en a deux par le mont Genèvre, l'une par le col de Servières pour retomber

Simplon, le mont Cenis et par Gênes; nous devons parler de l'état des choses en 1793.

sur Sézanne, ou pour aller par Sestrières à Fénes- | de Soana est un de plus remarquables par son étentrelle, l'autre va directement par Sézanne, la vallée due et sa masse. A ce point commence la quatrième d'Houlx et le grand bassin de la Doire à Suze; division; elle est formée des crêtes circulaires qui cette dernière est bonne, mais elle offre un défilé tracent le contour de la vallée d'Aoste ou le bassin affreux dès qu'on est arrivé au pied du mont Ge- de la Dorea Baltea, si célèbre depuis la campagne nèvre; à peine le chemin trouve-t-il place entre de Marengo, puis ferment la ligne en se rattachant les rochers et la Doire, et il faudrait être maître au mont Blanc. Cette division, la moins importante des hauteurs avant de s'y engager. La contrée de par ses abords difficiles, n'offre que de mauvais Servières est plus ouverte, on peut d'ici retourner chemins; le plus praticable est au centre par le dans le val d'Houlx, ou suivre celui de Saint-Martin petit Saint-Bernard sur la Tuile; les autres à gauche de Prageles. Suze est le point d'embranchement par le lac Combal, et à droite par le col du Mont de tous les aboutissants du vallon de la Doire. Ici sur le val Grisanche: un quatrième conduit par vient aussi se rendre le chemin du mont Cenis qui les sources de l'Isère à la grande Croix du mont descend de Savoie par Lanslebourg et la Novalese. Iseran, dans les deux vallées de Réme et de Savéra. On sait qu'aujourd'hui une route superbe a été tra- Tous aboutissent vers Aoste où descend également cée sur cette communication directe de Paris à celui du grand Saint-Bernard qui fut suivi par Turin par Lyon. A l'époque de 1793, la route, l'armée de réserve en 1800, mais qui, dans ces quoique la plus importante de toute cette ligne premières campagnes, se trouvait compris dans centrale, était si difficile qu'aucune voiture n'y la neutralité. Au delà d'Aoste, la vallée se trouve passait sans être démontée, et qu'on n'y pouvait rétrécie par le rapprochement des deux contre-forts conduire que du canon de petit calibre. du Soana et du Champorcier avec celui du mont Neri; ce dernier vient aboutir jusqu'à la rive gauche de la Dorea, et c'est à son versant qu'est construit le fort de Bard qui domine et ferme la vallée, plus loin et avant son débouché dans la plaine de Piémont, la place d'Yvrée en couvre l'issue.

Entre ces deux routes se trouve le sentier difficile venant de Maurienne par la valle de Bardonache : mais entre le mont Cenis et le grand Iseran les sentiers qui descendent de la vallée de l'Arc ou de Maurienne à celle de la Chiara et de la petite Stura, méritent à peine d'être cités, et cette contrée sauvage n'a guère été visitée jusqu'ici que par les naturels du

pays.

La masse culminante qui forme la tête des vallées de Queyras, de la Doire, du Chisson et de Perosa, part du col d'Abries pour se rattacher à l'arête du mont Genèvre, et s'enfourche vers la source de la Doire; un de ses chaînons court sur la rive droite de cette rivière qu'il sépare du Chisson et de la vallée de Prageles; c'est au versant de ce contrefort sur Exiles qu'étaient pratiqués les fameux retranchements de l'Assiette, qui dominaient également sur ces deux vallées. Exiles et la Brúnette couvrent en outre les avenues de celle de Suze, comme Fenestrelle garde celle de Prageles, au débouché de laquelle se trouve encore la place de Pignerol. Cependant, la Brunette offre plus de difficultés en venant da mont Cenis, qu'en débouchant de la haute Doire par le val d'Houlx, la route ne passant pas même sous son canon.

Le contre-fort du mont Iscran qui prend le nom

Les combinaisons multipliées que présente ce théâtre de la guerre, nous entraîneraient dans des dissertations étrangères à notre but, et que l'on trouve dans les excellents Mémoires du maréchal de Berwick, ou dans ceux de Bourcet; mais nous ne pouvons nous empêcher de signaler du moins la difficulté des convois de munitions et de vivres, dans un pays que les muletiers seuls fréquentent; dont les hahitants, réduits pour toute nourriture à quelques bestiaux et des châtaignes, n'offrent ainsi que de chétives ressources pour l'entretien d'une armée, et sont bien loin de la prospérité des peuplades industrieuses qui abondent dans les grandes vallées de la Suisse.

Les Piémontais, voisins de nombreuses places et des rives fertiles du Pô, peuvent former à Coni, Pignerol, Saluces, Suze, Yvrée, Aoste des magasins suffisants, et plus à portée que ceux des Français qui n'ont, entre Nice et Briançon, aucun poste tenable.

Ces obstacles à l'entretien d'un gros corps de

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