Page images
PDF
EPUB

térieur, faisait entendre ses rugissements quand | gique et républicain; on menaçait l'autre d'une

mesure de sûreté générale; on faisait entrevoir un nouveau 2 septembre, et le courage de la majorité défaillait à cette idée. On ne trouvait dans la majorité des habitants de Paris aucun secours contre une telle oppression; elle avait prévu les événements du 10 août, et ne les avait point prévenus; elle avait vu les massacres de septembre, et ne les avait point empêchés. Cette capitale était-elle devenue la plus méprisable des cités, la honte de la nation française ? Certes, on n'hésiterait pas à le reconnaître, si la cour n'avait inspiré tant de défiance, si l'on n'eût généralement regardé le roi comme coupable, si son crime n'eût été déclaré constant par les députés même qui, ensuite, se sont le plus courageusement opposés à la peine capitale.

Les Parisiens, non plus que les Français, ne voulaient point la mort du roi; mais ils ne voulaient point la réintégration du trône, ni la. rentrée des prêtres, ni celle des émigrés, ni, en un mot, la contre-révolution.

elle en recevait l'ordre, menaçait, insultait à leur sortie les députés qui n'avaient point opiné pour la mort. Derrière cette seconde ligne étaient les jacobins, comme réserve du parti montagnard, et comme centre des correspondances avec toutes les sociétés affiliées. Venaient ensuite les quarante-huit sections de Paris, qui, quelques jours avant le jugement du roi, s'étaient établies en séance permanente. Presque toutes animées du même esprit que la commune, elles avaient éloigné de leurs séances, par une permanence inconciliable avec les devoirs et les intérêts domestiques, les gens paisibles et les esprits modérés ; elles délibéraient sur les discussions de la convention, sur les partis qui la divisaient, et s'accordaient à déclarer traîtres les députés qui hésitaient à prononcer la mort. Enfin, la commune était coinme le quartier général d'où se commandaient les manœuvres extérieures; c'était de là que les Marat et les Robespierre dirigeaient les sections et les groupes établis dans tous les lieux publics. Les montagnards ne prenaient pas la peine de déguiser le pouvoir de la commune; ils aimaient, au contraire, à l'exagérer, pour l'opposer effrontément à la convention. Dans la séance du 15 décembre un membre s'étant plaint de ce qu'on avait séparé le roi de sa famille, l'assemblée avait décrété que la communication serait rétablie. Un montagnard osa dire à la convention: « Vous l'ordonnez en vain ; si | « le corps municipal ne le veut pas, le décret « ne sera point exécuté. » Les montagnards étaient plutôt les auxiliaires de la commune, que la commune n'était l'auxiliare des montagnards. Le parti modéré voulait-il faire cesser la permanence des sections, l'insolence des tribunes, les rassemblements tumultueux qui entouraient la salle des séances? les Montagnards faisaient arriver à la barre des députations de sections, ou de la commune ellemême, et ils doublaient leurs troupes d'investissement. Les orateurs des députations accusaient de l'agitation publique, du défaut de subsistances, du malheur du peuple, la lentée contre les opinions modérées, que les quateur que la convention mettait à punir le ty- rante-huit sections formèrent, dans les preran et ses satellites. On demandait que la faux miers jours de septembre 1792, un comité de l'égalité se promenal enfin sur toutes les central de quatre-vingt-seize membres pour tétes coupables. On demandait sans détour la faire des arrestations dans Paris, et qu'une mort du roi. On offrait des bras au parti éner-section, trahissant le secret des autres, alla

Le parti montagnard, organisé comme nous l'avons dit, n'avait aucune retenue dans son animosité contre le parti de la Gironde. A la séance du 3 décembre, les montagnards proposèrent la récusation de tous les hommes de talent qui avaient passé du corps législatif dans la convention, sous prétexte que, dans un papier trouvé aux Tuileries, on avait présenté au roi les hommes de talent de cette assemblée comme bien disposés pour sa personne. Marat désignait tous les jours dans ses feuilles sanguinaires ce parti à la fureur du peuple, et cette fureur s'autorisait de l'unanimité des opinions qui déclaraient le roi coupable. On croyait que ne pas le punir de mort, c'était l'absoudre ; que l'absoudre, c'était le rétablir dans sa puissance. L'inviolabilité, comme doctrine politique, n'entrait pas dans la tête du peuple ; comme maxime religieuse, elle en était sortie depuis le 14 juillet, les 5 et 6 octobre 1789. La fureur populaire était exaltée à tel point contre le roi, et la prévention tellement mon

jusqu'à proposer de faire fermer les barrières, et de former un jury pour juger les députés qui voteraient pour l'appel au peuple. Ajoutons que, pou rfaire connaître au peuple les traitres qui étaient dans l'assemblée, Marat avait fait décréter, aux bruyantes acclamations des tribunes, que la mort du tyran serait votée par appel nominal, et que cet appel serait publié.

C'est dans ces circonstances que la convention avait à prononcer sur le sort du roi (1). Elle porta son jugement le 16 janvier : ce jugement prononça la mort. Quelques députés la votèrent par conviction, d'autres par fanatisme, d'autres par peur; d'autres, plus éclairés et plus malheureux, par la certitude de voir l'exécrable commune prendre la place de la convention, si un jugement modéré lui en fournissait le prétexte et le moyen, et inonder la France de sang. Ce fut la peur qui décida le plus grand nombre: pour beaucoup en effet, et surtout pour ceux que les montagnards et la commune poursuivaient, la question n'était pas de savoir si le roi perdrait ou conserverait la vie, mais s'ils voteraient sa mort ou la leur; et l'unanimité du premier jugement, qui déclarait Louis coupable, aidait les consciences troublées par l'imminence du danger, à prononcer la peine de mort, comme elle avait contribué à entretenir dans le peuple la soif du sang qu'il croyait nécessaire à son repos (2).

[merged small][ocr errors][merged small][ocr errors][merged small][ocr errors][merged small]

Le 21 janvier, six cent mille personnes ont vu sans rumeur conduire Louis XVI à l'échafaud. Et, quelques jours après, les armées, les corps administratifs, judiciaires et municipaux ont fait des adresses de félicitation à l'assemblée nationale, sur son courage.

RÉSUMONS.

D'abord les actes qui concernent les prêtres, sont :

1° Durant l'assemblée constituante:

L'abolition de la dîme, substituée au simple rachat qui avait été ordonné le 4 août (1) : La vente des biens du clergé au profit de la nation, et l'assignation des dépenses du culte sur les revenus publics (2);

La constitution civile du clergé, l'obligation de prêter serment à cette constitution (3).

2o Durant le corps législatif :

L'abolition des costumes ecclésiastiques et religieux (4);

Le décret qui autorise la déportation des prêtres insermentés, sur la proposition de vingt citoyens (5);

Refus de ce décret par le roi (6);

les autres vertus, ne croyait pas, comme Jean-BonSaint-André, que la majorité de Paris voulût la mort du roi; mais il décrit bien la situation où le peuple, égaré par la commune, mettait les membres de la convention: La liberté des législateurs, s'écrie Baudin, existe-t-elle, quand la hache du 2 septembre peut encore se lever sur eux, et quand chacun d'eux « peut craindre pour sa tête, s'il ne prononce que celle « de Louis peut être abattue? › » — « A-t-on droit d'exiger ⚫ du commun des hommes, je dis même des hommes «< instruits et vertueux, ce courage qui affronte habituellement et les poignards et les outrages journaliers

[ocr errors]
[ocr errors]
[blocks in formation]

L'ESPRIT

Décret qui ordonne aux prêtres insermentés de sortir dans la quinzaine du territoire (1); Enfin les massacres du 2 septembre et jours suivants, dans les prisons (2).

Voyons ce que l'opinion générale a voulu ou consenti de ces divers actes, et ce qui peut être regardé comme conforme au vou national.

Que l'abolition de la dîme, comme bien des personnes l'ont prétendu, n'ait pas été provoquée par la nation, cela est possible; mais elle a été sanctionnée par elle, puisque c'est en partie sur le bénéfice de cette dîme, évaluée à 70 millions, que les propriétaires payent aujourd'hui une contribution foncière de 220 millions; de sorte que la dime a été réellement convertie en accroissement de contributions. Il est impossible de mieux sanctionner l'abolition de la dime qu'en l'appliquant (3), par une délibération annuelle, aux besoins de l'État.

Que la vente des biens du clergé n'ait pas été provoquée par le vœu national, cela est encore possible; mais l'acquisition de ces biens sur toutes les parties de la France, leur division et leur subdivision depuis vingt-cinq ans en différentes mains, l'application du produit de la vente aux besoins de la nation, tout cela est plus qu'une présomption de l'acquiescement général à cette opération.

Venons à la constitution civile du clergé. Le vœu national ne l'avait réellement point provoquée. Rétablir la discipline dans l'Église par de meilleurs choix des pasteurs, par une circonscription plus égale de la juridiction diocésaine, par la modicité et l'égalité des traitement; senlever au roi la nomination des évêques, au pape les institutions canoniques; rendre au peuple les élections ecclésiastiques; opérer sans retard la dissolution de l'ancien corps du clergé, et faire perdre à ses principaux membres l'espérance de le voir revivre comme premier ordre de l'État : toutes ces vues, fort utiles sans doute, étaient trop compliquées pour être saisies par la masse de la nation.

taient ces idées de réforme. Ils auraient voulu qu'on assurât la liberté du culte catholique, et qu'on s'en tînt là ; qu'on protégeât tous les cultes, et qu'on ne s'occupât d'aucun mais cette opinion, quoique juste, était peut-être encore moins conforme aux idées générales, que celle de l'assemblée nationale, ou plutôt de son comité ecclésiastique. Elle ne paraissait ni sage ni praticable dans les circonstances du moment. On regardait comme une folie d'abandonner à lui-même le clergé d'un culte naguère dominant, et que la nation venait de dépouiller d'immenses propriétés.

Lorsque le système des élections, la défense de recourir au pape pour obtenir les institutions canoniques, et la nouvelle circonscription des diocèses, sans le concours de l'autorité ecclésiastique, eurent soulevé les évêques et le pape, les principaux membres de l'assemblée nationale reculèrent eux-mêmes devant l'obscurité des questions; et l'assemblée reçut la constitution civile du clergé presque uniquement sur la parole des jurisconsultes qu'elle avait dans son sein, et sur la foi due à leur patriotisme.

Une grande partie de la nation l'adopta parce que l'assemblée nationale paraissait la vouloir, et parce que le clergé ne la voulait pas; parce qu'on y reconnaissait au moins l'anéantissement d'un ordre privilégié; parce qu'enfin on avait besoin des biens d'Église, et qu'en les achetant on considérait avec plaisir une guerre qui allait réduire à l'absurde l'idée de les réclamer.

Mais encore une fois l'unanimité nationale était rompue. Les dissidents étaient passionnés. Le schisme étant prononcé, il fatiguait l'autorité et troublait les familles. Dix ans après, quand l'ancien clergé ne fut plus à craindre, l'opinion voulut que le gouvernement revînt sur des questions résolues sans elle, et fit cesser les dissensions. Le concordat de l'an x (1802) remplit le vœu général, en faisant disparaître de la constitution civile du clergé tout ce qui était objet de litige entre le gou

Entre les esprits éclairés, plusieurs reje- vernement et le chef de l'Église. Il confirma

(1) 26 août 1792.

(2) 2, 3, 4 et 5 septembre 1792.

(3) Il y a ́aujourd'hui quarante-deux ans que la dime est convertic en_impôt.

ce qui était essentiel dans cette constitution: le principe d'une circonscription égale des diocèses, la restitution des registres de l'état civil au magistrat civil, la liberté de tous les cultes, l'oubli des prétentions politiques de

tent rassemblés passé le 1er janvier 1792, et punis de mort; le revenu des contumaces acquis à l'État; les princes déclarés coupables et

l'ancien clergé, le remplacement des revenus ecclésiastiques par des traitements annuels, enfin la vente des biens d'Église et la légitimité de leur acquisition. Ces avantages parais-punissables de la peine de mort, s'ils ne sont sent aujourd'hui reconnus par toute la France, et les conserver est sa volonté.

Les poursuites exercées contre les prêtres insermentés, la défense de porter l'habit ecclésiastique, la menace de les déporter en cas de troubles, leur bannissement, ont été des actes de guerre exercés par des autorités inquiètes et troublées, contre les prêtres mécontents et malheureux, qui répandaient au dehors l'agitation de leur âme et l'amertume de leurs griefs. Il faut croire aujourd'hui que la nation, divisée pendant plusieurs années à leur occasion, l'a été pour eux et non par eux; l'a été par l'intérêt que les âmes douces portent au malheur, et non par des semences de haine jetées dans les cœurs par la vengeance sacerdotale. Quoi qu'il en soit, le concordat a mis un terme à la division.

Je ne parlerai pas des massacres de septembre, qui sont le crime de quelques scélérats en horreur à tous les partis.

Passons aux actes qui concernent les nobles et les émigrés.

Nous remarquons :

Durant l'assemblée constituante:

L'abolition des droits seigneuriaux qui n'étaient pas compris dans l'abolition des droits féodaux, prononcée le 4 août (1);

Le remplacement des corvées par des contributions uniformes (2);

L'abolition de la noblesse, des armoiries, des titres, des livrées, des noms féodaux; le brûlement des titres conservés dans les dépôts publics (3);

rentrés au 1er janvier : en attendant, leurs revenus saisis et leurs traitements arrêtés (1); Le séquestre des biens des émigrés (2); L'affectation de ces biens à l'indemnité de la nation pour les frais de la guerre (3);

La radiation des émigrés sur les états de rentes dues par le trésor public (4);

Le brûlement des titres de noblesse gardés dans les dépôts publics des départements (5); La désignation des femmes et enfants des émigrés pour otages (6);

Les massacres des 2, 3, 4, 5 septembre 1792 (7).

Durant la convention.

La mise en vente du mobilier des émigrés (8) ; Enfin le bannissement des émigrés à perpétuité, et la peine de mort en cas d'infraction de leur ban (9);

Décret qui règle les formalités à suivre pour le séquestre des biens meubles et immeubles des émigrés (10);

Décret qui suspend la vente de l'immobilier des émigrés, jusqu'à ce que le mode de la vente ait été décrété (11).

Les deux premiers actes qui concernent la noblesse, savoir, l'abolition des droits seigneuriaux et l'abolition des corvées, ne sont que les accessoires et les conséquences des abolitions prononcées le 4 août; et même l'abolition des corvées et leur représentation en argent, n'est qu'une conséquence de l'égale répartition des charges publiques votées par les cahiers de la noblesse, et décrétées le 4 août. Ces actes étaient donc conformes à l'intérêt et

L'abolition des ordres, corporations, déco- à l'esprit national; ils subsisteront et seront rations, signes extérieurs, qui supposent des distinctions de naissance (4).

Durant le corps législatif:

Les émigrés déclarés suspects de conjura

tion contre l'État, réputés coupables s'ils res

(1) 26 février 1790.

(2) 23 mars 1790.

- (3) 20 juin 1790. (4) 30 juillet 1791.

(1) 9 novembre 1791.

(2) 7 février 1792.

(3) Décret du 30 mars 1792.

(4) 12 septembre 1792.

(5) 20 juin 1792.

(6) 25 août 1792.

(7) Septembre 1792.

(8) 23 octobre 1792.

(9) 28 octobre 1792.

(10) 3 octobre 1791.

(11) 11 novembre 1792.

L'ESPRIT

hors d'atteinte tant que la volonté nationale d'attributs dépréciés par le partage avec des sera comptée pour quelque chose. noms sans gloire.

Le 20 juin 1790, quand l'assemblée nationale abolit la noblesse, les armoiries, les titres, les livrées, les noms féodaux, l'existence politique des nobles était finie par l'abolition des états de province, par la confusion des ordres dans l'assemblée nationale; leurs priviléges s'étaient évanouis dans la nuit du 4 août, où ils s'étaient soumis à l'égale répartition des charges publiques; toutes les carrières précédemment réservées à la noblesse étaient ouvertes au tiers état; les justices seigneuriales étaient supprimées; en un mot, la noblesse n'était plus, dans le système civil et politique, qu'une distinction idéale qui ne pouvait faire sentir sa présence nulle part, ni obliger personne à la reconnaître. Si la force de l'habitude lui avait conservé encore quelque valeur dans le système moral, c'est-à-dire dans les relations de société privée, cet avantage ne consistait que dans le privilége d'y faire remarquer une politesse soignée, et un ton d'égalité qu'on ne remarquait pas dans les autres; mais bientôt ce privilége même devait s'évanouir, parce qu'il tenait uniquement à la nouveauté du changement.

Pour une partie des nobles, l'abolition de la noblesse était une perte; pour une autre, elle était un avantage.

Elle était une perte, 1o pour les familles anciennes, mais sans illustrations; 2° pour les familles nouvelles, quelque respectable que fût leur titre; 3° pour celles dont la noblesse acquise à prix d'argent, et née ignoble, ne pouvait jamais, comme tant d'autres, obtenir le reproche d'être dégénérée. En d'autres mots, pour tous les nobles dont le nom ne rappelait pas quelque grand souvenir, l'abolition des titres, des livrées, de tout ce qui annonce la noblesse, était l'anéantissement de la noblesse.

Pour les noms illustres, pour les noms historiques qui rappellent quelque époque chère à la patrie, quelque événement glorieux pour la nation; qui s'apprennent dans tous les pays à l'enfance, et ne s'oublient jamais; qui ajoutent à la considération de la France au dehors, sans diminuer sa force au dedans; pour ces noms supérieurs à tous les titres, l'abolition des titres n'était que l'affranchissement |

La noblesse avait été mère ou du moins compagne des priviléges; il était naturel qu'elle eût le même sort. Elle avait aussi formé un corps garant et conservateur des priviléges, dans les assemblées politiques; on avait à craindre qu'elle ne vint à renaître, et à s'y re

montrer encore.

à

Enfin, à ne considérer le titre de noble, l'époque de 1789, que comme une distinction dans les vanités de la société privée, on peut dire que maintenir le titre ou la qualité de noble, quand la nouvelle constitution réprouvait les anbolissements, c'eût été donner à cette qualité un nouveau lustre, élever les nobles existants bien plus haut qu'ils n'étaient pardessus les plébéiens, séparer les familles des premiers de celles du commun état, par une distance plus grande que le temps aurait toujours augmentée: de sorte qu'on eût abaissé comparativement le tiers état fort au-dessous du rang où il se trouvait en 89, puisque, après un siècle, il n'aurait plus existé que des nobles de cent années et des bourgeois à perpétuité; au lieu qu'en 89 les nouveaux anoblis étaient à peu près confondus par l'opinion avec la bourgeoisie qui vivait noblement, et pouvait, quand elle le voulait, acquérir la noblesse. En un mot, l'abolition de l'anoblissement eût été évidemment un rehaussement de la noblesse.

Depuis 1792, la nation a bien prouvé qu'elle n'avait pas été déterminée alors par une aversion absolue pour toute distinction nobiliaire, pour les titres, les armoiries et les livrées; mais par la haine de la noblesse privilégiée qui avait existé, parce qu'elle avait été exclusive, offensante pour le mérite, parce que le commun état en avait été humilié, et avait besoin d'être vengé. Et si depuis elle a adopté une nouvelle noblesse avec les mêmes attriété ni une inconséquence, ni un repentir, ni un buts honorifiques, mais sans hérédité, ce n'a retour vers l'ancien ordre de choses. Ç'a été tout au contraire pour le faire mieux oublier, pour en tirer une vengeance plus sûre, pour se mettre avec tout l'éclat possible en possession de l'égalité de droits qu'elle avait conquise. Un simple villageois était plus sûr de l'abolition de la noblesse ancienne, quand il voyait l'enfant de la commune prendre le pas sur l'an

« PreviousContinue »