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dre de la forcer, lui remit une Lettre du Marquis de la Paz, dans laquelle il lui fignifioit qu'Elle étoit déchargée de la parole qu'Elle avoit donnée: & que ces Officiers avoient ordre d'enlever le Duc de fa Maifon, & de fe faifir de tous les papiers dont il pouvoit être en poffeffion, en faisant une exacte recherche dans fes coffres & ailleurs. Cela fut exécuté fur le champ, malgré la proteftation de l'Ambaffadeur qui demanda feulement que l'exécution fût fufpenduë, jufqu'à ce qu'il eût fait réponse à la Lettre du Marquis de la Paz, ce qui lui fut refufé.

Sa Majefté fe perfuade que Vôtre Excellence même, fans décider fi Mr. Stanhope avoit droit, ou non, de donner fa protection à Mr. de Ripperda, avouera qu'après tout ce qui s'étoit paffé entre Sa Majefte Catholique fes Miniltres & Mr. Stanhope, il étoit néceffaire du moins fuivant toutes les regles, avant que d'envoyer des Soldats à fa Maifon, que la fufdite Réfolution du Confeil de Caftille lui eût été notifiée dans les formes, & que Sa Majefté Catholique, en confequence de cette Réfolution, s'étoit déterminée à faire enlever de force le Duc de fa Maifon, en cas qu'il ne voulût point le livrer: Et qu'on auroit dû attendre, jufqu'à ce qu'on eût vû l'effet que cette notification auroit produit, puifqu'il n'y a qu'une extrême néceffité qui, dans un tel cas, auroit pu juftifier la violation des Immunitez de la Maiton d'un Ambaffadeur.

Vous ayant ainfi représenté, Monfieur, fans aucun déguisement, le fait en queftiou, en réponse aux Extraits de Lettres que vous m'avez donnez, le Roi mon Maître efpere que,

cette

cette affaire étant mife dans fon veritable jour, Sa Majesté Catholique verra, ou découvrira fi clairement combien il eft de fon propre inrerêt, comme étant une des Puiffances de l'Europe les plus refpe&tables, de prévenir les confequences qu'on pourroit tirer d'un pareil exemple de la violation des Immunitez des Miniftres publics, qu'il lui plaira de fe charger Elle-même du foin d'ordonner dans cette Occafion toute la réparation néceffaire qui doit être faite, pour conferver les Priviléges qui ont toujours été annexez à ce Caractère. C'est ce que le Roi mon Maître attend de la fageffe & de la juftice de Sa Majefté Catholique, & que par là Elle le mettra en état de répondre d'autant mieux de fon côté aux affurances d'une amitié fincere & inviolable, que vous lui avez données de la part de Sa Majesté Catholique, conformément aux ordres contenus dans les fufdits extraits. Je fuis avec la plus parfaite confideration,

MONSIEUR,

DE VOTRE EXCELLENCE

Le très humble & très-obéif-
fant ferviteur,

HOLLES NEWCASTLE.

On a vû ce qui eft dit ci-deffus, pag. 75. la part qu'avoit eu l'Ambaffadeur de Hollande à la retraite du Duc de Ripperda, comme cela n'étoit pas conforme à la verité Son Excellence s'en juftifia, en écrivant la Lettre fuivante au Marquis de la Paz.

MON

MONSIEUR,

E vous aurois plûtôt accufé la reception du Factum que vous m'avez fait l'honneur de m'envoyer, touchant l'affaire de Mr. de Ripperda, n'étoit que Mr. le Comte de Konigsegg ayant fait dire à Mr. Stanhope, qu'on convoqueroit une Affemblée de tous les Miniftres Etrangers qui font dans Madrid, afin que tous enfemble ils viffent ce qu'il y avoit à faire fur la violence qui s'est faite à la Maifon de l'Ambaffadeur d'Angleterre. Fattendois toujours la conclufion & le réfultat de cette Aflemblée pour vous répondre; mais puifque la chofe traîne fi long-tems, & que Mr. le Comte de Konigsegg a fans doute je ne fais pourquoi, changé d'avis, je ne puis, Monfieur, que vous confirmer en tout ce que je vous ai dit en préfence de Mr. Stanhope puifqu'en qualité d'Ambaffadeur, je ne faurois me difpenfer de vous dire, qu'il me femble que la Violence faite à cette occafion, eft entierement contraire au Droit des Gens & aux Immunitez attachées à la Perfonne & à la Maifon des Ambaffadeurs & de tout autre Miniftre public. Je fuis d'autant plus fondé dans ma pensée, que par toutes les Lettres que vous avez écrites à Mr. de Stanhope, non-feulement Sa Majefté Catholique ne lui a jamais fait rédemander le Duc de Ripperda, mais auffi qu'il n'y étoit accufé d'aucun Crime qui pût empêcher la validité de fon Azile'; & ce n'eft qu'après la Violence faite, que j'ai vu par le Factum, qu'il étoit déclaré Criminel de Leze-Majefté, quoi qu'en même tems

il ne fut pas prifonnier, & qu'il femble que fon plus grand Crime ait été fon Refuge chez un Ambafladeur.

Je dois auffi après cela me plaindre à vous, Monfieur, de ce que ceux qui ont écrit le Factum fe font oubliez dans les mots (comme furtivement) dont ils fe font fervis en parlant de mes Equipages; ce qui eft un terme fort offenfant à l'égard d'un Miniftré du premier ordre, & dont il fembleroit qu'un Factum devrait s'éloigner, en rapportant feulement les faits dans leur verité, fans envenimer les expreffions, n'étant d'ailleurs point veritable, que mes Equipages ayent jamais été nulle part clandeftinement, ni comme furtivement. Au refte, Monfieur, j'ai envoyé à Leurs Hautes Puiffances mes Maîtres, le Factum, & leur ai rendu un compte fort exact de toutes ces circonftances, & de celles qui fe font paffées dans l'affaire de Mr. de Ripperda Sur quoi j'attendrai les ordres qu'ils trouveront à propos de me donner.

. Je fuis, &c.

F. VANDER MEER.

A Madrid ce 29. Mai 1726.

Voilà où en eft reftée cette affaire; le Duc de Ripperda renfermé dans le Château de Segovie, n'a pas été pourluivi par les Cours dé juftice, pour les Crimes qui avoient été le fujet de fon enlevement & le prétexte de la violation des franchifes de l'Hôtel d'un Ambaffadeur; c'eft pourquoi dans toutes les occafons la Cour Britannique a toujours fait des

inftances pour une freparation de l'infulte reçue à cet égard, & n'a ceffée de protefter con tre la conduite de la Cour d'Espagne dans cette occafion.

Nous retournerons à la fuite des Traitez voici ceux dont nous avons parlé pag. 308. du Tome I. de ce Recueil.

Traité entre la Grande Bretagne & l'Espagne, conclu à Madrid le 13. Juin 1721.

A Divine Providence ayant bien voula

L difpofer les coeurs des Sereniffimes &

très-puiffans Princes le Roi George, par la Grace de Dieu, Roi de la Grande Bretagne, de France & d'Irlande, &c. & Philippe V. par la Grace de Dieu, Roi d'Espagne & des Indes, &c. à oublier tous les fondemens de mécontentement & de mefintelligence, qui ont donné occafion d'interrompre pendant quelque tems l'amitié & la bonne correfpondance, qui fleuriffoient entr'eux auparavant; & Leurs Majeftez Britannique & Catholique defirant à préfent de les renouveller & les rétablir par les nœuds les plus forts, ont ftipulé. & convenu des Articles fuivans par leurs Miniftres Plénipotentiaires, fouffignez, nommez à cette fin.

ARTICLE PREMIER.

Qu'à l'avenir il y aura une bonne, ferme & inviolable Paix, une fincere & continuelle

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