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qui affifté du fufdit détachement, conduifit le Duc en Caroffe au Château de Segovie, pour refter en fûreté, fans Prison, & fans nulle incommodité, contre des craintes mal fondées, auxquelles il n'avoit pas eu raison de s'abandonner.

y

Sa Majesté m'a ordonné d'informer diftinctement Votre Excellence de toutes les particularitez de cet Evenement, afin qu'étant inftruite de la regularité avec laquelle le Roi a voulu que cette affaire fût terminée, auffibien que des raifons qui l'ont fait agir, Votre Excellence puiffe faire part à Sa Majefté Britannique & à la Cour de la verité du fait, & de tout ce qui eft arrivé dans cette rencon

tre.

(Signe)

DON JEAN BAPTISTE DE ORANDAYN. A Madrid le 27. Mai 1726.

Extrait d'une autre Lettre du Marquis de la Paz au Marquis de Pozzobueno.

C

Omme le cas imprevu qui vient d'arriver, uniquement par la temerité & la grande imprudence du Duc de Ripperda, a été fi contraire à l'inclination du Roi, comme il paroit très clairement par toutes les circonstances qui l'ont accompagné, & que j'ai décrites très amplement dans une autre Lettre à Votre Excellence; & que le defir très fincere du Roi, pour conferver & maintenir l'harmonie & la correfpondance la plus Tome IV. F étroi

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étroite & la plus parfaite avec Sa Majesté Britannique, n'en a point été alteré: Sa Majefté m'a ordonné de notifier à Votre Excellence, que, quand vous rendrez compte à Sa Majesté Britannique de ce qui eft arrivé, vous l'affurerez en même tems de l'amitié - fincere & inalterable que le Roi de fon côté conferve à fon égard; &, pour lui en donner une preuve, Votre Excellence doit lui reprefenter, le plus clairement qu'il fera poffible, les égards que Sa Majefté a eu la bonté de témoigner pour fon Ambaffadeur & pour fa Maifon, ayant differé tant de jours, après que le Duc s'y fût refugiée, fa derniere refolution pour l'en tirer, quoiqu'il fût en fon pouvoir de le faire dès le moment qu'il s'y étoit rendu; Sa Majefté étant informée que les Privileges des Maisons des Ambaffadeurs ne s'étendent pas jufqu'au cas en question. C'est ce que Votre Excellence aura à executer ponctuellement, car telle eft la volouté expreffe du Roi.

A Madrid ta 25. Mai 1726.

Memoire de Monfieur Stanhope au Roi d'Espagne, du 13. Fuillet 1726.

LE

SIRE,

E fouffigné Ambaffadeur Extraordinaire & Plenipotentiaire de Sa Majesté Britannique ayant reçu ordre de communiquer

à Votre Majesté les fentimens du Roi fon Maitre, au fujet du refuge que le Duc de Ripperda a pris dans fa Maifon à Madrid, & de ce qu'il en a été enlevé par force, en vertu des ordres de Votre Majefté; & ayant en même tems reçu la copie d'une Lettre que le Duc de Newcastle, Miniftre & Secretaire d'Etat, a eu ordre d'écrire à Mr. de Pozzobueno, Miniftre de Votre Majefté à Londres, & dans laquelle il decouvre amplement les fentimens du Roi fur cette Affaire: ledit Ambaffadeur juge qu'il ne peut mieux s'acquiter de ce devoir, qu'en remettant à Votré Majefté la copie ci-jointe de ladite Lettre, comme contenant litteralement tout ce qu'il lui a été ordonné de reprefenter à cette occafion, fans y rien ajouter de fon chef, finon de prier très humblement Votre Majefté de vouloir bien avoir égard aux folides & juftes raifons qui y font alleguées; fe promettant de la haute fageffe & juftice de Votre Majefté toute la reparation néceffaire de la violençe faite aux Immunitez des Miniftres publics, & de lui faire communiquer la refolution qué Votre Majefté trouvera à propos de prendre dans ce cas important, afin qu'il puiffe en rendre compte au Roi fon Maitre.

Fait à Madrid le 13. Juillet 1726.

GUIL. STANHOPE

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Lettre du Duc de Newcastle au Marquis de Pozzobueno. De Whitehall le 20. Juin 1726.

MONSIEUR,

'Ai remis au Roi, il y a quelque tems,

J'A

comme je l'ai déja fait favoir à Votre Excellence les deux Extraits de Lettres que vous m'avez fait l'honneur de me délivrer, l'un concernant le refuge que le Duc de Ripperda a pris dans la Maifon de l'Ambaffadeur du Roi à Madrid, & la maniere violente dont il en a été enlevé par ordre de Sa Majefté Catholique; l'autre que vous me donnâtes en même tems, contenant les affurances les plus fortes du defir de Sadite Majefté, pour conferver & entretenir une parfaite harmonie & bonne correfpondance avec le Roi mon Maitre. Votre Excellence ne doit pas être furprife de n'avoir pas plutôt reçu une réponse fur une affaire auffi importante que celle dont il s'agit, lorfqu'Elle voudra bien fe fouvenir que, quoique la premiere Lettre de Mr. Stanhope fur ce fujet, fût de la même date que la vôtre, favoir du 25. Mai, elle n'eft cependant parvenue au Roi que le 10. Juin au foir; & que la caufe de ce retardement a été, que le Courier de l'Ambaffadeur, qui ne partit qu'une heure après celui qui avoit été dépêché par votre Cour, a été arrêté fept jours à Vittoria: & même cette Lettre, comme il paroit par fa date, ayant été envoyée dans

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an tems où il fe trouvoit dans une extrème. perplexité, au fujet de ce qui venoit de lui être fait, il ne pouvoit qu'écrire en général & confufement dans l'embaras où il étoit, & fe referoit pour une relation plus diftincte & plus particuliere, à ce qu'il enverroit par une perfonne qu'il promettoit de dépêcher de Madrid peu de jours après. Vous concevrez facilement, Monfieur, que Sa Majefté, avantque d'être exactement & entierement informée du fait dans toutes fes circonftances, ne pouvoit le déterminer fur la réponse qu'Elle feroit touchant une affaire fi delicate & fi importante, qui intereffe fi fort non feulement la Gloire & la Dignité de cette Couronne, mais auffi celle de tous les Souverains, fans même excepter Sa Majefté Catholique. Cette perfonne étant depuis arrivée, & le Roi en ayant en pleine information, j'ai préfentement ordre de vous communiquer les fentimens de Sa Majefté fur une affaire auffi defagréable.

Pour venir au fait, je dois commencer par vous dire, que Sa Majefté ne prétend pas que les Miniftres publics puiffent proteger des perfonnes qui font au fervice de Princes chez qui ils refident, ou qui font accufées de quelque crime contre eux : & Sa Majesté a remarqué avec plaifir, que fon Ambaffadeur n'a jamais eu une telle pensée, comme il paroit évidemment par la conduite de Mr. Stanhope envers le Duc de Ripperda, lorfqu'à fon retour de fa Maifon de campagne, il le trou va inopinement chez lui, avec l'Ambaffadeur de Hollande. Son Excellence commença par faire les perquifitions néceffaires, pour être.

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par

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