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Couronnes; que le Vaiffeau Anglois licencié & un Paquebot, qui étoient dans le Port, leur avoient été délivrez; que le Prefident, voyant qu'ils ne s'en alloient pas, leur envoya demander pourquoi ils reftoient à l'ancre fur la Côte; qu'ils lui répondirent qu'ils ne pouvoient partir fans un nouvel ordre de leur Souverain; que quatre de ces douze Vaiffeaux faifoient la garde depuis Baftimentos julqu'à lafuerte, fur la Côte de Cartagene, hors de la vue de terre; & que les Anglois, toutes les fois qu'il leur plaifoit, alloient à Portobello dans leurs chaloupes, & s'y promenoient fans témoigner aucun égard pour le Préfident, ou le General & l'Amiral des Gallions; & qu'ayant rencontré fur la Côte de Portobello une Belandre qui venoit de St. Efprit, ils l'arrêterent & ouvrirent les Lettres, qu'ils rendirent enfuite tout ouvertes, & laifferent enfuite aller la Belandre, après lui avoir demandé fi l'on avoit des nouvelles de Mr. Castagneta, & s'il étoit arrivé d'Espagne avec l'Efcadre qui étoit attendue dans l'Amerique Espagnole ; que les provifions manquant à Portobello on y avoit tenu un Confeil de guerre, dans lequel il avoit été refolu de demander paffage à l'Escadre Angloife, pour pouvoir envoyer des Barques Espagnoles chercher des provifions à Cartagene, & les envoyer à Portobello; que le Commandant Anglois leur avoit accordé le paflage qu'ils demandoient, à condition. que ces Barques n'auroient que le left ordinaire, fans être chargées d'argent ni de fruits; en un mot, que tous les mouvemens de ladite Efcadre Angloife marquoient la Guerre; que la dernie re chofe que le depofant vit le même jour

qu'il partit de Portobello pour cette Ville, en compagnie de douze Belandres & de deux Convois Efpagnols, destinez pour Chagre, & chargez de marchandifes que l'on avoit débarquées des Gallions, pour être tranfportées à Panama; c'eft qu'un des Vaiffeaux Anglois de ligne, qui étoit le plus en dehors, fit voile vers lefdits Batimens, qui fur cela retournerent promtement à Portobello, où la plupart entrerent, & le refte paffa tout près du Vaiffeau, qui les laiffa pourfuivre leur route, après quoi il fe mit fous le Canon du Château, d'où enfuite il remit en Mer; que la Belandre où le depofant étoit, poursuivit fat route, &\ qu'il n'en favoit pas davantage : Que tout ce qu'il a declaré eft veritable & de notorieté publique, fous un ferment dont la fainteté & l'importance pour le fervice de Sa Majefté lui farent reprefentées, dans le même tems qu'on lui defera ce ferment qu'il a prêté, des clarant qu'il étoit âgé de trente-quatre ans; & il l'a figné avec les Juges, Bernard Fernan des, Diego Ramas, devant moi Sebaftien des Cala Notaire public.

Copie d'une Lettre de Don Antonio, Serrano, Commandeur de l'Efca dre, à la Havane le 8. Aout 1726.

L

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A nuit du 4. de ce mois le Gouverneur me fit favoir qu'il avoit reçu une: Lettre de Portobello du 16. Juillet, avec avis que les Gallions y étoient, que douze Vaiffeaux Ans glois étoient à la hauteur de ce Port, qu'ils

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avoient

avoient envoyé demander le Vaisleau licentié, & un Paquebot qui étoit dans ce Port, & qu'on leur avoit délivré : Que quatre Fregates avoient été detachées de ces douze Vaiffeaux, & croifoient fur la Côte depuis ledit Port jufqu'à lafuerte & Cartagene: Qu'une de nos Fregates étant fortic de Portobello avec deux Belandres destinées pour Chagre, un Vaiffeau Anglois les avoit fuivies, & les ayant atteintes, les avoit fait rentrer dans ledit Port, fans leur faire aucun autre dommage; Que les chaloupes Angloises alloient à Portobello & en venoient; que les Anglois alloient à terre & fe promenoient où il leur plaifoit ; & que le Prefident de Panama, Alderette, étoit à Panama, où Don Antonio de Caftagneta n'étoit point encore arrivé, & où l'on n'avoit aucune nouvelle de lui.

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Par une autre Lettre écrite de Portobello à un Homme de cette Ville, on aprend prefque la même chofe; on y ajoute feulement que le Trefor avoit été transferé à Cruzes, qui eft à fept lieues de Panama.

On voit par ce qui eft dit ci-devant pag. 57. 58. & 63. que la Cour Britannique prétend une Satisfaction au 1ujet de l'enlevement du Duc de Ripperda de l'Hôtel de Mr. Stanhope, Ambaffadeur de la Grande Bretagne, cette affaire intereffe tous les Souverains & tous les Miniftres, puifqu'elle concerne la franchise de leurs Hôtels. Voici les Lettres & Memoires qui fe font écrits de part & d'autre fur ce fujèt, qui mettront mieux au fait de cette difpute que tout ce que nous pourions en raporter hiftoriquement.

Let

Lettre du Marquis de la Paz au Duc de Ripperda.

L

MONSIEUR,

E Roi notre Maitre ayant trouvé à propos d'admettre la representation que Votre Excellence lui fit hier, pour vous décharger des Emplois que Sa Majefté avoit conferez à Votre Excellence, a réfolu de la gratifier d'une penfion de trois mille pistoles par an, jufqu'à ce qu'à l'avenir Sa Majefté employe Votre Excellence à fon fervice, de la maniere dont il lui paroitra le plus convenable. C'est ce que je fais favoir à Votre Excellence, par ordre de Sa Majesté, afin que vous puiffiez être informé de fa Refolution Royale fur l'une & l'autre affaire.

Je fuis, &c.

JEAN BAPTISTE DE ORENDAYN. Du Palais le 14. Mai 1726.

Le 15. le Duc de Ripperda, après avoir été remercier le Roi, emprunta la Caroffe de Mr. vander Meer pour fe retirer chez Mr. Stanhope, Ambaffadeur de la Grande Bretagne, qui le lendemain en alla informer Sa Majefté Catholique dans une Audience particuliere, & promit à Sa Majesté de veiller fur la perfonne du Duc; le lendemain on envoya des gardes aux environs de l'Hôtel de ce Miniftre, & le Marquis de la Paz lui écrivit la Lettre fuivante.

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Lettre du Marquis de la Paz à Mr. Stanhope.

MONSIEUR,

L que

E Roi eft parfaitement affuré de la parole que Votre Excellence a donnée à Sa Ma-jelté, pour garder le Duc de Ripperda dans fa Maifon; mais, comme toutes les précau→tions que Votre Excellence pouroit prendre ne feroient peut-être pas fuffifantes pour pré-venir les folies & le defordre qu'il eft capable de commettre, Sa Majefté, pour plus grande fureté, a refolu de faire pofter quelques Soldats dans le voisinage & les avenues de la Maifon de Votre Excellence, afin qu'ils veillent à empêcher toutes les irregularitez que ce Duc pouroit entreprendre à l'insçû de Votre Excellence. Il n'entre dans cette affai re aucune méfiance de la part de Sa Majesté, pour ce qui regarde Votre Excellence; mais c'eft feulement pour prendre de plus grandes précautions pour fa fureté. C'est ce que Sa Majefté m'a ordonné de faire favoir à Votre Excellence, afin que vous ne doutiez en au-cune maniere de fa confiance Royale.

Je fuis, &c.

JEAN BAPTISTE DE ORANDAYN.

Du Palais le 17. Mai 1726.

Mr. Stanhope fe fcandalifa fort de l'envoy de ces gardes, & prit des mesures avec les

Dans une Audience qu'il eut le 16.

autres

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