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côtez-là, où l'on n'entretenoit que les Garnifons qui y étoient abfolument néceffaires, & que l'on ne peut diminuer en tems de Paix, vû les exemples précedens, pour garantir de furprise & de danger les chantiers faits dans les lieux voifins pour la construction des Vaiffeaux.

Pour ce qui regarde l'encouragement qu'on prétend avoir donné au Prétendrnt, il n'eft pas poffible d'accufer Sa Majeflé, avec verité, d'avoir fait aucune démarche en fa faveur, ni écouté aucune propofition de fa part, encore moins de lui avoir donné affiftance, pour apuyer fes deffeins & fes prétenfions à cette Couronne. Au contraire la conduite que l'on a obfervée à l'égard de ces mêmes Emiffaires, dont il eft parlé confufement dans le Memoire de Votre Excellence, eft réellement un témoignage le plus authentique de la bonne foi de Sa Majefté, & de fon amitié religieufe envers Sa Majefté Britannique; mais Sa Majefté ne fauroit répondre, ni fe charger des bruits que les Adherens du Prétendant ont repandus fur ce fujet, pour s'encourager les uns les autres.

On ne peut pas comprendre non plus, fur quoi font fondez les foupçons que l'on conçoit de mauvais deffeins, ni comment on peut attribuer à des intelligences fufpectes l'admiffion dans les Ports d'Espagne, de trois Vaiffeaux Marchands de Mofcovie, qui, fuivant la coutume observée envers toutes les Nations, ont eu entrée dans le Port de Cadix, & de là font allez à St. Andero pour y trafiquer. Ainfi, il faut avoir en verité un grand

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penchant au foupçon & à la méfiance, pour ên concevoir d'un procedé fi innocent."

A l'égard de la fauffe confidence que le Duc de Ripperda fit l'Hiver paffé à Votre Excellence, comme fi l'on avoit conclu une Alliance offensive, par laquelle l'Empereur fe feroit expreflement engagé à recouvrer Gibral tar; Sa Majefté Imperiale a déja fufifamment tâché de détromper Sa Majefte Britannique à cette occafion : Le dellein en tout cela n'a été que de faire reflouvenir Sa Majefté Britannique des promeffes qu'Elle avoit faites fur ce fujet, & auxquelles ni Sa Majeité, ni la Nation Efpagnole ne pëuveut ja

mais renoncer.

Il eft notoire que Sa Majefté Britannique a dépenfé & employé depuis peu des fomines confiderables en France, en Pruffe, en Suede, en Hollande & ailleurs, pour mieux parvenir à fes fins & accomplit fes negociations. Ces pendant le Roi Catholique mon Maitre n'a jamais eu jufqu'à prefent la cuffofité de s'informer des motifs de ces dépenfes; & ce qui eft d'autant plus étrange, c'eft que Sa Majefté Britannique s'avife de demander les raifons que Sa Majefté a eues pour envoyer, ou non, des fubfides à l'Empereur.

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La plainte qui a pour fujet la conduite des Gardes-Cotes, & qui interprète leurs procedez comme des infractions du Commerce & des Traitez, eft à tous égards la plus injufte qu'on puiffe faire; parceque ces Vaiffeaux n'ont rien fait autre chofe que de s'acquiter de leur devoir, en empêchant feulement, autant qu'il étoit poffible, le Commerce illicite &

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clandeftin de toutes les Nations aux Indes Occidentales, qui leur eft fi folemnellement défendu en vertu de plufieurs Traitez réiterez, dont les Articles ont été enfreints jufqu'à prefent, au préjudice de Sa Majesté & de fes Droits, dont on a entrepris de la frustrer avec tant d'infolence dans fes propres Etats : & il ne paroit pas que du côté de Sa Majefté Britannique on ait employé le moindre remède contre la conduite de fes Sujets, & de ceux des autres Puiffances dans ces Quartiers-là.

Votre Excellence conclut en déclarant une nouvelle furprise de Sa Majefté Britannique, de ce que l'on n'a encore donné aucune fatisfaction fur l'enlevement du Duc de Ripperda de la Maifon de Votre Excellence: mais comme la refolution que le Roi mon Maitre prit à cette occafion n'étoit pas moins bien pefée, que capable d'être pleinement justifiée devant Dieu & devant les Hommes; qu'elle eft fi conforme au Droit des Gens, que l'on n'en peut pas conclure qu'on ait aucunement violé le caractère de Votre Excellence, ni la protection de fa Maifon diftinguée par les Atmes de la Grande Grande Bretagne. Si l'on confidere bien les raifons que Sa Majefté a eu la bonté d'expofer au Public dans la Lettre Circulaire qu'elle m'ordonna d'écrire à tous fes Miniftres dans les Cours étrangeres. & particulierement à celle de Londres, afin que Sa Majefté Britannique pût être informée du fait, auffi-bien qu'à ceux des autres Puiffances qui refidoient en cette Cour; Sa Majefté ne voit acucune raifon qui l'oblige à parler de cette affaire, ni à y penfer davantage, puifqu'il n'y a ni moyens, ni aucune neceffi

té d'entrer dans l'accommodement qu'on demande fur ce fujet.

Pour mieux juftifier par des effets la con duite de Sa Mjené, & afin que par ces effets on puille former un jugement équitable des intentions de Sa Majetté Britannique, & ¦ de l'expedition de fes Efcadres, le Roi m'a I ordonné d'envoyer à Votre Excellence les i Copies ci-jointes d'avis authentiques qu'Elle a reçus de la Havane, depuis que Votre Excellence a prefenté fon Memoire; par où l'on verra ti les operations de l'Amiral Hofier & de fon Escadre à Porto-bello, font digues d'un Prince qui donne de fi grandes affurances de l'existence de fon amitié, comme fait Sa Majefté Britannique, qui fe plaint fi fort d'infractions de la part du Roi, fans être en état de prouver la moindre hoftilité, le moindre mépris ou aucune action qui ne foit conforme à la plus parfaite correfondance.

Dans la fupofition ce fait, que Sa Majefté ne peut s'empêcher de regarder comme une violation de la bonne correfpondance reciproque, & de la Paix, tant les hoftilitez qui ont déja été commises en Amerique, que celles que l'on y aura continuées depuis ; Sa Majefté fe verra obligée de prendre les mefures les plus convenables à l'honneur & à la Dignité de fa Couronne, auffi-bien qu'à la fureté de fes Etats & de fes Sujets, à moins que Sa Majefté Britannique, fans aucun délai, ne fe difpofe & n'ordonne de lui faire une prompte fatisfaction & reparation.

DON JEAN BAPTISTE DE ORANDAYN. A St. Ildefonfe le 30. Septembre 1726.

Copie de la Lettre de Don Diego Ramos, devant les Juges ordinaires de la Ville de Trinidad de Cuba, le 28. Juillet 1726.

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Es Juges firent d'abord comparoitre devant eux Don Diego de Ramos Habitant de cette Ville, & paffager dans le Batiment mentionné dans le Procès, & lui defererent le ferment qu'il prêta fuivant les Loix au nom de Dieu notre Seigneur & fur la fainte Croix; & l'ayant interrogé fur le fujet dont il s'agiffoit, il depofa ce qui fuit.

Qu'il étoit à Portobello dans le tems qu'on aperçut en Mer douze Vaiffeaux de Guerre Anglois, ce qui arriva le Dimanche de la Sainte Trinité de cette prefente année; que de ces Vaiffeaux il y en avoit quatre de ligne & huit Fregates; que le même jour le Prefident de Panama, qui étoit à Portobello, ayant apris, qu'ils avoient jetté l'ancre à Baftimentos, y avoit envoyé un Meffager, pour fe plaindro au Commandant en chef, & lui demander pourquoi il étoit fur cette Côte; qu'il lui avoit répondu le lendemain, qu'il étoit venu par ordre de fon Souverain, pour convoyer le Vaiffeau Anglois licencié qui étoit avec les Gallions; cette réponse avoit été aportée par quelques Anglois de ladite Efcadre, parmi iefquels étoit un des Facteurs de Cartagene, de l'Affiento de Negros, dans un bateau qui entra dans le Port, & qui en étant requis, declara qu'il n'y avoit point de Guerre entre les deux Tome IV, Cour

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