Page images
PDF
EPUB

Côtes de Saint Andero, & s'étoit aprochée de ce Port, & étoit enfuite entrée dans celui de Santona; ce que les Commandans de ces lieuxlå avoient permis, fe repofant fur l'amitié & la bonne correfpondance qu'ils favent qui fubfiftent & fe cultivent de la part de Sa Majesté Catholique avec le Roi mon Maitre, en quoi les proteftations de Paix, faites par l'Amiral Jennings, les avoient confirmez; & que, fous pretexte de faire de l'eau dans ce Port, cet Amiral y étoit entré fans aucune refiftance, ni le moindre dommage de la part des Forts fur les Côtes: Mais que Sa Majesté Catholique, trouvânt néceffaire pour fa conduite de favoir inceffamment les intentions réelles de Sa Majesté Britannique à l'égard de ce mouvement, & les véritables deffeins de ladite Efcadre, vous avoit ordonné de me dépêcher cet Exprès en toute diligence, & de m'écrire ladite Lettre en fon nom, afin que dans ma réponse, que Sa Majefté Catholique attend par le même Exprès, je declaraffe fans aucune équivoque, & avec toute la clarté poffible, les veritables intentions du Roi mon Maitre, & les deffeins réels de l'Efcadre Angloife; & qu'en cas que je ne répondiffe pas fur le champ, cathégoriquement & fans équivoque, Sa Majefté Catholique prendroit les mesures néceffaires, & donneroit les ordres qui conviendroient à fon fervice.

Sur quoi j'ai l'honneur de vous dire que, n'ayant aucun ordre du Roi mon Maitre, au fujet de la declaration cathégorique que Sa Majefté Catholique me demande, je n'oferois prendre fur moi de la donner, quand même je ferois informé des veritables intentions du

D 2

Roi

Roi touchant l'envoi de cette Efcadre; mais, fi cela eft agréable à Sa Majesté Catholique, je dépêcherai inceffamment un Courier à Londres avec votre dite Lettre, afin que, fans perte de tems, je puille recevoir des ordres de ma Cour fur ce fujet; & jufqu'à ce qu'il foit de retour, Sa Majefté Catholique peut être affurée que ledit Amiral n'auroit ofé faire aucune déclaration, ou protestation qui ne fût exactement conforme à fes inftructions & aux veritables intentions du Roi.

Je vous ferai fort obligé, Monfieur, fi vous voulez bien me faire favoir demain, fi Sa Majefté Catholique aprouve que je dépêche un Courier à ma Cour, comme je viens de le propofer; & en ce cas, vous aurez la bonté de m'envoyer en même tems un ordre pour des chevaux de poste.

Je fuis, &c.

GUIL. STANHOPE.

Lettre du Marquis de la Paz à Mr.
Stanhope, à St. Ildefonfe le 19.
Août 1726.

MONSIEUR,

LE Roi a lû la Réponse de Votre Excellence à la Lettre que, par fon ordre Royal, j'ai eu l'honneur de lui écrire le même jour, pour vous prier de déclarer les intentions de Sa Majefté Britannique, & les deffeins de l'Efcadre Angloife, commandée par l'Amiral Jennings, qui a parue fur les Côtes de Saint

An

[ocr errors]

Andero, & qui eft enfuite entrée dans le Port de Santona, fous prétexte d'y faire de l'eau. Et Sa Majefté remarque que Votre Excelience n'ayant aucun ordre du Roi fon Maitre de faire la déclaration cathégorique que Sa Majefté demandoit, elle n'ofoit prendre fur foi de la donner, quand même vous feriez informé des veritables intentions de Sa Majesté Britannique, touchant l'envoi de ladite Efcadre; mais que Votre Excellence offroit, fi cela pouvoit être agréable à Sa Majefté, de dépêcher un Courier à Londres, avec madite Lettre, afin que vous puiffiez recevoir de votre Cour, fans perte de tems, les ordres convenables fur ce fujet ; & qu'en même tems Sa Majefté, jufqu'au retour du Courier, pouvoit être affurée que ledit Amiral n'auroit pas ofé faire aucune declaration ou protestation qui ne fut exactement conforme à fes inftructions, & aux veritables intentions de Sa Majefté Britannique.

Sur cette reprefentation, le Roi aprouve, fuivant ce que Votre Excellence propofe, qu'elle dépêche un Courier à la Cour de Londres; & Sa Majefté trouve à propos de vous faire connoitre de plus que, comme Elle efpere de favoir diftinctement les intentions de Sa Majesté Britannique, touchant la destination & les deffeins de cette Efcadre, qui eft commandée par l'Amiral Jennings, Elle fouhaite auffi de favoir les deffeins de l'autre ECcadre qui a été envoyée dans les Mers de l'Amerique; puifque fi, comme on le publie, l'une & l'autre de ces Efcadres font employées à proteger & à affurer le Commerce de la Nation Britannique, le Roi n'ayant point juf

D 3

qu'à

qu'à prefent interrompu ni troublé celui que font legitiment les Sujets d'Angleterre dans tous les Etats de la Domination de Sa Majefté, & ayant feulement pris foin d'arrêter le Commerce illicite aux Indes Occidentales, lequel est défendu à toutes les Nations, par les Loix de ce Royaume & des autres aux Indes, & non moins en vertu de ce qui a été stipulé & reglé par les Traitez de Paix & de Commerce avec l'Angleterre; tout prétexte ceffe, & Sa Majesté Britannique peut rapeller ladite Efcadre qui a été envoyée en Amerique pour la fureté de fon Commerce, vû que Sa Majesté jusqu'à prefent ne l'a point troublé, & qu'Elle ne l'interrompt ni ne l'empêche actuellement,

Sur ces deux Points Sa Majesté attendra une réponse fincère & cathégorique de la part de Sa Majefté Britannique, pour pouvoir y conformer fes déliberations; & en attendant qu'il vienne une déclaration pofitive des deffeins de chacune de ces Efcadres, il a plû à Sa Majesté de prendre aujourd'hui la refolution d'envoyer des, ordres à tous les Comman→ dans des Côtes & Ports de cette Peninfule, pour ne permettre en aucune manière à ladite Efcadre entière, ni à aucun des Vaiffeaux qui la compofent, d'aprocher, ni d'entrer dans aucun Port de toute l'Espagne; & en cas qu'elle veuille avoir des Provifions, ou faire de l'eau, il lui fera feulement permis de les aller chercher avec un petit nombre de chaloupes mediocres..

Voilà ce que Sa Majefté m'a ordonné de notifier à Votre Excellence pour votre plus grande iuftruction. Je vous envoye en même

tems

tems l'ordre pour des chevaux de Pofte, afin que l'expedition du Courier ne foit point differée.

Je fuis, &c.

DON JEAN BAPTISTE DE ORANDAYN.

Memoire de Monfieur Stanhope au Roi d'Efpagne, du 25. Septembre 1726.

LE

SIRE,

E fouffigné Ambaffadeur Extraordinaire & Plénipotentiaire de Sa Majefté Britan nique ayant envoyé a fa Cour les Lettres dont les copies font ci-jointes, que le Marquis de la Paz & lui fe font écrites le 17. & le 19. du mois d'Août dernier, au fujet de l'arrivée de l'Efcadre Britannique fur les Côtes d'Espagne, reçut hier, par un Courier extraordinaire, ordre de représenter là-deffus à Votre Majef té, que le Roi fon Maitre a été très furpris tant du ftile, que de la fubftance des fufdites Lettres du Marquis de la Paz, dans lesquel les on s'eft fervi d'expreffions, & on a fait des demandes qui ne font point ordinaires entre les Miniftres de Princes, qui vivent en amitié ensemble, & que le Roi ne peut pas concevoir comment Votre Majefté a pû s'alarmer de ce que la Flotte du Chevalier Jens nings a paru fur les Côtes de Saint Andere, puifque le Marquis de la Paz lui-même avouë,

l'Amiral, dès qu'il fut arrivé, avoit alluré aux Gouverneurs Espagnols, qu'il n'étoit

D 4

point

« PreviousContinue »