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qu'Elle fait dans la Mer Baltique, n'ont d'autre but que de fe maintenir en état, fuivant l'exemple du feu Empereur fon Epoux, de pouvoir donner à fes Alliez les fecours néceffaires, & de remplir les engageinens dans lefquels Elle est entrée avec eux; comme auffi de défendre fa perfonne, fes Royaumes & Sujets contre toute furprise ennemie, & de pouvoir s'oppofer avec vigueur à ceux qui voudroient lui chercher querelle.

Telle a été la veritable intention de Sa Majefté Imperiale, qui n'a dû caufer d'ombrage à aucune autre Puiffance, & dont on a eu auffi peu de raifon de s'allarmer, que de prendre en mauvaise part que Sa Majesté Imperiale fonge à affermir la tranquillité dans le Nord à affurer le repos de fes Royaumes & Sujets, & qu'Elle prenne pour cela les mesures convenables.

Au furplus, Sa Majesté Imperiale fait auffi favoir à Mr. l'Envoyé Extraordinaire, qu'Elle fe trouve obligée de demander au Roi de Dannemarc, fi Elle ne doit pas regarder comme une rupture ouverte la démarche extraordinaire & inouïe que Sa Majefté Danoise a faite d'envoyer une Efcadre de fes Vaiffeaux de guerre jufque dans la Rade de Sa Majesté Imperiale devant Revel, de l'y avoir jointe à I'Efcadre Angloife, & de l'y avoir fait refter jufqu'à prefent fans en avoir donné préalablement aucune connoiffance à Sa Majesté Imperiale; ce qu'on auroit dû faire néanmoins conformément à l'ufage & à la raifon, fi on ne vouloit que cette Efcadre fût regardée comme Ennemie, non plus que celle du Roi de la Grande Bretagne, qui a tenu la même

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conduite en l'envoyant dans la Mer Baltique.

Mr. l'Envoyé Extraordinaire eft requis au nom de Sa Majefté Imperiale, de procurer au plutôt là deffus une déclaration précile du Roi fon Maître, & de la communiquer à Sa Majefté Imperiale, afin qu'Elle puiffe prendre les mefures néceflaires pour fa fûreté, & pour la confervation du repos dans le Nord. Quant au refte, Sa Majefté accorde à Mr. le Confeiller d'Etat & Envoyé Extraordinaire fa faveur Imperiale.

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Quelques tems après ces Déclarations, les Miniftres de l'Imperatrice de Ruffie firent courir dans le public des billets imprimez qui contenoient ce qui fuit.

A Majefté Imperiale de toutes les Ruffies ayant appris avec un grand étonnement, que le Miniftere d'Angleterre a infinué, tant à la Nation Britannique, qu'à plufieurs autres Cours, par fes Miniftres, des chofes tout à fait infoutenables, fans qu'on ait craint d'offenfer la verité & la juftice; comme fi Sa Majesté étoit en effet entrée en engagement avec le Prétendant, pour lui procurer par fon fecours la Couronne de la Grande Bretagne. Et voyant que ces nouvelles ne font inventées qu'au préjudice des intérêts de Sadite Majefté, Elle a donné ordre de déclarer à toutes les Puiffances de l'Europe, qu'Elle n'a jamais contracté aucun engagement avec le Prétendant, & qu'Elle regarde ces nouvelles débitées par les Miniftres Anglois, comme de veritables & pures calomnies, auffi malicieuses qu'indignes que les honnêtes gens y ajoutent foi;

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le Miniftere d'Angletere ne les ayant inventées que pour tâcher de couvrir les injuftes démarches, & l'animofité qu'il a fi ouverte. ment témoigné à l'égard de Sa Majesté Imperiale; & voulant même par ce moyen, non feulement juftifier ce violent procedé auprès de la Nation Britannique qui fe trouve tou jours avec l'Empire Ruffien dans une parfaite amitié; mais encore chercher à la pouvoir porter ainfi que les autres Puiffances, à la même animofité contre Sa Majesté Imperiale.

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Afin de faire connoitre d'un autre côté ,, que la Cour de Ruffie ne s'en prenoit pas à la Nation Britannique, & peut-être afin d'animer le Peuple contre le Roi, par un ,, artifice que Coriolan & Annibal mirent autrefois en œuvre devant Rome, lorf ,, qu'ils épargnerent les Terres & les Mai,, fons des Senateurs & des Grands, pendant ,, que leurs Troupes pilloient & bruloient ,, celles des Plebéïens, l'Imperatrice fit publier la Declaration fuivante à l'imitation ,, du feu Empereur Pierre le Grand.

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ATHERINE, par la Grace de Dieu Imperatrice de toute la Ruffie. Sçavoir faifons à tous & un chacun qu'il apartiendra, qu'ayant confideré qu'à la vûë d'une puif fante Efcadre, que Sa Majefté de la Grande Bretagne a envoyé dans la Mer Baltique, & qui a jetté l'ancre à une petite distance de notre Port de Revel, n'ayant peut-être autre deffein que d'entreprendre contre nous quelques hoftilitez, & de troubler enfuite la tranquillité du Nord, fans que nous ayons don

né.

né envers Sa Majesté de la Grande Bretagne aucune occation à un procedé de cette nature. Les Negocians de la Nation Britannique, qui font leur Commerce dans nos Etats, pourroient aprehender fort facilement, puifque Sadite Majefté témoigne de nous être fi contraire, que par cette raison, & en cas que ladite Efcadre vint à quelque voye de fait con-. tre nous, leurs Perfonnes, Vaiffeaux & Effets pourroient être en danger & expofez à de. groffes pertes. Nous fommes au contraire, malgré la conduite fi opofée de Sa Majefté Britannique tendante à exciter de nouveaux troubles dans le Nord, fincerementintentionnée, de maintenir avec foin l'amitié & bonne correspondance, qui a fubfifté pendant fi longues années entre les Nations de l'Empire de Ruffie & de la Grande Bretagne, au plus grand avantage des deux Nations, & de continuer à permettre non feulement aux Negocians de la Grande Bretagne leur libre Commerce dans nos Etats, fans aucun empêchement, mais auffi de leur faire fentir toute forte de faveur & avantage, dont ils auront befoin pour l'augmentation de ce Commerce; afin de faire voir d'autant plus à tout le Monde, fur tout à la Nation Britannique, notre fincere intention pour l'affermiffement de l'amitié établie depuis fi long-tems entre les deux Empires..

Nous avons à ces caufes trouvé à propos, de declarer inceflamment par celle-ci notre intention, & d'affurer chacun des Marchands negocians de la Nation Britannique, ainfi que tous en général, que, nonobftant que par Sa Majefté de la Grande Bretagne, & par l'Ef

cadre

cadre envoyé dans la Mer Baltique, il fut commis quelque acte d'hoftilité, lefdits Marchands negocians n'en fouffriront aucunement, ni en leurs perfonnes, ni en leurs effets ou Vailleaux entrans ou fortans de nos Ports, deforte qu'ils pourront à present auffi bien qu'à l'avenir, à l'exemple de toute autre Nation avec lefquelles nous vivons en amitié, faire & continuer librement & fans aucun fcrupule leur negoce dans nos Etats, fuivant qu'ils le trouveront convenir à leur profit & avantage, & être affurez à tout évenement de notre gracieufe protection & affiftance; à moins que par leur propre faute ou conduite, ils ne fe rendent fufpects. En foi dequoi nous avons figné nous-mêmes notre gracieufe Declaration, & l'avons fait publier de la maniere accoutumée. Donné à St. Petersbourg le 21. Juin 1726.

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C'eft vers le tems que les Pièces, que l'on vient de lire, parurent, que Monfr. ,, Haagen Secretaire d'Etat écrivit la Lettre ,, fuivante. Le bruit s'étoit repandu que l'on negocioit à Petersbourg un accommodement entre le Roi de Dannemarc & le ,, Duc de Holstein, par raport au Duché de ,, Slefwick, & que Monfr. Weftphale, Miniftre Danois à la Cour de Ruffie, avoit fait quelques propofitions fur ce fujet. Les Miniftres Danois eurent ordre de contrarier ces bruits publics dans toutes les Cours conformement au contenu de cette Let

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tre. Tome IV.

P

Lestre

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