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ques, & des Déclarations menaçantes de fes Miniftres, mais on attend encore à voir la vigueur avec laquelle on y promet de redres fer l'affaire de Thorn; que fait-on fi les pau vres Proteftans de Pologne n'auroient pas été beaucoup plus heureux, fi le Roi d'Angleterre ne fe fut pas intéreffé pour eux, de la maniere qu'il a fait. Ils feroient peut-être abîmés il y a long-temps, malgré les Harangues fieres de Mr. Finch, fi la Ruffie ne les protegeoit encore, à cause de l'intérêt qu'elle y prend, par rapport aux differends de la Religion Grecque. Mais on eft accoutumé il y a'long-tems, à voir le Roi de la Grande Bretagne fe fervir du prétexte de la Religion pour faire ouvrir la bourfe à fes Sujets pour couvrir fes deffeins intéreffés. Le Mémoire en fournira encore d'autres preuves.

La derniere chofe que notre Ministtre met à charge à la Suede eft, qu'elle n'ait pas accepté, comme il dit en propres termes,

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les

fuites des cas de fecours qu'elle s'eft obli,, gée de fournir, qui doivent aller au delà du double de ce que les Commiffaires ont offert à l'Angleterre, par rapport au Traité d'Hanovre. Outre qu'on ne comprend pas trop bien Ice que le Miniftre veut dire par ces fuites des cas: quel befoin, de grace, y a-t'il d'en accepter dans une alliances purement défenfive, qui n'en peut jamais fuppofer d'autre, qu'une aggreffion injufte contre un des Alliés? S'il prenoit jamais envie à l'Empereur, de donner atteinte à la caufe Proteftante, ne deviendroit-il pas aggreffeur par là, & auroit-il le moindre prétexte de reclamer le fecours de la Suede en vertu de fon

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Acceffion au Traité de Stokholm. Outre cela, fi probablement l'Angleterre n'a jamais betoin de reclamer l'affiftance de la Suede, comme nôtre Miniftre le dit plus bas, pourquoi le récrie-t'il ici fur ce que la Suede s'eft engagée de fournir des fecours au double à l'Empereur, contre ce qu'on lui offre? on eft ordinairement fort indifferent fur ce dont on croit fe pouvoir paffer.

Après les reproches que nôtre Miniftre vient de faire à la Suede, le tour vient à fes Alliés I accufe ces Puiflances, que felon les apparences, & felon plufieurs avis dignes de foi, Elles ne veulent pas trop de bien à la Couronne de la Grande Bretagne, ni à la Succeffion Proteftante; il entend fans doute les deux Cours Imperiales ; & voilà en partie le mystère du Traité d'Hanovre découvert. Ne fait-il pas fentir clairement par là , que c'eft proprement contre l'Empereur, & contre la Ruffie, que cette Alliance éft concluë? Le Prétendant même doit être mis ici en jeu, pour ébloüir les Anglois, & pour couvrir d'autres deffeins, qu'on a un extrème intérêt de dérober à leur connoiffance, & qui révolteroient certainement une Nation, qui de tout temps a obfervé religieufement les regles de l'honneur & de l'équité; mais on a réfuté fi fouvent ce prétexte frivole, & l'Imperatrice de Ruffie vient de le faire fans réplique, par fa réponfe à la Lettre du Roi d'Angleteire que l'Amiral Wager lui a apporté, qu'on a lieu d'étre furpris que le Miniftre y ait voulu 're

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Au refte, que ces prétendus avis foient

fon

fondés ou non, la Suede n'y a aucune part, & Elle fera toûjours en état de fatisfaire, quand le cas exiftera, à la garantie où Elle s'eft obligée par fon alliance avec l'Angleterre en 1720.

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Ce qu'il dit dans la fuite, ne mérite pasmoins d'attention malgré ces délais, pourfuit-il, qui euffent pu juftement rebuter les bonnes intentions de Sa Majesté envers 5,, la Suede, Elle veut néanmoins bien mon,, trer fon exactitude à remplir fes engage,, mens, & fon attention à fecourir la Suede, & à lui faire anticiper les fruits de fon ,, Acceffion, en envoyant dans la Mer Bal,, tique une puiffante Efcadre, fans en avoir ,, été requise. A entendre parler le Miniftre Anglois, on diroit que le Roi fon Maître ne fût pas obligé de fecourir la Suede, en vertu de fon Traité de 1720. qui n'eft pourtant pas encore expiré, & ne le fera qu'en quatre ans d'ici. C'eft amitié, c'eft générosité toute pure, dont la Suede lui doit tenir grand compre. Elle lui en tiendroit certainement, fi le danger où le Roi d'Angleterre fuppofe ce Royaume, étoit réel, ou du moins feulement apparent. Mais d'où peut venir une promptitude fi rare, & fi peu ufitée? D'où vient que le Roi d'Angleterre fait offre & parade de fa Flotte, lorfque l'on n'en a aucun befoin? après qu'on a vu autrefois la même Flotte regarder de fang froid, qu'on brûloit & faccageoit cruellement un Royaume Proteftant, toujours allié à l'Angleterre, & dont celle-ci, au dire du Miniftre Anglois toujours été attentive à conferver le repos. Peut on nier qu'elle reftoit

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alors

alors dans cette inaction impitoyable, unique ment pour mettre le couteau à la gorge à la Suede, & pour la contraindre à ceder à l'Electeur de Bronfwic & Lunebourg des Duchés fort à fa bienléance? Mais quelle peut être la raifon à préfent d'une conduite fi contraire Le Miniftre le découvre affez, lorfqu'il dit, que le Roi d'Angleterre a ordonné à fon Amiral de fe rendre en Suede en perfonne, pour affurer Sa Majefté Suedoite, tant par lettre que de bouche, de l'amitié & de la droiture de fes intentions, & en même tems de s'informer fi Sa Majefté Suedoife fe croyoit en quelque danger immediat par l'armement de fes voifins; dans ce cas là de concerter des mesures plus précises avec Elle & fes Miniftres, pour la défense, & l'avantage de la Suede.

Ce prétexte eft beau & généreux, mais avoiton befoin d'un Amiral avec une forte Efcadre, pour s'informer fi Sa Majesté Suedoife avoit quelque chofe à craindre? Sa Majefté n'auroit-elle pas répondu fur un fimple Mémoire du Miniftre, comme elle vient de répondre à l'Amiral, qu'ayant une alliance défenfive avec la Ruffie, Elle ne fe croyoit pas en danger de ce côté là, ou plutôt le bon fens ne dictoit-il pas la même chose? Outre ce qu'on a dit plus haut des intentions de la Ruffie à l'égard de la Suede, il eft conftant, qu'Elle ne peut pas défirer de faire des Conquétes fur ce Royaume au delà de ce qu'Elle poffede déja; mais lui peut-il tomber dans l'efprit, de faire perdre à fon Gendre l'affection de la Nation Suedoife, qu'il ménage avec tant de foin, & à laquelle il a

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facrifié jufques ici tout ce qui a été dans fon pouvoir de facrifier; d'ailleurs, l'Imperatrice eft d'un fexe qui affecte rarement ou jamais le nom éclattant de Conquerant. Mais po fons le cas, que contre les intérêts, contre fes inclinations, & contre l'amour qu'Elle porte à fon Gendre, l'Imperatrice de la Ruffie eût de mauvais deffeins contre la Suede, n'auroit-Elle pas accepté les propofitions que Mr. de Weftphalen, Miniftre de Dannemarc lui a faites de la part de fon Maître dans une Conference formelle, de s'allier étroitement avec Elle, & de contribuer à faire avoir au Duc la Succeffion de la Couronne de Suede pourvû qu'Elle veuille à fon tour lui garantir la poffeffion du Duché de Schlesvic. Se feroit-Elle employée, comme Elle a fait à porter le Roi de Pruffe de donner fatis faction fur ce qui s'étoit paffé à Berlin à légard du Comte Poffe, pendant que les Garants du Traité de Paix entre la Suede & la Ruffie, les Rois de France & d'Angleterre ne fe font pas donné le moindre mouve ment pour terminer ce different? pour jouer à jeu fûr, le bon fens ne lui auroit-il pas dicté de profiter de toutes les mauvai. fes difpofitions qu'Elle auroit pu remarquer auprès d'autres Puiffances, pour fe lier étroitement avec Elles contre la Suede ? N'auroit-elle pas moins rifqué, en faisant desconcert avec d'autres & en bonne compagnie, ce qu'on fuppole fans fondement, qu'Elle veut faire feule à préfent.

"

Il est donc évident, que l'Efcadre Angloife n'eft pas venue dans la Mer Baltique, pour garantir la Suede de quelques dangers M f

puil

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