riaux qui devaient valoir comme lois de l'Eglise (u). C'étaient les canons des apôtres et des dix conciles déjà cités, les canons du synode de Carthage déjà recueillis dans la collection ci-dessus indiquée et exploitée par Photius, les décrets d'un synode tenu sous Nectarius à Constantinople (394), les décisions canoniques de douze patriarches et prélats de l'Orient du troisième au cinquième siècle; enfinle canond'un concile tenu soussaint Cyprien à Carthage (256). A cela il faut ajouter les cent deux canons que le synode in Trullo émit lui-même, et vingt-deux canons décrétés au septième concile œcuménique, second de Nicée (787). Tel fut le corps du droit ecclésiastique d'Orient jusqu'à la moitié du neuvième siècle (v). Alors il s'augmenta de dix-sept canons du synode tenu sous Photius contre le patriarche Ignace et ses adhérents (861), et de vingt-sept ou, selon les manuscrits grecs, quatorze canons du huitième concile œcuménique assemblé à Constantinople (869). Mais ce concile, annulé par Photius, après sa réintégration, en un synode tenu dans l'église de Sainte-Sophie (879), cessa, dans le progrès du schisme, d'être reconnu par les Grecs. Photius s'efforça d'y substituer ce même synode qui, entre autres dispositions, avait rendu trois canons disciplinaires. $ 71.- 2) Recueil de Photius (x). Photius songeait aussi à compléter la collection des canons. Dans ce but il prit pour base, sans en retrancher même la préface, le recueil ci-dessus mentionné (§ 69), et le compléta, comme il dit dans un appendice à cette préface (y), avec les textes de date ultérieure. Son recueil se divise donc aussi en deux parties. La première contient, selon la table qui la précède (z), les quatre-vingtcinq canons des apôtres, les dix conciles souvent cités, les canons du synode de Carthage de 419, le canon du synode de Constantino (u) C. 7. D. XVI. Ce texte demande à être complété et corrigé par le texte grec. (v) Une collection composée à peu près de ces matériaux est celle qu'a publiée du Tillet sous le titre: Decreta Apostolorum et sanctorum conciliorum ex editione Joan. Tilii. Paris. 1540.4. La seconde partie devait contenir les décisions canoniques; mais elle n'a point paru. La première a été réimprimée sous le titre: Apostolorum et SS. Conciliorum decreta e canonicorum divi Hilarii Pictaviensis et Augustana bibliotheca græce et lat. edita a M. Elia Ehingero Witeb. 1614. 4. (w) Ce synode tenu en deux fois à raison d'une interruption est de là nommé primo-secunda, πρώτη καὶ δεύτερα. (x) Biener de collect can. eccles. græc. §. 4., Novellen S. 202-10. Beiträge S. 34-38., Heimbach Ανέκδοτα p. XLVII-LIV. (y) Justell. T. II. p. 792. 793. Dans un manuscrit de Paris il existe une préface particulière non encore imprimée, qui semble indiquer un travail itératif, Biener de Collect. p. 23. (2) Justell. T. II. p. 793-95. 1 ple de 394 (a), cent deux canons du sixième synode (6), vingtdeux canons du septième concite œcuménique, dix-sept canons du synode de Constantinople de 861, enfin des décisions canoniques des saints Pères. Le concile de Constantinople de 879 n'est point indiqué dans la table, ni relaté dans la seconde partie; pourtant la préface en fait expressément mention, et en effet il figure avec ses trois canons dans la collection même (c). Sont du reste entièrement omis les canons de plusieurs des saints Pères désignés par le concile in Trullo, et le canon du synode tenu à Carthage sous saint Cyprien (256) (d). Quant à la seconde partie, le Nomocanon, Photius l'a laissée tout à fait intacte; il n'y a ajouté que les simples citations de canons ultérieurs, et aussi, selon qu'il l'annonce à la fin de sa préface, de sources séculières. Au même endroit il date son travail de l'année 6391 ou 883 de notre ère (e). $ 72. - C) Depuis Photius jusqu'à nos jours. 1) État du droit ecclésiastique grec. a) Sources et recueils des sources. Le recueil de Photius ne paraît pas avoir obtenu immédiatement, à cause de la seconde déposition de celui-ci sous Léon (886), une autorité sans réserve; mais après qu'au dixième siècle sa mémoire eut étéremise en honneur, son recueil vint forten vogue. On continua néanmoins à employer concurremment celui de Jean le Scolastique (f). Cependant les sources séculières subissaient (a) Il n'est pourtant pas ainsi classé dans la collection méme, mais tout à fait le dernier par le motif indiqué à la fin de la table. C'est aussi à cette place qu'il se trouve dans Bevereg. T. I. p. 678. Il est cité dans le Nomocanon Tit. IX. Cap. XIII. (b) Sous ce nom est compris ici, conformément à l'usage des Grecs, le synode in Trullo. (c) Bevereg. T. I. p. 360-64. (d) Il est cité dans le Nomocanon Tit. XII. Cap. XIV. Mais la forme différente de la citation dénote qu'elle est d'un autre temps. (e) Cette seconde partie est imprimée sous le nom de Nomocanon: Photii Nomocanon græce cum versione latina Henrici Agylaei et commentariis Theod. Balsamonis. Christ. Justellus ex Bibliotheca Palatina nune primum edidit. Lutet. Par 1615. 4. La meilleure édition s'en trouve dans Justell. T. II. p. 815-1140; la première partie au contraire n'est pas encore intégralement imprimée. Dans les manuscrits le Nomocanon précède la grande collection, conformément sans doute à la disposition de Photius lui-même. Ces deux parties forment un tout, et c'est à tort que la première a été imprimée isolément comme un ouvrage distinct. (5) Cela résulte d'un petit poème didactique en soixante-quinze vers, composé par Michel Psellus pour l'empereur Michel Ducas, vers l'année 1071, et contenant l'énumération des matières du Nomocanon. Cette énumération concorde, à l'exception de quelques additions tirées des épitres canoniques des saints Pères, avec les matières du recueil de Jean le Scolastique. Ce poème a d'abord été édité par Fr. Bosquet à la suite de la Synopsis du même Psellus à Paris 16:32. 8., pnis dans Meermann novus thesaur. T. I. p. 77. d'importants changements. Dès le règne d'Héraclius (610-641) le latin avait cessé d'être la langue des affaires. Par suite on ne consultait plus les collections de Justinien dans le texte original, mais en diverses traductions et compilations. Cet état de choses déter mina à la fin du neuvième siècle les empereurs à faire composer, d'après les ouvrages usités alors, une collection nouvelle, les Basiliques; elles furent naturellement employées aussi en matière ecclésiastique. Toutefois, comme elles n'abrogeaient pas les livres de Justinien et leur laissaient au contraire une autorité simultanée, on continua longtemps encore dans l'Eglise à se servir des trois anciennes collections formées du droit de Justinien (§. 68); mais peu à peu se répandit dans la pratique civile l'opinion que toute disposition du droit de Justinien qui n'était point passée dans les Basiliques n'avait plus d'autorité, et au douzième siècle ce principe envahit aussi la pratique ecclésiastique. Avec les Basiliques furent reçus dans l'Eglise grecque les extraits promulgués par les empereurs Basite et Léon; du moins ils ont été, comme en témoignent les manuscrits, transcrits souvent avec les collections canoniques (g). Les matières ecclésiastiques continuèrent d'ailleurs à faire l'objet de constitutions impériales, notamment de Léon le Philosophe (+911), Constantin Porphyrogénète (+961), Alexis Comnène (+1118), Jean Comnène (+1143), Isaac l'Ange (1185-90). Pareillement le droit ecclésiastique s'accrut toujours de décrets synodaux que les patriarches de Constantinople émettaient avec le concours des évêques voisins, d'épîtres canoniques d'illustres prélats, de décisions de ceux-ci sur des questions à eux adressées, et de petites dissertations sur diverses parties de ce droit. Beaucoup de ces matériaux furent copiés en appendice, mais sans ordre et sans choix, à la suite des recueils de sources (h). $ 73.- b)Commentaires. Les dispositions canoniques, conçues dans un sens purement pratique, étaient faciles à comprendre ainsi qu'à appliquer, et ne de Il ne contient rien de plus que cette énumération. C'était donc une grave erreur de le compter, comme on a fait jusqu'à la quatrième édition de ce manuel, parmi les livrés élémentaires et travaux scientifiques sur le droit canonique. On y avait été amené par je nom tout à fait arbitraire de Synopsis canonum qui lui avait été imposé. C'est aussi sans fondement que Doujat a pris un autre poème du même Psellus sur le dogme pour la première partie de cette prétendue Synopsis. (g) On connaît trois Compendium de cette sorte, dont deux ne sont pas encore imprimés. Le troisième se trouvé dans Leunclavii Jur. Græco Roman. Т. П. р. 79. (A) Löwenklau en a réuni un grand nombre dans sa première partie. Ainsi le second livre de cette partie contient des novelles des empereurs en matière ecclésiastique; le troisième et le quatrième, des décrets synodaux des patriarches, toutefois sans aucun ordre; le cinquième et le sixième, des épitres, décisions et autres pièces semblables. mandaient le secours d'aucun traité scientifique. Aussi ne fut-ce que vers la fin du huitième siècle que parut un commentaire très court et encore inédit de Théodore Prodrome sur les canons (i). Mais la masse toujours croissante de sources écrites, dont partie provenait d'un passé tout autre, devait enfin faire sentir le besoin d'un travail scientifique plus étendu. Le vaste recueil de Photius offrait pour cet objet une base convenable. La principale partie de ce recueil, qui renferme les conciles et les épîtres canoniques fut enrichie vers 1420 d'explications assez développées par le moine ét historien connu Jean Zonaras. Vers 1170 Théodore Balsamon soumit au même travail tant cette partie que l'extrait systématique, le Nomocanon. Les annotations de Zonaras concernent principalement le sens littéral; celles de Balsamon, au contraire, s'occupent plutôt de la solution de questions pratiques, de la conciliation d'anomalies apparentes, et du rapport des canons aux lois séculières; son principe régulateur est que la prééminence appartient aux canons, et que les dispositions du droit de Justinien ne sont demeurées valables même pour l'Eglise qu'autant qu'elles ont passé dans les Basiliques. Conséquemment il se livre dans ses Scolies sur le Nomocanon à une soigneuse comparaison des textes y cités du droit de Justinien avec les Basiliques. Du reste, le grand recueil de Photius n'a pas entièrement conservé dans ces commentaires sa forme primitive; ainsi l'ordre des conciles est changé, et les conciles œcuméniques sont tous placés en tête; de plus il y a été ajouté diverses pièces, notamment le concile de Carthage tenu sous S. Cyprien (k) et les canons de plusieurs saints Pères nommés par le concile in Trullo, mais omis par Photius. Vraisemblablement ces changements proviennent de Zonaras (1). (1) Ces données reposent sur le témoignage du Grec Nic. Comnenus Prænotiones mystagogicæ ex jure canonico (Patav. 1696. fol.) p. 409. D'autres renseignements encore sont consignés dans Fabric. Biblioth. græc. T. XI. p. 45. 46. (k) Il se trouve dans Bevereg. T. I. p. 365-72. (1) Des Commentaires de Zonaras il a été édité: d'abord une traduction de ses Scolies sur les canons des Apôtres par Joa. Quintin, Paris 1558; puis la traduction latine de ses explications des décrets des concilés par Ant. Salmatia, Milan 1613; ensuite cette traduction avec le texte grec, Paris 1618; enfin ses commentaires sur les épitres canoniques, Paris 1622. Les commentaires de Balsamon ont paru d'abord en traductions latines, l'une de Gentian Hervet, Paris 1561. fol., l'autre d'Henri Agylaeus, Bâle 1561. fol. Peu après parut, mais d'après des manuscrits défectueux, la collection entière avec les com mentaires grecs et la traduction d'Hervet sous le titre suivant: Canones SS. Apostolorum, conciliorum generalium et provincialium, SS. Patrum epistolæ canonicæ. Præfixus Photii Nomocanon. Omnia cum commentariis Theodori Balsamonis. E bibl. Jo. Tilii. Lutet. Par. 1620. fol. L'édition faite par Justeau du Nomocanon avec les Scolies a été insérée par son fils, foutefois avec des corrections, dans la Bibliothèque du droit canonique qu'il a éditée en 1661. Le grand recueil sans le Nomocanon a été de nouveau publié par Beveridge dans son Synodikon (1672) où il fait suivre chaque fragment du $74.- c) Abrégés des recueils de canons. Pour faciliter l'étude du droit on fit aussi des abrégés des recueils de canons (m). Il en existait un, dès le cinquième siècle peut-être, sous le nom d'Etienne d'Ephèse: on y ajouta les extraits d'autres pièces insérées depuis dans les collections canoniques. Un épitome ainsi augmenté est imprimé sous le nom du maître et logothète Si. méon (n); sa division se rapproche de celle de Zonaras et de Balsamon. La synopsis, imprimée sous le nom d'Aristène (o), renferme les mêmes matières; seulement l'arrangement erf est autre, et se rapproche davantage de celui que Photius indique dans sa préface. Cette synopsis fut aussi augmentée, et vers 1160 pourvue de scolies par Alexis Aristène (p). Enfin les épîtres canoniques et d'autres pièces y furent encore ajoutées en extraits (q). Une autre synopsis fut composée vers 1255 par Arsène, moine du mont Athos, à l'aide tant des collections canoniques ordinaires que de celle en quatrevingt-sept chapitres (r). En outre Constantin Harmenopule écrivit vers 1350 un épitome du droit ecclésiastique en six sections pour lequel il se servit, selon qu'il l'expose dans la préface et sauf omission de quelques pièces, de la collection de Photius remaniée par Zonaras (s). On doit aussi mentionner ici la collec texte d'abord du commentaire de Balsamon, puis de celui de Zonaras. Toutes ces éditions présentent donc en même temps les collections de Photius lui-même, seulement avec les changements et additions usités alors. Le Synodikon de Beveridge a été collationné avec trois manuscrits par Jo. Chr. Wolf Anecdota græca sacra et profana. T. IV. p. 113.. (m) Voir pour plus amples renseignements sur ce point Biener de collect. Can. eccles. græc. p. 32-36., J. W. Bickell dans les Jahrbücher der gesammten deutschen juristischen Litteratur. Zehnter Band. Erlangen 1829. S. 164-169. Ne trouvant pas de données suffisamment établies pour classer ces extraits d'après leur date sous des époques fixes, nous les présentons ici réunis. (n) Il se trouve dans Justell. T. II. p. 710-748. Les conjectures sur sa date d'après ce nom sont tout à fait sans fondement. (0) Elle se trouve dans Justell. T. II. p. 673-709. C'est à tort, comme l'a déjà montré Beveridge, qu'on l'a produite sous le nom d'Aristène Celui-ci n'en a composé que les Scolies. (p) Cette Synopsis, augmentée et munie de scolies, a été insérée par Beveridge dans la première partie du Synodikon, mais par fragments qui sont intercalés avec leurs scolies à la suite des commentaires de Balsamon et de Zonaras sous chaque canon dont ils présentent l'abrégé. La classification a conséquemment dû se fondre dans celle de Zonaras. (q) Ces extraits se trouvent sans pagination dans Beveridge au second volume immédiatement à la suite des épîtres canoniques. (r) Elle est imprimée dans Justell. T. II. p. 749-84. Une sylloge du chartophylax Arsène et une secunda collectio canonum du même sont mentionnées par Nic. Comnenus Prænotion. Mystagog. ex jure canon. p. 192. 210. 219. (s) Il ne se trouve que dans Leunclav. Jur. Græc. Rom. T. I. Lib. I. |