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et un concile; puis, lorsqu'on se fut habitué à cet état de choses, il institua le saint synode (1721) comme collége permanent sous l'autorité du czar et le fit sans peine reconnaître par le patriarche même de Constantinople (1723). Quant à la doctrine de l'Eglise russe elle est durant ces changements restée au fond la même : témoin la confession de Pierre Mogilas et les différents traités de doctrine (z). La constitution ecclésiastique russe a servi de modèle dans le nouveau royaume de Grèce. Une déclaration royale rendue le 23 juillet (4 août) 1833 avec l'adhésion des évêques, y a totalement soustrait l'administration de l'Eglise à l'influence du patriarche pour la conférer à un saint synode permanent sous l'autorité du roi et du ministère créé à cet effet (a).

$ 24. - II. Principes fondamentaux de l'Église d'Orient.
A) De l'Église en elle-même.

L'Eglise d'Orient repose comme l'Eglise catholique sur la croyance. en Jésus-Christ, sauveur et rédempteur du monde, et en son Eglise une, sainte, catholique et apostolique (b), dès lors la seule vraie et conduisant à la béatitude (c); elle enseigne également que l'Eglise du Christ consiste non dans une communauté invisible et purement spirituelle, mais dans la réunion des fidèles sous l'autorité de ses chefs et pasteurs visibles, vraiment institués par le Saint-Esprit comme représentants du Christ, son chef suprême et invisible (d).

(z) Christianæ orthodoxiæ theologiæ in Academia Kiovensi a Theophane Procopowicz ejusdem Academiæ rectore postea archiepiscopo Nowogrodiensi adornatæ et propositæ. Regiom. 1774. VII. vol. 8. Doctrine orthodoxe ou abrégé de la Théologie chrétienne à l'usage de Sa Majesté Impériale Paul Petrowitsch, par le Hiéromonaque Platon, actuellement archimandrite du monastère de Troitz. (traduit du russe en allemand. Riga 1770. 8.)

(a) Pour plus amples renseignements cons. G. K. von Maurer das griechische Volk in öffentlicher, kirchlicher und privatrechlicher Beziehung. Heidelb. 1835. 3 Th. 8. (b) Orthod, confess. Part. I. qu. 83. Ecclesiam (docemur) esse unam, sanctam, catholicam et apostolicam.

(c) Platon Doctrine orthodoxe Part. II. §. 28. Rem.: L'Église est Une, parceque de tout temps il n'y a eu qu'une foi, qu'une base de foi, qu'un chef de l'Eglise, qui est le Christ: il n'y a qu'une voie à la béatitude. - Or, la vérité de notre Eglise orthodoxe gréco-russe s'établit sur des preuves indubitables. Nous en concluons donc que notre Eglise orthodoxe est non seulement la véritable, mais l'Eglise une et identiquement la même depuis le commencement du monde.

(d) Orthod. conf. Part. I. qu. 85. Docemur Christum solum ecclesiæ suæ caput esse. - Tametsi vero antistites in ecclesiis, queis præsunt, capita eorum dicuntur: sic illud tamen accipiendum, quod ipsi vicarii Christi, in sua quisque provincia, et particularia quædam capita sint. - Synod. Hierosol. a. 1672. capit. X. (Harduin. T. XI. pag. 239). Credimus ecclesiam - omnes prorsus in Christo fideles comprehendere : eos videlicet, qui ad patriam nondum pervenere, sed etiamnum peregrinantur in terris. Nequaquam vero hanc quæ in via, cum ea quæ in patria est, ecclesiam confundimus. - Hujus autem catholicæ ecclesiæ - caput est ipse Dominus noster Jesus

tution fut du reste fixée d'une manière plus précise dans plusieurs réglements que la Porte-Ottomane a confirmés par ses édits et mis au rang des priviléges de l'Eglise (y).

§ 23. - D) De l'Église en Russie et dans le royaume de Grèce.

Dès le neuvième siècle le christianisme s'était de Constantinople répandu chez les Russes, mais son empire n'y devint général qu'après le baptême du grand-duc Wladimir (988). Des évêques et prêtres de l'Eglise grecque eurent bientôt achevé la conversion du peuple, et dès cette époque ou selon d'autres documents en 1035, un métropolitain fut établi à Kiow pour toute la Russie. Sa nomination et son sacre appartenaient au patriarche de Constantinople. Par cette union avec l'Eglise grecque l'épiscopat russe se trouva naturellement enveloppé dans le schisme de cette Eglise, et les préjugés contre l'Occident sucés dès l'origine furent tellement fortifiés par l'ignorance de ces temps qu'ils résistèrent aux tentatives de réunion effectuées par Innocent III (1208), Honorius III (1227) et Innocent IV (1248), et renouvelées au seizième siècle. Cet état de choses ne souffrit aucune atteinte pendant la soumission des grands-ducs à la domination des Tartares (1240-1481); le clergé et les moines se virent même décharger de la capitation imposée en 1257 et reçurent des kans tartares des jarliks ou lettres de franchise qui assuraient à l'Eglise la protection des souverains et le maintien de ses droits. Dans cet intervalle le siége du métropolitain fut transféré de Kiow à Wladimir (1299), puis à Moscou (1328); c'est de là que le vénérable et savant métropolitain Isidore vint prendre une part active au concile de Florence et à la réunion qui y fut conclue; malheureusement il dut à son retour céder à l'opposition du grand-duc Wasile III Wasiliewitsch. Profitant alors des conjonctures, ce prince, au lieu de déférer au patriarche l'élection d'un nouveau métropolitain, y procéda lui-même et se borna à faire reconnaître par ses évêques le nouvel élu (1447). Par là il s'émancipa de la dépendance gênante du patriarche grec, et s'empara de la suprématie. Iwan III Wasiliewitsch alla plus loin encore; il conféra de sa propre main l'investiture avec le bâton pastoral. Enfin, pour ne le céder en rien à l'Eglise grecque, Féodor i Iwanowitsch éleva son métropolitain à la dignité de patriarche (1589) et détermina les quatre autres patriarches à le reconnaître. Tel fut l'état des choses jusqu'à Pierre loo; celui-ci dans le sentiment de l'autocrate trouva trop puissante encore l'influence du patriarche, et résolut de s'en débarrasser entièrement. A la mort du patriarche Adrien (1700), il ne lui nomma point de successeur et attribua l'exercice de sa charge à un exarque

(y) On trouve des données sur ce point dans ΑΠΟΛΟΓΙΑ Ιστορική Καὶ Κριτική Ὑπερ Τοῦ Ἱεροῦ Κλήροῦ Της ̓Ανατολικῆς Ἐκκλησιας Κατὰ Τών Συκοφαντιῶν Τοῦ ΝΕΟΦΥΤΟΥ ΔΟΥΚΑ Συγγραφεῖσα Παρα Κυρίλλου Κ. Καὶ Ἐπιμονον Ζητησεν Τῶν Ομογενων, 1815 (sans date de lien).

et un concile; puis, lorsqu'on se fut habitué à cet état de choses, il institua le saint synode (1721) comme collége permanent sous l'autorité du czar et le fit sans peine reconnaître par le patriarche même de Constantinople (1723). Quant à la doctrine de l'Eglise russe elle est durant ces changements restée au fond la même : témoin la confession de Pierre Mogilas et les différents traités de doctrine (z). La constitution ecclésiastique russe a servi de modèle dans le nouveau royaume de Grèce. Une déclaration royale rendue le 23 juillet (4 août) 1833 avec l'adhésion des évêques, y a totalement soustrait l'administration de l'Eglise à l'influence du patriarche pour la conférer à un saint synode permanent sous l'autorité du roi et du ministère créé à cet effet (a).

$ 24, - II. Principes fondamentaux de l'Église d'Orient.
A) De l'Église en elle-même.

L'Eglise d'Orient repose comme l'Eglise catholique sur la croyance. en Jésus-Christ, sauveur et rédempteur du monde, et en son Eglise une, sainte, catholique et apostolique (b), dès lors la seule vraie et conduisant à la béatitude (c); elle enseigne également que l'Eglise du Christ consiste non dans une communauté invisible et purement spirituelle, mais dans la réunion des fidèles sous l'autorité de ses chefs et pasteurs visibles, vraiment institués par le Saint-Esprit comme représentants du Christ, son chef suprême et invisible (d).

(z) Christianæ orthodoxiæ theologiæ in Academia Kiovensi a Theophane Procopowicz ejusdem Academiæ rectore postea archiepiscopo Nowogrodiensi adornatæ et propoDoctrine orthodoxe ou abrégé de la Théologie sitæ. Regiom. 1774. VII. vol. 8. chrétienne à l'usage de Sa Majesté Impériale Paul Petrowitsch, parle Hiéromonaque Platon, actuellement archimandrite du monastère de Troitz. (traduit du russe en allemand. Riga 1770. 8.)

(a) Pour plus amples renseignements cons. G. K. von Maurer das griechische Volk in öffentlicher, kirchlicher und privatrechlicher Beziehung. Heidelb. 1835. 3 Th. 8. (b) Orthod, confess. Part. I. qu. 83. Ecclesiam (docemur) esse unam, sanctam, catholicam et apostolicam.

(c) Platon Doctrine orthodoxe Part. II. §. 28. Rem. : L'Église est Une, parceque de tout temps il n'y a eu qu'une foi, qu'une base de foi, qu'un chef de l'Eglise, qui est le Christ: il n'y a qu'une voie à la béatitude. - Or, la vérité de notre Eglise orthodoxe gréco-russe s'établit sur des preuves indubitables. Nous en concluons donc que notre Eglise orthodoxe est non seulement la véritable, mais l'Eglise une et identiquement la même depuis le commencement du monde.

(d) Orthod. conf. Part. I. qu. 85. Docemur Christum solum ecclesiæ suæ caput esse. Tametsi vero antistites in ecclesiis, queis præsunt, capita eorum dicuntur: sic illud tamen accipiendum, quod ipsi vicarii Christi, in sua quisque provincia, et particularia quædam capita sint. Synod. Hierosol. a. 1672. capit. X. (Harduin. T. XI. pag. 239). Credimus ecclesiam - omnes prorsus in Christo fideles comprehendere : eos videlicet, qui ad patriam nondum pervenere, sed etiamnum peregrinantur in terris. Nequaquam vero hanc quæ in via, cum ea quæ in patria est, ecclesiam confundimus. Hujus autem catholicæ ecclesiæ - caput est ipse Dominus noster Jesus

De là elle exige l'ensemble et l'unité jusque dans le rite, sans toutefois invoquer plus que l'Eglise catholique à cet égard le principe d'une nécessité absolue (e).

$ 25. - B) Du pouvoir.

L'Eglise d'Orient divise aussi le pouvoir en trois branches: l'administration des sacrements, l'enseignement, le maintien de la discipline (f). En conformité parfaite avec l'Eglise catholique, elle enseigne que ce pouvoir est le partage d'un état spécial qui a commencé dans les apôtres, se continue dans les évêques leurs successeurs (g), et se propage sans interruption par leur ministère au moyen de l'imposition des mains (h). De là elle distingue auprès du sacerdoce spirituel de tous les orthodoxes comme membres sanctifiés de l'Église (i), le sacerdoce sacramentel de ceux qui y

Christus, cujus et clavum ipse tenens, hanc sanctorum Patrum ministerio gubernat': ac singulis propterea ecclesiis, quæ vere ecclesiæ sunt, atque ejus inter membra vere locum obtinent, præpositos et pastores, qui nequaquam abusive, sed verissime capitum instar illis præsint, episcopos Spiritus Sanctus posuit. - Verumenimvero ita necessarium esse dicimus episcopatum, ut eo submoto, neque ecclesia neque christianus aliquis es-e aut dici possit.

(e) Platon Doctrine orthodoxe. II. §. 40. Rem. Il y a dans l'Eglise des rites fixés par les apótres ou leurs successeurs, conservés par la sainteté des temps antiques; ils ne sont pas, il est vrai, absolument nécessaires au salut, mais ont pourtant leur utilité réelle.

(f) Platon Doctrine orthodoxe Part. II. §. 29. Rem.: Le devoir des pasteurs et ministres de la parole est Io° d'instruire la commune; 2o d'administrer les sacrements et de réciter les prières publiques, ainsi de baptiser, de donner la communion, d'entendre en confession, etc... Enfin, le Sauveur a conféré aux pasteurs de l'Eglise le pouvoir de lier et de délier, ou le pouvoir des clefs. Si donc un chrétien incrédule on un pécheur avéré et endurci reste sourd à leur exhortation préalable, ils peuvent et doivent au nom de Jésus Christ, l'exclure de la commune de l'Eglise chrétienne et le déclarer non chrétien.

(g) Synod. Hierosol. a. 1672. capit. X. (Harduin. Tom. XI. pag. 242) Apostolorum successor episcopus, impositione manuum, et sancti Spiritus invocatione, datam sibi a Deo ex successione continua ligandi solvendique potestatem cum acceperit, viva Dei imago est in terris, et auctoris sacrorum Spiritus operationis participatione plenissima, fons omnium ecclesiæ catholicæ sacramentorum, quibus ad salutem pervenimus. - Transiisse autem ad nos usque magnum episcopatus sacramentum et dignitatem, manifestum.

(h) Platon Doctrine orthodoxe Part. II. §. 37. Rem: Dans le gouvernement ecclésiastique la commune, et par elle le Seigneur même, fait choix d'un membre digne. Celui-ci est ensuite consacré prêtre par les pasteurs suprêmes de l'Eglise qui sont les évêques; l'évêque est lui-même sacré par d'autres évêques. La consécration s'opère par invocation du Saint-Esprit et imposition des mains devant la commune, qui alors s'écrie: Il en est digne. Cette consécration par imposition des mains a pris naissance au temps des Apôtres, d'où elle s'est transmise jusqu'à nous sans interruption.

(i) Orthod. confess. Part. I. qu. 108. Sacerdotium duum est generum. Alterum spiri

sont revêtus de fonctions spéciales (k). Enfin, elle reconnaît aussi au sujet du rapport entre les livres saints et l'Eglise qu'ils doivent leur origine et leur autorité à l'inspiration de son enseignement, que dès lors la même autorité divine est à vénérer dans toutes ses autres décisions (l).

$ 26. -C) Ordre hiérarchique.

Pour faciliter l'exercice du pouvoir, le domaine de l'Eglise se subdivise en districts dont chacun possède un évêque comme chef et centre de l'administration ecclésiastique. De ces chefs émanent les autres charges, lesquelles ont plus ou moins d'importance en raison des attributions qu'elles comportent; en premier lieu vient la prêtrise, puis le diaconat que suivent d'autres grades (m). Entre l'évêque et le prètre règne comme dans l'Eglise catholique une diffé

tuale; alterum sacramentale. Comniunione sacerdotii spiritualis orthodoxi omnes Christiani fruuntur. -Atque prout sacerdotium hocce est, ita ejusdem modi etiam fiunt oblationes: nimirum preces, gratiarum actiones, exstirpationes pravarum corporis cupiditatum adfectionumque, voluntaria martyrii propter Christum perpessio; ceteraque hujusmodi.

(k) Orthod. confess. Part. I. qu. 109. Sacerdotium id, quod Mysterium est, apostolis a Christo mandatum fuit: deinceps per manuum illorum impositionem, usque in hodiernum diem ordinatio ejusdem peragitur, succedentibus in locum apostolorum episcopis, ad distribuenda divina mysteria, salutisque humanæ obeundum inministerium. (1) Orthod. confess. Part. I. qu. 72. Quidquid sancti Patres, in omnibus universalibus atque particularibus orthodoxis Conciliis, quocumque tandem loco habitis, statuerunt: id a Spiritu sancto profectum esse, credas oportet. Ibid. Part. I. qu. 96. Ecclesia - habet Spiritum saretum, qui illam perpetuo docet et instruit. - Quando itaque nos in illam credere profitemur; intelligimus nos credere in traditas divinitus sacras illins Scripturas, et inspirata a Deo dogmata. - Hinc adducimur ad fidem habendam non modo sacro Evangelio ab Ecclesia recepto, verum etiam reliquis omnibus sacris Scipturis, et synodicis Decretis. - Jeremias in Act. Wirtemb. pag. 142. Non nobis licet nostræ propræ confidendo explicationi, aliquod divinæ Scripturæ dietum aliter intelligere, animadvertere aut interpretari, nisi quemadmodum theologis istis visum est, qui a sanctis Synodis in S. Spiritu, ad pium scopum, probati receptique sunt.Synod. Hierosol. a. 1672. capit. II. (Harduin. T. XI. pag. 235) Credimus sacras Scripturas a Deo fuisse revelatas, eisque propterea, non quidem ut libuerit, sed secundum ecclesiæ catholicæ traditionem et interpretationem, adhibendam esse fidem omni dubitatione majorem. - Quamobrem eandem esse ecclesiæ authoritatem credimus, quam sacræ Scripturæ. Enimvero utriusque auctor cum sit Spiritus sanctus, perinde est catholicam ecclesiam audieris, ac sacram Scripturam.

(m) Orthod. confess. Part. I. qu. 111. Sacerdotium ceteros omnes in se continet gradus, qui nihilosecius legitimo ordine conferri debent: ut Lector, Cantor, Lampadarius, Subdiaconus, Diaconus. Ad officium Episcopi pertinet, ut in quocumque gradu quempiam constituit, clare et dilucide muneris illius rationes homini exponat, quod ipsi committit: sive divinum Liturgiæ officium sit: sive lectio Evangelii: sive Apostolicarum epistolarum : sive ut sacra vasa gestet: sive ut mundum ecclesiæ servet.

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