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sant, que la minorité a été de 198 membres, et que parconséquent, 80 députés ont seuls déterminé le sort de plus de 50 mille citoyens.

*

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Boissy-d'Anglas, un des membres les plus libéraux de l'Assemblée Constituante, se signala surtout par sa modération et sa fermeté à la Convention Nationale. On sait qu'à la journée de prairial, lorsqu'une populace en révolte, portant la tête du député Ferraud, envahit l'Assemblée, il osa se placer au fauteuil qu'avait abandonné le président, et par son assurance et l'intrépidité de son regard arrêta la fureur des assassins. Déporté sous le directoire, tribun sous le consulat, sénateur sous l'empire, pair de France à la restauration, M. Boissy-d'Anglas a déployé dans toute sa carrière un caractère honorable et les talens d'un homme d'état. On lui doit plusieurs ouvrages qui lui avaient ouvert les rangs de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Il est mort en 1829.

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CHAPITRE VII.

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Rewbell.

Le décret trouvé sublime et rapporté.
Apostasie de Saint-Jean-d'Angely. - Faiblesse de Sieyes.
Flagornerie de Mirabeau envers Sieyes. Lettre de
Sieyes à Brissot. L'influence de Sieyes à l'Assemblée
Nationale. Son silence et ses écrits. Brissot est
appelé au comité de constitution en qualité de publi-
ciste. Sieyes et la députation de Saint-Domingue.
Les colons ducs, comtes et marquis. Marthe de
Gouy. Mot de Louis XVI. - Les libelles de Gouy.
La réponse de Brissot. Le tripot de la compagnie
Le vol des vingt millions.

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des eaux.

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Gouy. Ses

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Portrait de attaques contre M. de La Luzerne. La séance du club des Jacobins. Gouy et Danton. Les députés colons déserteurs de l'Assemblée Nationale et expulsés du club,

Cependant, ce décret déjà si défectueux devait être attaqué quelques mois plus tard par ceux-là même qui en avaient provoqué l'adoption. Robespierre et Pétion, qui marchaient encore ensemble, signalèrent vainement leurs efforts en faveur d'une cause sacrée. Ils devaient être repoussés; mais Rewbell dévoila à tous les yeux la désertion des anciens amis du peuple,

et leur coalition avec les ennemis de tous les temps. Le voile qui couvrait le front de tant de perfides ou de lâches fut déchiré *.

Son discours en cette occasion, et celui de Pétion, valaient bien la peine d'être réfutés; mais il fallait des raisons, il n'y eut qu'étalage de mensonges et de sophismes. L'on était, d'ailleurs, pressé de conclure. On avait pour soi le plus grand argument, la majorité. On fit donc faire la motion de prononcer sans désemparer par Regnault de Saint-Jean-d'Angély, qui oublia en cette circonstance les motifs plus nobles qui l'avaient d'abord inspiré **.

* Rewbell, bâtonnier de l'ordre des avocats et jurisconsulte renommé dans sa province, fut député aux ÉtatsGénéraux par le tiers-état d'Alsace. Il siégea ensuite à la Convention. Après la condamnation de Louis XVI, qu'il avait été un des premiers à provoquer, il resta à l'écart et ne reparut dans la carrière politique qu'après le 9 thermidor. Rewbel, après avoir été membre du comité de sûreté générale et président de la Convention, passa au Conseil des Cinq-Cents, fut nommé l'un des cinq Directeurs de la république; il était président de ce Directoire où siégeaient Barras, Carnot, la Reveillère-Lepeaux et Barthélemy, lorsqu'il fut remplacé par l'abbé Sieyes. Rewbell reparut encore au Conseil des Cinq-Cents et mourut en 1810.

** Regnault de Saint-Jean-d'Angely publiait au commencement de la révolution une feuille politique connue sous le titre de Journal de Versailles. On retrouve dans ce journal l'esprit de modération qu'il montra également à

On se souvient que Fermond désespéré de voir avec quelle funeste légèreté on condamnait à la nullité la classe la plus nombreuse et la plus intéressante des colonies, demanda, avec l'accent de la douleur, qu'au moins on assurât aux citoyens de couleur libres les droits de citoyens actifs, sauf aux assemblées coloniales à statuer sur les conditions d'éligibilité. Larochefoucault et Barrère appuyèrent cet amendement; mais

l'Assemblée Constituante, où il avait été appelé par le baillage de Saint-Jean-d'Angély. Il coopéra aussi, avec Garat, Lacretelle, etc., à la rédaction du Journal de Paris, ainsi qu'à celle de l'Ami des Patriotes, feuille dans laquelle il attaqua souvent Brissot. Après le 10 août, il eut le bonheur de faire oublier l'intérêt qu'il avait témoigné à la cause monarchique. Employé à l'armée d'Italie, il s'y attacha à la fortune de Bonaparte, auquel il resta fidèle jusqu'au dernier moment; il avait rempli, près de lui, les premières charges de l'État, et était devenu le conseiller intime de la famille impériale. En 1814, il avait suivi l'impératrice Marie-Louise à Blois, et défendu, en 1815, les droits du jeune roi de Rome à la Chambre des Représentans. Proscrit par la loi d'amnistie, il s'embarqua pour l'Amérique. Revenu en France après quatre ans d'exil, il expira le jour même de son retour à Paris. On lit sur sa tombe cette inscription, que l'auteur de Marius, son beau-frère, y a fait graver:

Français, de son dernier soupir

Il a salué la patrie!

Un même jour a vu finir

Ses maux, son exil et sa vie.

les Lameth, les d'Aiguillon, soutenus de tout le côté droit, excitèrent un désordre effroyable, et parvinrent ainsi à triompher. L'amendement fut rejeté, et l'Assemblée Nationale révoqua, le 24 septembre, le décret qu'elle avait trouvé sublime le 15 mai. Sieyes eut la faiblesse (pour ne rien dire de plus) de se retirer au moment de l'appel nominal. Cette faiblesse caractérise encore sa conduite aujourd'hui; mais s'il manqua de force et d'énergie devant les intrigans de l'Assemblée Nationale, doit-on s'étonner qu'il soit sans courage devant les anarchistes de la Convention *?

*

« Dans cet ordre d'alignemens, dit M. de Montlosier, je n'ai compris, ni dû comprendre l'abbé Sieyes; de même, parmi les journaux, je ne comprendrai pas te Moniteur. Par suite d'une loi générale, le mouvement de la terre emporte, soit qu'ils le veuillent ou qu'ils ne le veuillent pas, tous les êtres qui sont à sa surface dans une direction donnée. Jeté dans le mouvement de la révolution, le Monitear a eu pour principe de se laisser emporter de même dans toutes ses directions; il a eu ainsi, selon qu'elles se sont succédé, les teintes monarchique, constitutionnelle, girondine, jacobine, impériale; il s'est placé en façon d'homme d'aile qui n'a rien à faire que de répéter des signaux, ou comme un écho qui rend indifféremment tous les sons.

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Sieyes a eu pour système de suivre le même mouvement. Se jetant, par sa volonté, dans la première caverne qui s'est trouvée devant lui, il a continué de glisser dans toutes les cavernes qui ont remplacé successivement la première; à la différence du Moniteur, qui a rendu tous les sons, il n'en a rendu aucun. Il s'est fait remarquer à

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