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neste du plus infortuné et de plus vertueux de nos rois.

Mais si, à côté de ces deux exemples terribles des excès auxquels peuvent se porter les passions déchaînées, nous ouvrons le livre de l'histoire, nous y voyons aussi les œuvres des Jésuites.

par leur inspi

Henri III fut assassiné ration. Les attentats multipliés sur la personne du bon Henri, furent leur ouvrage et ils n'abandonnèrent l'auguste victime qu'après l'avoir fait tomber sous leurs

coups.

La conjuration des poudres en Angleterre, en France les massacres de la SaintBarthélemi, les fureurs de la ligue, la proposition de l'expulsion des Bourbons, les troubles religieux de la fin du règne de Louis XIV, et ceux qui agitèrent le règne de Louis XV, furent encore leur ouvrage et l'inspiration de leurs doctrines. Enfin l'assassinat d'un roi de Portugal si

gnala les derniers momens de leur exis

tence.

L'histoire, l'impartiale histoire dira que les Jésuites ont causé plus de maux aux peuples, et fait tomber plus de rois de leurs trônes que les assemblées populaires les plus violentes.

On connaîtra parfaitement les Jésuites en lisant avec attention une lettre écrite Jean de Palafox, évêque en 1649. Cette lettre est insérée dans ce recueil. On peut l'analyser ainsi.

au pape Innocent X par

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Les Jésuites servent les

gouvernemens » et l'église quand l'église et les gouver»> nemens leur sont soumis. Mais si l'église » et les gouvernemens ne font pas tout ce

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qu'il leur plait, ils en deviennent les plus

dangereux et les plus cruels ennemis, »

PROCÉDURE

CONTRE

L'INSTITUT ET LES CONSTITUTIONS

DES JÉSUITES.

A

UNE époque où l'invasion des Jésuites s'annonce ouvertement, et où un nouveau débordement de leur doctrine menace à-la-fois les peuples et les rois, il n'est pas sans intérêt de reméttre sous les yeux du public une analyse du grand procès qui amena leur destruction, et les fit expulser par tous les gouvernemens civilisés.

Personne n'ignore que l'examen de leurs constitutions et des doctrines qu'ils enseignaient, eut lieu à l'occasion du procès que leur intentèrent les sieurs Léoncy frères et Gouffre, négocians, à Marseille, et que le supérieur général, et en sa personne les corps et société des Jésuites, furent condamnés à acquitter la somme de

1,502,276 l. 2 s. 1 d., portée aux lettres-dechange tirées par le frère la Valette, jésuite, sur lesdits négocians, et en outre à 50,000 l. de dommages et intérêts à leur profit et en tous les dépens. (Arrêt du 8 mai 1761).

Dans le cours de ce procès, deux mémoires furent publiés, l'un pour les Jésuites, l'autre pour leurs parties adverses. Ces mémoires discutèrent avec trop d'éclat les Constitutions des Jésuites, pour qu'un membre du parlement crût pouvoir se dispenser de présenter à cette cour quelques observations, que ces mémoires (ce sont ses expressions) fournissent naturellement, qu'ils rendent même indispensables. (Assemblée des chambres sur les Constitutions des Jésuites, 17 avril 1761.)

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Que penser,

Ce magistrat, dans le compte qu'il rend des Constitutions des Jésuites, se livre à un examen trop long pour être consigné dans cette notice. Il se livre aux réflexions suivantes : Messieurs, d'un institut où >> tout est mystérieux, incertain, variable, qui »> ne présente dans ses vœux, dans ses règles, » dans ses membres, dans son essence et dans >> son existence, dans l'habillement même du >> plus grand nombre de ceux qui le composent, » que de l'incertitude et de l'instabilité? D'un

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» institut dont la résolution d'y vivre et d'y >> mourir sous l'obéissance du général, semble>> rait être le lien le plus fort, le caractère uni» que, et qui pourrait, au moyen de ce que, » sur quatre classes de jésuites, il y en a trois qui peuvent souvent n'en pas porter l'habit, » se trouver tout à-la-fois répandu et caché » dans toutes les conditions, toutes les profes»sions, et peut-être même dans toutes les religions? mais de quelle conséquence d'ail» leurs ne paraîtront pas, dans tout état policé, >> les constitutions d'un pareil institut, si l'on » considère la nature et la forme de son gou» vernement, la condition particulière et uni» que de celui qui en est le chef, la condition >> commune et générale de tous ses membres

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>> sans aucune exception? que le corps des jé>> suites se gouverne par un général, des

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pro

vinciaux, des recteurs ou préfets; d'une part >> une bulle de 1591 prononce que le fondateur » de l'institut des jésuites a voulu que le régime

en fût monarchique dans toutes ses parties; » mais elle ajoute que ce fondateur a voulu que >> tout dépendît de la décision et de la volonté » du seul général. Elle loue ce gouvernement, » comme formant l'essence de l'institut, par » deux raisons; la première, que ce genre de

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