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» toutes les lois! craignent-ils donc que

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leurs propres sujets en soient instruits? » et si ce corps d'institut ne renferme que >> des lois sages, et qui ne respirent que l'esprit de l'évangile, ne devrait-on pas » les mettre dans les mains de tous? II y » a donc du mystère dans le système du » gouvernement ce gouvernement n'est » donc point en tout analogue aux maxi» mes de la religion. Serait-ce sur ce principe que la trente-huitième règle com» mande expressément de ne communi» quer aux externes ni les constitutions »> ni les autres livres qui contiennent l'ins>>titut ou les priviléges de la Société ; que » le général Aquaviva, en 1584, avertit » les provinciaux d'y tenir la main exacte» ment, diligentissime, que la cinquième assemblée générale ordonne que ce quelle prescrit ne soit pas communiqué à tous les membres de la Société, mais aux seuls >> supérieurs; qu'on ne montre pas aux

» novices les constitutions dans leur entier, » mais seulement un abrégé, également » destiné pour les Jésuites et pour les étran» gers, quand on sera obligé, cùm oportebit, de les montrer aux derniers. >>

>>

Tel fut le récit fait par M. Joly de Fleury, telles furent les paroles prononcées au nom du parquet du parlement de Paris, composé alors des Joly de Fleury, des Séguier, des Barentin, de ces magistrats qui ont vécu entourés de l'estime et de la confiance de leurs contemporains, et qui ont laissé après eux de si beaux modèles; de ces magistrats plus recommandables encore par leur indépendance que par leurs talens; de ces magistrats qui, revêtus des plus brillantes fonctions, ne pensaient pas que la qualité de fonctionnaires leur imposât l'obligation de dépouiller le titre plus honorable de citoyens, et qu'il fallût être servile pour prouver sa fidélité.

La seconde question se résout aussi facilement.

C'est le devoir d'un bon citoyen de remettre sous les yeux du public les motifs qui réunirent contre les Jésuites tous les parlemens du royaume, toutes les universités, une portion nombreuse du clergé, et une foule d'hommes recommandables par leurs principes religieux et monarchiques, parce que les dangers qui résulteraient de leur influence actuelle seraient

beaucoup plus grands qu'à l'époque de leur destruction.

En effet, il existait alors de puissantes barrières pour atténuer les dangers qui pouvaient naître contre l'ordre social, de leur institut et de leurs doctrines. Les universités libres et indépendantes entretenaient une lutte qui les arrêtait.

Les parlemens, par une noble et courageuse résistance, répoussaient l'invention des doctrines ultramontaines, dont les Jé

suites étaient les soutiens, et par les appels comme d'abus, conservaient intacts les droits de la puissance temporelle et les libertés de l'église gallicane. Le clergé luimême ne désavouait pas la doctrine de Bossuet, et, tout en respectant l'évêque de Rome comme centre d'unité, il repoussait les prétentions de sa cour, contraires aux maximes de notre église et aux lois de l'état.

Il n'en est pas de même aujourd'hui. Les universités n'existent plus avec leurs libertés, leur indépendance, leurs franchises. Une université unique à la tête de laquelle est un conseil sous la dépendance du ministre de l'intérieur, voilà tout ce qui existe. Quelle résistance en attendre ?

Les appels comme d'abus sont encore écrits dans nos lois, mais ils sont confiés au conseil d'état, à un corps sans existence légale, composé de membres amovibles; à la volonté d'un ministre, par conséquent

sans stabilité, sans jurisprudence fixe, et qui ne peut offrir les mêmes garanties, ni faire espérer la même résistance que des corps de magistrats inamovibles et indépendans.

Enfin une partie du clergé actuel a cru devoir déserter la doctrine de Bossuet, et croit trouver dans une union plus étroite avec la cour de Rome, et dans une soumission plus aveugle à son chef, une force plus grande et une influence qu'elle regrette.

Dans un tel état des choses, et avec des institutions si mal calculées pour la résistance, quels ne seraient pas les dangers de l'invasion des Jésuites et du débordement de leurs doctrines ?

Si, malgré les résistances anciennes, ils ont causé de si grands maux, que ne pourraient-ils pas faire aujourd'hui ?

Nous gémissons tous sur le coup fatal qui frappa Charles Ier, et sur le sort fu

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