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fes de largeur. Les maifons dont elle eft environnée font décorées d'une architecture uniforme. Les fêtes des taureaux ne

fe font pas fouvent à Madrid, parce qu'el les font d'une grande dépenfe. Lorfque notre voyageur étoit dans cette ville, on en fit une à Caramchel Ariba, village qui eft à une grande lieue de Madrid. Comme M. Silhouette n'avance dans la relation de cette fête aucune circonftance dont il n'ait été lui-même témoin, on verra fans doute cette relation avec plai fir. La fêre fe fit dans une grande place, environnée de tous côtés par des échafauds en forme d'amphithéâtre & des loges. Il y a des tambours, timbales & trom pettes qui fonnent l'attaque du taureau, & les autres circonstances du combat au figne que le magiftrat fait avec fon mouchoir. Ces taureaux font noirs & ne font pas d'une grande taille. Premierement on excite le taureau avec des dards qu'on lui enfonce entre les deux cornes au - deffus du col. Les Torréadores, c'est ainsi que l'on nomme ceux qui combattent le taureau à pied, badinent avec le taureau en lui préfentant leur manteau. Ils favent efquiver avec adreffe le coup de cet animal furieux, prefque fans bouger de leur

place. Le taureau ferme les yeux en frappant, le Torréadore fait un demi-pas de côté en effaçant le corps. Le taureau ne frappe que l'air : il fe retourne, revient fur le Torréadore qui recommence le même manége, & le fait fouvent fept à huit fois de fuite. Lorfque les trompettes fonnent pour la feconde fois, les Torréadores quittent le dard, & prennent l'épée avec laquelle ils attaquent le taureau en face & le mettent à mort. Alors les trompettes fonnent pour la troifiéme fois quatre mules caparaçonnées entrent, & enlevent le taureau de la lice. Parmi ces dards que l'on fiche au col du tau`reau, il y en a un où il y a un petard attaché afin de l'exciter de plus en plus. On tua dans cette fête douze taureaux, & plufieurs ne durerent que quatre minutes, & moins encore, ayant été atteints mortellement du premier coup. Quand un Torréadore fait un coup extraordinaire, le magistrat lui jette une pièce d'argent. y eut dans cette fête quatre ou cinq Torréadores renverfés par terre, fans qu'il leur arrivât de mal. Un taureau fauta dans l'amphithéâtre qui eft élevé de plus de cinq pieds, mais il ne bleffa perfonne. Avant que de pouvoir fe retour

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ner, il reçoit plus de trente coups ou d'épées ou de hallebardes qui le repouffent dehors & qui fouvent le tuent roide. Tous ceux qui font au premier rang onc leurs épées nues à la main, & ils piquent le taureau, lorfqu'il paffe le long des barrieres. Lorfqu'un Torréadore eft pour fai vi vivement, il faute au-delà de la barriere fur l'amphithéâtre; il y a même le long de la barriere une petite planche faillante qui leur fert à appuyer le pied & leur donne la facilité de franchir la barriere. On lâche contre le dernier taureau plufieurs chiens vigoureux qui s'attachent à fes oreilles & à fon col: alors beaucoup d'Efpagnols fortent de l'amphithéâtre, le piquent avec leur épée & cherchent à lui porter le coup dans le cœur : ce détail n'eft pas gracieux, mais il est néceffaire pour faire connoître les Espagnols. Les Papes n'ont jamais pu venir à bout d'interdire aux Efpagnols ce plaifir barbare & cruel. Il y eut dans cette même fête un gentilhomme qui combattit le taureau à cheval. Il fit, avant le combat, trois fois le tour de la place dans le caroffe du duc d'Offone, qui lui fervoit de parrain dans cette fête. Il parut enfuite à cheval: il étoit fort court fur les étriers,

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avoit une felle un peu plus forte qu'une felle à la royale, moins forte qu'une felle à piquer. Il avoit deux efpéces de pages à pied, habillés de damas blanc & rouge, en pourpoint & en manteau, comme on repréfente dans un tableau ou dans une fête l'ancien habit d'un Efpagnol galant. Ces pages fervoient à préfenter les dards & à tenir la felle, parce que la réfiftance du coup eft fort grande. Les dards font longs d'environ trois pieds: ils font d'un bois fort léger & font armés de fer. Le cavalier tient l'extrémité du dard dans la paume de la main, & en efquivant le taureau, lui enfonce le dard entre les deux cornes, avec une fi grande force que le dard fe brife; la moitié refte dans. la main du cavalier & l'autre moitié dans le col du taureau. Le coup eft rarement frappé affez jufte pour être mortel, enforte que ce font les Torréadores qui achevent le taureau.

M. Silhouette fe plaint au commencement de fa relation de ce que nous n'avons point de voyages intéreffans d'Italie; mais, lorfqu'il écrivoit ceci, MM. Richard & Lalande n'avoient point encore publié, le premier, fes mémoires & le fecond,fon voyage d'Italie.

Mémoire fur les Argilles, ou recherches fur les expériences chymiques & phyfiques, fur la nature des terres les plus propres à l'agriculture & fur les moyens de fertilifer celles qui font ftériles; par M. Baumé, maître apothicaire de Paris & démonftrateur en chymie; brochure in-12. A Paris, chez P. F. Didot le jeulibraire, quai des Auguftins. Prix

1 liv. 4 f.

Ce mémoire avoit concouru à un des prix que l'académie de Bordeaux avoit propofé pour l'année 1767, fur les argilles, en ces termes : Quels font les principes qui conftituent l'argille & les changemens naturels qu'elle éprouve, & quels feroient les moyens de la fertilifer. L'académie n'ayant point été fatisfaite des ouvrages qui lui ont été préfentés, elle a remis ce prix pour l'année 1769. L'auteur a refondu fon mémoire, & après l'avoir confidérablement augmenté, l'a envoyé une feconde fois au concours; mais il n'a pas été plus heureux, & l'académie propofe de nouveau le même fujet pour l'année

1773.

L'auteur de ce bon mémoire, en renonçant de concourir pour la troifiéme fois,

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