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pieds du lit qu'elle alloit profaner. Quand elle eut repris l'ufage de fes fens, elle appréhenda un fouvenir funefte; & prenant un vafe où étoit renfermée une liqueur affoupiffante, dont elle ufoit tous les foirs pour le procurer quelques heures de fomfe meil, elle double la dofe, ne prononce que ces mots, Dieu! Dieu! avale le breuvage & s'endort fur un fauteuil.

Le colonel, vers le minuit, fe rend chez Jenny, trouve fa porte entr'ouverte, jouit du fruit de fes crimes... & le monftre fe croit heureux.

Vers le point du jour le fommeil léthargique de Jenny fe diffipe; elle voit à fes côtés le tyran & ne doute plus de fon opprobre. -Barbare, s'écrie- t'elle, je n'accufe que moi de tant d'infamie, je te pardonne, fuis & rends moi mon époux.

Votre époux, dit le colonel; il vous attend dans la place publique : venez, Jenny... & voyez. A ces mots, il l'entraîne vers la fenêtre du cabinet, l'entrouvre, & lui montre le cadavre de Sydnei, fufpendu à un gibet de trente pieds... Ah! monftre, s'écrie-t'elle... Elle dit & tombe morte à fes pieds.

la

Ce recit eft fondé fur un fait réel, & preuve morale qu'on en doit tirer en

faveur de l'immortalité de l'ame eft plus forte qu'aucun argument métaphyfique. Elle doit frapper le théologien comme le philofophe, & l'artifan comme le géo métre, parce que tous ces êtres font fenfibles. Pour peu qu'on refléchiffe, ajoute l'auteur, fur ce mouvement d'ofcillation dans la fociété, qui tend à placer d'un côté les biens & le bonheur, & de l'autre la mifére & l'opprobre, on verra qu'il y a des milliers d'hommes auffi malheu-reux que Jenny, & peut être moins coupables. Quand il n'y en auroit qu'un seul, l'induction contre la Divinité eft auffi terrible; fi ce malheureux eft anéanti, ce monde est l'ouvrage d'un mauvais principe, la providence eft une chimère & Dieu eft le plus affreux des tyrans. Je nais avec le germe des maladies les plus cruelles; je m'en confole par la tendreffe d'un pere, & il me deshonore; je me jette dans les bras de ma patrie, & elle me persécate; je prie l'Etre Suprême de m'enlever dans fon fein, & il m'anéantit. Quelle eft la religion où mon exiftence ne foit point alors le crime de la Divinité? Quel eft le légiflateur qui ait droit de m'inter dire le blafphême de Brutus? Mais fi l'ame eft immortelle, comme nous ne pouvons en douter, qu'importe à l'homme

vertueux la nature & les hommes? Dieu lui refte, & le problême eft expliqué.

Le quatrieme volume de la philofophie de la nature que l'auteur promet de publier dans le courant de cette année, aura pour objet la théorie du corps humain. Il y fera parlé des questions curieufes de la circoncifion, de l'onanifme, de la mutilation, du fuicide, &c. Ce volume completera la partie du droit naturel qui regarde les devoirs de l'homme envers Dieu & envers lui-r ême. On pourra auffi le regarder comme un volume détaché.

Cette philofophie morale fera égale, ment le livre de l'homme inftruit & de celui qui ne l'eft point, par le foin qu'a pris l'interpréte de la nature de parler un langage à la portée de tout le monde & d'animer ce langage par des fictions & des images qui ne peuvent manquer de plaire, aux perfonnes fur tout qui ne jugent le plus fouvent que par fentiment.

Traité du légitime Miniftere de l'Eglife; par M. l'Abbé Eymeric, docteur en théologie, prieur-curé de Celle-neuvelès Montpellier; 2 vol. in-12. A Páris, de l'imprimerie de C. Defprez,

imprimeur du Roi & du Clergé de France.

La lecture refléchie des Peres a infpiré à l'auteur le projet de cet ouvrage & fon zèle ardent pour la religion l'a porté à le développer. Le premier objet de M. l'abbé Eymeric, dans cet ouvrage estimable, eft de défarmer le fchifme en l'attaquant fur l'irrégularité des pouvoirs de fes miniftres. Le refpectable auteur établit à cet effet des principes généraux dont l'évidence porte tout le monde à les refpecter; & il tire de ces principes les conféquences les plus claires, les plus lumineufes & les plus convainquantes par leur liaifon & leur unité. Il caractérife les légiti mes pafteurs, les montre où ils font & la véritable églife fe manifefte d'elle même. Comme l'objet de cet auteur eft nonfeulement de confondre les raisonnemens des fchifmatiques, mais encore de maintenir dans de juftes bornes les eccléfiaftiques du fecond ordre, il examine les préténtions d'un auteur qui, vivant extérieurement dans l'unité, a voulu fouftraire tous les eccléfiaftiques du fecond ordre à l'autorité fupérieure des évêques & les porter à faire l'œuvre de J. C. dans l'indépendance. Il oppofe à cet auteur les

loix les plus générales de l'églife, les maximes les plus fuivies, les autorités les plus faintes, les faits hiftoriques les plus averés. A ces autorités qui font celles de la foi, de la raifon & de l'évidence, il réunit d'autres autorités qui conduifent à des démonftrations fenfibles. Cette matiere importante peut être regardée comme la feconde partie de cet Ouvrage qui, indépendamment des grands principes qu'il préfente, doit intéreffer tous les lecteurs par les favantes recherches dont il eft rempli.

L'Art de fe traiter foi même dans les Maladies vénériennes, & de fe guérir de leurs différens fymptomes; ouvrage fondé fur une nouvelle théorie de ces maladies, & dans lequel on explique d'une maniere plus vraisemblable l'opération des remedes employés à leur traitement; par M. *** docteur-régent de la faculté de médecine en l'univerfité de Paris; vol. in-8°. A Paris, chez J. P. Coftard, rue St Jean-deBeauvais.

Les maladies vénériennes auroient fait moins de progrès dans la fociété fi l'ouvrage que nous annonçons eût été publié

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