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Baron de Zur - Lauben, maréchal de camp. dans les armées du Roi, & capitaine au régiment des Gardes-Suiffes. L'Heureufe Pêche, comédie pour les ombres à fcènes changeantes; repréfentée pour la premiere fois au château de ***. le 22 Décembre 1767, in-8°. A Paris, chez le Jay, libraire, rue St. Jacques, au - deffus de celle des Mathurins, au Grand Corneille.

Ce font des ombres parlantes qui jouent ici la comédie. L'ombre de Colin, pauvre pêcheur, s'apperçoit que fon filet pefe beaucoup fur fes épaules, quoiqu'il n'y ait pas de poiffon. Il regarde, il trouve un vafe d'or qui grandit peu à peu; il ôte le couvercle. Il en fort au milieu d'une épaiffe fumée le Génie Elemaliga, détenu prifonnier dans ce vafe pour s'être révolté contre le fouverain des Efprits Aëriens. Le prifonnier, pour prix du fervice qui lui eft rendu, favorife Colin dans fes amours, lui communique le pouvoir de fe rendre invifible, & le fait triompher, par ce moyen, de Philippe fon rival. Il y a dans cette pièce d'autres fcènes d'enchantement, qui font ici représentées avec une forte de vrai

femblance, par le moyen d'un méchanifme affez fimple. On met au lieu de la toile qui ferme le théâtre,des papiers huilés bien tendus. On place enfuite une bougie ou deux jointes enfemble, à fix ou fept pieds de diftance du papier huilé. Les acteurs qui fe trouvent entre ce papier & la lumière, projettent leurs ombres fur le tranfparent. Mais il faut fuppofer que ces acteurs ont toujours l'attention de fe montrer de profil, fans quoi le fpectateur, au lieu défigures, ne verroit qu'une maffe noire. Tout le monde fçait que plus on éloigne un objet du trafparent qui re. çoit fon ombre, plus cette ombre grandit. C'est par ce moyen que le vase qu'a trouvé Colin paroît croître à vue d'œil. Lorfque ce même Colin veut fe rendre invifible, il faute par-deffus la lumière, & les fpectateurs ne l'apperçoivent plus. Il eft facile d'imaginer d'autres jeux de théatre que ce méchanifme favorife. On pourroit employer encore avec plus de fuccès la lumière admife à travers des papiers huilés, pour donner à la fcène d'un payfage ou d'une autre décoration d'opéra, cette vérité, cette harmonie de tons qui féduit dans les tableaux des meilleurs payfagiftes Flamands. M. Al

garotti dans fon effai fur les fpectacles Lyriques, dit avoir vu à Bologne à l'occalion de ces fpectacles que l'on a coutume d'y dreffer dans la femaine fainte un barbouillage appliqué fur la muraille de l'églife & des figures de carton, qui, quoique proches de l'œil, acqueroient par le moyen d'une lumière introduite à travers des papiers huilés figurés en fenêtres, un certain fini qui faifoit illufion; les figures paroiffoient être d'un trèsbeau marbre. Certainement, ajoute - t-il,

n théâtre éclairé avec un pareil artifice deviendroit un lieu enchanté ; & c'est pour lors, que l'on feroit pleinement perfuadé du grand avantage que nous avons fur les anciens, de faire nos repréfentations fcéniques aux lumières.

Eloge de la Ville de Moukden & de fes environs, Poëme compofé par KienLong, Empereur de la Chine & de la Tartarie, actuellement régnant, accompagné de notes curieufes fur la géographie, fur l'hiftoire naturelle de la Tartarie orientale, & fur les anciens ufages des Chinois; compofées par les Editeurs Chinois & Tartares. On y a joint un pièce de vers fur le Thé, compofé par le même Empereur.

Traduit en François par le P. Amiot, miffionnaire à Pekin, & publié par M. Deguignes Volume in- 8°. grand papier. Prix, 4 liv. 16 f. broché. A Paris, chez N. M. Tillard, libraire, Quai des Auguftins, à St. Benoît.

Ce Poëme a un caractère d'originalité, auquel il feroit difficile de fe méprendre; & aucun lecteur ne fera fans doute tenté de le confondre parmi ces ouvrages compofés à Paris, & qu'un écrivain infidèle, qui même n'a pas fouvent l'attention de fe mettre au fait des mœurs, des ufages ou des coutumes qu'il veut imiter, annonce tranquilement comme traduit de l'Arabe, du Tartare, de l'Indien, &c. Cependant M. Deguignes pour établir encore plus sûrement l'authenticité de cet ouvrage, rend compte dans un avertiffe. ment, de la manière dont ce manufcrit eft parvenu en France. L'année dernière. le Pere Amiot, miffionnaire à Pekin, dans le deffein d'augmenter la nombreuse collection de livres orientaux que poffede la bibliothéque du Roi à Paris, adreffa à M. Bignon, bibliothécaire du Roi, ung caiffe qui contenoit plufieurs livres trèscurieux. Parmi ces livres, éroit l'original

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Tamare & Chinois du Poëme de l'Einpereur Kien-Long, actuellement réguant, avec la traduction faite par le même P. Amiot. Mais, comme les Chinois ne veulent pas que les étrangers s'inftruifent de leur langue ni de leur littérature, ont forma beaucoup de difficultés à la douane de Canton pour laiffer paffer ces livres. Ces difficultés ont fait retenir la caiffe, qui n'arriva que dans le courant de cette année. En attendant, le directeur de la Compagnie des Indes à Canton, crut devoir retirer de la caifle la traduction Françoife qu'il a envoyée à fa destination. M. Bignon, à qui le manufcrit a été remis, l'a communiqué à M. Deguignes pour l'exa. miner & le publier, s'il étoit poffible. Le fçavant acadécimien, perfuadé qu'il feroit reçu favorablement de tous ceux qui aiment étendre leurs connoiffances, apporta le plus grand foin, afin qu'il fût imprimé avec exactitude. Ce Poëme eft accompagné de plufieurs notes qui font partie de l'ouvrage même, & qui ont été compo fées fous les yeux de l'Empereur. Ces notes ont pour objet l'hiftoire naturelle & la géographie de la Tartarie orientale. Elles font d'autant plus intéreffantes, qu'elles nous font connoître beaucoup de

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