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pitié d'une malheureufe fille qui ne vous a rien fait... Refpectez ma foibleffe... DORVAL fils, la preffant plus vivement. Si vous étiez moins jolie, vos larmes m'attendriroient.

ROSE fe jettant aux genoux de Dorval fils. De grace ne me perdez pas... Eh! Monfieur, je vous en conjure...

PRÉMESNIL à Dorval. Ne fais pas l'en

fant.

DORVAL fils. Non, non... Allons, il faut que je vous embraffe.

ROSE. Oh ciel!... au fecours, au fe

cours.

DORVAL fils. Vous criez envain... Dorval pere fort du cabinet dans le mo

ment.

SCÈNE V.

DORVAL pere, DORVAL fils, PREMESNIL, ROSE, DUBOIS.

DORVAL pere, à fon fils.

Arrête, malheureux...

DORVAL fils. Mon pere!..

PREMESNIL. Son pere!.. (Il s'enfuit.)
ROSE fe jetant dans les bras de Dorval

pere. Ah! Monfieur, rendez-moi la vie & l'honneur...

DORVAL pere. Soyez tranquille, mon enfant... Et vous! (à fon fils) confidèrez la victime que vous vouliez immoler. Fils indigne! jetez, fi vous l'ofez, jetez Ies yeux fur cette vertueufe fille que vous prétendiez rendre complice de votre libertinage!

ROSE à Dorval pere. Ah! Monfieur, ne lui en dites pas davantage; il fe repent, fans doute, de ce qu'il a fait, & je fuis contente.

DORVAL pere. Je ne le fuis pas, mon enfant, l'offenfe qu'il a commife eft affreufe, & je veux qu'il la répare. (à fon fils.) Tombe à fes pieds.

DORVAL fils. Moi, mon pere!...
DORVAL pere. Toi-même...

ROSE à Dorval pere. Non, Monfieur, je vous en conjure.

DORVAL pere. Il n'a pas rougi de vous voir aux fiens; il a bravé les prieres de l'innocence en larmes, & fon crime ne peut s'expier qu'à vos genoux. (à son fils). Tombes-y, te dis-je, ou crains ma malédiction,

DORVAL fils. Eh bien! m'y voilà... Suis-je affez humilié!

DORVAL pere. Crois-tu l'être en rendant hommage à la vertu que tu voulois deshonorer, & penses-tu que Mademoifelle puiffe être flattée de la réparation que le crime eft obligé de lui faire?

ROSE à Dorval fils. Relevez-vous, Monfieur, & foyez perfuadé que j'ai tout oublié.

DORVAL fils. Ah! Mademoifelle; vous me confondez... Mon pere, je fuis coupable, je l'avoue, mais pardonnez à ma jeuneffe & rendez-moi votre amitié que je mériterai déformais par la conduite la plus fage.

DORVAL pere. Je veux en avoir des preuves; mais attendez-vous à paffer fix mois, un an peut-être, dans la retraite que je vous ai fait préparer.

DORVAL fils. Oh ciel !

ROSE. Ah! Monfieur, fi j'ai quelque pouvoir fur vous, pardonnez tout-à-fait à M. votre fils... Vous l'aimez...

DORVAL pere. Qui, je l'aime, & trop fans doute... Je n'ai que lui, je ne mę fuis occupé que de fon bonheur, vous voyez comme il m'en récompenfe... Je fouffrirai d'en être privé; mais dût-il m'en coûter les larmes les plus ameres,je

ne changerai rien à la réfolution que j'ai prife.

DORVAL fils. Quoi! vous pourriez..

DORVAL pere. Oui, fans doute: ma tendreffe n'eft point aveugle, & je ne facrifierai pas à une lâche complaifance le repos de mes jours & la leçon utile qui t'eft néceffaire. Je ferai ce que dit le proverbe... Pour vous, Mademoiselle, chériffez toujours la vertu, elle fera votre bonheur; je ne négligerai rien pour vous prouver mon eftime & pour vous rendre fervice.

DORVAL fils. Mais, mon pere... DORVAL pere. mais, mon fils, il faut que jeuneffe fe paffe & fe corrige.

L'EXPLICATION da mot de la premiere énigme du Mercure de Juillet 1770, premier volume, est le papier; celle de la feconde eft la loterie; celle de la troifiéme eft le livre ou la livre numéraire & de poids; celle de la quatriéme eft la gla ce; celle de la cinquiéme eft le foulier. Le mot du premier logogryphe eft foulier, dans lequel on trouve Louis, Loire, viole, oie, livre, Sire & Roi, loi, us, ver

à foie, vers, Rofe, fole, ris, aliment & ris, l'action de rire, roue, rue, rufe & olive; celui du fecond eft fept, dans lequel on lit es, eft, fep, te, fe, &, pet; celui du troifiéme eft écuffon, dans lequel font renfermés écu monnoie, once, écu armure, noce, Noé, Cofne en Auxerrois, Coffe, maréchal de Briffac, Offen, bourg en Silefie, Efon, roi de Theffalie, pere de Jafon, fon, Cone.

ENIGME

Dès que des hommes téméraires

Cédant aux mouvemens d'un cœur ambitieux, De cette égalité qui les rendoit tous freres, Jurerent de brifer les liens précieux ;

L'intérêt, inftrument du malheur qui m'accable,
Pere de tous les attentats,

A qui, pour tout ravir, du monftre de la fable
Il n'a manqué que les cent bras,

Et toi trop affreuse avarice,

Vous fites nos malheurs & mon nom fut connu.

Depuis ce tems, lecteur, en tous lieux répandu, Orphelin, vagabond, enfant de l'injuftice,

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