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» la profpérité: ce qui fixe le plus toutes » nos facultés, doit nous pénétrer davan»tage & nous faire éprouver par confé»quent des fecouffes plus violentes. »

Quant à la feconde queftion, nous ne croyons pas que l'auteur amene le plus grand nombre des lecteurs à fon avis. Quel eft, s'écrie-t-il, le fentiment qui "nous porte à partager les malheurs de » nos femblables? La fenfibilité. Quels » font les êtres les plus fenfibles? Les malheureux. Rend-on fon fardeau plus léger en fe chargeant d'un nouveau » poids? Cœurs vertueux & fenfibles qui » êtes li fouvent plongés dans la plus vive » trifteffe, vous est-il jamais arrivé de « recevoir quelque confolation des lar» mes de la douleur? Une amante abusée qui pleure fur l'infidélité d'un perfide, » une mere défefpérée de la mort d'un fils » tendrement aimé, un ami fenfible qui gémit fur la perte de fon ami, ont-ils » été pour vous un fpectacle capable d'adoucir vos peines? Le fentiment de la douleur ne peut être calmé que par celui du plaifir; & quel eft l'homme affez » méchant, quelque malheureux qu'il » foit, pour goûter une fecréte joie à l'af» pect de ceux qui soit auffi à plaindre que lui?

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Oh! non, on ne fe réjouira pas du malheur d'autrui, mais on s'attendrira fur fon femblable, on pleurera fur lui; & cette expreffion de la fenfibilité fera accompagnée d'une fatisfaction intérieure: l'humanité a fa récompenfe en ellemême. On verfe des pleurs fur foi; on répand des larmes fur les autres. Les pleurs font amers, & les larmes font douces. Les pleurs même foulagent; & que fera - ce donc des larmes, des larmes que la fenfibilité verfe? Le malheureux s'oublie luimême, quand il s'occupe d'un autre malheureux, le plus grand de fes tourmens celui d'être toujours fur lui même, eft alors fufpendu. Deux infortunés, dit M. de Voltaire, font comme deux arbriffeaux qui s'étayent l'un l'autre contre l'orage.. Les malheureux fe cherchent réciproquement, parce qu'ils fe conviennent mieux, qu'ils fe plaignent enfemble, qu'ils fe confolent en fe plaignant mutuellement. Comme on fouffre davantage en compa rant la miférable condition où l'on eft avec une condition heureufe en apparence, on fouffre moins en la comparant avec une condition plus miférable encore. Cette confidération nous fait, en quella fortune que forte, jouir des biens

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nous laiffe, tandis qu'elle en dépouille nos femblables, &c. &c. &c.

Traité des maladies des yeux & des moyens & opérations propres à leur guérifon; par Louis Florent Deshays-Gendron, profeffeur & démonftrateur royal pour les maladies des yeux aux écoles de chirurgie, & adjoint de l'académie royale de chirurgie. A Paris, chez Claude J. B. Hériffant, imprimeur libraire, rue Nôrre Dame, à la croix d'or & aux trois Vertus; avec privil. 2 gros vol. in 12.

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M. Gendron a été engagé à compofer & à publier cet ouvrage, par les perfon-. nes les plus capables de juger de fes talens, & en r'autres par M. de la Martiniers premier chirurgien du Roi, dont les follicitations & les foins ont tant contribué à l'établiffement d'un cours des maladies des yeux & de leur guérifon,

Le defir d'ètre utile à fa patrie & de guider fûrement fes élèves dans la connoiffance d'une partie fi délicate & des moyens de la conferver, lui en avoit infpiré la premiere idée. Chargé du foin de les inftruire, il a tiré des auteurs tant anciens que modernes ce qu'ils ont écrit de meilleur fur ce fujet. S'il n'adopte pas

toujours leurs procédés & leurs remedes, il expofe les raifons qui le déterminent à fuivre une nouvelle route. Sa doctrine ne s'éloigne jamais des règles de l'art; elle eft appuyée fur les faits; quarante ans de pratique lui en ont confirmé la bonté; c'est enfin la doctrine que le célèbre M. Gendron, fon oncle, lui avoit tranfmife.

L'auteur décrit d'abord les parties qui entrent dans la compofition de l'œil, & celles qui l'environnent. Il parle enfuite de la vifion, ce qui lui donne lieu d'examiner plufieurs queftions curieufes de phyfique & d'optique. De-là il paffe aux maladies des paupieres, à celles des angles des yeux, & fucceffivement à celles du globe de l'œil. Il régue dans tout fon ouvrage beaucoup d'ordre & de clarté. Les moyens curatifs qu'il propofe font fimples. Enfin ce traité eft digne de la réputation que l'auteur s'eft acquife dans l'exercice de cette partie de la chirurgie.

M. Gendron prévient le Public que, dans la crainte que fon ouvrage ne foit contrefait, & que dans la contrefaction on ne change les dofes de fes remèdes, it a paraphé de fa main tons les exemplaires de cette édition, & qu'ainfi il ne ré

pond pas des fautes qui pourront fe gliffer dans une édition furtive.

Le Sr Raux, marchand émailleur du Roi, rue des Juifs au Marais, a exécuté en émail, fous la direction de l'auteur & avec tout le foin poffible, une collection des maladies des yeux qu'il étoit poffible de repréfenter, par ce moyen, au natu rel. On trouve chez le mêine marchand, des yeux yeux d'émail qui imitent la nature fi parfaitement, qu'il n'eft pas aifé de diftinguer le véritable ceil de l'œil poftiche, M. Gendron traite, dans le dernier cha

pitre de fon ouvrage, de ces yeux artifi ciels, de la maniere de les pofer, des précautions à prendre pour s'en fervir fans inconvénient, &c.

Difcours fur le danger de la lecture des li vres contre la Religion par rapport à la fociété. A Paris, chez le Jay, libraire, rue St Jacques, au grand Corneille; & Edme, libraire, à la porte des grands. Auguftins, in-8°. 82 pag.

Ce difcours, préfenté à la fociété da Palinod de Rouen pour l'un des prix de 1769, est divisé en trois parties qui expofent combien la lecture des livres contre la Religion & l'incrédulité qui en est la

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