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NOUVELLES LITTÉRAIRES. Histoire de deux Amáns François, écrite

en vers & en Prose. A Amsterdam; & se trouve à Paris, chez Fétil, libraire, rue des Cordeliers, près celle de Con

dé, au Parnasse Italien, in 8o. p. 156. D'Elsorin, orphelin sans biens,estépris des charmes d'Hénélie, fille unique fort riche. Mde Dorinte, mere d'Hénélie, est une assez bonne femme sur l'esprit de la. quelle M. d'Aunal, oncle d'Elsorin,vieux garçon, ausi libertin qu'opulent, a beaucoup d'empire. Ce d'Aunal, qui a des yues sur la fille de Mde Dorinte, traverse la pailion des deux jeuries amans forcés de le ménager. D'Elsorin fouffre les plus cruels tourmens, semblable, dit l'auteur,

, , à un blessé qui, après avoir été long-tems sous les fers d'un esculape , se trouve toutà-coup assailli de nouvelles douleurs. Il se meurt, il s'écrie, il rompt tout, il se pâme ,

, Et sur son pâle front coulent de páles fueurs.

Hénélie, touchée de l'état de son amant, se reproche fes rigueurs.

Veus

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Veux-je le voir mourir? Dieux ! son visage eft

pále, Et si je ne me trompe, il est bien amaigri; Vois ses yeux, vois son teint , l'éclat en est flétri; S'il ne modére enfin l'ennui qui le dévore, Il va s'exténuer, peut-être il va mourir. Ah! mon cher d'Elforin, garde-toi de périr.

D'Elsorin lui apprend un jour que son oncle a formé le projet de le faire enlever & vendre en Turquie. Hénélie s'abandon. ne au plus violent désespoir. Elle invoque, contre les ennemis de leur bonheur réciproque, & le ciel, & la terre & l'en. fer...

Quoi ! tout vous abandonne ? Ah! mon cher d'El

forin, Si c'est votre fort, j'en mourrai de chagrin; Cet horrible accident m'arrachera la vie. Mais non, je vous suivrai dans ces affreux cli

mats ,

Oui contre tous les Turcs veut combatire :

nélie,

Et plutôt de fouffrir... je veux... que dis-je, hélas! Non, mon cher d'Elsorin, n'allez point en Turquie. 6. Vol,

D

D'Elsorin ne va point en effet en Turquie; mais, surpris par son oncle dans une malheureuse avanture, il fuit. Ici l'auteur est bien aise d'instruire ses chers lecleurs, que c'est la belle Vénus qui lui a donles mémoires sur lesquels il écrit cette histoire importante. D'Elsorin est soldat; il se distingue par sa bravoure. La protection d'une veuve ; jeune, belle, riche & fort dépravée, l'éleve au rang de capitai. ne , & les faveurs. lui procurent une consolation passagere. Il écrit à la vertueuse & constante Hénélie.... Il la retrouve dans une ville où de cristes événemens l'ont conduite, & dans le moment où son honneur & la vie sont menacés par de féroces soldats. Enfin l'auteur, après avoir décrit des batailles en vers, fait périr d'Aunal comme il avoit vécu, charge d'Elsorin, de biens & de distinctions, unit nos deux amans & leur fait trouver l'art d'être heureux ensemble.

Il ne faut pas troubler la douce fatisfaction que l'auteur paroît avoir goûtée ne composani & en publiant cette histoire. Les Soirées d'un honnête Homme, ou mémoires

pour

servir à l'histoire du coeur; l'auteur des caracteres des Femmes.

par

De tous les sentimens qu'inspire la nature,
L'amour est le plus beau, quand la vertu l'épure.

L’Honnête Criminel, comédie.

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A Londres ; & se trouve à Paris, quai des Augustins, chez Desaint Junior , à la bonne foi, près la rue Git.le Cæur; Couturier fils, au coq,

in-12. de 252 pag.

Ce volume comprend trois Soirées. La premiere est remplie par un conte fort incéressant, dans lequel un ami, amou. reux de la maîtrelle & ensuite de la femme de son ami, remplit fidèlement, dans les circonstances les plus critiques, les devoirs de la plus scrupuleuse probité & de l'amitié la plus généreuse. Sa constance & fes vertus sont à la fin récompensées; il épouse la veuve de son ami.

La seconde Soirée offre l'histoire d'une femine du bon ton, qui se perd dans la dillipation, le retire ensuite à la campagne avec son mari, & palle enfin le tems de fon veuvage avec un philofophe. Le ridicule des personnages mis sur la scène n'est peut-être pas assez piquant; & les vers fréquens qui interrompent l'action

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en ralentissent la marche , sans produire un effet agréable.

La troisiéme Soirée contient deux difcours, le premier, sur cette question : l'ame est-elle plus remuée par le plaisir que par la peine ? & le second, sur la question suivante : les malheurs d'autrui font ils un motif de confolation pour les malheureux ? Sur le premier sujet, l'auteur juge que les peines font des impressions plus profondes & plus durables que les plaisirs. « Ce » qui répugne à la nature remụe plus puis» samment que ce qui s'accommode à son » essence; mourir de plaisir est un phéno. » mene fi rare & qui détruit fi

principes généraux des choses, que, dans » ces cas extraordinaires, l'excès du plai„ sir n'amene la mort que parce qu'il de. » vient un sentiment douloureux qui bri» se les fibres que le plaisir avoir trop x ébranlées ; de sorte qu'il est la cause

physique de la mort dont le plaisir n'est » que l'occafion fortuite. Nos grandes

agitations, quel qu'en soit le premier » mobile, sont toujours l'ouvrage de la

douleur. Elle est sombre, le plaisir est

gai. La peine nous porte au recueille» ment, la joie à la diffipation. On est

plus avec soi dans le malheur que dans

peu les

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