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A la faveur d'un joli moule
Qui me diftingue de la foule,
Des yeux fins je fais l'agrément.
Dès long-tems, jaloux de paroître,
Pour plaire à l'amant fortuné,
Chez certains peuples je suis né,
Et chez d'autres encor à naître ;
Ce font les arts qui m'ont orné.
Le fat autrement que le fage
Me fait valoir felon l'ufage;
Mais pour relever les appas,
Je fers la belle en favorite,

Quand les brillans ne manquent páss
Beaux petits pieds, beaux petits pas
Seront toujours d'un grand mérite.

De Manheim.

LOGO GRYPH E.

A lecteur, pour me connoître,

MI

Tu peux décomposer mon tout;
Car, je me plais, felon ton goût,
A diverfifier mon être.

Sije voulois tromper tes yeux,

Je te dirois avec malice

Qu'un feul pied me porte en tous lieux ;

Mais évitons trop d'artifice.

Pour te le déclarer tout net

En logogryphe j'en ai fept,

Er

quant aux mots que je renferme,
On pourroit la plume, à la main,
T'en indiquer jufqu'à demain ;
Mais choififfons, & tiens-toi ferme
Le nom du Monarque des lis,
Parmi ceux dont je m'embellis,
Répand fur moi plus de lumiere,
Et par des tours ingénieux,

Je te découvre une riviere
Qui traverle la France entiere ;
Un inftrument harmonieux;
Un oifeau de forme groffiere;
Ce dont s'occupe le fçavant ;
Deux mots qui défignent le maître,
Qu'en fouverain l'on voit paroître,
Et qu'un François redit fouvent;
Ce qu'obferve un fou comme un fage;
Ce que l'on apprend par ufage;

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Un infecte aflez curieux,
De fon tombeau victorieux,
Avec le tréfor qu'il compofe;
Tout le contraire de la profe;
La plus agréable des fleurs,
Par fon parfum, par les couleurs ;
Aux beaux jours du printems éclofe.
Un poiffon très-appétillant,
Quand il fort de la poële à frire ;
Un mêts vulgaire & nourriffant;
Un plaifir que la joie infpire;
Ce qui faifoit marcher le char
Pour le triomphe de Céfar;
Ce par où paffent les caroffes,
Que traînent quelquefois des roffes;
Ce qui trompe &, notons ce point,
Cent autres mots qu'on ne dit point.
Déjà longue est ma kyrielle:
Mais dieux ! quel crime d'oublier
Ce fruit d'une plante immortelle,
Par qui la paix devient fi belle
Et qu'on ne peut trop publier!

Par le même.

AUTR E.

MON être eft compofé de quatre:
A trois de plus le monte ma valeur :

Il t'eft facile, ami lecteur,

De voir fi tu dois en rabattre.

En moi, le plus mince apprentif

Découvrira deux traits du verbe fubftantif:
La tige de ce fruit, dont un faint patriarche
Nous fit préfent, au fortir de fon arche:
Deux de ces mots qui fe nomment pronoms ;
La reine des conjonctions:

Et, s'il eft permis de tout dire,
Certain vent qui n'a pas l'haleine de Zéphyre.

Par M. Cat...

AUTRE.

JADIS de la vertu j'étois la noblé image,
Et des héros guerriers l'honorable partage.

Le fang feul m'achetoit; mais aujourd'hui l'ar

gent

M'allie avec le vice & m'obtient ailément.

C'eft affez fur ce point; mais pour mieux me con

noître

Combine bien mes pieds & divife mon être ;
En moi tu trouveras une monnoie, un poids,
Une armure qu'avoient nos Chevaliers François ;
Ce qu'on fait quand on vient d'unir fon existence;
Un fameux patriarche, une ville de France;
Un illuftre guerrier, la terreur du Piémont ;
En Siléfie un bourg; le pere de Jafon;

Ce qui dans le monde eft la chose la plus vaine;
Qui d'un fens fait pourtant le plaifir ou la peine;
Un folide connu de qui la fection

A l'Hôpital a fait un immortel renom.

Si ce n'eft pas affez, lecteur, pour me compren

dre,

Je reviens tout à toi pour mieux me faire enten

'dre.

Je plais, plus je fuis vieux : les lis & le croiffant De mon domaine font le plus bel ornement.

Par M. L. C. D. L. M. de Dax

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