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m'a fait l'honneur de me dire que l'on distinguoit en Pologne le nouveau jeu de l'ancien, en nommant le nouveau jeu de Dames à la Françoife, d'où il paroît qu'on peut conclure qu'il a été porté par les François. Or, il eft certain qu'il n'y a pas quarante ans que ce jeu le joue en France. J'ai un petit volume in- 16. de 450 pages, imprimé à Paris en 1688, intitulé: Le Jeu des Dames & la Méthode de bien jouer, par Pierre Mallet, Ingénieur du Roi. L'auteur fe croit le premier qui ait écrit fur cette matière. Les trois quarts de fon livre font remplis par un traité d'orthographe nouvelle & par une érudition auffi ridicule, qu'étrangère au fujet ; enfin l'auteur entre en matiére, & fait mention de quelques manières différentes de jouer l'ancien jeu de Dames; mais il n'eft pas queftion de celui qui fe joue avec vingt pions de chaque côté, & fur un échiquier de cent cafes, c'eft-à-dire, du jeu Polonois.

Il parut en 1727 un volume in-8°. de cent pages, avec le titre bizarre de l'Egide de Pallas. Il contient les règles du jeu des Dames ordinaires. L'auteur anonyme le dédie à un vieux joueur de Dames, plus connu dans tous les caffés de Paris, fous le nom de Maître de Tout, qui étoit une espèce de fobriquet, que fous fon vrai nom que je n'ai pu fçavoir. On foupçonne qu'il étoit lui-même l'auteur du livre qui paroiffoit lui être dédié. On y trouve les règles du jeu de Dames; avec un aflez grand détail, un grand nombre de parties, comme le livre du Calabrois fur les échecs, & des fins de parties fingulières, comme dans celui de Stanana; mais dans l'ouvrage, ni dans la préface, il n'eft pas dit un mot des Dames Polonoifes; le titre même ne diftingue point l'efpèce de Dames dont le livre traite. L'auteur parle toujours de ce jeu, comme s'il n'y avoit

qu'une feule manière de le jouer. Le livre de l'académie des jeux ne fait aucune mention des Dames Polonoifes, le dictionnaire encyclopédique ne dit rien de leur ancienneté ni de leur origine. Si ce filence n'est pas une preuve, c'est du moins une forte préfomption que le jeu de Dames à la Polonoife étoit ignoré, ou du moins très-peu connu en France en 1727. Je me fuis informé a de vieux joueurs, & tous m'ont confirmé que c'étoit vers ce tems-là qu'on avoit commencé a jouer ce jeu en France. Un, entr'autres, le rappelle qu'il l'a joué en 1730 ou 1731 pour la première fois, avec un Allemand. Quelqu'un m'a feulement dit, mais très-vaguement, qu'on y jouoit à Londres au commencement du fiècle. Seroit-il poffible que parmi tant de gens qui font aujourd'hui de ce jeu leur amufement journalier', (car il n'y a peut-être pas un caffé dans Paris ou on ne le joue), il ne fe trouvât aucun joueur qui fe fouvint quand, par qui, & à quelle occation ce jeu a été introduit en France? La chofe n'eft pas vraisemblable. J'ai cru que le moyen le plus court de fçavoir ce qui en eft, avant que la mémoire en foit entiérement perdue, étoit la voie du Mercure de France, qui eft répandu dans tout le Royaume. Je prie donc ceux des anciens joueurs de ce jeu, à qui ma question parviendra, de donner par la même voie du Mercure tous les éclairciffemens qu'ils pourront fournir (ur l'origine de ce jeu, & particuliérement de nous apprendre précisément quand on a commencé à le jouer à Paris, de quel pays il nous vient, qui eft-ce qui l'a apporté en France, & ce qui lui a fait donner le nom de Dames Polonoifes? Comment peut-on fe flatter d'éclaircir des faits hiftoriques, fur lefquels les anciens auteurs gardent le filence, quand un fait qui s'est paílé

fous nos yeux il

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difficile à tirer de l'obscurité ?

y a moins de 40 ans,

eft fi

L. C.

AVIS.

I.

On publie actuellement le Droit commun de la

France & la Coutume de Paris, réduits en principes tirés des loix, des ordonnances, des arrêts, des jurifconfultes & des auteurs ; & mis dans l'ordre d'un commentaire complet & méthodique fur cette coutume, contenant dans cet ordre les ulages du châtelet fur les liquidations des comptes, les

partages, les fubftitutions, les dîmes & tontes autres matieres; Nouvelle édition confidérablement augmentée par feu M° François Bourjon, ancien avocat au parlement, revue, corrigée & auffi augmentée d'un grand nombre de notes; tome premier. A Paris, chez Grangé, imprimeurlibraire, au cabinet littéraire, pont Nôtre-Dame; Cellot, imprimeur - libraire, rue Dauphine, & à l'écu de France, grand'falle du palais, 1770; & chez Lacombe, libraire, rue Chriftine, 2 vol. infol. br: 48 liv. Le premier volume paroît.

Nous ferons connoître plus particulierement cet ouvrage utile, dont la premiere édition a été promptement enlevée, & dont cette feconde, beaucoup augmentée, eft depuis long-tems attendue. I I.

Nouvelles Cartes à jouer.

Les cartes à jouer n'offrent que des figures grol

fieres, fans deffin, fans proportion, avec des couleurs dures & des traits révoltans pour la vue; c'eft ce qui a fait imaginer au Sr Mitoire de faire graver de nouveaux patrons & de donner à ces figures plus d'élégance, plus de deffin & plus de netteté dans la compofition de la figure & des acceffoires qui la caractérisent, de fuivre les mêmes modèles, avec les mêmes diftributions d'attributs, & de couleurs, mais en les perfectionnant & les rendant plus faciles & agréables à voir & à jouer. On trouve ces nouvelles cartes perfection, nées chez le Sieur Mitoire marchand papetier cartier, rue d'Anjou au marais, à Paris.

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Le fixain des jeux entiers eft de 3 liv. ; celui du piquet, 2 liv. 8 fols; celui du brélan, 2 liv. 6 f.

I II.

Paftilles & Confitures.

Ravoife, marchand confifeur, au Fidèle Berger, à Paris, rue des Lombards, continue de vendre avec fuccès des paftilles pour faire de l'orgeat & de la limonade. On connoît de plus en plus la commodité de ces paftilles, par l'agrément de les conferver long-tems & de pouvoir les porter fur foi, à la chaile, en voyage & dans les pays étrangers. Une paftille, qui revient à 2 f. 6 den. fuffit pour un grand verre d'eau, où elle fond facilement. On peut les couper ou les écrafer avant de les y mettre, alors elles fondent tout de fuite. La boëte de douze carafes eft de 30 fols, & celle de 24 eft du prix de 3 liv.

que

On trouve chez lui une nouvelle confiture d'orange de Portugal, à mi-fucre, très - agréable & apéritive, & auffi le véritable fyrop de vinaigre rafraîchiffant.

I.V.

Inftitution académique & militaire, établie pour l'inftruction de la Nobleffe, fous la conduite de M. Rolin ; dans une maifon fituée en bon air, rue St Dominique près la barriere.

Tous les élèves porteront le même uniforme, qui confifte en un habit de drap bleu de Roi pour f'hiver & de camelot pour l'été, galonné d'une treffe d'argent; le chapeau uni, avec un plumet blanc, une épée, un fufil, giberne & ceinturon pour le maniment des armes. Le Sr Rolin fe charge de fournir le tout pour 300 liv.

Chacun aura un couvert & gobelet d'argent, un lit, trois paires de draps, dix-huit chemiles, autant de cols, de mouchoirs, de ferviettes, fix bonnets de coton, ou douze coëffes de nuit, deux paires de bas de foie blancs, deux de laine, fix de cotton & fix de fil, deux paires de fouliers; l'uniforme & une redingotte; un habit commun pour les jours d'étude.

Le prix de la penfion, depuis l'âge de cinq ans jufqu'à dix, en donnant les maîtres de latin, d'écriture, d'hiftoire, de géographie & de mathématiques, les évolutions & exercices militaires, eft de 800 livres ; & depuis dix ans jufqu'à vingt, de 1000 liv. Les parens qui defireront donner en outre à leurs enfans les maîtres de danfes, de deflin, d'allemand, d'efcrime, d'inftrumens & autres paieront huit livres par mois pour chaque maître, & vingt-quatre pour le manége.

Les jeunes élèves qui n'apprendront encore qu'à lire & à écrire, ne paieront que 600 liv.

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