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PREMIERE LETTRE.

A Elifabeth, Reine d'Angleterre.

MADAME,

Après le retour de mon Coufin M. le · Maréchal de Montmorency s'offrant le préfent voyage de M. de Champernon (1), je n'ay voulu faillir vous efcrire la préfente pour me ramentevoir en voftre bonne grace, & continuant au mefme defir & affection que la feu Royne ma mere vous a tousjours rendu, vous fupplyer trèshumblement, Madame, me vouloir départir cefte amitié & bienveillance que luy avez tousjours démontrée, & de la

(1) Henri, feigneur de Champernon en Angleterre, qui avoit époufé Roberte, fille du trop célèbre Gabriel de Montgomery, comte de Lorges. Il avoit amené cent gentilhommes Anglois au fecours des Proteftans de France, peu-à-près la bataille de Moncontour, en 1569. Il fervit fur la flotte angloife que fon beau-pere fit venir au fecours des Rochellois en 1573. Voyez les hiftoires du Sr d'Aubigné, tom. 1, pag. 308, & tom. 2, p. 48; & l'hiftoire de M. de Thou, in-4°. Londres, 1734, tom. V, liv, XLVI, pag. 641.

quelle nous avons congneu les effets en tant de fortes qu'à jamais m'en fentiray redevable, ce que je tefmoigneray en tout ce qu'il vous plaira me commander pour vous obeyr & faire fervice quand j'en auray le moyen de pareille volonté que je prie Dieu, après mes très - humbles recommandations à voftre bonne grace, vous donner;

Madame, en fanté très heureufe & très-longue vye. D. De Paris, le xj jour de Juillet 15720

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Votre très humble & trèsobéiffant frere, HENRY.

DEUXIÈME LETTRE.

A M. le Comte de Suffex. (1)

MON COUSIN,

J'ay attendu quelque temps à vous efcrire, efpérant que l'yffue de la conféren

(1) Thomas Radelif, Vice-Roi d'Irlande, gou verneur des provinces du Nord d'Angleterre, & grand foreftier de celles d'au-delà du Trent, mort lans poftérité le 9 Juin 1583., Vay. Im. Hoff. Ma gna Britan, Famil p. 180.

ce que j'ay eue avec mon Coufin Monfieur de Montmorency me donneroit argument de me resjouir avec vous d'un bon eftabliffement de paix, comme je mettay promis que ce feroit enfin le loyer de noftre fi longue patience; mais il est avenu au conttaire que nonobstant nos juftes plaintes & remonftrances, on ne nous parle que de rendre les places qui nous eftoient baillées pour affurances, fans avoir égard à la condition expreffement appofée, pourvû que l'édit de pacification nous fuft effectué, qui ne l'eft encor ny en aucune province, ny prefque en aucun article. De vous dire les meurtres, malfacres, affaffinats, prifes de villes & attentats femblables qui ont été pratiquez contre nous depuis la paix, il feroit trop long & je penfe que vous en eftes fuffifamment avertis par-delà; mais bien vous dirai-je que depuis deux mois les Papiftes font en armes en Languedoc,

& que le marefchal de Biron a failly en une fepmaine nous furprendre plufieurs places, tellement que fi nous n'avions une extreme patience nous ferions desjà bien avant aux armes. En ces difficultés je m'adreffe à la Roine ma très-honorée Dame

& feur, & la fupplie de m'aider de fon

bon advis; & à vous, mon Cousin, qui m'avez obligé par cy-devant en tant de fortes que je ne puis par quel bout commencer pour vous remercier, & parce que jai donné charge au Sr Dupleffis (1) de vous faire entendre le fuplement, me recommanderay feulement à vos bonnes graces, & prierai Dieu, mon Coufin vous donner en fanté heureufe & longue vie. De Nerac, ce ij Mars.

Voftre bien affectionné
Coufin, HENRY.

On lit au dos cette infcription:
A mon Coufin,
Monfieur le Comte de Suffex, grand
Chambellan d'Angleterre.

(1) On ignore à quelle maifon apparrenoit ce Sr du Pleffis. Il en eft parlé dans les Mémoires de M. de Villeroy. Voy. l'édition in-4°. p. 245, 2462 247, 248, &c.

EPITHALAM E

A M. le Vicomte de Poudeins, officier des Carabiniers. Un de fes ancêtres fut tenu fur les fonds baptifmaux par Henri IV, qui lui donna fon nom; &, depuis ce temps, ils fe font honneur de porter ce nom vénérable.

HENRI,

ENRI, ce nom facré que tout mortel revère, Ce Henri, des François le vainqueur & le pere, Dans l'emploi de fes jours plus heureux que Titus, Eleve du dieu Mars & mignon de Vénus,

Joignit à fes lauriers les myrthes de Cythere;
Et quand, avec regret, ce Roi, plein de bonté,
Avoit verfé le fang de fon peuple rebelle,
Il alloit dans tes bras, touchante Gabrielle,
Par de plus doux exploits venger l'humanité.
Jeune Poudeins, tes champs le virent naître ;
A tes ayeux qu'il fçut connaître,

Ce héros a transmis fon courage & fon nom,
Même de la tendreffe un petit grain, dit-on.
Je le prédis, de ce triple héritage
Comme eux tu feras bon usage,

Et comme toi tes dignes defcendans
Seront braves guerriers & fenfibles amans.
Surton illuftre fang, du haut de l'empirée,
Henri veille toujours, & fon ombre facrée

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