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NOUVEAU SYSTÈME D'ÉDUCATION

POUR LES ÉCOLES PRIMAIRES,

ADOPTÉ DANS LES QUATRE PARTIES DU MONDE.

EXPOSE de ce système; Histoire des méthodes sur lesquelles il est basé; de ses avantages, et de l'importance de l'établir en France.

Par le comte CHARLES DE LASTEYRIE.

Nous avons eu souvent occasion de faire observer qu'il ne pouvait exister de liberté pour les nations modernes, que par une représentation nationale, et qu'on ne pouvait obtenir une telle représentation qu'à l'aide de la liberté de la presse. Mais à quoi servirait cette liberté, si la majorité des citoyens ne savait pas lire? à rien, ou du moins à bien Censeur. TOME VI.

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peu

de chose. C'est donc sur l'instruction que doit reposer notre système social; et tout homme qui éclaire son semblable ou qui le met à même de s'éclairer, est presque toujours sûr d'enlever au despotisme un instrument ou une victime.

Le défaut de maîtres et de moyens pécuniaires a rendu jusqu'à ce jour l'instruction de la plus grande partie du peuple tout-à-fait impossible en France. L'introduction sur notre territoire d'un système qui donne à un seul homme le moyen d'élever jusqu'à mille ou douze cents enfans, et qui rend presque nulles les dépenses nécessaires à la première éducation, est un bienfait que nous ne saurions trop apprécier.

Si l'excellence de ce système n'était pas établie par de nombreuses expériences, il est probable que nous le reléguerions avec cette foule de projets que le même jour voit naître et mourir; mais l'exemple de l'Angleterre et de plusieurs autres peuples qui l'ont adopté avec succès, doit nous rendre, sinon plus sages, du moins plus circonspects dans nos dédains.

Plusieurs de nos écrivains on remarqué les vices nombreux qui existent dans le système d'éducation actuellement en usage. Rousseau a même cherché à y remédier; mais le système qu'il a proposé ne peut être mis généralement en usage, parce qu'il exige autant de maîtres que d'élèves. La nouvelle méthode qui a été déjà adoptée en Angleterre et qui est proposée par M. De Lasteyrie, doit faire disparaître le plus grand nombre des vices reprochés à l'ancien système; etsi elle est portée au degré de perfection dont elle parait susceptible, ou si on lui donne une grande extension, il n'est pas impossible que l'éducation ne devienne aussi parfaite chez nous qu'elle l'a été chez les peuples les mieux policés de l'antiquité.

« Une expérience de plusieurs années, et de nombreuses applications, dit M. De Lasteyrie, prouvent qu'un seul maître peut enseigner à bien lire, écrire, calculer à mille enfans, à leur donner des principes de morale et de religion, quelques notions d'h'stoire et de géographie, et à les maintenir dans l'ordre, la soumission, sans aucun autre

secours que celui des enfans les plus avancés, choisis dans les différentes classes dont se. composent ces écoles. « Ces résultats, qui sont les seuls qu'on'ait d'abord voulu obtenir, ont été suivis d'une foule d'autres bien plus avantageux à l'espèce humaine. Nous les ferons remarquer après avoir exposé le mécanisme de ce nouveau système.

» Les salles, dit M. de Lasteyrie, ont une forme parallelograme; elles sont percées de fenêtres sur les deux côtés, ont, à l'une de leurs extrémités, deux portes, dont l'une sert d'entrée et de sortie, l'autre communique à une cour intérieure. L'extrémité opposée est garnie d'une estrade élevée, sur laquelle est le siége du maître, et vis-à-vis celle-ci, la place que doit occuper l'enfant qui a le commandement et l'inspection générale de l'école. La salle est garnie de tables peu larges. et.un peu inclinées, qui servent à écrire, et de bancs sur lesquels s'assoient les élèves.. On conserve, entre chaque rangée de tables et de bancs, la distance nécessaire pour le passage. L'espace qui se trouve entre les bancs et les murailles est assez large pour que les

enfans puissent passer librement, et se ranger par divisions, vis-à-vis des murs laté

raux»,

,

L'école est divisée en huit classes pour l'enseignement de la lecture et de l'écriture qui s'apprennent simultanément. La première classe est celle des commençans qui apprennent l'A, B, C. Elle est placée à l'une des extrémités de la salle, vis-à-vis l'estrade sur laquelle siége le maître. Dans la seconde, les enfans apprennent à lire et à écrire les mots ou syllabes de deux lettres; dans la troisième, les mots de trois lettres; dans la quatrième, ceux de quatre lettres; dans la cinquième, ceux de cinq ou six lettres et au dessus; dans la sixième, les mots de deux syllables; dans la septième la lecture courante : la huitième se compose des enfans de la septième classe, qui savent parfaitement lire et écrire.

Les enfans de la première classe sont placés devant des tablettes noires couvertes de sable sec. L'instructeur trace à l'enfant, avec son doigt, la première lettre qu'il nomme, et 'enfant la copie sur le champ. Lorsque les lettres tracées par l'enfant ont été corrigées,

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