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1772.

tage de la Po

duite de la

France.

de Versailles menaça d'exercer le droit de représailles; cette affaire ne se termina qu'alors.

Il y avait en Pologne et en Lithuanie, des disPremier par- sidens, c'est-à-dire, des Grecs non unis et des logne. Con- protestans. Les nobles d'entr'eux, avaient obtenu à la diète de Wilna, en 1563, de jouir des mêmes priviléges que le reste de la nation polonaise; mais depuis, les catholiques devenus · prépondérans, commencèrent à tourmenter les dissidens. Dans la diète de 1717, la liberté du culte fut restreinte pour ceux-ci, et dans celle de 1733 et de 1736, ils furent exclus des places de nonces, de l'entrée des tribunaux, et géné ralement de toutes les places publiques.

Les Grecs non unis profitèrent de l'ascendant que Catherine II avait acquis à la faveur des armes, dans les diètes tenues pour l'élection de Stanislas-Auguste, pour solliciter le redressement de leurs griefs; et les protestans de leur côté, firent intercéder en leur faveur, les cours, de Berlin, de Londres, de Copenhague et de Stockholm; mais, sans égard pour ces recom. mandations, la diète de 1766 confirma les lois anterieures rendues contre les dissidens, en apportant seulement quelques légers adoucissemens aux réglemens de 1717, concernant la liberté du culte.

Les dissidens peu satisfaits de ces faveurs insignifiantes, et poussés par la Russie, se réuni

rent en 1767; et, de concert avec plusieurs Polonais mécontens, ils formèrent une confédération générale, dont le prince de Radziwil fut nommé maréchal. Une diète générale de la Pologne ayant été convoquée en octobre de la même année 1767, on y agita de nouveau l'affaire des dissidens. Catherine II y fit la loi; et le roi Stanislas-Auguste, qu'elle menaç aouvertement de sa colère, s'il ne cédait aux demandes des dissidens, accorda tous les points sollicités ou plutôt exigés par l'ambassadeur de Russie, Repnin, lequel se permit dans cette occasion des violences honteuses pour sa cour, qui convertissait sa prétendue protection en un despotisme audacieux. Les membres opposans de la diète, les plus redoutés par leur courage et leur crédit, furent enlevés, les autres cédèrent ; et un acte, ouvrage de la force, fut consenti le 24 de février 1768, par la diète qui accorda aux dissidens tout ce qu'ils réclamaient.

Cet acte fut fortifié le même jour, par un traité d'alliance et de garantie signé à Varsovie entre la Pologne et la Russie. Mais la violence employée par celle-ci pour arracher des concessions en faveur des dissidens, ayant beaucoup irrité les catholiques polonais ennemis des dissidens et de la Russie, ils cherchèrent à annuler ces concessions. En conséquence, la diète de 1767, ne fut pas plutôt terminée, qu'il

se forma, vers le mois de mars 1768, une confédération à Barr, dans la Podolie, pour la défense de la religion et de la liberté, contre les priviléges que la diète venait d'accorder aux dissidens.

Deux gentilshommes polonais, Pulawski et Krasinski, furent les premiers moteurs de cette confédération à laquelle se joignirent le prince Radziwil, le comte Polocki et plusieurs palatins distingués. Les confédérés prirent les armes contre la Russie, dont les troupes occupaient déjà une partie de la Pologne; mais le roi Stanislas-Auguste ayant joint les troupes de la couronne à celles de la Russie, les confédérés ne purent tenir tête, et furent battus.

Le duc de Choiseul qui avait deviné les plans de l'impératrice de Russie, écrivit à M. de Vergennes, ministre de France près la Porte, d'éveiller les Turcs, et de les pousser à la guerre contre la Russie (1), en leur faisant sentir combien les envahissemens de cette puissance en Pologne, seraient funestes à la Porte. M. de Vergennes rencontra de grands obstacles de la part du divan, depuis long-temps mécontent de ce que la cour de Versailles, dans le traité du 1er de mai 1756, avec la cour de Vienne, ne l'avait point

(1) Catherine II, dans son dépit, appelait M. de Choiseul le souffleur du mustapha.

exceptée du casus fœderis. Cependant le grandseigneur, après de longues sollicitations, déclara la guerre à la Russie, le 30 d'octobre 1768.

Mais, tandis que M. de Vergennes mandait par un courrier le succès de sa négociation, un autre courrier, parti de Versailles, qui oroisa le sien, lui portait l'ordre de revenir. M. de Choiseul, pour se justifier de cette précipitation, se rejeta sur la déconsidération que venait de se donner M. de Vergennes, en épousant publiquement à Constantinople, la fille d'un médecin, quoique le roi eût approuvé ce mariage.

M. de Vergennes emporta les regrets du divan et du commerce français au Levant, qui lui offrit en hommage, une épée d'or. Cet ex-ministre, en arrivant à Versailles, vit le duc de Choiseul à qui il dit sans humeur, comme sans importance:

« La guerre a été déclarée à la Russie, et telle » était la volonté du roi, que j'ai exécutée dans >> tous ses points; mais je rapporte les trois mil» lions qu'on m'avait envoyés pour cela; je n'en » ai pas eu besoin. »>

M. de Choiseul, qui avait l'ame élevée, dut sentir la noble simplicité de ce peu de mots. Néanmoins, M. de Vergennes fut traité avec froideur, et il se retira volontairement dans ses terres en Bourgogne, où il demeura deux ans dans une retraite qui honore autant son carac

tère, que la négociation qu'il venait de terminer illustrait son talent.

Le chevalier de Saint-Priest, qui avait déjà été ministre en Portugal, et avait été désigné depuis, pour aller en Suède, succéda à M. de Vergennes, auprès du grand seigneur.

La France envoya secrètement en Turquie, plusieurs officiers de toute arme, pour seconder les opérations militaires des Turcs contre la Russie; mais cette guerre n'en fut pas moins fatale à la Porte, qui avait trop compté sur une diversion de la part de la cour de Vienne. Son attaque ne put relever les affaires des confédérés; et la division, effet fréquent de la mauvaise fortune, se mit parmi eux. Catherine II, quoiqu'irritée contre les Polonais, n'accueillit, qu'après une assez vive résistance, le plan de partage que vint lui insinuer le prince Henri de Prusse, dans un voyage qu'il fit à Pétersbourg en 1770. Cette souveraine ne trouvait dans ce partage, aucun avantage politique; néanmoins elle finit par le goûter.

La Porte, qui ne sut pas soutenir la hardiesse de ses premières démarches, fut écrasée par les armes de Catherine; et l'Angleterre, flattée ou amusée par cette princesse, ne dit mot. La cour de Vienne qui, si elle s'était concertée avec la France, dans les secours à accorder à la confédération de Barr et à la Porte elle-même, eût pu

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