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HISTOIRE SOCIALISTE

DE LA

RÉVOLUTION FRANÇAISE

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ÉDITIONS DE LA LIBRAIRIE DE L'HUMANITÉ

142, RUE MONTMARTRE, 142

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1922

Hi

299520

L'OEUVRE DE LA CU

DE LA CONSTITUANTE

I

LES LOIS D'ORGANISATION

LE DROIT DE PAIX ET DE GUERRE

Nous savons déjà que dans l'organisation du pouvoir, la Constituante avait fait œuvre d'équilibre et de conciliation. Elle avait proclamé que la loi ne pouvait être que l'expression de la volonté nationale représentée par une Chambre, mais elle avait maintenu la royauté historique. Elle avait accordé au roi le droit de veto pendant deux législatures; elle lui avait remis le choix souverain des ministres et elle allait le doter d'une liste civile de vingt-cinq millions, puissant moyen de corruption et de gouvernement occulte. Aussi, quand en mai 1790, s'éleva le grand débat sur le droit de guerre, la discussion au fond fut assez vaine. Mirabeau, luttant pour la prérogative royale, brava la colère du peuple un moment soulevé, et Barnave, qui voulait réserver à l'Assemblée l'initiative de la guerre, recueillit de longs applaudissements. Mais c'était une querelle de mots. Du moment que deux pouvoirs existaient, ils avaient l'un et l'autre le redoutable pouvoir de provoquer la guerre. Une manœuvre secrète du roi pouvait amener les soldats étrangers sur le sol de la France, quel que fût le sentiment de l'Assemblée; et un défi de l'Assemblée aux rois de l'Europe pouvait soulever contre la France révolutionnaire tous les tyrans de l'univers, quelle que fût la volonté du monarque. Mais, quand Mirabeau, pressant Barnave, lui disait: «< Toute loi ne devient loi que par la sanction royale; voulez-vous que l'acte le plus décisif de la vie nationale, la guerre, puisse se passer de la sanction du roi? » Barnave ne pouvait répondre, et Mirabeau triomphait pour la monarchie des concessions premières faites par la Révolution.

L'Assemblée crut dénouer le nœud en décidant que la guerre

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