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on pas de gens, dupes du titre imposant d'un livre nouveau souvent très médiocre, ou du charlatanisme de ces prospectus séduisans dont on nous inonde tous les jours, apprendre à leurs dépens, mais trop tard, à s'en méfier? Enfin quels guides suivent la plupart des personnes incertaines sur les livres qu'elles veulent acquérir? Tantôt c'est un aveugle caprice, tantôt c'est le premier venu quelquefois moins instruit que celui qui le consulte, ou bien ce seront des libraires toujours empressés de vider leurs magasins, et dont, par cette raison, les conseils sont rarement désintéressés. En suivant de pareils guides, il n'est pas surprenant qu'au bout de quelque temps on se trouve une bibliothèque composée d'une manière bizarre, et quelquefois

il faut convenir qu'un seul homme, quelque longue que fût sa carrière, ne pourroit jamais parvenir à devenir un bibliographę parfait, parce qu'il faudroit qu'il embrassât toutes les sciences, toutes les langues, tous les arts, et qu'il connût tous les ouvrages qui en traitent. Mais s'il est impossible qu'un seul individu acquière l'universalité des connoissances humaines relatives à la bibliographie, il en existe beaucoup qui ont parcouru cette carrière avec le plus grand avantage possible, soit comme savans, soit comme bibliothécaires ou comme amateurs. De ce nombre sont : Photius, Gesner, Lacroix du Maine, du Verdier, Naudé, Lambecius, Placcius, Magliabecchi, Lelong, Orlandi, Fabricius, Struvius, Vogt, Niceron, Maittaire, Marchand, Saxius, Dav. Clément, Goujet, Meerman, De Bure, Crevenna, Rive, Mercier, Laire, Pauzer, Oberlin; et parmi les vivaus, MM. Van Praet, Brunet, Renouard, Ch. Weiss, Dibdin, Hubaud, etc., etc., etc. »

plus que bizarre, ou disons plutôt, avec un amas de livres incohérens, et qui, s'il est permis de se servir de cette expression, hurlent de se trouver ensemble.

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C'est donc après avoir fait les réflexions précédentes, que, pénétré de l'utilité dont seroit un ouvrage qui pourroit remédier aux inconvéniens que nous venons de signaler, et consultant moins nos forces que notre zèle, nous nous sommes occupé d'un choix des auteurs qui tiennent le premier rang dans la littérature de tous les âges et de tous les peuples. Mais comme la simple liste de leurs immortels travaux eût sans doute produit peu d'effet nous avons accompagné notre choix de toutes les observations, de tous les raisonnemens, de tous les jugemens littéraires, de tous les exemples qui nous ont paru les plus propres à faire ressortir l'excellence des ouvrages que nous indiquons, et à prouver la nécessité de s'en tenir à ces modèles du goût et de la raison. Nous avons particulièrement insisté sur les avantages incalculables que l'on ne peut manquer de retirer de la lecture des anciens (1), tout en payant ce

(1) Quoiqu'à chaque page de notre ouvrage nos recommandations à cet égard soient des plus pressantes, nous ne pouvons résister à la tentation de les appuyer encore ici de l'autorité d'un des plus célèbres critiques modernes, qui connoissoit tout le prix

pendant un tribut bien légitime aux illustres écrivains modernes qui ne sont devenus leurs émules qu'après les avoir long-temps médités.

Voici l'ordre dans lequel est disposé notre travail divisé en cinq parties:

de ces illustres écrivains que l'antiquité nous a légués sous le bean nom de classiques.

« C'est en lisant les anciens, dit-il, que l'on juge et que l'on goûte mieux les bons modernes qui leur ressemblent; c'est avec eux que le goût s'épure et que l'ame s'élève et se fortifie, que le sentiment de la vraie gloire et l'amour du vrai beau s'accroissent et s'affermissent. On ne les lit pas assez. Nous avons beaucoup d'écrivains et peu d'hommes de lettres. Racine, Boileau, Fénélon étudioient sans cesse l'antiquité; Voltaire est rempli du siècle d'Auguste. Quel homme de lettres d'une classe distinguée n'a pas souvent à se plaindre des injustices de ses contemporains? Hé bien! qu'il se réfugie alors dans le sein de l'antiquité; c'est là son véritable asile. Si les progrès du mauvais goût, les préventions de l'ignorance, les noirceurs de l'envie, les outrages de la haine, jettent dans son ame ce découragement involontaire qui se fait sentir quelquefois à ceux qui aiment le plus les beaux-arts, alors qu'il revienne vivre avec Horace, Virgile et Cicéron ; qu'il converse avec ces grandes ames : la sienne retrouvera tout son courage; et c'est avec de pareils confrères qu'il oubliera ses ennemis.

"........ Mais d'où naît ce charme qui attache dans leurs ou vrages et nous y rappelle sans cesse? Qu'est-ce qui soutient en eux ce ton d'élévation naturelle qui ne se dément presque jamais? C'est que les lettres étoient pour eux un besoin de l'ame, et non pas un métier de convenance; c'est qu'ils répandoient sur le papier des idées et des sentimens qu'ils ne cherchoient pas ailleurs qu'en eux-mêmes; c'est qu'ils ont un caractère qui leur appartient et qui donne sa couleur à tout ce qu'ils composent. Aussi ne voyezvous jamais chez eux ce mélange de tons que l'on remarque aujourd'hui dans une foulé d'auteurs qui ne peuvent en avoir un qui leur soit propre. Etc. » (V. LA HARPE, Suét., Disc. prél.)

La première traite de la nécessité de faire un choix dans l'innombrable quantité de livres qui existent. Nous disons sommairement sur quels auteurs ce choix doit porter, et quels sont les motifs qui doivent le déterminer. En un mot, ce sont des observations sur la nature des ouvrages les plus propres à former une collection d'une médiocre étendue, mais précieuse sous le rapport du goût, de l'instruction et de l'agré

:

ment.

La seconde partie renferme une notice litté raire, historique et chronologique de la prédilection que des hommes célèbres de tous les temps ont eue pour certains ouvrages, avec les jugemens qu'en ont portés les meilleurs critiques et les écrivains les plus distingués. Cette notice est propre non-seulement à faciliter lat connoissance des chefs-d'œuvre de la littérature ancienne et moderne, mais à prouver que presque tous les grands hommes se sont formés la lecture de peu de volumes : il est vrai que ces volumes étoient presque toujours du meilleur choix, et qu'ils étoient lus et relus avec l'attention la plus soutenue. Multum legere, non multa, étoit la devise de ces hommes célèbres, comme elle doit être celle de quiconque veut acquérir une solide instruction.

par

La troisième partie se compose d'une notice

indicative raisonnée, non-seulement des meilleurs ouvrages partiels des plus grands écrivains, mais encore des morceaux les plus saillans de leurs chefs-d'œuvre. Elle convient à ceux qui veulent épurer leur goût, en se pénétrant parti- culièrement de la quintessence des chefs-d'œuvre littéraires.

La quatrième partie est un mémorial bibliographique, rangé par ordre de matières selon le système généralement adopté. C'est une liste raisonnée des éditions les plus correctes, les plus belles d'un nombre assorti de bons ouvrages, mais particulièrement des chefs-d'œuvre de la littérature sacrée, grecque, latine, française et étrangère. Nous avons eu soin d'indiquer les meilleures éditions des textes les plus purs, et ensuite des traductions les plus recommandables des ouvrages anciens ou étrangers. Les éditions de chaque auteur sont rangéés suivant les formats; et quand il y en a plusieurs du même, nous les plaçons par ordre de date, de sorte qu'en réunissant tous les ouvrages d'un format uniforme dans des armoires ou sur des tablettes séparées, et les rangeant dans l'ordre que nous avons suivi, s'en tiendroit-on à une seule édition pour chaque auteur, on aura sa bibliothèque classée selon le meilleur systême bibliographique. Nous devons prévenir que nous avons fait

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