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tes de Pline le Jeune, qui obscurcit les pensées profondes de Tacite; c'est lui qui dicta à Fontenelle ces dialogues si jolis par la forme et si ridicules pour le fond, .... qui l'induisit à travestir des bergers en métaphysiciens et en dissertateurs, qui répandit dans les Mondes quelques traits capables de décrier lę meilleur ouvrage, et qui défigura même les éloges des académiciens par une affectation de finesse dans les idées et par une certaine coquetterie de style absolument contraire à ce genre; c'est lui qui inspira

OEuvres complètes (éditeur, M. Auger), Paris, Desoer, 1817, 13 vol. in-8.o (y compris un vol. de table), en 25 tomes très forts c'est l'édition compacte (*).

Paris, Plancher, 1817-22, 44 vol. in-12.

← Paris, Lefèvre et Déterville, 1817, 41 vol. in-8.o

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Paris (éditeur, M. Beuchot), veuve Perronneau, 1817 et suiv., 50 vol. in-12. L'éditeur a donné beaucoup de soins aux volumes de cette édition que lui-même a publiés.

← Paris ( éditeur, M. Renouard), 1819 et suiv., 60 vol. in-8.ș Cette édition est sans contredit la plus belle, la plus soignée

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et la plus complète de toutes celles qui ont paru.

Paris (éditeur, M. Lequien), 1820, 70 vol. in-8.o

Paris, Carez, Thomine et Fortic, 1820, 60 vol. in-18.

— Paris (éditeur, M. Touquet), 1820. D'abord 15 vol. in-12; puis 71 vol. in-12.

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Paris (éditeur, M. J. Esneaux), 1821, 60 vol. in-8.0

(*) On a eu soin, dans le prospectus de cette édition, de nous prévenir qu'elle seroit en 12 volumes, que chaque volume auroit environ 1000 pages, que chaque page seroit de 50 lignes, et que chaque ligne renfermeroit 55 lettres. Ainsi, nous voyons par-là que Voltaire a tracé, pour la collection de ses œuvres, à-peu-près 33,000,000 de caractères alphabétiques; et si nous ajoutons le volume de table, ce sera environ 35,750,000 lettres dont se compose cette édition, La Bible n'en renferme que 3,566,480; et l'Alco323,015 seulement.

ran,

à Lamotte ces odes insipides et glacées; .... c'est lui qui altéra par le clinquant l'or des solides beautés dont le poëme du Tasse est enrichi; c'est lui enfin qui nuisit aux dons heureux que l'auteur de la Henriade avoit reçus de la nature : Voltaire écrit-il une histoire, c'est l'esprit qui lui suggère ces épigrammes, ces quolibets, ces facéties, ces mots parfois triviaux dont il souille et dénature le plus grave de tous les genres. L'Histoire de Charles XII, le morceau historique le plus parfait qui soit sorti de la plume de l'auteur, n'est pas exempte de ces défauts; le Siècle de Louis XIV en offre davantage; et l'Essai sur les Mœurs des nations n'est presque en totalité qu'un recueil de plaisanteries quelquefois très piquantes et souvent très fades et très ennuyeuses (1);

(1) Nous croyons que ces épithètes de fades et d'erinuyeuses, auroient pu être remplacées par d'autres plus exactes et plus justes. M. de Bonald qui entre dans plus de développemens sur Voltaire considéré comme historien, ne le taxe jamais d'ennuyeux. « Les Huet, dit-il, les Mabillon, les Tillemont, les Fleury, les Bossuet', les Rollin, les Lebeau, auroient trouvé bien superficiels son étalage d'érudition historique et sa mauière d'écrire l'histoire, sans profondeur, sans gravité, sans autorité. Je ne parle pas de l'histoire de Charles XII, continue M. de Bonald; d'une histoire toute romanesque, il étoit difficile de faire autre chose qu'an roman historique, et celui de Voltaire est pour le style un ouvrage classique. La simplicité du récit y contraste d'une manière piquante avec le merveilleux des aventures, et l'histoire ressemble au héros qui étoit simple daus ses mœurs et extraordinaire dans ses actions. » En effet, Charles XII est le chefd'œuvre historique de Voltaire. «Ces chapitres si bien écrits, connus sous le nom de Siècle de Louis XIV, ou même de Louis XV, ne sont ni l'histoire d'un siècle, ni celle d'un roi, ni celle d'un

Voltaire fait-il une tragédie, c'est l'esprit qui lui dicte ces tirades ambitieuses, ces sentences à prétention si contraires à la vérité du dialogue; c'est lui qui met dans la bouche de Zaïre une dissertation sur l'influence de l'éducation; dans celle d'Orosmane, un abrégé de l'histoire universelle; dans celle d'Alzire,

peuple, mais la narration rapide et tranchante de quelques événemens remarquables; ce sont quelques scènes d'un grand drame, auxquelles il manque une exposition, un nœud, un dénouement.

Le morceau d'histoire le plus important dans les écrits de Voltaire, est son Essai sur l'histoire générale..... .....» On sait qu'elle commence où a fini celle de Bossuet qui, dans son admirable Discours, « a lié l'histoire du genre humain à celle du peuple de Dieu, et fait dépendre tous les grands événemens historiques du seul fait de l'établissement du christianisme. Le plan de Voltaire paroît être la contre-partie de celui de Bossuet; et l'intention générale de son Essai, est que la Religion a été la cause de tous les maux et de tous les désordres de l'univers. C'est à-peu-près comme si l'on rejetoit sur la santé toutes les infirmités humaines, parce qu'effectivement on est malade avant de recouvrer la santé, et on meurt quand on l'a perdue. Ce plan est triste et faux ; il nie la Divinité, et ruine la société par ses fondemens. Le mal, quelque répandu qu'il soit, n'est qu'un défaut, une exception, et ne peut être le sujet d'une histoire générale. Aussi cet Essai prétendu général est tout-à-fait particulier et partial; l'histoire de la Religion est l'histoire des papes; l'histoire des peuples, celle de quelques chefs; l'histoire de la société, celle de quelques hommes. Au lieu d'événemens, des anecdotes dont il est aussi aisé de pénétrer le motif que difficile de découvrir la source; au lieu de réflexions, des épigrammes : toujours le hasard; par-tout des vices et du désordre, une recherche continuelle de contraste entre ce qu'il y a de plus grand dans la société et ce qu'il y a de plus petit dans l'homme, je veux dire ses passions. Cette manière familière à Vol. taire, donne à l'histoire un air querelleur et chagrin, incompatible avec sa dignité et son impartialité........... »

un traité sur le suicide; Voltaire, touché de la plus noble ambition, veut-il enrichir d'un poëme épique Ja littérature française, c'est encore l'esprit qui lui fait illusion sur l'invention, le plan et l'ensemble de l'ouvrage, et qui lui persuade que le cliquetis des contrastes et des oppositions, que l'enluminure des portraits, que la malignité des déclamations anti-religieuses, que la pompe des réflexions philosophiques, pourront suppléer à ces créations magnifiques et sublimes, à ces grands tableaux, à cette peinture animée des caractères, à ces passions vives et variées, à cette connoissance profonde du cœur humain toujours peint par les actions et jamais disséqué par l'analyse, qui caractérisent et feront vivre à jamais les ouvrages des grands maîtres. S'est-on jamais avisé de dire qu'Homère, que Virgile, que Démosthène, Cicéron, Boileau, Racine, Bossuet, Bourdaloue Massillon, avoient de l'esprit? C'est un mérite qu'on ne daigne pas remarquer en eux ; c'est une pensée qui ne se présente pas en lisant leurs ouvrages, et malheureusement, c'est presque la seule qui se présente en lisant ceux de Voltaire. » Ce jugement nous paroît sévère, mais est-il injuste ? Nous ne le pensons pas, Au contraire, nous sommes d'autant plus disposé à croire à l'impartialité de l'auteur, que, malgré des mais de restriction à la suite de chaque 'éloge, il se plaît à rendre justice à Voltaire ; il convient que << dans ses poésies légères et dans ses contes, il a une grâce et un agrément bien rares..... qu'en général son style est clair, élégant, souple,

facile, harmonieux; que la justesse de son esprit l'a préservé de cette manie des systêmes, de cette métaphysique ténébreuse, de ce galimatias scientifique, qui infectent la plupart des productions du XVIII. siècle.....>> Il convient encore que «les productions littéraires de Voltaire, prises en totalité, sont très saines; il possédoit bien les principes, et il en fait des applications fort justes dans ses critiques; mais, ajoute-t-il, il ressembloit à ces hommes qui connoissent à fond la morale, qui en dissertent très doctement, et qui cependant ne pratiquent point les vertus qu'elle enseigne : aucun des ouvrages sortis de sa plume n'est véritablement classique; aucun ne peut servir de modèle. »

JEAN-JACQUES ROUSSEAU (n. 1712-m. 1778), faisoit, dès son bas âge, sa lecture favorite des Vies de PLUTARQUE. Il raconte dans ses Confessions, qu'après avoir lu beaucoup de romans, à l'âge de sept

ans

, pour amuser son père (horloger à Genève) pendant qu'il travailloit, il se trouva heureusement un ministre, homme de goût et d'esprit, qui lui procura de bons livres, à la lecture desquels il prit, dit-il, un goût rare et peut-être unique à son âge. Ces livres dont il donne la nomenclature sont l'Histoire de l'Église et de l'Empire, par LE SUEUR; le Discours de BossUET sur l'Histoire universelle; les Hommes illustres de PLUTARQUE; l'Histoire de Venise, par NANI; les Métamorphoses d'OVIDE ; les Caractères de LA BRUYÈRE; les Mondes deFox

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