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tion des Trois Fabulistes, par Gail, et, je crois, dans les Études sur La Fontaine, par Gaillard, 1812, in-8.o « Ces notes, dit M. Dussault, ont quelquefois des nuances de cette sombre misanthropie qui noircit les derniers temps de sa vie et les dernières productions de sa plume; elles sont souvent plus politiques que littéraires, et plus chagrines qu'instructives; on éprouve parfois quelque dégoût à voir les principes démagogiques de M. de Chamfort aux prises avec la bonhomie de La Fontaine. »

Ceux qui voudront connoître à fond La Fontaine, sous le rapport biographique et littéraire, doivent lire ses éloges envoyés à l'Académie de Marseille, en 1774, l'un par Chamfort, que nous venons de citer et qui a été couronné, et l'autre par La Harpe, qui a eu l'accessit. Gelui-ci est plus historique; on le trouve avec un commentaire, en tête du La Fontaine et tous les fabulistes, de Guillon, Paris, 1803, 2 vol. in-8.° Celui de Chamfort est dans l'édition

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des Trois Fabulistes, (Ésope, Phèdre, La Fontaine), par M. Gail, Paris, 1796, 4 vol. in-8. Voy. le 3o., p. 171–218, et la vie de La Fontaine, qui est en tête de ce volume. Voyez encore la vie de La Fontaine, par M. Creuzé de Lesser, en tête de l'édition des Fables, par M. Didot, Paris, 1813, 2 vol. in8. Mais l'ouvrage qui surpasse tous ceux que nous venons de citer, soit par les détails biographiques, soit par les détails chronologiques et littéraires sur toutes les productions de La Fontaine, est, sans

contredit, l'Histoire de la vie et des ouvrages de La Fontaine, par C.-A. Walcknaer, membre de l'Institut. Paris, A. Nepveu, 1820, 1 vol. in-8.o, X 534 pages, ou 1821, 2 vol. in-18, fig. On y voit combien peu est fondée l'opinion qui s'est accréditée, que La Fontaine a été méconnu de son siècle. Peu d'hommes ont été plus répandus que lui dans la société, et plus recherchés sous le rapport du talent, mais non sous le rapport des usages du monde. M. Walcknaer a relevé beaucoup de vieilles erreurs relatives à la vie et aux ouvrages de notre fabuliste. Cette biographie se lit et se lira toujours avec un vrai plaisir, quoiqu'elle paroisse, au premier abord, un peu volumineuse. Mais peut-on jamais craindre d'ennuyer, quand on parle du bon La Fontaine, surtout quand on le fait avec autant d'esprit, autant de goût et autant de vérité?

Nous terminerons l'article de La Fontaine, par quelques réflexions sur un passage de M. Dussault, rendant compte de l'ouvrage assez foible, intitulé : Études sur La Fontaine, par feu M. Gaillard, 1812, in-8.o, que nous avons cité plus haut. Voici ce passage : « Quelque respect, dit M. Dussault, que j'aie pour l'érudition, je ne puis m'empêcher de la trouver un peu ridicule et cruellement ennuyeuse, lorsqu'elle se pique de rechercher curieusement les sources où La Fontaine a puisé ses sujets, et lorsqu'elle environne ce nom chéri des grâces et de la gloire, d'une foule de noms plus obscurs, plus barbares et plus baroques les uns que les autres. Le nou

veau commentateur (Gaillard), reproche à M. l'abbé Guillon-Pastel de n'avoir fait mention dans son livre intitulé : La Fontaine et tous les Fabulistes, ni de Philibert Hégémon, ni de Habert Corrozet, ni de Targa, ni de Verdizotti, ni de plusieurs autres génies aussi célèbres; M. l'abbé Guillon doit peut-être se reprocher de n'avoir dressé qu'une liste incomplète; mais j'avoue que je sais bien peu de gré au nouveau commentateur, de sa sévère exactitude, et je lui pardonnerois volontiers de ne pas citer à côté du recueil des Fables de La Fontaine, les recueils de Nevelet et de Camerarius. Les vraies sources dans lesquelles notre fabuliste a puisé, sont : Pilpay, Esope, Phèdre, Plutarque, Rabelais, et son propre génie : où va-t-on chercher Camerarius? Il est à présumer que La Fontaine connoissoit peu ces noms en us. » Nous permettra-t-on de n'être pas tout-à-fait de l'avis de M. Dussault? L'abus de l'érudition est certainement toujours blâmable; mais y a-t-il abus à rechercher les sources où La Fontaine a puisé? Nous ne le pensons pas. Ne seroit-ce qu'un motif de curiosité, il seroit peut-être excusable; mais il y a quelque chose de plus dans l'examen de l'art avec lequel il a converti en or pur et si délicatement travaillé, un métal grossier tiré d'une mine obscure: nous ne parlons ni d'Esope ni de Phèdre; on est bien aise de juger de la distance du point de départ, au point où le génie est arrivé. Nous avouerons que cela n'est pas d'une nécessité absolue; mais c'est un objet qui ne nous paroît point dépour

vu d'intérêt, surtout quand il est question d'un auteur aussi célèbre que La Fontaine, et qui semble, par son originalité, avoir plutôt créé ses sujets que les avoir imités. Ce qui nous confirme encore dans notre opinion, c'est que nous savons qu'un homme de goût, M. G..... de B...., s'occupe depuis longtemps des recherches que blâme M. Dussault; et si elles étoient aussi fastidieuses et aussi inutiles que celui-ci le prétend, M. G............. ne les continueroit pas avec autant d'ardeur.

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CLAUDE LANCELOT, savant de Port-Royal (n. 1616—m. 1695), dit, dans la Préface de la' Nouvelle méthode pour apprendre la langue latine, Paris, 1667, in-8.o, p. 16-17, que pour faire un choix des bons auteurs latins, ceux sur lesquels on doit établir la véritable connoissance de la langue latine dans sa plus grande pureté, non-seulement pour l'entendre, mais pour la parler et pour l'écrire, sont TÉRENCE, CICERON, CÉSAR, VIRGILE et HoRACE, dont le latin, en retranchant quelques phrases purement poétiques de ces deux derniers, se peut allier ensemble parfaitement. Parmi les autres auteurs latins, ceux qui tiennent le premier rang après les cinq que nous venons de citer, sont QUINTE-CURCE, SALLUSTE et TITE-LIVE. « Ils se doivent lire avec soin en leur rang, et peuvent servir beaucoup pour former l'esprit et le jugement, mais non pas le style; si l'on en excepte quelques phrases élégantes et pleines de grâce, dont le choix

est d'autant plus difficile qu'il suppose une grande connoissance de la véritable pureté de la langue, qu'on doit avoir puisée dans les cinq premiers mentionnés ci-dessus. »

Claude Lancelot, Antoine Arnauld, et Pierre Nicole (n. 1623-m. 1695), ont eu part aux excellentes méthodes pour apprendre les langues grecque et latine, qui sont connues sous le nom de Méthodes de Port-Royal. Ils ont aussi publié de bonnes grammaires italienne, générale (1), française, et beaucoup d'autres livres utiles.

Le père Lami, de l'Oratoire (n. 1645-m. 1715), est parfaitement de l'avis de MM. de Port-Royal pour les ouvrages de choix qui doivent former le goût : « Je ne veux point, dit-il, (4.o entretien sur les sciences) vous accabler par une diversité de lectures; faites choix d'un petit nombre d'auteurs. Dans le latin, je ne vous marque que TÉRENCE, CÉSAR, SALLUSTE, CICERON, VIRGILE et HORACE, avec lesquels vous conversiez si familièrement, que sans y penser vous preniez toutes leurs manières. » Un peu plus bas, plus bas, il dit : « TITE-LIVE est clair, et on peut le prendre pour modèle d'un style facile et coulant. TACITE renferme en peu de mots des ré

(1) M. PETITOT, secrétaire général du Conseil royal de l'instruction publique, a donné une très bonne édition de la Grammaire générale et raisonnée de Port-Royal, précédée d'un Essai sur l'origine et les progrès de la langue française, et suivie des Commentaires de Duclos, à laquelle on a ajouté des notes. Paris, 1803, in-8.o. Nouvelle édition augmentée. Paris, 1809, in-8.o

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