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Clamat Epicurus, non posse jucundè vivi, nisi sapienter, honestè, justèque vivatur. Cic. lib. I, de finibus bon, et mal. n. 18.

VI. Tels sont les monstrueux écarts des prétendus beaux esprits de notre siècle, dont je n'ai fait encore qu'ébaucher le tableau. L'esprit de l'homme paroît comme agité d'une fièvre violente son délire ne fait qu'augmenter. Dans quel temps vivons-nous! Nos pè-' res auroient-ils pu prévoir nos excès ? Nos neveux pourront-ils les croire? La ridicule passion de passer pour belesprit, nous a inspiré le goût de la singularité, qui nous a précipités dans tous ces égaremens. On s'est écarté du chemin battu, on a abandonné les principes les plus autorisés, on les a traités de préjugés: enfin, on a pensé que, pour être esprit fort, il falloit renoncer au sens

commun.

Concessà pudet ire vià, civemque videri. Lucan. lib. II.

Philosophesingrats, sachez qu'en vous élevant contre la religion, vous attaquez votre bienfaictrice. Sans la lumière de son divin flambeau, que seroit encore la philosophie, sinon ce qu'elle étoit

autrefois, un chaos d'erreurs et d'illu sions? Ce mot d'un ancien père est bien vrai, que les philosops ne sont que des enfans, si Jesus-Chrique les rend des hommes (a), en éclairanteurs ténèbres.

Ascendit fumus putei, et obscuratus est sol et aër. Apoealyps. 9, 2.

(a) Parvuli sunt etiam philosophi, nisi in Christo viri fiant. Clemens Alex. lib. I strom.

VII. Mais quoi! ne fais-je point ici le déclamateur contre un anal imaginaire? Nos utinam vani (1)! Non. Les libelles impies que la presse enfante sans cesse, l'avidité avec laquelle on les lit, le dé goût trop répandu pour l'étude de la religion dans les sources, le culte négligé, les sacremens abandonnés, le ininistère méprisé, les lois de l'église violées, la révélation sans autorité, les li cences qu'on se permet tous les jours dans les conversations contre ce qui doit être l'objet de notre vénération, enfin, la criminelle indifférence avec laquelle ony écoute les propos libertins, ne montrent que trop la profondeur de nos plaies

JUVENAL, sat. VI

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et la justice de nos plaintes. Un cœur vẻritablement chrétien voudroit avoir les larmes de Jérémie, pour les répandre sur de si gran maux.

et

Quis dabit capiti neo aquam, et oculis meis fontem lacry marum? Jerem.

VIII. « Les livres volent de toutes parts: on les introduit dans les villes et par-tout. On présente le poison à tout le monde, sous le miel d'une éloquence profane. Ils passent d'une nation à une autre nation, d'un royaume à un autre peuple. On fabrique un nouvel évangile, une nouvelle for. On pose un fondement tout contraire à celui qui étoit solidement établi ». C'est ainsi que parloit St. Bernard des écarts de son siècle. Quel langage auroit-il cenu sur le nôtre ? L'hé résie, dans le siècle de ce saint docteur, n'attaquoit la religion que dans quelques-uns de ses dogmes: mais l'impiété, plus audacieuse, yeut aujourd'hui la dé truire absolument, et ose même porter ses attentats contre celui qui en est l'objet. Fille de l'ancien serpent, elle emploie, pour inspirer aux peuples ses

révoltantes maximes, l'art le plus insidieux. Son poison, présenté par un de ses principaux chefs, est, dit un auteur(1), «< un parfum empesté, qui s'insinue insensiblement dans toute la masse du sang. Saillies ingénieuses, plaisanteries légères, bons mots piquans, antithèses brillantes,contrastes frappans,peintures riantes, réflexions hardies, expressions énergiques; toutes les grâces du style, tous les agrémens du bel-esprit y sont prodigués», Est-il donc permis de, tourner contre la Divinité, des talens qu'on a reçus de sa libéralité? O cœurs ingrats!

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Qu'il est triste pour nous, disoit un grand magistrat (1), de penser au juge inent que la postérité portera de notre siècle, en parlant des ouvrages qu'il produit! Qu'il est sensible à la religion, de' voir sortir de son sein une secte de prétendus philosophes, qui, par l'abus de' l'esprit le plus capable de dégrader Phu manité, ont imaginé le projet insensé

(1) L'auteur du Dictionnaire antiphilosophique, parlant du Dictionnaire philosophique de Voltaire.

(2) M. Joly de Fleury, premier avocat général, dans son réquisitoire de 1759, contre l'Encyclopédie..

de réformer, disons mieux, de détruire les premières vérités gravées dans nos cœurs par la main du Créateur, d'abolir son culte et ses ministres, et d'établir enfin le déisme et le matérialisme»>!

(a) Volant libri urbibus et castellis ingeruntur. Pro luce tenebræ, pro melle, vel potiùs in melle venenum passim omnibus propinatur. Transierunt de gente in gentem, et de regno ad populum alterum. Novum cuditur populis et gentibus. evangelium, nova proponitur fides: fundamentum aliud ponitur, præter id quod positum est. S. Bernardus, epist. 189, ad Innocentium papam.

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IX. L'église est ainsi assaillie de toutes parts. Les impies l'insultent, les novateurs la déchirent; et les catholiques verront-ils la situation violente de leur mère d'un œil glacé et indifférent? Combien en est-il qui pourroient s'appliquer ces paroles du prophête ? Le zèle de votre maison me dévore: et les outrages de ceux qui vous insultoient sont tombés sur moi.

O Dieu! souvenez-vous de vos promesses; venez à notre secours, et n'abandonnez pas votre église.

Zelus domûs tuæ comedit me: opprobria exprobrantium tibi, ceciderunt super me. Ps. 68, v. ro,

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