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découvre plusieurs caractères de divinité; une doctrine sublime, une morale pure, des lois sages,une suite de grands hommes distingués par leur vertu, des thaumaturges, des prophètes. Mais j'y observe en même temps des signes non équivoques de réprobation. Je vois ses sectateurs depuis dix-sept siècles sans temple, sans autels, sans prêtres, sans sacrifices, dispersés au milieu des nations, sans se confondre avec aucun peuple. J'en crois devoir conclure une malédiction écla tante qui les poursuit pour quelque grand délit de leurs pères (a). Il faut, dis-je en moi-même, que Dieu se soit choisi un autre peuple, pour y établir son culte. Mais quel est ce peuple?

(a) Et respondens universus populus, dixit: Sanguis ejus super nos et super filios nostros. Matth. cap. 27, v. 25.

XV. Ce sont les chrétiens. Que de caractères de divinité brillent dans le christianisme! L'incompréhensibilité de ses mystères, dont la connoissance est infiniment au-dessus de la portée de l'esprit humain ; la pureté et la sévérité de sa morale, qui révolte toutes les passions; les prophéties claires, précises et évidemment accomplies, qui l'ont annoncé ; les miracles multipliés, publics et incontestables, par lesquels ses fondateurs ont prouvé leur mission; l'état vil et abject de ceux qui l'ont fait connoître ; son établissement merveilleux au milieu des plus grands obstacles; la force incroyable d'une infinité de martyrs de tout sexe, de tout âge, de

toute condition, qui lui ont rendu témoignage par l'effusion de leur sang, sa proportion avec les besoins de l'homme..... Que de preuves qui doivent subjuguer la raison de tout homme qui pense!

XVI. Premier caractère de divinité du christianisme.L'incompréhensibilité de ses mystères. Ce qui est infiniment au-dessus de la raison, ne peut être l'objet de ses découvertes: or les mystères de la religion chrétienne sont infiniment au-dessus de la raison; tels sont une nature simple et unique, existante en trois personnes réellement distinguées; un fils aussi ancien que son père, un Dieu fait homme dans le sein d'une Vierge, un Dieu mort pour des pécheurs, et qui se ressuscite lui-même; une résurrection géné– rale qui doit ouvrir tous les tombeaux à la fin du monde; un péché commis par un seul, et commun à tous.... Le plan de la religion chrétienne n'est donc point un ouvrage humain quant à l'invention, et encore moins quant à l'exécution. Un ensemble de dogmes incompréhensibles ne peut être persuadé à des hommes par des hommes, si Dieu n'y opére.

XVII. Second caractère de divinité. La pureté et l'austérité de sa morale. Elle nous impose les devoirs les plus sévères et les plus étendus par rapport à Dieu, par rapport au prochain, par rapport à nous mêmes.

A l'égard de Dieu, elle nous prescrit de l'aimer

sur

sur toutes choses, de n'adorer que lui seul, de lui rapporter toutes nos actions, de préférer sa gloire à nos intérêts, de renoncer à tout, à la vie même, plutôt que de violer le moindre précepte de ce souverain législateur.

- A l'égard du prochain, elle nous ordonne de l'aimer comme nous-mêmes; de traiter tous les hommes comme nous voulons qu'ils nous traitent; de ne point faire à autrui ce que nous ne voudrions pas que l'on nous fît; d'être à l'égard de tous, humbles, complaisans, officieux, chari tables; de supporter leurs défauts; de leur pardonner de bon cœur les injures que nous pouvons en recevoir; d'aimer jusqu'à nos plus cruels ennemis; de respecter les supérieurs ; de rendre à César ce qui appartient à César ; d'obéir, comme à Dieu même, aux maîtres les plus fâcheux ; de nous laisser tout enlever, plutôt que de nous révolter contre les puissances.

A l'égard de nous-mêmes, elle nous commande d'être sobres, tempérans, chastes; elle nous interdit jusqu'à la pensée du crime, les désirs impurs, les imaginations déshonnêtes, les discours licencieux;elle nous ordonne de renoncer à nousmêmes, de combattre nos penchans, de lutter sans cesse contre nos passions, de mépriser les biens terrestres, de les posséder sans attache d'être toujours prêts à les quitter. Elle nous pré ́sente l'humiliation, l'obscurité, les mépris, les souffrances, toutes les peines de la vie, comme des moyens qui conduisent au véritable bonheur, qui

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est tout spirituel : Heureux, dit-elle, ceux qui pleurent, parce qu'ils seront consolés (a) !

Quelle morale ! qu'elle est sublime ! qu'elle est pure! qu'elle est sainte ! mais aussi qu'elle est dure ! qu'elle est austère ! Quoi ! toujours se contraindre, toujours se violenter, toujours tepir ses passions en bride, et cela sous peine d'être éternellement malheureux? Des hommes auroient-ils pu persuader cette morale au monde? Non, ce n'est point là l'ouvrage des hommes, mais de Dieu seul.

(a) Beati qui lugent, quoniam ipsi consolabuntur! Matth. cap. 5, v. 5.

XVIII. Le troisième caractère de divinité, est le témoignage des prophètes qui ont annoncé la naissance de son législateur, et les principaux événemens de sa vie, par une longue et perpétuelle succession d'oracles plus clairs les uns que les autres. Ces prophètes paroissent en différens âges, comme des courriers envoyés par intervalle de la part du grand roi, pour annoncer aux hommes l'arrivée de son fils. Les nations l'attendent, le désirent. Il vient enfin au milieu des temps; et dans sa naissance, dit S. Augustin, dans sa vie, dans ses discours, dans ses actions, dans ses souffrances, dans sa mort, dans sa résurrection et dans son ascension (a) s'accomplissent tous les oracles des prophètes. Qu'elle est vraie cette religion, qui peut se glorifier d'avoir un législateur prédit long-temps avant sa

venue par les organes de la Divinité même ! Quel autre en effet que celui à qui tous les temps sont présens, a pu révéler aux prophètes ce qui consernoit Jesus-Christ, plusieurs siècles avant son accomplissement ?

(a) Venit et Christus, complentur in ejus ortu, vità, dictis, factis, passionibus, morte, resurrectione, ascensione, omnia præconia prophetarum. Voyez S. Aug. lettre à Volus. 137, n. 16, ed bened.

XIX. Le quatrième caractère de divinité brille dans les miracles que Dieu a opérés pour autoriser la prédication de l'évangile ; miracles maroués au coin da Tout-Puissant, comme à celui de la vérité ; miracles qui ont subjugué l'orgueil des philosophes, dissipé les préjugés des peuples, réformé les mœurs, et ouvert les yeux à la lumière, en donnant à la parole des prédicateurs de l'évangile cette force et cette éloquence que Rome et Athènes n'ont point connues, et qui consiste à persuader, non par des périodes et des figyres, mais par des prodiges. En effet, il paroissoit naturel à ceux qui en étoient les témoins, de raisonner ainsi : La nature n'obéit point aux imposteurs : or nous la voyons obéir à ces prédicateurs, sans leur opposer jamais aucune résistance; nous ne devons donc pas les considérer comme des séducteurs, mais comme des envoyés de Dieu pour nous faire connoître la vérité,

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Ouï, Seigneur, si ce que nous croyons est « une erreur, c'est vous-même qui nous avez trompés, parce qu'il est autorisé par des signes

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