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morts? car il devoit avoir opéré quelques-unes de ces merveilles, pour avoir droit de prêcher un nouvel évangile (a) ». Quiconque vient au nom et sous l'autorité d'un autre, ne prétend pas qu'on doive l'en croire sur son seul témoignage (b); mais il produit ses preuves: c'est ainsi que Moïse et Jesus-Christ ont prouvé par les prodiges les plus éclatans, qu'ils étoient les envoyés de Dieu.

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(a) Linguis locutus est (Novatius)? prophetavit? suscitare mortuos potuit? horum enim aliquid habere debuerat, us evangelium novi juris induceret. Pacianus, epist. ad Sympronianum.

(b) Nemo veniens ex alterius autoritate, ipse eam sibi ex sua affirmatione defendit. Tertull.

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XII. La mission ordinaire se prouve par une succession non interrompue, qui remonte jusqu'aux apôtres que Jesus-Christ a envoyés. Personne ne peut être évêque et ministre dans l'église eatholique, sans succession. Celui qui est né de lui-même est un profane et un étranger que l'église de Jesus-Christ ne connoît point.

XIII. Luther et Calvin n'ont point eu la mission ordinaire, puisqu'ils ont rompu l'unité en élevant autel contre autel et chaire contre chaire. S'ils ont eu la mission extraordinaire, où sont leurs miracles? Si cependant ils ont été commis par la Divinité, pour réformer le monde chrétien, ils ont dû produire les titres de leur commission. Nous ne sommes pas obligés de les croire sur leur parole;

autrement il faudroit écouter tous les imposteurs. Or, on ne lit nulle part dans l'histoire, qu'ils aient fait des miracles. En vain on voudroit ériger en prodige le progrès rapide de leur doctrine : il a été l'ouvrage des passions. Ce n'est pas une merveille que des peuples nombreux se laissent séduire par une prédication qui favorise la cupidité, telle qu'est celle de ces nouveaux apôtres. Luther et Calvin n'ont donc été que de faux pas

teurs.

XIV. C'est la vérité, dit le ministre Jurieu, qui donne l'autorité légitime. Otons l'équivoque du mot. C'est la vérité de fait, de notoriété publique, c'est-à-dire, la vérité de la mission, qui confère l'autorité : nous sommes d'accord. Mais si le ministre Jurieu entend la vérité de spéculation, ou ce que l'on prend souvent pour la vérité, nous rejetons son sentiment comme une absurdité. La vérité ou la prétention à cette vérité ne furent jamais le fondement d'aucune autorité légitime. Tous prétendroient l'avoir, parce que chacun prétend avoir la vérité de son côté.

XV. La forme du gouvernement ecclésiastique n'est point une démocratie: ce n'est pas au peuple que Jesus-Christ a dit: Allez, enseignez, baptisez les nations.... Elle n'est pas aristocratie: tous ceux qui gouvernent ne sont pas égaux en autorité. Elle n'est pas non plus monarchie, parce l'autorité ne réside dans une seule perque sonne. Qu'est-elle donc ? Une monarchie tem

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pérée par l'aristocratie, et qui reconnoît un chef dont la puissance est liée par les canons (1).

Dominentur nobis regulæ; non regulis dominemur. Cœlestinus primus, ep. ad Illyrici episcopos.

XVI. L'église doit avoir un chef visible, parce qu'elle est une, et que son unité ne peut se conserver sans un centre commun, où viennent se réunir tous ses membres (a). Or, ce chef est le pontife romain, qui, en qualité de successeur de saint Pierre (6), a de droit divin, par dessus les autres pontifes, la primatie d'honneur et de juridiction. C'est à lui qu'il appartient de faire observer les canons de l'église par tout le monde chrétien, de convoquer les conciles généraux, d'excommunier ceux qui refusent d'y comparoître. Comme le père commun des chrétiens, il peut faire des lois nouvelles et les proposer à l'église mais elles n'ont force de lois générales, que par l'acceptation de ses collégues dans l'épiscopat.

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(a) Unus eligitur, ut, capite constituto, schismatis tollatur occasio, S. Hier. adv. Jovin.

(b) Tu es Petrus, et super hanc petram ædificabo ecclesiam meum. Matth. 16, v. 10.

XVII. Les evêques sont evêques de droit divin: ils tiennent leur puissance immédiatement de Jesus Christ, et non du souverain pontife, auquel ils sont égaux, à la primatie près, qui n'a été établie par Jesus-Christ que pour montrer l'unité (a). Ils jugent avec lui en matière de foi et de

(1) Voyez l'art. 3, de l'assemblée du clergé de 1682.

discipline; mais leur juridiction est bornée par leurs diocèses: au lieu que celle du pape n'a d'autres bornes que celles du monde chrétien.

(a) Quamvis apostolis omnibus post resurrectionem suam parem potestatem tribuat.... tamen ut unitatem manifestaret, unam cathedram instituit, et unitatis ejusdem originem ab uno incipientem suâ auctoritate disposuit. S. Cypr, lib. de unitate eccl.

XVIII. Prenez garde à vous, ô pasteurs ! et à tout le troupeau sur lequel le Saint-Esprit vous a établis évêques pour gouverner l'église de Dieu, que Jesus-Christ a acquise par son propre sang (a). Rendez-vous des modèles de bonnes œuvres en toutes choses, dans la doctrine, dans l'intégrité et dans la gravité (b), afin de pouvoir dire à vos ouailles: Soyez mes imitateurs, comme je le suis moi-même de Jesus-Christ (c)».

(a) Attendite vobis et universo gregi, in quo vos Spiritus Sanctus posuit episcopos, regere ecclesiam Dei, quam acquisivit sanguine suo. Act. 20, v. 28.

(b) In omnibus teipsum præbe exemplum bonorum operum in doctrina, in integritate, in gravitate. Tit. 2 V. 7. (c) Rogo vos, imitatores mei estote, sicut et ego Christi. Cor. cap. 4, v. 16.

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Monstruosa res; gradus summus et animus infirmus ; sedes prima, et vita ima; lingua magniloqua, et manus otiosa; sermo mulus, et fructus nullus; vultus gravis, et actus levis ; ingens auctoritas, et nutans stabilitas. S. Bernard. lib. II; de consider. cap. 7.

XIX. » Paissez le troupeau de Dieu qui vous est commis, veillant sur sa conduite, non par ane nécessité forcée, mais par une affection toute

gneur,

volontaire, qui soit selon Dieu; non par le désir d'un gain honteux, mais par une charité désintéressée ; non en dominant sur l'héritage du Seimais en vous rendant les modèles du troupeau par une vertu qui naisse du fond du cœur (a)». La douceur et la charité doivent caractériser le gouvernement des pontifes. La vraie religion ne peutêtre l'objet de la contrainte (b).«Prédication nouvelle et inouie, dit saint Grégoire, que celle qui voudroit se faire croire par violence (c). Des apôtres armés peuvent faire des hypocrites, et jamais des chrétiens sincères. Le Dieu de l'anivers n'a pas besoin d'un culte forcé ; il ne demandepoint de confession extorquée. Ce n'est pas pour lui, mais pour nous, qu'il veut être adoré (d) ».

(a) Pascite, qui in vobis est, gregem Dei; providentes non coactè sed spontaneè secundùm Deum; neque turpis lucri gratià, sed voluntáriè; neque ut dominantes in cleris, sèd forma facti gregis ex animo. 1; Petri cap. 5; v. 2, 3.

(b) Nec religionis est cogere religionem, quæ spontè suscipi debeat, non vi cùm et hostiæ ab animo libenti expostulentur. Nemo se ab invito coli vellet, ne homo quidem. Tert. ad Scapulam, ed Rigaltii, pag. 85, et apolog.

(c) Nova atque inaudita est ista prædicatio, quæ verberibus exigit fidem. S. Greg. Mag. lib II, ep. ind. 11,ep. 52. ad Joann. episc. Jerosolim.

(d) Deus universitatis obsequio non indiget necessario, non requirit coactam confessionem, nostrâ potiùs causâ, non sua venerandus est. S. Hilar. lib. II, ad Constantium.

XX. Soyez doux, modérés, mais sans lâcheté et sans foiblesse. « Pressez les hommes à temps et à contre-temps; reprenez, suppliez, menacez ;

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