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X. Ce sont ces tristes et affligeantes réflexions, qui m'ont fait naître d'abord l'idée de recueillir, pour ma propre utilité, une suite de pensées théologiques, qui pussent me servir de préservatif contre les périls auxquels ma religion pourroit se trouver exposée dans un siècle si nébuleux. Une seconde réflexion m'a fait porter mes vues plus loin. J'ai considéré qu'en matière de foi, l'irréligion n'étoit pas le seul écueil à éviter; qu'il y en avoit un autre également dangereux, qui est l'hérésie. C'est ce qui m'a engagé à étendre mes pensées théologi ques relativement à ce second objet : de manière que je crois être je crois être parvenu à me former un corps de principes, propres à me préserver de ces deux précipices.

XI. Je ne prétends point à la gloire d'auteur, sur-tout dans une matière si souvent discutée, et où d'ailleurs toute nouveauté est si dangereuse. Je déclare volontiers que toutes ces pensées ne sont pas de moi. J'ai tiré les unes des écrivains canoniques, les autres des saints pères, des théologiens, des auteurs modernes,

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J'en dois même quelques-unes aux anciens auteurs profanes, et même aux plus grands ennemis de la religion chrétienne. La vérité m'a paru respectable par-tout, jusque dans la bouche de l'impie, lorsqu'elle lui échappe. On y trouvera donc des pensées de Bayle, de Voltaire, de Jean-Jacques Rousseau, qui sont d'autant plus précieuses, qu'elles partent de la plume des chefs des esprits forts du temps. J'ai hasardé aussi quelques-unes de mes pensées : je les soumets à l'église, et je souscris dès à présent à leur condamnation, si elles ne sont pas exactes. Je suis homme : je ne me crois pas exempt des foiblesses de l'humanité.

Homo sum: nihil humani à me alienum puto. Terent.

XII. Je ne me suis point asservi à rendre mot pour mot toutes les pensées que j'emprunte, comme on pourra le remarquer: je les plie souvent à mon stile, sans cependant en altérer le sens. J'ai cru pouvoir user de cette liberté, n'écrivant que pour moi. Pour leur donper plus d'ordre, je les ai distribuées par

chapitres, suivant les matières. J'ai numéroté chaque pensée; et, autant qu'il a été en moi, j'ai fait ensorte qu'elles se suivissent naturellement, afin qu'elles formassent comme un enchaînement de vérités plus faciles à retenir,

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PENSÉES
THÉOLOGIQUES.

CHAPITRE PREMIER.

UN

De la Divinité.

I. N Dieu qui existe; une religion qui l'honore; une révélation qui annonce ses dogmes, et fixe les règles des mœurs ; une société visible qui en conserve le dépôt; une autorité infaillible qui en explique le sens, et à laquelle tout homme doit obéir. Cinq vérités auxquelles la raison conduit tous ceux qui la consultent dans le silence des passions.

II. L'homme, s'il entend ses intérêts, doit désirer qu'il y ait un Dieu. Dans l'hypothèse de son existence, il a l'avantage de reconnoitre un créateur qui l'a tiré du néant ; un conservatear qui le tient suspendu sur les abymes; un père qui fournit à ses besoins; un consolateur qui essuie ses larmes et adoucit ses peines; un bien

A

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