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à la nuit, je me retirerai derrière la Withbach, et, de là, sur

Bonn.

» Du courage, du calme! c'est la seule chose que je te recommande.

>> Du reste, compte sur mon amitié.

» KLEBER. >>

Cette fois-là, comme toujours, le courage et le calme ne firent point défaut au jeune général, dont le sang-froid, en face de l'ennemi, égalait l'intrépidité dans l'attaque: aidé de Kleber, il tint pendant deux jours en échec toute l'armée autrichienne, en lui livrant des combats successifs. Au bout de ce temps, le pont était rétabli, et l'imprudence du capitaine Souhait réparée.

NOEL PARFAIT.

ÉTUDE

SUR

LE CALENDRIER RÉPUBLICAIN

(Suite et fin.)

D'autres arrêtés suivirent : celui du 13 floréal an X (3 mars 1802), par exemple, rapporte l'arrêté du Directoire sur la publication des mariages les jours de décadi et ordonne que ces publications n'aient lieu que le dimanche.

Peu à peu, on le voit, toutes les mesures que la Convention et que le Directoire avaient prises pour faire exécuter le calendrier républicain furent rapportées par les consuls, sans que l'opinion publique se plaignît, sur ce point, des actes du gouvernement (1).

Le calendrier grégorien était revenu presque généralement en usage et quand l'Annuaire républicain eut perdu une partie de son caractère officiel, le calendrier de Romme et de Fabre d'Églantine tomba rapidement en désuétude.

L'empire, un an après son avènement, chargea MM. Regnaud (de Saint-Jean-d'Angely) et Mounier de présenter au Sénat un rapport sur le calendrier grégorien.

Les orateurs du gouvernement s'attachèrent à montrer que

(1) Dans son numéro du 11 nivôse an XI (1er janvier 1803) le Moniteur rappelle la date grégorienne.

la discordance existant entre les semaines et les décades avait empêché l'usage journalier du calendrier républicain, mais sans critiques de parti sur la réforme de Romme.

« Les avantages qui restaient encore au calendrier français net seraient pas pourtant à dédaigner, disaient-ils, la longueur uniforme des mois, composés constamment de 30 jours, les saisons qui commencent avec le mois et les terminaisons symétriques, qui feront apercevoir à quelle saison chaque mois appartient, sont des idées simples et commodes qui assureraient au calendrier français une préférence sur le calendrier romain, si on les proposait aujourd'hui tous les deux pour la première fois, ou pour mieux dire, personne n'oserait aujourd'hui proposer le calendrier romain s'il était nouveau. >>

Puis, montrant les défauts et les inconséquences du calendrier grégorien, ils font avec assez d'impartialité les critiques du calendrier républicain, d'abord au sujet de la règle prescrite pour les intercalations, que nous retrouverons du reste plus loin dans le rapport de Laplace, ensuite, sur le commencement de l'année, que d'après eux «< on aurait dû placer au solstice d'hiver pour moins contrarier nos habitudes et les usages reçus, ou bien à l'équinoxe du printemps, c'est-à-dire au passage du soleil sur le point d'où les astronomes de tous les temps et de tous les pays ont compté les mouvements célestes. » Le désir d'être agréable au souverain, leur fait ajouter cependant la phrase suivante : « On a préféré l'équinoxe d'automne pour éterniser le souvenir d'un changement qui a inquiété toute l'Europe, qui, loin d'avoir l'assentiment de tous les Français, a signalé nos discordes civiles, et c'est du nouveau calendrier qu'ont daté en même temps la gloire de nos camps et les malheurs de nos cités.

<«<ll n'en fallait pas davantage pour faire rejeter éternellement ce calendrier par toutes les nations rivales et même par une partie de la nation française. » Nous préférons le rapproche

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ment qu'ils font entre le système métrique et le calendrier, montrant que, dans le premier cas, on avait ménagé les amourspropres des peuples étrangers en ne rappelant dans ce système rien de ce qui pourrait laisser voir que ce système était l'ouvrage des Français, tandis que, dans le second cas, on avait donné un caractère, non seulement national, mais encore politique, à une mesure universelle qui ne doit pas plus appartenir à une nation qu'à une autre. C'est sur ce caractère universel que doit avoir le calendrier que s'appuient Regnaud et Mounier pour demander le rétablissement du calendrier grégorien qui est commun à presque tous les peuples de l'Europe et qui, tout en étant loin d'être parfait, a l'avantage de ne pas laisser la France en dehors de l'Europe.

Le 15 fructidor an XIII, le Sénat nomma une commission chargée d'étudier le projet du gouvernement et, dans sa séance du 22 fructidor, après avoir entendu la lecture du rapport de l'éminent géomètre Laplace, il décréta que, « à compter du 11 nivôse prochain (1er janvier 1806), le calendrier grégorien sera mis en usage dans tout l'Empire français. »>

Rapport fait au Sénat dans sa séance du 22 fructidor an XIII, par M. le sénateur Laplace, au nom d'une Commission spéciale nommée dans sa séance du 15, pour l'examen du projet de sénatus-consulte portant rétablissement du calendrier.

Sénateurs,

Le projet de sénatus-consulte qui vous a été présenté dans la dernière séance, et sur lequel vous allez délibérer, a pour but de rétablir en France le calendrier grégorien, à compter du 11 nivôse prochain, 1er janvier 1806. Il ne s'agit point d'examiner ici quel est, de tous les calendriers possibles, le plus naturel et le plus simple. Nous dirons seulement que ce n'est ni celui qu'on veut abandonner, ni celui que l'on propose de reprendre. L'orateur du gouvernement vous a développé, avec beaucoup de soin, leurs inconvénients et leurs avantages. Le principal défaut du calendrier actuel est dans son mode d'intercalation. En fixant le commencement de l'année au minuit qui précède à

l'Observatoire de Paris l'équinoxe vrai d'automne, il remplit, à la vérité, de la manière la plus rigoureuse, la condition d'attacher constamment à la même saison l'origine des années; mais alors elles ces- · sent d'être des périodes du temps régulières et faciles à décomposer en jours, ce qui doit répandre de la confusion sur la chronologie, déjà trop embarrassée par la multitude des ères. Les astronomes, pour qui ce défaut est très sensible, en ont plusieurs fois sollicité la réforme. Avant que la première année bissextile s'introduisit dans le nouveau calendrier, ils proposèrent au comité d'instruction publique de la Convention nationale d'adopter une intercalation régulière, et leur demande fut accueillie favorablement. A cette époque, la Convention, revenue à de bons principes et s'occupant de l'instruction et du progrès des lumières, montrait aux savants une considération et une déférence dont ils conservent le souvenir. Ils se rappelleront toujours avec une vive reconnaissance, que plusieurs de ses membres, par un noble dévouement au milieu des orages de la Révolution, ont préservé d'une destruction totale les monuments des sciences et des arts. Romme, principal auteur du nouveau calendrier, convoqua plusieurs savants; il rédigea, de concert avec eux, le projet d'une loi par laquelle on substituait un mode régulier d'intercalation au mode précédemment établi; mais enveloppé peu de jours après dans un événement affreux, il périt, et son projet de loi fut abandonné. Il faudrait pourtant y revenir, si l'on conservait le calendrier actuel qui, changé par là, dans un de ses éléments les plus essentiels, offrirait toujours l'irrégularité d'une première bissextile placée dans la troisième année. La suppression des décades lui a fait éprouver un changement plus considérable. Elle donnait la facilité de retrouver, à tous les instants, le quantième du mois; mais à la fin de chaque année, les jours complémentaires troublaient l'ordre de choses, attaché aux divers jours de la décade; ce qui nécessitait alors des mesures administratives. L'usage d'une petite période indépendante des mois et des années, telle que la semaine, obvie à cet inconvénient: et déjà l'on a rétabli en France cette période qui, depuis la plus haute antiquité dans laquelle se perd son origine, circule sans interruption à travers les siècles, en se mêlant aux calendriers successifs des différents peuples.

Mais le plus grave inconvénient du nouveau calendrier est l'embarras qu'il produit dans nos relations extérieures, en nous isolant, sous ce rapport, au milieu de l'Europe; ce qui subsisterait toujours; car nous ne pouvons pas espérer que ce calendrier soit jamais universellement admis. Son époque est uniquement relative à notre histoire; l'instant où son année commence est placé d'une manière désavantageuse, en ce qu'il partage et répartit sur deux années les mêmes opérations et les mêmes travaux : il a les inconvénients qu'introduirait dans la vie

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