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becquy, mandé à Paris, présenta lui-même sa défense dans la séance du 8 juin (1). Le 27 du même mois, il écrivit la lettre suivante au président de l'Assemblée législative pour le prier de hâter la solution de son affaire:

<< Monsieur le Président,

« Lorsque le Directoire du département de la Drôme écrivit calomnieusement à l'Assemblée nationale que les commissaires nommés par l'administration du département des Bouches-duRhône pour l'administration des districts de Vaucluse et de Louvèze avaient trahi leurs devoirs, un rapporteur fut à l'instant nommé et, dans deux jours, le décret qui nous mande à la barre fut rendu. Depuis trois semaines, notre justification a été entendue, et aucun rapporteur n'est encore nommé. L'Assemblée nationale serait-elle donc plus active pour frapper que pour venger l'honnête homme calomnié? Je me plains à l'Assemblée nationale de cette lenteur désolante; je me plains encore de ce qu'on cherche à confondre notre cause avec celle des ci-devant commissaires civils à Avignon. Que ceux-ci soient coupables ou non, qu'importe à la décision de notre affaire ? Nous avons été mandés non pour leur gestion mais pour la nôtre.

« Les commissaires civils sont-ils encore envieux de nous calomnier; ils peuvent déposer leurs dénonciations au comité des pétitions; mais notre conduite sera toujours indépendante de la leur et nous osons croire fondu. l'examen n'en sera pas conque « Je suis, avec respect,

for Togation Actugay

« A Paris, le 27 juin 1792, l'an IV de la liberté».

(1) Moniteur, réimp., t. XII, p. 613.

En tête, on lit cette note autographe du conventionnel Cambon :

<< Renvoyé au comité de pétitions, livre douze, décret du 27 juin 1792, l'an IV. - Cambon fils aîné. >>

L'affaire n'obtint pas une solution aussi prompte que le souhaitait Rebecquy. Ce ne fut que le 12 août que l'Assemblée législative rendit à leurs fonctions les deux commissaires envoyés par le département des Bouches-du-Rhône à Avignon (1).

Rebecquy fut député par Marseille à la Convention nationale; il devint l'ami des Girondins et se signala par ses attaques contre Robespierre. Il donna en des termes violents sa démission le 9 avril 1793 (2). Il repartit pour Marseille, fut proscrit avec les Girondins et périt par suicide en se jetant à la mer au mois de juin 1793.

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La lettre que j'ai publiée plus haut rectifie l'orthographe du nom de ce conventionnel que le Moniteur et les biographes écrivent Rebecqui au lieu de Rebecquy. C'est à cause de cette erreur que j'ai reproduit le fac-similé de la signature de ce girondin.

LE CONVENTIONNEL LE BAS

Philippe-François-Joseph Le Bas, né en 1765, député du Pasde-Calais à la Convention, fut l'ami constant de Robespierre. Il resta fidèle à celui-ci lors de la journée du 9 thermidor et se tua d'un coup de pistolet, pour ne pas tomber vivant aux mains de ses ennemis. La lettre suivante fut adressée par lui à Camille Desmoulins pour le féliciter sur son Histoire des Brissotins :

« Paris, 25 mai an II de la République (1793).

« Je viens de lire, mon cher collègue, ton Histoire des Brissotins. Cet ouvrage est excellent. Il a charmé la solitude à

(1) Moniteur, réimpr., t. XIII, p. 400.

(2) Id., t. XVI, p. 93.

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laquelle me réduit, depuis quelque temps, une indisposition. Il portera la lumière dans les départements. Mais je voudrais contribuer à la propager, et je prends la confiance de te demander un ou deux exemplaires.

« LE BAS. >>

« A Camille Desmoulins, représentant du peuple français, rue du Théâtre-Français. >>

LE CONVENTIONNEL JACQUES BOILLEAU

Jacques Boilleau, né en 1762, était juge de paix à Avallon lorsque le département de l'Yonne l'envoya à la Convention nationale. A l'Assemblée il devint l'ami des Girondins et se fit remarquer par ses attaques contre Marat. C'est lui qui, le 25 septembre 1792, dénonça les articles de l'Ami du Peuple et demanda que ce « monstre » fût décrété d'accusation. Le 18 octobre suivant, il parla de Marat en ces termes : « Je demande qu'on ne s'occupe plus de lui et que, quand il parlera à cette tribune, elle soit à l'instant purifiée. » Jacques Boilleau devint membre de la fameuse commission des Douze et fut décrété d'accusation avec ses collègues le 2 juin 1793. Le lendemain il écrivit à Palloy la lettre suivante :

<< Citoyen,

« Je comptais aller chez vous pour vous remercier du don précieux que vous m'avez fait d'une médaille de fer de l'affreuse Bastille, mais une circonstance très singulière m'a fait mettre en état d'arrestation chez moi. J'étais de la commission des Douze, et, quoique que je n'aie fait que mon devoir, c'est ainsi que mon patriotisme a été récompensé sans avoir été entendu pour ma justification.

<< Veuillez, mon cher compatriote, vous rendre chez moi pour

que je puisse vous communiquer quelques pensées. J'ai besoin de vous dans cette journée le plus tôt possible.

<< Mes civilités aux citoyennes votre épouse et votre fille.

Jalut et fraternite

jacques Boillen
dijputé rue des
Chartres 11°.th

foxjours le même ardent républicain, prêt à verser You fany nous furpator

<«< Paris, le 3 juin l'an II de la République.

<< Au patriote Palloy, architecte, à Paris. »

Le 24 juin suivant, la Convention décréta que les députés arrêtés, gardés jusqu'ici à vue par des gendarmes, seraient transférés dans une maison nationale. Quelques-uns de ces députés, en effet, avaient réussi à s'échapper. Jacques Boilleau, malade et crachant le sang, réclama contre sa translation par la lettre suivante (1):

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<< Instruit que la Convention a décidé hier que tous les députés seraient transférés dans des maisons nationales, me sera-t-il permis de vous demander, au nom de l'humanité, une exception en ma faveur?

«Ma santé aurait cruellement à souffrir de cette translation.

(1) Cette lettre est mentionnée, mais non publiée dans le Moniteur (Réimpr., t. XVI, p. 742).

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